Peut-on trinquer sans boire ?

Lever son verre, sa coupe pour festoyer, célébrer un événement, honorer un hôte, s’apprêter à combattre. Voilà une coutume ancienne, dont il est d’antiques témoignages, comme l’étendard d’Ur  (27ème siècle avant notre ère).

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Ce petit coffre sumérien en bois ouvragé présente sur un côté une scène de banquet où  les convives, assis sur des tabourets, un gobelet à la main, font face au souverain…

 Trinquer, c’est autre chose.

On connait l’origine de cette coutume : ce serait par défiance, pour se garder d’un éventuel poison, que l’on trinquait coupe contre coupe, mêlant ainsi les breuvages.

Cette coutume est devenue avec le temps un symbole de confiance et d’amitié. 

Le chansonnier Béranger ne disait-il pas  :  

L’amitié, qui trinque pour boire,  Boit bien plus encore pour trinquer !

(lire aussi l’article « Santé ! Tchin tchin… » dans le Ganymède de décembre 2023 du Conseil des Echansons de France

Mais trinquer sans boire, est-ce possible ?

Cette petite video publiée sur FB en témoigne.
Les mauvaises langues diront que c’est par manque de confiance. Que s’est-il passé depuis le sommet de 2019 ?

Etonnant, non ?

les voeux du Bon Clos pour 2024

Voici une nouvelle année qui s’annonce, et c’est avec cette bouteille de champagne effervescent servie lors du sacre du jeune Louis XV  il y a 3 siècles, en octobre 1722, que le Bon Clos la souhaite belle et bonne à ses lecteurs.

 Nous l’avons découverte au Musée Carnavalet, point d’orgue d’une exposition sur la Régence.

Le Bon Clos poursuit son bonhomme de chemin, et rituellement se retourne pour contempler le chemin parcouru. Cette année, nous avons 

Soyons oecuméniques, trinquons à l’année nouvelle avec ces devises en usage en Slovénie :

V Čast Vini in Domovini !
(En l’honneur du vin et de la patrie)
In Honorem Dei et In Honorem Vini !

Heureux qui comme Senard

… lit dans le texte Horace !

Le 29 juin dernier, nous assistions à la remise du prix Rabelais de l’Académie du même nom à Charles Senard, un éminent latiniste, pour son livre Carpe Diem.

C’est un livre à lire, plein d’enseignements et de poésies. L’amateur de vin ne doit pas filer tel l’éclair au chapitre 9 (le vin du souvenir), mais au contraire cueillir chaque page… Et l’on verra que le vin est au centre de la philosophie sous-jacente, celle d’Epicure.

Carpe Diem : cueille le jour, profite de chaque instant, car le temps fuit…  » Sois sage, filtre (apprête) tes vins « 

Cette injonction figure dans une Ode d’Horace et s’adresse à Leuconoé, une femme invitée à se libérer pour se concentrer sur le jour présent. Le contexte de cette ode est celui du banquet et du plaisir du vin, nous dit Senard.

Horace, grand poète romain, ami de Mécène, contemporain d’Auguste, n’eut de cesse de propager l’enseignement d’Epicure, philosophe grec de 3 siècles son aîné, dont l’Ecole, le Jardin, fit florès pendant 6 siècles.

A la question : comment mener une vie heureuse ? L’épicurisme répond par une certaine ascèse qui n’empêche pas l’épanouissement de la sensualité et préserve la capacité à jouir de l’existence et de ses plaisirs. Car « Le plaisir est le principe et la fin de toute vie bienheureuse ».

Mais les désirs illimités sont source de frustration ; tout plaisir n’est donc pas à rechercher, il faut les trier : les naturels et nécessaires, les naturels non nécessaires, les ni naturels ni nécessaires.

Il faut donc, par un raisonnement sobre, anticiper les effets de l’accomplissement du désir, bénéfiques ou maléfiques.

Sont nécessaires au bonheur : l’amitié et la philosophie

« la voix de la chair » contre la faim, la soif, le froid, est nécessaire à la bonne santé du corps, voire à la vie. Le vrai plaisir est déjà dans cette sortie de la douleur, le reste n’est qu’une question de variation.
La pratique de la sobriété permet de mieux aborder les difficultés qui peuvent survenir.
L’enrichissement, la gloire et sa rançon, la soif du pouvoir, sont des désirs non nécessaires.
Le désir sexuel est naturel, mais non nécessaire (cela reste très débattu) ; et que dire de l’amour-passion et de ses dégâts…

Au delà des plaisirs immédiats, nécessaires à la vie, l’amitié est donc le principal plaisir, avec sa pratique de la conversation amicale, orale ou écrite ; le voyage entre amis, le symposion (banquet) enfin, où l’on boit ensemble, dehors ou dans un jardin. Elle se manifeste par exemple en faisant boire à un ami un vin de son année de naissance ou d’un moment important de son existence…

« saisissons, mes amis, l’occasion que nous offre cette journée… Toi, apporte nous des vins pressés sous le consulat de mon cher Torquatus (année de naissance du poète) » (Horace)

ou encore, accueillant son ami et bienfaiteur Mécène,

Tu boiras un vin de Sabine bon marché dans de modestes coupes, vin que j’ai moi-même enfermé dans une amphore légère, quand au théâtre tu reçus des applaudissements, cher chevalier Mécène..

Mieux vaut boire un vin bon marché avec un ami cher, qu’un très bon vin avec des convives indifférents, conclut Senard.

Aussi, le vin est-il présent dans les célébrations. Ainsi, après la victoire d’Auguste à la bataille d’Actium :

« Nunc est bibendum… Maintenant  buvons. Auparavant il était sacrilège de tirer le Césure (fameux vin de Campanie) du cellier des aïeux…« 

15 siècles plus tard, Lorenzo Valla fait dire à un épicurien dans « Sur le plaisir » :

« O vin, père de la joie, maître des plaisirs, compagnon des heures heureuses, consolateur dans l’adversité ! Tu présides toujours les banquets, toi le guide et le chef des noces ; toi arbitre de la paix, de la concorde et de l’amitié, père du sommeil le plus doux, restaurateur de la force dans les corps éreintés, le cultivateur comme le dit Virgile, le libérateur de l’inquiétude et du souci. Faibles, tu nous rends forts ; timides, audacieux ; silencieux, éloquents.

Mais la modération est de mise (« Tout est affaire de mesure ».)

« ce ne sont point les banquets et les parties de plaisir qui se suivent les unes après les autres, ni les jouissances amoureuses…,ni tous ces plats qui garnissent une table somptueuse, qui produisent la vie heureuse » (lettre d’Epicure à Ménécée).

Quant à la peine, c’est la force du souvenir qui permet de revivre les bons moments, de supporter la peine.

Quant à la mort, un faux problème ; plus de sensation, donc plus de souffrance. Avant de mourir Epicure « serait entré dans une baignoire d’airain remplie d’eau chaude et aurait demandé du vin pur » (Diogene Laërce).

Cet enseignement ne pouvait que déplaire aux religions de l’au-delà. Il fut décrié, caricaturé, et il fallut attendre la Renaissance pour que les humanistes (Valla, Pontano, Erasme, Montaigne…) redécouvrent l’épicurisme et ses thuriféraires.

Quelle meilleure mise en oeuvre de cet enseignement que la remise du prix Rabelais aux Noces de Jeannette ce jeudi 29 juin : amis s’entretenant de toute part, vins frais, gouleyants de nos amis vignerons du Beaujolais, plateaux de charcuterie et de fromages exquis…

Merci à tous ceux qui ont oeuvré pour ce bel événement !

Si tu vas A…vignon

Une fois de plus la cité papale aux cent (?) monuments religieux accueille pendant un mois les saltimbanques de tout poil, comédiens, standupeurs, musiciens, chanteurs, illusionnistes, danseurs, circassiens… : près de 1500 spectacles pour 1200 troupes.

Une fois de plus les reporters du Bon Clos sont allés y faire un tour, histoire de voir si les fleurs de vigne poussent encore en cette saison.

On ainsi vu deux baladins raconter en 65 minutes  » l’histoire du vin, sans gueule de bois », en éclusant force verres d’un liquide rouge dont ils n’ont pas révélé la composition. Sans doute pas que du vin, mais si, quand même, un peu. C’est dense, quoique parcellaire, on ne dit pas tout en si peu de temps, et plutôt amusant!

C’est le Nectar des Dieux, au théâtre des Brunes, que l’on peut voir jusqu’au 29 juillet.

On a aussi pu entendre fredonner « buvons, chers amis buvons, le temps qui fuit nous y convie » , les connaisseurs auront reconnu l’air à boire du Bourgeois Gentilhomme, dans « le Voyage de Molière », plaisante aventure onirico-temporelle qui nous fait croiser Jean-Baptiste à l’heure de composer le Dépit Amoureux. Du théâtre comme on l’aime ! (au Chien qui fume jusqu’au 29 juillet)

Apérotomanie, voila un titre accrocheur !

Ce spectacle venu de Brest ne ment pas : c’est vraiment un apéritif qui nous est proposé dans la cour du musée d’Angladon, avec deux vins naturels servis par Mme A et Mme Vé (des p’tits Gaillac), entre deux déclamations de tirades plus ou moins érotiques d’auteurs (l’apéro possède un potentiel érotique, nous dit-on), et des préparations culinaires préparées par ces dames.

voir le teaser là.

Nin, Reyes, Laclos…Baudrillard, Quignard… Tiens, voila Dubillard, et son apéritif.

On en aura une version plus complète au théâtre des Corps Saints où l’on joue les nouveaux Dialogues.

Cet apéritif est une pépite, on en trouve des interprétations en ligne, la plus courte en petit format, mais si bien jouée

une autre un peu plus longue (« la prochaine fois je prendrai un vermouth »)

Au théâtre des Béliers, avec « c’est un métier d’homme », production oulipienne, on assiste à des exercices de style où deux protagonistes viennent tour à tour décrire leur métier en respectant les mêmes contraintes. Le buveur a retenu toute notre attention :

« Mon métier consiste à descendre du haut de la bouteille jusqu’en bas. Et la descendre le plus vite possible. C’est un métier d’homme. D’abord parce que quand la bouteille est pleine, l’homme a envie de la descendre, ensuite parce que quand il y a plusieurs hommes autour de la même bouteille, ils veulent tous la descendre plus vite les uns que les autres.
Un métier humain.
Je suis buveur. »
(Ian Monk)

Voir la video où les deux acteurs expliquent leur démarche (voir un extrait du buveur à 3mn10s).

Terminons en mentionnant un lieu magique où il convient de se rendre dès l’ouverture à 19h : le bar à vins des Côtes du Rhône dans la cour de la maison des vins d’Avignon.

Un prix d’entrée modique donne droit à un verre et permet de déguster en musique les produits des vignerons présents, qui changent chaque jour.

Nous avons ainsi découvert l’appellation Gadagne, un Côtes du Rhône villages devenu Côtes du Rhône villages Gadagne en 2012.

Pour en savoir plus sur les vins de Gadagne.

Merci aux musiciens et aux producteurs des domaines des Gariguettes, Bois de Saint-Jean, Clos de Saumanes et Demazet.

Au clos des côteaux saint-georges

Un nouveau clos est né à Villeneuve Saint-Georges, et avec lui une confrérie bachique : la confrérie des coteaux de Saint-Georges. Son grand-maître est l’ami Jean-Pierre Vic, le tenancier de la Guinguette Auvergnate, accordéoniste Président d’honneur de la Bourrée Montagnard

Ce samedi 3 juin, des confréries étaient venues de toute l’Ile de France, accueillis par l’harmonie de Limeil-Brévannes, pour découvrir ce clos

et assister aux plantations et à l’inauguration du lieu

Il faut dire que la vigne à Villeneuve Saint-Georges, c’est une longue histoire, ainsi que l’explique Michel Miersman, dont on connait les travaux historiques sur le vin en Ile de France :

Villeneuve-Saint-Georges occupait une bonne place dans la production de vin.
En bord de Seine avec des coteaux, à 91 m d’altitude, plein sud, les vignes y ont trouvé une place idéale.
L’abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui a reçu Villeneuve en donation en 558 par Childebert 1er, en seigneurie religieuse avec les « vignes », va y développer la production du vin.
Les surfaces plantées en vigne à Villeneuve ont atteint 120 ha en 813, selon le polyptyque de l’abbé Irminon de l’abbaye de Saint Germain-des-Prés, 91 ha vers l’an 1200, ils étaient encore de 30 ha en 1788.
A la veille de la Révolution, les vignerons propriétaires de vignes étaient au nombre de 125, représentant 28 grandes familles.

Il fallait fêter ça en musique, ce fut fait avec le Hot Swing Orchestra de Michel Cabu

qui ont « mis le feu » au gymnase ! Merci à eux…

Et bravo aux lauréats du Concours des vins D’Ile de France organisé par Cocorico qui ont été annoncé ce soir-là !

Voir tous les résultats en ligne

Ils font du vin en ville…

Ce dernier week-end quelques vignerons de « chais urbains » s’étaient retrouvés au Hoba, un lieu de vie dédié à la « cuisine durable et joyeuse », « niché au cœur du Parc Martin Luther King, dans l’écoquartier de Clichy-Batignolles, Paris 17e », pour débattre est faire déguster leur production.

L’affiche était prometteuse :

C’est Alvina Ledru-Johansson, du magazine « des bonnes femmes et de la bonne bouffe » Culs-de-poule, à l’origine de cette initiative, qui animait la table ronde. Y participaient Géraldine Dubois et Florent Sabourin.

Géraldine Dubois à installé La Têtue, un chai en pleine zone urbaine lyonnaise, et y vinifie ses raisins d’un domaine des coteaux du Lyonnais, situé à une vingtaine de kilomètres. L’idée est d’être au plus près des consommateurs, de privilégier les circuits courts, en recyclant les bouteilles voire en vendant le vin en vrac. Et bien sûr de faire des vins nature, sans levures exogènes, avec un sulfitage réduit à l’essentiel à la mise en bouteille.

Florent Sabourin, avec son compère Marc Event, fait de même à Montreuil, avec des raisins bio qu’ils vont chercher un peu partout. Leur marque Michtovino renvoie à l’argot local, Michto, d’origine romani, qui veut dire agréable, cool. Nous avons particulièrement apprécié leur claret.

(En apprendre plus sur Francebleu.fr et sur radiovino)

Les deux reconnaissent que leur modèle économique est loin d’être profitable, en raison des coûts et des contraintes urbaines. La comparaison avec les brasseurs, qui peuvent multiplier les cuvaisons, ne tient pas. Des cinq producteurs présents, le seul à s’en sortir pour l’instant est adossé à un bar où il peut écouler sa production. Dira-t-on qu’ils font ça pour la gloire ?

Lors de la dégustation nous avons aussi pu rencontrer le cadet des Ferchaud, Benjamin, qui produit avec son frère aîné ses vins sur l’île de Nantes, et les fait boire au Bras de Fer, un espace attenant à la cave de partage musical et oenologique. Les raisins vinifiés proviennent de la région ou de l’Anjou voisin.

A Courbevoie en banlieue parisienne, c’est un fils et un père (Antoine Et Fady Sfeir) qui proposent le Pif à Papa. En attendant d’avoir leurs propres vignes en Ile de France, ils vinifient des raisins de Loire et proposent une douzaine de cuvées originales, dont les noms (fiston, mamie, etc.) rappellent le jeu des 7 familles.

Nous avons été séduits par la cuvée Mamie, assemblage élevé sous voile de grolleau gris et d’un gamay vinifié en macération carbonique, aux arômes de noisette grillée étonnants.

Last but not least, c’est au D.O.C.K de Reims que nous donnons la palme, pour son Dock power, un délectable assemblage de muscat et de viognier, et son Dock en stock, un rouge complexe, puissant et épicé. Merci et bon courage à Laure et Fabrice Renaud !

Etonnant, non ?

Les voeux du Bon Clos pour 2023

Cette année, c’est avec la reine Elizabeth, tragiquement disparue en septembre dernier, alors que les vendanges allaient bon train dans cette Champagne qu’elle affectionnait, que le Bon Clos adresse ses meilleurs voeux à ses lecteurs.

Avec elle trinquons ! Certes, les temps sont difficiles. La guerre fait ses ravages, la corne d’abondance sonne creux. Mais le jour se lève, il faut tenter de vivre.

En ces temps de fêtes, faisons notre la devise de la Confraria Oenogastronomica de Madeira :

 » Comer e Beber e divinal ! »

Et revenons sur l’année écoulée, où nous avons pu

déguster le canelazo, ce grog équatorien célébré par une entrainante chanson,

retrouver l’origine de vieilles chansons comme « boire à la capucine », et des traditions anciennes comme cette procession des bouteilles de Boulbon,

danser le rock avec Jerry lee et son « drinking wine Spo-Dee-o-de », et avec Boris Grebenshikov, le  » Bob Dylan » russe,

voyager et découvrir les crus et le sens de la fête à Madère et en Slovénie,

retrouver ou découvrir les airs à boire du génial Offenbach, dans des opérettes comme Luc et Lucette, le rêve d’une nuit d’été, Pomme d’Api, la Belle Hélène, Vert-Vert,

apprendre de nouvelles chansons comme Buvons sec ! de Paul Avenel et Paul Henrion

visiter musées et expos comme le Magnin à Dijon, ou l’exposition Picasso à la Cité du Vin de Bordeaux…

Encore une fois, bonne année à tous !

Art shopping again

Voici revenu au Carrousel du Louvre ce salon commercial où se croisent artistes du monde entier, oeuvres bling bling et parfois des petits joyaux. Du vertige de parcourir les milliers d’oeuvres exposées émergent quelques unes qui nous touchent.

Voici un « verre à moitié plein », de l’italienne Arianna Pignatelli, également tatoueuse de talent, dont on a pu retrouver aussi une version en cours d’élaboration.

L’américaine Brittany Faning, qui a longtemps vécu en Corée, pointe la coexistence du plaisir et du danger avec ce « Pinot Gris et volcan »

Pinot Grigio and a volcano

et ce jeu avec un alligator

poking the alligator détail

Le coréen Youngil Hwang , avec sa série « waiting for myself » interroge notre espèce où chacun est confronté à ses choix de vie. Tous ses personnages portent un coeur sur l’oeil gauche.

La roumaine Smagdan (Magdalena Stanescu) a fait alliance avec le Clos de la Bierle, un domaine du Bugey qui produit un fameux « Frizant » de Cerdon du Bugey, médaillé plusieurs fois et sacré « meilleur vin du monde » ( Il fut même servi en 2014 au Président Xi lors d’un dîner de gala à l’hôtel de ville de Lyon).

Tout un stand à la gloire de ce rosé de Gamay pétillant !

Avec les francs-mâchonnes et francs-mâchons à Montmartre

Officiellement, ce sont quatorze associations (*) qui se sont donné le mot pour organiser ce mâchon de rentrée le lundi 12 septembre à la Bonne Franquette, adresse réputée de la Butte.

aimer, manger, boire et chanter : la devise de la bonne franquette

Il s’agissait une fois de plus de célébrer la parution de « J’aime la saucisse« , d’Emilie Greenberg, « plus qu’un livre de cuisine, un mode de vie ! »

Nombreux étions nous à nous être levés tôt pour nous retrouver à l’heure où d’autres prennent leur petit déjeuner, un verre de Sauvignon blanc frappé ou de merlot lyonnais à la main,

prêts à trinquer avec le têtes connues et inconnues, non sans avoir échangé un rapide « ça va ?« , et à faire honneur aux charcutailles proposées à foison : mortadelle de Bologne, rosette à l’ancienne de Colette Sibilia, pâté basque, spianata piccante (pas tant que ça) de Calabre, andouille…

Chez les franc-mâchonnes on ne garde pas son drapeau dans sa poche

A table, ce sont, arrosées de beaujolais rouge et blanc, quatre recettes de saucisse qui furent proposées : Francfort et Strasbourg en choucroute, végétale aux spaghettis, Toulouse aux pochas (= haricots, sortes de coco), et montbéliarde aux lentilles cuite au gène (= marc de raisin en pays beaujolais) de Brouilly.

L’intronisation de l’héroïne du jour Emilie Greenberg, autrice de Vive la saucisse, dans la confrérie des compagnons du Beaujolais fut largement applaudie.

De même que Charlie, venu avec sa guitare chanter « les copains d’abord » , « le petit vin blanc » et bien d’autres airs festifs.

Est-ce l’effet des boissons ingurgitées ? Nous avons fait en sortant une drôle de rencontre dans les rues avoisinantes…

Merci à tous, organisateurs, restaurateurs, vignerons, participants pour cette belle fête.

(*) liste des organisations participantes :

Le devoir parisien des compagnons du Beaujolais
La confrérie de Saint-Juliénas des Prés
L’association des bistrots et cafés de France
La sélection de Montmartre des Beaujolais
La commune libre de Montmartre
L’Académie Rabelais
La commanderie du clos Montmartre
Le clos des Arènes de Lutèce (200 pieds de vigne y ont été replantés)
Le clos de la Doyenne
L’Amicale du Gras (fondée en 2014)
Les joyeux mâchonneurs du Vaudésir
Le club de la saucisse libre
L’Amicale du sauciflard (désigne chaque année le meilleur saucisson de France)
Les Vegans dépressifs !!!

La reine boit ! Vive la reine !

C’est ainsi que traditionnellement s’exclamait toute la tablée lorsque l’on tirait les rois et qu’apparaissait la fève.

La reine boit, Ecole hollandaise du 17ème, d’après Anthonie Palamedes (1601- 1673)

La Nuit des Rois, c’est à dire the Twelfth Night (après Noël), la reine Elizabeth , gardienne des traditions, n’y dérogeait sans doute pas.

aquarelle de M. de Parys, parue dans le Soleil du dimanche du 17 janvier 1892

Le « bon clos » s’associe au deuil qui frappe le Royaume Uni et tous les territoires lointains dont Sa Majesté Elizabeth II était la reine. Sa longévité, ses incroyables chapeaux et tenues chic quoiqu’improbables, son humour réputé, sa résilience lors de l’ annus horribilis, et last but not least, son addiction au champagne et au bon vin,

1984

tout cela ne pouvait qu’engendrer une solide sympathie.

On a rapporté que son régime quotidien commençait par un gin/Dubonnet juste avant le déjeuner, qu’elle prenait avec un verre de vin ; un dry martini suivait dans l’après-midi, et la soirée ne se terminait pas sans un verre de champagne.

Mais il faut aussi prendre en considération ses obligations mondaines où trinquer était un « must ».

Proche du peuple, Elizabeth ne dédaignait pas une bonne bière…

Peut-on imputer à ce régime sa longévité ? C’est toute la question, mais sans aller chercher des explications scientifiques, on comprendra qu’il était en tout cas bon pour le moral.

Farewell, Elizabeth !

The Queen is dead, long live the King !