Revient janvier, avec ses galettes et ses frimas. La tradition y fête Saint Vincent, patron des vignerons, festivité difficilement compatible avec les contraintes du Dry January !
Cette année, elle a donné lieu à Clamart à une curieuse commémoration : celle de l’ancienne confrérie de Saint Vincent disparue avec la viticulture au début de vingtième siècle.
L’association des Amis de Clamart, qui a pour mission de connaitre et faire connaitre l’histoire de ce village, a en effet saisi cette occasion pour donner une conférence sur l’histoire de la vigne et du vin.
Si la plantation de vigne est autorisée à Lutèce à la fin du 3e siècle, et la culture de la vigne attestée dans la région de la Seine au IVe siècle, ce n’est qu’au Moyen Âge que l’on peut en toute rigueur attester de la présence de culture de la vigne à Clamart et en région parisienne.
En effet une bulle pontificale de 1096 atteste la propriété de l’abbaye de Saint-Martin des Champs sur les terres viticoles situées à Clamart.
On a pu également prendre connaissance d’une carte présentant l’extension du vignoble à son apogée (fin 18ème, début 19ème),
et assister impuissant au naufrage du vignoble clamartois au 20ème siècle.
Merci à Hubert Duval et à ses amis des Amis de Clamart pour cette belle présentation.
Mais le clou de cette réunion fut sans équivoque la transmission du bâton de l’ancienne confrérie Saint-Vincent, conservé par le Amis de Clamart, à la Confrérie du Clos de Clamart, dont les membres étaient venus en nombre pour assister à cette dation.
Le bâton trouvera tout naturellement sa place à la grange-musée où sont les chais.
Il y a eu d’autres fêtes, toutes mémorables.
Celle des Chevaliers de l’Ordre Illustre de Méduse, qui s’étaient réunis au Domaine Saint Julien, près de Brignoles.
Qu’en dire, si ce n’est évoquer les « huiles » (vins) délicieuses que l’on y servit, selon le rituel :
« Lampe en main, lampe allumée,
portons-la à hauteur de nos yeux
et en invoquant notre bien aimée mère Méduse…
lampons !! »
S’il faut n’en citer qu’un que ce soit ce domaine Saint-Jean Li Vecce de Bellet 2020, 100% Rolle.
Il y eut aussi bien sûr celle des Echansons de France, bien connus des lecteurs du Bon Clos. Le chapitre, était placé sous le signe de la gastronomie lyonnaise.
Le Souffle de Bacchus y a chanté « Joyeusement buvons un coup« , une chanson qui reçut le Grand Prix de la chanson bachique en 1937 dont nous avons déjà parlé (on peut l’écouter là), et « la java des sécateurs« , qui font clic-clac sur le coteau de La Croix-Rousse. (Voir la video sur le site des Echansons).
Il a aussi étrenné le tout nouvel hymne des Echansons de France, sur la musique de Verdi (Brindisi). Oyez !
Quelle plus belle occasion que ce jour du vin nouveau pour rendre visite à l’ami Jean-Pierre Dutilheul dans son Clos Nenesse.
Situé aux alentours d’Etampes, ce clos longiligne d’une cent-cinquantaine de pieds (de Gaillard 2, un enfant de Noah (principalement), pinot noir et baco)a été planté par son père, il y a quelques lustres.
Jean-Pierre s’est inscrit dans sa suite et faisait déguster aux amateurs ses crus 2015 à 2020,
Au centre Jean-Pierre Dutilheul, avec à sa droite le président de Cocorico Michel Devot
agrémentés de saucisses marinées, tomme de Savoie affinée au marc, et bien d’autres bonnes choses.
On pouvait y faire de belles rencontres comme celle de cet autre Jean-Pierre
producteur, à Méréville aux confins de l’Essonne, d’un petit cabernet-sauvignon intéressant.
Et c’est le coeur joyeux que l’on a rejoint ensuite les fêtards clamartois réunis aux trois garçons par le Président Marcel pour célébrer le vin nouveau
La mémoire collective souvient de la révolte des viticulteurs du Midi, en 1907, victimes de la surproduction et de la baisse des cours, et immortalisée par les héroïques soldats du 17ème régiment d’infanterie qui refusèrent de tirer sur la foule.
Elle a moins retenu celle des « cossiers« , ces vignerons champenois qui reprochaient (les marnais) aux grandes maisons de champagne de s’approvisionner en raisin hors de la zone d’appellation, ou qui souhaitaient (les aubois) y avoir accès.
Gaston Couté a chanté ces luttes : Le beau geste du sous-préfet, Cantique à l’usage des vignerons champenois, Ces choses-là, Au Vigneron Champenois, le Nouveau crédo du paysan, parus dans le journal anarchiste La Guerre Sociale. On ne s’étonnera pas de la tonalité révolutionnaire de ces chansons !
Aujourd’hui, voilà c’ qui s’ pass’ dans la Marne D’après les dernièr’s nouvell’s des journaux : Au sac des celliers la foule s’acharne Brisant les bouteill’s, crevant les tonneaux ; Les ruisseaux débord’nt de flots de champagne Et les vign’s avec leurs grands échalas Sont comm’ des bûchers au cœur des campagnes…
On peut trouver les paroles de ces chansons sur le site de Mediapart.
Bon paysan dont la sueur féconde Les sillons clairs où se forment le vin Et le pain blanc qui doit nourrir le monde, En travaillant, je dois crever de faim ; Le doux soleil, de son or salutaire, Gonfle la grappe et les épis tremblants ; Par devant tous les trésors de la terre, Je dois crever de faim en travaillant !
Bien moins connues sont les émeutes qui étaient l’ordinaire d’un Ancien Régime où les « taillables et corvéables à merci » ne baissaient pas toujours la tête devant les « commis des fermes » et représentants de l’autorité. Des chercheurs ont eu la bonne idée de mettre en ligne une base de données des ces révoltes ordinaires, Hiscod (Historical Social Conflict Database). Le Bon Clos en a sélectionné quelques unes…
Ainsi à Clamart le 5 octobre 1749
« 7 ou 8 particuliers dans les bois s’enfuient à l’approche du garde de la Varenne du Louvre. Celui-ci dans le village est poursuivi par 60 individus menaçants. »
et à Auvers sur Oise le 22 janvier 1752
« Trois commis aux Aides qui surprennent un vigneron vendant à »Muchepot » sont assaillis par six »particuliers » et d’autres encore. Ils se sauvent dans la nuit, menacés par des groupes »ameutez », criant »tue, tue ces bougres là ». »
Sur 10 000 faits relatés, quelques 200 sont relatifs au vin, ce sont la plupart du temps des actes de résistance aux contrôles et à la levée des taxes. Les archers, commis des fermes et représentants de l’autorité se voient pourchassés, parfois même occis, par une « populace » furieuse.
Émeute à Lyon en avril 1669
« Soulèvement de femmes (500 à 600) de La Croix Rousse. Elles repoussent les archers placés aux portes par les fermiers des aides pour empêcher l’entrée du vin en bouteilles. L’une d’elles agite une feuille de papier blanc au bout d’un bâton en guise de drapeau. Tambour. Les archers ont tiré sur la foule qui les a poursuivis jusqu’au corps de garde. »
Émeute à Ancenis le 2 octobre 1724
« Vente clandestine de vin. Trois cordonniers transportant du vin sont appréhendés. Émeute. Dans cette »populace en furie », les commis reconnaissent un tailleur d’habits, un potier d’étain, un marchand. »
Émeute à Laval-Pradel le 15 août 1755
»Les commis [de l’équivalent] sont insultés dans toutes les villes et lieux de la province, à tel point que la plupart ne peuvent point faire leurs fonctions, à cause des émotions populaires qui se forment à la première venue des employés, ce qui est déjà arrivé plusieurs fois, en divers lieux de la province », dit le fermier général de l’équivalent à propos de la présente affaire. Le 15 août, jour de fête balladoire à Laval, deux commis d’Alais qui faisaient leur fonction passent, à l’Habitarelle, devant la maison d’Arbousset, fermier de Mr Delouze de Troilhas. Ils y trouvent un grand nombre de buveurs, devant la maison, dans la basse-cour et à l’intérieur (60 rien qu’à l’intérieur). Arbousset dit vendre du vin de son cru, mais refuse de montrer son bail de fermage. Les commis veulent saisir trois tonneaux dans sa cave. Dehors »rumeur séditieuse », signes et invectives contre les commis. Arbousset saute sur l’un des commis, à coups de poings, et excite les buveurs contre eux. Armés de barres et de bâtons, les buveurs désarment les commis et les frappent, après avoir fermé les portes de la basse-cour. Un des commis est blessé à la tête. Les violences continuent jusqu’à ce que les commis crient »mercy ». On les laisse alors partir. Le cabaretier d’occasion prétend qu’il n’y a eu aucune violence : seul le commis a tiré son épée. Pourtant le verbal du chirurgien décrit trois grosses plaies sur la tête… »
Mais il y aussi des fêtes sauvages, comme à Castellane le 18 août 1726
« Paroisse du diocèse de Senez. Selon Achard Dictionnaire de la Provence et du Comté-Venaissin. . , les habitants »aiment bien le vin et le jeu ». Dès le samedi soir 17 août, tapage de la jeunesse, en dépit des interdits : on danse avec éclat, même sous les fenêtres du curé autour de la chapelle. Le dimanche 18, coups de fusils, tambour, »hurlements folastres ». En dépit de l’intervention du curé et du consul, cela continue. L’après-midi, les jeunes gens se répandent autour de l’église. Vêpres pertubées par ces »libertins ». »Dans les divers tours et retours auprès de l’église, un des danseurs y entra en dansant et prenant l’aspersoir bien trempé dans l’eau sainte, en asperge avec bouffonerie tous les danseurs, comme faisaient autrefois les païens dans leurs fêtes baccanales ». Les habitants proclament que »ni curé ni évêque ne les empêcheroient jamais de danser ses jours-là… ». Selon la requête du procureur du roi de Castellane au lieutenant criminel, cet attroupement a été concerté par »un complot de révolte contre l’église ». Tapage dès le samedi à l’entrée de la nuit, puis le dimanche de grand matin et encore après vêpres. Tumulte. Insolences. »
ou encore à Franconville le 26 janvier 1777
« Cinq commis des aides entrent dans une maison où on chante et boit du vin rouge. Ils verbalisent. Se font insulter. Coups, violences. Les femmes appellent à la fenêtre : au feu ! Au voleur ! Rébellion ouverte, affluence, tocsin. Les commis s’enfuient. »
ou à Saint-Jean-sur-Reyssouze le 24 juin 1779, où manifestement il y avait de l’eau dans le gaz au sein des autorités.
« La bailli de justice de cette »terre » veut empêcher de danser et de donner à boire dans les cabarets. Il est bousculé par la foule, et les 4 cavaliers de maréchaussée présents sur les lieux refusent »avec dérisions » de lui prêter main forte. L’autorité mise en cause en celle de la seigneurie de Bagé (marquisat). Noter que l’on conteste ici l’autorité des gardes de la terre, dont on condamne les violences. Le dimanche 4 juillet 1779 à la sortie de la messe, il semble que 2 cavaliers de la maréchaussée auraient, après une enquête sommaire, verbalisé contre les gardes. Le 25 juillet [?] dans la paroisse de Bereziat, même marquisat, les cavaliers auraient toléré le débit de vin jour et nuit. »
Nantes et sa région semblent particulièrement remuants, les commis n’osent plus se risquer dans certains quartiers.
Émeute à Nantes le 27 mai 1728
« Visite de contrôle des commis chez une lingère du quartier du Marchix qui vendait clandestinement du vin. Intervention des gens du quartier : portefaix, garçon tailleur, jardinier. Les soldats appelés à la rescousse sont eux-mêmes agressés violemment. Les personnes arrêtées sont toutes de la même famille. L’émotion est telle que deux détachements de soldats doivent intervenir. Les commis estiment ne plus pouvoir aller au Marchix (faubourg de Nantes) »attendu les rébellions et attroupements continuels qui s’y commettent, sans risquer leur vie. »
Émeute à Nantes le 26 juin 1743
« Un homme portant des bouteilles de vin est appréhendé. Soulèvement du quartier de Biesse. La »populace » est encouragée par les bourgeois. Les commis assaillis cherchent refuge chez une marchande de toile qui les repousse les traitant de gueux, fripons, misérables et coquins de maltôtiers et criant à la populace : il faut assommer ces coquins là. »
La justice ne donne pas toujours raison aux commis…
Émeute à Nantes le 9 avril 1787
« Après l’émeute du 8 avril, les commis retourne à la [?] de la Madeleine. Là, ils remarquent que des gens dansent et boivent du vin. En réponse à leur interrogatoire, le quartier se rassemble et les agresse. Les commis réussissent à se sauver mais ils sont poursuivis. L’émeute devient générale, on va jusqu’à échanger des coups de feu. Les commis réfugiés dans leur bureau doivent être protégés par la maréchaussée. L’émeute a lieu le jour de Pâques. Il s’agit là de l’affaire la plus importante. À l’issue d’une longue procédure, les commis sont condamnés à payer de lourdes amendes aux blessé et aux médecins : au total près de 6000 £. D’autre part, il est enjoint aux commis de se »comporter à l’avenir avec sagesse et circonspection dans l’exercice de leur état, inhibition et défense leur est faite de porter des armes à feu, si ce n’est dans le seul cas de l’article 79 du bail des Devoirs comme aussi de causer et occasionner de quelque manière que ce soit des troubles et des émotions parmi les citoyens et de commettre aucun excès vis à vis d’eux ». »
L’ami Jean Edern avait-il eu vent de cette chasse aux gabelous au château de la Boixière le 9 juin 1675 à Briec ?
« 700 à 800 hommes des paroisses voisines se rendent à Briec et obligent 2 recteurs à marcher avec eux sur le châteaude la Boixière, à la recherche des gabeleurs. Ils recherchent aussi le Sr de Keranstret, seigneur du lieu et d’autres notables. Menaces de feu. Le soir, dans le bourg, nouvelles menaces contre les gabeleurs. Vin bu, écuries brûlées, idem grange, pillage. Tocsin à Quéménéven. »
A ce petit jeu, ce ne sont pas toujours les mêmes qui perdent et les peines pour les émeutiers peuvent être lourdes : amendes, prison, mise au carcan, fouet, bannissement, potence…
Comme chaque année, les clamartois se sont mobilisés pour apporter leur raisin à la grange municipale et faire « un vin comme nous l’aimons ».
Ci-dessus, une oeuvre sur tuile de notre ami et producteur Jean Dessirier, « le raisin » Et le Grand-Maître du Clos de Clamart et Président Marcel, prêt à l’action.
Enfin, pas tout à fait. On a perdu en route une dizaine de producteurs, peut-être restés confinés, ou alors découragés par le mauvais temps qui sévit fin septembre. Mais les bénévoles étaient là, avec leurs masques et la bonne humeur.
Le clos Franquet, la vigne municipale, déçut. Plus de 200 kilos de raisin attaqués par l’oidum ont été perdus. Ce sera une toute petite année (moins de 100 litres).
une grappe du clos Franquet (Sémillon)
Quant au clos de Clamart, le passe-tous-grains des treilles clamartoises, il était mûr à souhait mais on n’en fit que 400 litres compte tenu des absents. Tant pis : mieux vaut moins mais mieux, et les deux cuvées, qui n’ont pas eu besoin d’être chaptalisées, sont plaisantes. Pour l’instant.
A la pause déjeuner, on respecta les distances réglementaires mais on mit bas les masques. On fit un peu le ménage dans la réserve et décida de faire un sort à de respectables flacons.
Ci-dessus l’ami Jean-Claude présentant son dessert.
A noter la sympathique visite d’un pompier apportant le raisin d’une caserne parisienne, malheureusement pas assez mûr pour être incorporé dans le Clos de Clamart. On le pressa avec le marc du Franquet, et l’on en fit une cuvée spéciale, dite cuvée du pompier, à toutes fines utiles…
On eut la visite des enfants des écoles, mais la fête de la vigne, prévue le 27 septembre, à dû être annulée compte tenu du mauvais temps…
Les vendanges ne seraient pas terminées sans les maintenant traditionnelles cuvées spéciales (baco, chasselas, sémillon) et autres produits dérivés. On reprit aussi la route d’Epinay et l’on fit des découvertes.
Qu’il est doux le temps, le temps de la grappe offerte le temps des vendanges. Qu’il est bon le vin, le vin de la coupe offerte qu’on boit dans la grange.
Tout un chacun a entendu parlé de l’attentat du petit Clamart, auquel le général De Gaulle a échappé de justesse, mais qui se souvient de la bande de Clamart, des étrangleurs, qui sévissait dans les années 1875 ?
C’est dans un mari dans la serrure, une opérette sans prétention créée en 1876, que l’on joue ces jours-ci au studio Marigny, qu’elle est mentionnée à propos d’une assassine présumée.
« Ce n’est pas un métier facile / Que notre métier d’assassin ! /
Souvent on se fait de la bile, / Et cela ne rapporte rien ! »
Il s’agissait d’une bande de cambrioleurs menée par le grand Georges et Auguste Thauvin, dit le Gandin. Elle était basée rue du chemin du moulin (à Clamart ?, il en existe une sur les hauts d’issy-les-moulineaux).
Ecumant Paris et la banlieue, la bande a à son actif l’assassinant par étranglement de la veuve Rougier, rue de Vaugirard, en octobre 1874, et bien d’autres forfaits.
On pourra en lire un récit passionnant dans le Petit Journal de l’époque, et notamment dans ses numéros des 12 (récit de l’arrestation), 13 (premières révélations), 14 (perquisition rue du chemin du moulin), 15 (suite des investigations), 16, 17, 18 (es aveux de Jean Maillot, dit le Jaune), 19 : arrestation de Jesus et du grand Pierre, et 31janvier 1875 (visite à Antony).
Au procès dont on pourra lire le déroulement dans les numéros du 29 avril au 2 mai, les 3 principaux protagonistes seront condamnés à mort.
Bonne lecture, ce Petit Journal !
On y trouvait aussi (20 janvier 1875) cette curieuse relation d’animaux ivrognes…
Des ânes à qui l’on fait boire du vin blanc pour les faire avancer, des chevaux de trait essoufflés qui carburent au rouge, un toutou amateur de kirsch, un roquet à qui on paye un bock, un coq buveur d’absinthe ! Qui sont les ivrognes, les bêtes ou bien les maîtres ?
On s’inquiétait mais non, l’été caniculaire et sec n’avait pas eu raison de la vigne clamartoise. On était quand même bien en peine pour celle du clos Franquet, attaquée par le mildiou malgré tous les efforts.
Les vignerons clamartois se sont donc retrouvés comme tous les ans en ce mois de septembre pour continuer à faire ce petit vin d’Ile de France en apportant le produit de leur treille. Les 12 et 13 septembre pour les détenteurs de raisins précoces (essentiellement du baco), quinze jours plus tard pour les autres. Entre les deux, les journées du patrimoine donnèrent l’occasion à de nombreux curieux de visiter la grange-musée et le clos attenant.
Et le 29 septembre ce fut la vendange de la vigne municipale, le clos Franquet, à laquelle tous les clamartois étaient conviés.
Ce fut un succès, les clamartois vinrent seuls ou en famille pour participer à ce rite ancestral.
Certains avaient apprécié le vin de Clamart découvert chez des amis et brûlaient de le connaitre intimement !
De vieux amis passèrent (ci-dessous Pascale, notre amie chanteuse).
Une élève journaliste ne perdait pas une goutte de l’événement.
Nos vignerons ont du talent. L’un nous apprit que l’on appelait improprement noah ce raisin noir au gout framboisé ou de bonbon anglais que plusieurs clamartois apportent. Le noah est un raisin blanc. Ce raisin noir que l’on trouve à Clamart serait de cépage isabelle !
On retroussa joyeusement ses manches aux tables de tri, travail fastidieux mais essentiel si l’on veut faire un « vin comme nous l’aimons ».
On doit éliminer tout ce qui est abîmé bien sûr, et ne garder que les grains sur les grappes. Et quand on doute on goûte ! Les grains doivent être bons !
Et l’on dégusta jus de raisin (le jus de goutte, donc exposé toute la nuit à l’air que l’on ne met pas en cuve et qui, une fois cuit pour le stériliser, se révèle délicieux), les vins bien sûrs, et aussi le ratafia de Clamart…
On pesa, on foula (le plus tard possible pour limiter au maximum l’exposition du moût à l’air),
on pressa. Sans oublier le nettoyage du matériel !
On se fit quand même un peu peur un vendredi où il y eut si peu de « grain à moudre » qu’on dut faire usage du petit pressoir qui montra là son utilité.
Au final 500 litres ont été mis en cuve pour le Clos de Clamart, 150 pour le Clos Franquet. Une petite année en quantité. Mais le raisin était bien sucré, on est donc plein d’espoir pour la suite ! Comme l’an dernier, des mini-cuvées de quelques litres seront vinifiés « naturellement », sans aucun ajout. Pour voir !
Jean-Luc au mini-pressoir
Et l’on fera aussi de la piquette, (la boisson préférée du père de l’ami Jean, dit-il), pour voir !
Ce 30 mars 2019 il faisait un soleil radieux et tout s’annonçait bien pour le Chapitre annuel de la Confrérie du Clos de Clamart. Les confréries (*) étaient venues en nombre d’Ile de France et de plus loin (Belgique, Poitou) pour défiler et festoyer avec la Confrérie du Clos de Clamart, et pour certains, recevoir l’insigne honneur d’y être intronisé.
Dès dix heures un long cortège s’élança de la salle des Fêtes Hunebelle et parcourut les rues de la ville,
passant par la grange Franquet
et par la vigne,
au son des percussions du Groupe Batuca’chic.
Louis, le « doyen » de la Confrérie (catégorie masculine) , malgré son âge avancé, marcha tout le long du chemin.
Vint le moment des photos,
Pour qui ce prometteur message ?et des intronisations. Ils étaient douze candidats, dont l’ami Paul, notre Grand Chancelier, a fait l’éloge. Tâche épuisante car on se déshydrate vite, mais il avait tout prévu et apporté deux bouteilles emplies d’un liquide clair po ur l’une, rosé pour l’autre, dont il usa avec fréquence mais modération.Nous fûmes heureux de revoir Nathalie Loizeau, qu’une chasse aux petits pois avait conduit jusqu’à notre grange Franquet lors des journées du Patrimoine. Conteuse, chanteuse, comédienne, elle collabore en tant qu’artiste et pédagogue avec la Maison du Conte à Chevilly Larue. A Clamart, elle anime l’Atelier des Songes.
Nous découvrîmes aussi Corinne Javelaud, écrivaine clamartoise qui compte déjà une quinzaine de romans à son actif, également ambassadrice des vins de Montravel (Bergerac). Et aussi Olivier et Sonia, boulangers talmeliers près de l’Eglise Saint-Jo de Clamart. Et encore Françoise, du Devoir Parisien des Compagnons du Beaujolais,
photo de Pascal Agency Prodvideo’Art
Yvette, Argentière-Adjoint de la Confrérie du Sucre d’Orge de Moret/Loing, Marie-Françoise, secrétaire des Compagnons d’Irminon, Eric, une récente recrue du Petit Vin Blanc de Nogent, Rita et Anne, toutes deux Grand Officier de IL CRASS D’JOTTE D’HOUFFALIZE en Belgique, Bernard, Chevalier balnéolais de Bacchus. Et enfin Philippe, Grand Prévôt des Côteaux de Sucy en Brie.
Tous se pressaient sur l’estrade pour prêter serment et déguster nos fameux crus, pour finalement recevoir l’adoubement du Grand-Maître Marcel.
Puis ce fut le vin d’honneur, et le traditionnel déjeuner dansant animé par ISA MUSIC.
photo de Pascal Agency Prodvideo’Art
Un record fut battu avec 135 convives !
(*) Outre les Confréries sus-mentionnées, étaient aussi présentes les Arts Audoniens de Saint-Ouen, la Palaisienne des Côteaux de l’Yvette, la Saint-Vincent d’Issy-les-Moulineaux, le Pinot Meunier de Charly/Marne, le Vin de Suresnes, Saint-Grégoire et Tire-Douzils de Marigny-Brizay en Haut Poitou !
Et Merci à Pascal, Philippe et tous ceux qui nous ont transmis des photos.
Qu’allaient donc faire, ce samedi 13 octobre au marché gourmand organisé par la municipalité et la Confrérie Saveur et Terroirs, parmi les viticulteurs patentés, producteurs de navettes, de miel, de fouaces, de fromages, foie-gras et autres produits du terroir, les vignerons de l’association des amis du Clos de Clamart ? Présenter ses crus, le gris clos de clamart et le blanc clos franquet, les faire déguster, certes. Mais encore, puisqu’on ne peut bien sûr les vendre ?
Le Président Marcel avait trouvé la parade : on allait faire une loterie. Ainsi les clamartois, pour une somme modique, pourraient acquérir, la chance aidant, une de ces bouteilles emblématiques de notre commune.
Le succès dépassa toutes les espérances. Par dizaines les clamartois, rameutés par le micro de l’animateur que des coups de corne de brume avertissaient à chaque gagnant, se présentèrent au stand, certains heureux gagnants revenant même plus tard avec parents ou amis.
Cela ne les empêcha pas, bien au contraire, d’acquérir auprès des viticulteurs présents, comme le chinonnais Berton (dont on a bien apprécié les cuvées nadine et constance),
des crus de nos beaux terroirs. Ils l’ont bien compris, ceux qui nous ont généreusement abreuvé et que nous remercions (ainsi que Guy Guénerin pour les photos).
Avec un été qui s’éternise, c’est une récolte exceptionnelle qui était attendue par la petite équipe de vignerons amateurs réunis autour du Président et Grand-Maître Marcel au pressoir municipal rue Pierre Franquet. Ce fut le cas.
Dès le matin du 7 septembre les amis Jean et Sabine faisaient des allers-retours pour apporter près de 150 kilos d’un raisin bien mûr et sain, promettant jusqu’à 14 degré d’alcool. On n’en revenait pas. Quatorze producteurs se manifestèrent, les derniers apportant un quintal et demi à la dernière minute ! On n’allait pas refuser ! Quatre braves tirèrent la langue mais se remirent à la tâche sans discuter.
Au total on décompta quelques 500 kilos de raisin, et 300 litres d’un moût titrant 10,5 ° au mustimètre furent mis en cuve.
Quelques litres furent réservés pour une cuvée spéciale « naturelle » en bonbonne, quelques autres après cuisson furent consommés en jus de raisin au succès inattendu.
Le pressoir n’allait pas rester vide longtemps. La semaine suivante près de 150 visiteurs ont profité des journées du Patrimoine pour visiter vigne et chais.
Menés par la comédienne Nathalie Loizeau, deux groupes en quête de petits pois se sont présentés, et ont été reçu par le Grand-Maître et par le chevalier Franquet (notre cher Paul Quéré) qui leur conta quelques légendes rurbaines (celles du Chevalier Pierre Franquet, de René d’Egale vin et du fantôme de la Tour).
Mais ce n’est qu’après avoir écouté les standards du Clos de Clamart, et la valse ancienne « le petit vin de Clamart » que l’on s’est risqué à chanter accompagné à l’accordéon par l’ami Bernard toujours présent,
qu’ils purent déguster nos crus et notre jus.
Cette chanson qui date de la fin du 19ème siècle est connue des lecteurs du bon clos. Elle avait été interprétée il y a une vingtaine d’années lors d’un spectacle de la confrérie du Clos de Clamart. Il n’en existe pas d’enregistrement public à notre connaissance, aussi propose-t-on d’écouter « les petits pois » par Dranem, une autre spécialité clamartoise…
Quelques jours plus tard, les vendredi et samedi 21 et 22 septembre, la grange retrouva sa fonction de chais, et 600 kilos de raisin y rentrèrent pour être aussitôt transformés en moût, un beau moût sucré qui fit la joie des jeunes et moins jeunes visiteurs.
(On en avait fait cuire quelques litres afin d’éviter une fermentation indésirée et pour pallier à tout problème sanitaire). Un moût record, promettant près de 12 degré d’alcool.
Quelques litres de chasselas et de sémillon furent également mis de côté pour expérimenter la production de vins naturels, vinifiés sans aucun adjuvant.
Et le dimanche décrété « fête des vendanges« , ce fut le tour du Clos Franquet.
La pluie n’eut pas le temps de gâter le beau raisin qu’un été chaud et sec avait préservé des maladies de la vigne. Avec le concours des clamartois venus en famille malgré la pluie , on en récolta plus de 300 kilos donnant un jus sucré promettant lui aussi près de 12 degrés d’alcool. On n’eut donc pas besoin d’y ajouter grand sucre.
Saluons aussi la présence de notre ami Denis des Vignerons Franciliens Réunis, dont l’aide et la compagnie nous furent un précieux renfort (ci-dessus au nettoyage après la bataille).
Lire ses impressions dans l’Echo des Caves, le bulletin de son « Cercle des Amateurs de Vin«
Le temps était superbe ce samedi 21 avril. 18 Confréries s’étaient donné rendez-vous. Plus de 120 personnes étaient annoncées au « déjeuner dansant » qu’allait animer Jacky. Une compagnie de percussionnistes allait faire bouger les rues de Clamart.
On allait voir ce qu’on allait voir !
Mais il suffit parfois d’un grain de sable pour enrayer le plus fin mécanisme. Nous y viendrons…
Dès neuf heures, les participants furent accueillis à la salle des fêtes, alpha et oméga de la manifestation.
Il y avait là « Il crâss djotte« (mangeurs de chou) d’Houzelettes venus de Belgique les talmeliers d’Anjou et d’Ile de France
et les maîtres chouquetiers du Gâtînais et les vieilles murailles de Mantes la Jolie
ainsi que les chevaliers de l’étoile des arts audoniens et les chevaliers de Bacchus de Bagneux
sans oublier les compagnons du Beaujolais (devoir parisien) et les coteaux de l’Yvette de Palaiseau, bras dessus, bras dessous
La Grappe Yerroise et les 3 Grappes de Villiers sur Marne
Les coteaux de Sucy en brie, les compagnons d’Irminon de Combs la Ville
les compagnons du haricot de Soissons et la Confrérie de la Féronne Haute (Rosny ss bois)
et Suresnes ! et le cep du Médoc de Saint-Romain du Bordelais !
Nous avions la municipalité avec nous en la personne de Claude Laurans, maire-adjoint (en civil ci-dessus avec le Grand Maître Marcel)
Les percussionnistes du groupe Batuca’chics (percussions d’origine brésilienne : de batucada) entraînèrent le cortège et mirent le feu dans les rues de Clamart.
Vrai, ça déménage !
Au retour, après les photos de groupe l’on procéda au Chapitre proprement dit. Onze nouvelles recrues, présentées par le Grand Chancelier Paul, furent intronisées par le Grand-Maître Marcel et rejoignirent la Confrérie du Clos de Clamart.
une impétrante ravie devant le saint vincent de la confrérie
Il n’ y eut pas de spectacle, mais l’on chanta en choeur les grands classiques du Clos de Clamart et l’on dégusta les Clamart et Franquet 2015.
Tout cela avait mis tout le monde de bel appétit. C’est alors que l’on s’avisa que le traiteur n’était pas là. On s’inquiéta, on chercha sans succès à le joindre. Une fois englouties les cacahouètes du vin d’honneur, la consternation se fit générale.
Chacun réagit à sa façon. Jacky, notre chanteur émérite, s’attacha héroïquement à remonter le moral des troupes.
tandis que les positifs devisaient au soleil, les danseurs montaient sur la piste
mais d’autres moins charitables se récriaient. On entendit le pire sur la qualité des prestations du traiteur qui aurait chu depuis son rachat. On en était à se demander s’il ne valait pas mieux sonner la dispersion et se répandre dans les restaurants avoisinants. C’est peu dire qu’on accabla le Grand-Maître de récriminations.
Ne faut-il pas une infinie patience pour attendre toujours ce qui n’arrive jamais ? (Pierre Dac)
C’est alors que ‘on s’avisa qu’il n’y avait plus de jus dans la cuisine. Décidément le sort s’acharnait sur nous. Allait-on pouvoir joindre le responsable seul capable de rétablir le courant ?
C’est dans ce genre de circonstances que l’on peut vraiment apprécier de quelle trempe sont fait les homm.e.s. Au milieu de tout ce tapage, le Grand-Maître Marcel tâchait de faire front contre l’adversité et tenait tête aux mauvais augures qui ne présageaient rien de bon. Qui saura jamais quel fut son drame intérieur ? Peut-être se souvint-il de ces galettes de Nouvel An qui elles non plus, un jour, n’étaient pas au rendez-vous ? A 13h54, il annonça que le traiteur serait là « dans dix minutes ». Hélas il n’en fut rien.
Les minutes s’égrenaient, comme des siècles, quand soudain on vit débouler deux éclaireuses, au pas de course. A 14h20, le camion était là. Alors comme dit le poète,
« l’espoir changea de camp, le combat changea d’âme ».
Chacun se mit en quatre pour dresser les tables et apporter son concours. On s’assit enfin, pour attendre stoïquement la suite.
En cuisine, on faisait diligence. A quinze heures on servait l’apéro, et l’on put trinquer avec un Marcel requinqué !
Et nonobstant les Cassandre, tout fut bon !
Et tout finit par des chansons !
une chorale improvisée animée par Lulu de Saint Ouen chante « c’est un mauvais garçon »