Un air de ressemblance avec ce mangeur de haricots peint en 1584 ?
Annibale Carracci, avec son frère Agostino et son cousin Lodovico, est connu pour son style baroque et son refus du maniérisme. Nous en connaissons le Triomphe de Bacchus, peint sur la voûte du palais Farnese. Il a aussi peint ce Bacchus en pied…
et dessiné ces tonneliers…
et ce porteur de vin en pleine action.
Une partie de pêche sur le Net ramène toujours quelques surprises, comme ce triomphe de Silène du néerlandais Gerrit van Honthorst (« Gérard de la Nuit », années 1620) qui se trouve au Musée des Beaux-Arts de Lille et que nous n’y avions pas vu lorsque nous l’avions visité.
Terminons avec cette scène de beuverie (dessin à l’encre) qui était en vente il y a quelques jours chez Ka-Mondo, commissaire priseur à Drouot. Elle daterait de la fin du 18ème.
Depuis quelques jours, toute la presse spécialisée en parle : des cochonnets venus de Nouvelle Zélande, les kunekune, sont à la manoeuvre pour pour désherber les rangs de vigne.
Car désherber est un vrai problème. Si l’enherbement est recommandé, pour le renforcement des sols, il faut bien, quand vient l’été, éliminer cette engeance avide d’eau et d’azote qui vient concurrencer la production des grappes. Mais la chimie a mauvaise presse (la tendance est à l’interdiction du glyphosate), et le travail mécanique nécessite de l’huile de coude coûteuse et peu disponible, du fuel, bref des coûts et de la pollution.
Dans certaines régions on a recours aux moutons qui viennent volontiers paître dans les vignobles, mais ils ne font que tondre l’herbe qui repart de plus belle à la moindre ondée.
Dans ces circonstances, il faut faire preuve de créativité ! C’est ce qu’ont fait des viticulteurs champenois et bordelais, en faisant appel aux kunekune, dont le nom en maori signifie rond et gros.
Ces petits cochons nains (mesurant une 40 aine de centimètres) se nourrissent essentiellement d’herbes. Trop petits pour s’attaquer aux feuilles, ils enfouissent leurs groins sous les mottes qu’ils déterrent, et avalent en passant les feuilles mortes porteuses le cas échéant de spores de mildiou. Disciplinés, ils parcourent les rangs en bon ordre. On connaissait le métier de promeneur de chiens, voici donc celui de promeneur de kunekune, un métier d’avenir ?
« On ne pourra pas tout révolutionner avec les cochons », mais ils sont un « complément », « un outil en plus pour les parcelles les plus difficiles », juge M. Bonnaire, un viticulteur champenois. Notamment « sur les sols en côteaux, où avec les orages, on perd quatre à cinq cm de terre par an ».
Un de plus ! Un de moins ! C’est le tour du Garçon Boucher, personnage atypique du rock alternatif, de mettre les bouts, gros bébé joufflu mort avant terme.
Il y quelques années, nous avions eu le bonheur d’assister au Trianon à une de ses manifestations, où il avait convié ses amis vignerons et chefs bistrotiers réputés. Il y avait des vins d’un peu partout, mais bizarrement pas… Du beaujolais (1989).
François Hadji-Lazaro était donc un amoureux des bonnes choses et du vin, ce doux nectar...
Il existe une sensation à portée de tire-bouchon
Elle ravit les yeux, le nez, et pis surtout le gosier
Faut pas hésiter
Une espèce de résumé de ce que la terre peut nous donner
À apprécier !
Toute la saveur de la pierre, du soleil et des rivières
Là dans le verre !
Hommage au doux nectar
Au vin, pas au pinard
Il faut savoir goûter
Tous les sens éveillés
Hommage au doux nectar
Au vin, pas au pinard
On va pas laisser ça
Aux beaufs qu’apprécient pas
Faire de quelques grains de raisin
Un moment de plaisir divin
Comment un viticulteur
En y mettant tout son cœur
Nous crée le bonheur
Quand pète enfin le bouchon
Le vin parle de sa région
Avec passion !
Quand ce qu’on a sous le nez
Sent la violette et les prés
Sans déconner !
Quand dans la bouche le miel
A rencontré la cannelle
Sensationnel !
Et quand le verre qui brille
Ressemble à la bouche des filles
La bouche des filles !
Il existe une sensation à portée de tire-bouchon
Elle ravit les yeux, le nez, et pis surtout le gosier
Faut pas hésiter
Une espèce de résumé de ce que la terre peut nous donner
À apprécier !
Toute la saveur de la pierre, du soleil et des rivières
L’esthétique a précédé l’éthique : Avec Bourré bourré ratatam (1992, même album que l’hommage au doux nectar) , non pas hymne à l’ivresse mais à la responsabilité, on aborde le dilemme Boire (pour ne pas voir le monde) ou ne pas boire (pour affronter le monde)?
Sors un peu de ta bouteille… La vie, même si elle est dure Est une belle aventure Si on se bat pour qu’elle soit digne de soi…
Devant les horreurs des hommes
T’as la solution en somme
Se mettre un écran liquide devant les yeux
Il n’y a plus de sang qui coule
Tout le monde est vachement cool
Plus de guerres, de maladies, un paradis
Bourré, bourré ratatam
Bourré, bourré
Pour ne pas voir le monde
Bourré, bourré ratatam
Bourré, bourré
Pour se cacher le monde
Ecroulé dans la vinasse
Tu vois pas la mort qui passe
Tu vis bien dans ton cocon, sous protection
L’alcool rend la vie si belle
Même ta copine est fidèle
Te voilà riche et heureux, plus près des dieux
Bourré, bourré ratatam ….
Sors un peu de ta bouteille
Des soirées toujours pareilles
Où tu trouves des solutions
À coups d’tir’bouchon
La vie, même si elle est dure
Est une belle aventure
Si on se bat pour qu’elle soit digne de soi
Bourré, bourré ratatam …
FHL a aussi chanté la bière avec les Garçons Bouchers, mais il ne faut pas se méprendre, La bière… n’est pas un hymne non plus : Qu’est-ce qu’elle a fait de moi la bière ?
La bière. La bière.
Qu′est-ce qu’elle à fait de moi la bière?
La bière. La bière.
C′est comme si c’était mon frère.
Nous buvons jusqu’à la dernière,
On se remplit comme des porcs de bière
KRO-NEN-BOURG
Et toujours on r′tourne au fond des chiottes
On se dégueule en choeur sur les bottes.
La bière. La bière…
A la pression, en boite, en cannette.
On boit, on fait des rots et on pète.
KRO-NEN-BOURG
Ca fait mal à la nuque le lendemain
Mais on va remettre ça sans fin.
La bière, la bière…
La bière, moi, ça me rend amoureux.
Amoureux?
La nuit, ça me réveille la queue
KRO-NEN-BOURG
Mais si jamais j’ai trop abusé,
Y′a rien à faire, elle veut pas bander
La bière, la bière…
Et en buvant mon avant dernière
Avant qu′on ne me rentre dans ma dernière
KRO-NEN-BOURG
Je veux recevoir l’extrême onction.
A grand coup de malt et de houblon.
La bière, la bière,
Qu′est-ce qu’elle à fait de moi la bière.
La bière, la bière.
C’est comme si c′était mon frère.
On n’en a pas fini avec la lutte contre l’alcool et son emprise. Voici, Je bois ma vie (avec le groupe Pigalle) : si j’avais su j’aurais pas bu, mais là, tous les jours, je bois ma vie…
Tous les jours je bois ma vie,
Pour oublier les déboires: il faut boire
Ma vie, elle n′est pas bien solide,
Elle s’rait plutôt liquide
Et oui, le verre est plein,
Mais ma vie, elle est vide
Alors …si j′avais su, j’aurais pas bu
Mais là, tous les jours, je bois ma vie
Les discussions avec mon verre
Dépassent les débats stériles
En plus il n’est pas très disert
Pas de bruit, pas de soupir futile
Parler, passe par les mains,
Le verre, je le palpe, je le tripote
Et nous ne faisons qu′un
Lui c′est vraiment mon pote
Un jour, je stopperai ce calvaire
Paraît qu’on ne s′arrête
Pas immédiatement
Mais je saurai y faire,
J’y arriverai, je suis confiant
Tous les jours, je bois ma vie
Pour oublier les déboires, il faut boire
Ma vie, elle n′est pas bien solide
Elle s’rait plutôt liquide
Quand la bouteille m′appelle
Je suis toujours présent
Quel que soit le flacon
Me voilà en mission
Avec mon tire-bouchon
Et encore tous les jours, je bois ma vie
Quand j’aurai cassé le godet
Je serai en forme bien frais
Parfois un peu de nostalgie
Mais plus vraiment d’envies
On s′adressera de nouveau à moi
Mes économies retrouveront du poids
Vu que je ne boirai plus mon argent
On n′en est pas encore là
Mais c’est imminent.
En attendant…
Avec la petite Cirrhose du port de Copenhague, chantée avec Pigalle, il nous raconte une histoire peut-être banale, celle d’un marin « furieux du goulot » fou d’amour qui casse Berg et tue Borg (blague à part) et se retrouve au placard.. .mais tout est à double sens…
Un gars nommé Andersen furieux du goulot
Tournait dans les bars des ports de Nantes à Oslo
C’est dans l’pays danois qu’il devait trouver
Les pires emmerdes d’sa vie, triste destinée
Et la petite Cirrhose du port de Copenhague
Allait l’envoyer direct au creux de la vague
Dans le port de Copenhague on la connaît bien
La petite Cirrhose, celle qui a un grain
Et tous les gars qu’elle entraîne, s’ils n’sont pas crétins
Au bout de quelques fredaines, passent vite leur chemin
Elle fricote sans pudeur avec deux mat’lots
Berg et Borg, c’est leur noms de sacrés charlots
Tous deux, limités du bulbe, ils supportent bien
Qu’Cirrhose soit débile vu sa chute de rein
En effet ses avantages sont bien évidents
Jamais vu telle morue au pays des Harengs
Dans le port de Copenhague on la connaît bien
La petite Cirrhose, celle qui a un grain
Et tous les gars qu’elle entraîne, s’ils n’sont pas crétins
Au bout de quelques fredaines, passent vite leur chemin
C’est au bar de la crevette qu’Andersen la voit
Et au fond de sa culotte l’activité s’accroit
Mais les deux proprios de la p’tite Cirrhose
Déboulent dans la rade : « touche-la si tu l’oses! »
Andersen, fou d’amour, tente alors son va-tout
Il casse Berg et tue Borg en tapant comme un fou
Pour la petite Cirrhose du port de Copenhague
Il casse Berg et tue Borg c’est pas des blagues
Moralité il se trouve dans de beaux draps
Car il casse Berg et tue Borg et se retrouve au plaquard
Il casse Berg et tue Borg, blague à part
(Carlsberg et Tuborg)
Multi-instrumentiste, jouant dans tous les styles, amoureux de la vie et des mots, c’était François Hadji-Lazaro, natif de Paris 14ème, dont il reste beaucoup à découvrir. Adieu Louchebem !
1 : créé en 1884, « sans jury ni récompense », pour « permettre aux artistes de présenter librement leurs oeuvres au jugement du public » 2 : née en 1881 de la volonté de l’Etat qui a voulu que le Salon historique, créé sous Louis XIV, soit désormais organisé par les artistes. A partir de 1901, le GRAND PALAIS, conçu et édifié par des artistes, tous sociétaires, devient le lieu du Salon et de l’association. 3 : 31 groupes d’artistes, pour comparer les tendances de l’art actuel (depuis 1955) 4: depuis 1954, valorisation du dessin et de la peinture à l’eau
Les reporters du Bon Clos en ont parcouru les allées…
Commençons par ce pressoir traité de façon humoristique par Nicolas Charrier, « peintre imagier » pâtissier de formation, illustrateur, qui n’est pas loin de l’univers de la BD ; un profil rare !
Poursuivons dans la même veine humoristique avec cette « flingueuse » de Sybil Aubin, « artiste-peintre designeuse ». BB aquatique et guerrière s’apprête à tout dézinguer au champagne !
« De grains en grappe » est une grande (120*100 cm) oeuvre d’Adélaïde
Martine Allart-Boquet propose ce curieux assemblage de fruits, de feuilles et de branches…
Voici la vigne vue par Olga Aleksandrova et Nadège Martynova, sous la forme d’un triptyque mythologique
Et voici un déjeuner sur l’herbe très personnel de Nicole Beauvallet, peintre impressionniste émule de Claude Monet.
Nous terminerons cette visite avec cette photographie suggestive de Dominique Woisard : »Fatale«
Le voyageur qui débarque sur cette île des Caraïbes ne s’attend certes pas à y trouver du vin, mais bien plutôt du rhum décliné sous toutes sortes de formes. Nous ferons donc une exception à notre ligne éditoriale, même si…
C’est bien sûr l’esprit du jus fermenté de la caña que l’on va fréquenter assidûment. Les cocktails sont légion (l’ouvrage Aromas y cocteles de Cuba en recense une vingtaine)
du mentholé « mojito », omniprésent,
au « marasqué » daïquiri, sans oublier le cuba libre à la cola (pero sin coca–cola), sans oublier la miellée canchánchara que l’on boit à Trinidad.
L’ombre d’Ernest Hemingway plane sur les bars antiques, aujourd’hui monuments historiques envahis de musique de La Havane, comme la Bodeguita del Medio
ou le Floridita (voir la statue du maître au fond à gauche)
L’homme était routinier semble-t-il…
Il ne devait pas fréquenter la casa del Ron de Varadero, la grande plage du Nord
mais peut-être ne dédaignait-il pas un simple verre de « guarapo » (jus de canne) ?
Quant au jus de la. treille, nous en avons rencontré en écoutant le trovador Pavel Esquerra.
Ce troubadour, « auteur-compositeur-interprète » comme on dirait chez nous, féru de poésie française et auteur de milliers de chansons (une par jour ?!?), avait réuni quelques amis à l’occasion de la semaine de la culture. (Voir à son sujet cet article : Avec la fièvre de l’art dans les veines)
Il faisait chaud et une bouteille fit son apparition.
Du vin cubain ! produit non loin de Trinidad, à Sancti Spiritus, rosé, un peu douceâtre peut-être, à boire bien frais !
Voici une belle treille découverte dans le patio du café Trinidad à Trinidad.
Il nous reste les musées pour trouver des oeuvres anciennes de l’univers de la vigne et du vin. En voici quelques jolies en faience ou porcelaine, évoquant bacchanales et vendanges.
Ces scènes bachiques décorent un secrétaire au musée historique de Trinidad.
Voici aussi deux statues
et ce médaillon dont on ne sait trop à quelle tradition il se réfère.
Ce vase a été vu à Cienfuegos
Ce panneau décoratif avec une bouteille de vin de Beaune et ces porte-bouteilles se trouvent dans un restaurant de Playa Giron (Giron Especial !) !
Concluons ce tour de l’île avec cette photo historique de Fidel partageant le réveillon de Noël avec des « carboneros ».
Et ne quittons pas Cuba sans saluer cet autre Fidel, manifestement heureux d’ouvrir et de partager cette bouteille de « nectar de Paris »
N’y a t-il pas meilleure illustration de la chanson:
« et puis on a débouché, en riant à l’avance, du champagne de France et l’on a dansé ! » ?
Revient janvier, avec ses galettes et ses frimas. La tradition y fête Saint Vincent, patron des vignerons, festivité difficilement compatible avec les contraintes du Dry January !
Cette année, elle a donné lieu à Clamart à une curieuse commémoration : celle de l’ancienne confrérie de Saint Vincent disparue avec la viticulture au début de vingtième siècle.
L’association des Amis de Clamart, qui a pour mission de connaitre et faire connaitre l’histoire de ce village, a en effet saisi cette occasion pour donner une conférence sur l’histoire de la vigne et du vin.
Si la plantation de vigne est autorisée à Lutèce à la fin du 3e siècle, et la culture de la vigne attestée dans la région de la Seine au IVe siècle, ce n’est qu’au Moyen Âge que l’on peut en toute rigueur attester de la présence de culture de la vigne à Clamart et en région parisienne.
En effet une bulle pontificale de 1096 atteste la propriété de l’abbaye de Saint-Martin des Champs sur les terres viticoles situées à Clamart.
On a pu également prendre connaissance d’une carte présentant l’extension du vignoble à son apogée (fin 18ème, début 19ème),
et assister impuissant au naufrage du vignoble clamartois au 20ème siècle.
Merci à Hubert Duval et à ses amis des Amis de Clamart pour cette belle présentation.
Mais le clou de cette réunion fut sans équivoque la transmission du bâton de l’ancienne confrérie Saint-Vincent, conservé par le Amis de Clamart, à la Confrérie du Clos de Clamart, dont les membres étaient venus en nombre pour assister à cette dation.
Le bâton trouvera tout naturellement sa place à la grange-musée où sont les chais.
Il y a eu d’autres fêtes, toutes mémorables.
Celle des Chevaliers de l’Ordre Illustre de Méduse, qui s’étaient réunis au Domaine Saint Julien, près de Brignoles.
Qu’en dire, si ce n’est évoquer les « huiles » (vins) délicieuses que l’on y servit, selon le rituel :
« Lampe en main, lampe allumée,
portons-la à hauteur de nos yeux
et en invoquant notre bien aimée mère Méduse…
lampons !! »
S’il faut n’en citer qu’un que ce soit ce domaine Saint-Jean Li Vecce de Bellet 2020, 100% Rolle.
Il y eut aussi bien sûr celle des Echansons de France, bien connus des lecteurs du Bon Clos. Le chapitre, était placé sous le signe de la gastronomie lyonnaise.
Le Souffle de Bacchus y a chanté « Joyeusement buvons un coup« , une chanson qui reçut le Grand Prix de la chanson bachique en 1937 dont nous avons déjà parlé (on peut l’écouter là), et « la java des sécateurs« , qui font clic-clac sur le coteau de La Croix-Rousse. (Voir la video sur le site des Echansons).
Il a aussi étrenné le tout nouvel hymne des Echansons de France, sur la musique de Verdi (Brindisi). Oyez !
Cette année, c’est avec la reine Elizabeth, tragiquement disparue en septembre dernier, alors que les vendanges allaient bon train dans cette Champagne qu’elle affectionnait, que le Bon Clos adresse ses meilleurs voeux à ses lecteurs.
Avec elle trinquons ! Certes, les temps sont difficiles. La guerre fait ses ravages, la corne d’abondance sonne creux. Mais le jour se lève, il faut tenter de vivre.
En ces temps de fêtes, faisons notre la devise de la Confraria Oenogastronomica deMadeira :
» Comer e Beber e divinal ! »
Et revenons sur l’année écoulée, où nous avons pu
déguster le canelazo, ce grog équatorien célébré par une entrainante chanson,
La concomitance de la finale de la Coupe du monde n’avait pas découragé les quelques centaines de spectateurs venus à l’Odeon de Marseille assister au spectacle donné l’après-midi du 18 décembre. Bien leur en prit ! Ils ont pu se régaler de la version française de la Chauve-Souris, mise en scène par Jacques Duparc sur le livret de Meilhac et Halévy, une Chauve-Souris facétieuse dont on pourra lire la relation d’Olyrix.
D’une comédie créée par ceux-ci en 1872 (le Réveillon), Johannes Strauss fils a fait une opérette créée en 1874 à Vienne, puis jouée ensuite à Paris… On en saura plus et le détail de l’histoire là.
Il s’y trouve à la fin du 1er acte un air à boire chanté par Alfred, très empressé auprès de Caroline (madame Gaillardin). Ils trinquent, et sont rejoints par Tourillon, venu arrêter Gaillardin…
Une chance pour nous, le spectacle, joué sans public pendant la pandémie, a été filmé. Voici l’air à boire.
Si je bois un peu beaucoup, Ce n’est pas rien que par goût, Mais l’alcool est un confort Qui brave les coups du sort. Et ce point est établi Pour qui veut l’oubli Qu’une douce ébriété Vaut l’eau du Léthé.
Ah ! Par l’oubli du passé Tout regret soit effacé! Par l’oubli du passé Tout peut être effacé ! Trinquons donc, trinquer est doux Sans orgueil et sans courroux !
Tin tin tin tin tin, goûtez ce Chambertin ! Non ! Par l’oubli du passé Tout regret est effacé !
Trinquez donc avec moi, tin, tin, tin. Quel parfum ! Quel bouquet ! Pas un vin de mastroquet ! Quel parfum ! Quel bouquet ! Rien de mastroquet !
Mais il ya mieux. Le finale de l’acte deux, où se déroule la fête du prince Orlofski, est une véritable ode au Champagne, chantée encore et encore à la fin du spectacle.
Versez-nous le champagne Tra la la la la la la la Vrai vin de cocagne Tra la la la la la la la Qu’un autre aime la guerre ! Aux lauriers je préfère Cette mousse légère Qui sourit dans mon verre !
Buvons ! buvons ! Si l’exemple vous gagne Qu’un tutti m’accompagne
Sans discuter les marques Tra la la la la la la la Fêtons nos monarques Tra la la la la la la la Quelle que soit la cote Qui s’abstient est en faute Et que le bouchon saut En l’honneur de notre hôte !
Buvons ! buvons ! Du fond de ma province Il fallait que je vinsse Toaster à vous mon Prince !
Vidons la coupe où jase Tra la la la la la la l Le flot de topaze Tra la la la la la la la Le champagne stimule L’ardeur qui capitule Mieux que toute pilule C’est l’élixir d’Hercule !
Buvons ! buvons ! De votre courtoisie, Prince, on vous remercie Et vive la Russie !
Sa Majesté Champagne est roi ! Rangeons-nous sous sa loi ! Vive le champagne C’est lui le vrai roi ! Hurrah ! Hurrah ! Gloire au champagne !
Voici la troupe, dont on retrouvera les noms dans le compte-rendu d’Olyrix, avec à droite le metteur en scène Jacques Duparc qui excelle aussi dans le genre comique.
On a retrouvé avec bonheur l’ami Dominique Desmons, décidément dans tous les bons coups (il était l’été dernier Ménélas dans la Belle Hélène à Bruniquel), toujours aussi impayable dans le (petit) rôle d’un avocat et aussi d’un simple serveur. Qui peut le plus peut le moins !
Les amateurs retrouveront la partition sur Gallica (aux pages 62 et 111 pour les 2 airs)
N’importe, cette maison abrite des collections qui méritent notre intérêt, comme cette toile de Ferdinand Roybet peinte en 1903.
Elle représente Don Cesar de Bazan, personnage haut en couleur de Ruy Blas, pièce de VH crée en 1838.
Mais que diable fait donc Don Cesar avec ce verre de vin ?
Nous le saurons en parcourant la pièce. A l’acte 4 scène 2, Don César de Bazan, noble bohème dont son cousin l’ignoble don Salluste croyait s’être débarrassé en le livrant à des corsaires, est de retour, affamé, déguenillé, descendu par la cheminée dans la maison de Ruy Blas. Il tombe sur « un garde-manger bien garni.«
Voyons, ceci m’a l’air d’une bibliothèque.
Il y va et l’ouvre.
Justement. — Un pâté, du vin, une pastèque. C’est un encas complet. Six flacons bien rangés ! Diable ! sur ce logis j’avais des préjugés.
Examinant les flacons l’un après l’autre.
C’est d’un bon choix. — Allons ! l’armoire est honorable.
Il va chercher dans un coin la petite table ronde, l’apporte sur le devant et la charge joyeusement de tout ce que contient le garde-manger, bouteilles, plats, etc., ilajoute un verre, une assiette, une fourchette, etc. — puis il prend une des bouteilles.
Il emplit le verre, et boit d’un trait.
Lisons d’abord ceci.C’est une œuvre admirable De ce fameux poëte appelé le soleil ! Xérès-des-Chevaliers n’a rien de plus vermeil.
Il s’assied, se verse un second verre et boit.
Quel livre vaut cela ? Trouvez-moi quelque chose De plus spiritueux !
Il boit.
Ah Dieu, cela repose !
(Vient un laquais qui apporte une sacoche d’argent qui « vient de qui vous savez pour ce que vous savez ». Ravi, Don Cesar le fait boire)
Il remplit de vin l’autre verre.
Approche, galion, et d’abord —bois-moi ça !
Le Laquais.
Quoi, seigneur !
Don César.
Bois-moi ça !
Le laquais boit. Don César lui remplit son verre.
Du vin d’Oropesa *!
Il fait asseoir le laquais, le fait boire, et lui verse de nouveau du vin.
Causons.
À part.
Il a déjà la prunelle allumée.
Haut et s’étendant sur sa chaise.
L’homme, mon cher ami, n’est que de la fumée Noire, et qui sort du feu des passions. Voilà.
Il lui verse à boire.
C’est bête comme tout, ce que je te dis là. Et d’abord la fumée, au ciel bleu ramenée, Se comporte autrement dans une cheminée. Elle monte gaîment, et nous dégringolons.
Il se frotte la jambe.
L’homme n’est qu’un plomb vil.
Il remplit les deux verres.
Buvons. Tous tes doublons Ne valent pas le chant d’un ivrogne qui passe. ».
(*) sans doute Oropesa del Mar, près de Valence où l’on produit un moscatel
La maison de Victor Hugo présente actuellement une exposition Louis Boulanger, peintre ami du poète qui dessina les costumes de ses personnages, illustra ses œuvres etc. Nous y avons vu ce » festin à la mode vénitienne », grand panneau commandé pour la salle à manger de M. Malher 52, faubourg saint Honoré,
dont on peut apprécier certains détails
et aussi cette scène de fête intitulée « Vive la joie » ou encore « les truands », fidèle illustration de la Cour des miracles de Notre Dame de Paris (livre X chap. 3), » ruche monstrueuse » convertie en lieux de plaisirs par les truands, qui s’apprêtent à aller délivrer Esméralda.
« Tavernière ma mie, d’autre vin ! j’ai encore de quoi payer. Je ne veux plus de vin de Suresnes. Il me chagrine le gosier. J’aimerais autant, corbœuf ! me gargariser d’un panier ! »