Quelques buveurs

Remercions nos amis de l’Ordre Illustre de Méduse qui ont mis en ligne ce jeune buveur d’Annibale Carracci, dit Carrache, peint dans les années 1580.

Il en existe plusieurs versions, à Cleveland, Zurich, Oxford, Londres… On en trouvera une analyse intéressante sur le site OpenEditions Books

Celle d’Oxford a été volée il y a deux ans

Un air de ressemblance avec ce mangeur de haricots peint en 1584 ?

Annibale Carracci, avec son frère Agostino et son cousin Lodovico, est connu pour son style baroque et son refus du maniérisme. Nous en connaissons le Triomphe de Bacchus, peint sur la voûte du palais Farnese. Il a aussi peint ce Bacchus en pied…

et dessiné ces tonneliers…

et ce porteur de vin en pleine action.

Une partie de pêche sur le Net ramène toujours quelques surprises, comme ce triomphe de Silène du néerlandais Gerrit van Honthorst (« Gérard de la Nuit », années 1620) qui se trouve au Musée des Beaux-Arts de Lille et que nous n’y avions pas vu lorsque nous l’avions visité.

Terminons avec cette scène de beuverie (dessin à l’encre) qui était en vente il y a quelques jours chez Ka-Mondo, commissaire priseur à Drouot. Elle daterait de la fin du 18ème.

Les derniers mots de Picasso

On raconte que la veille de son décès en avril 1973 l’illustre peintre avait des invités à dîner et qu’il eut ces mots en leur versant du vin :

“Buvez pour moi, buvez à ma santé, car vous savez que je ne peux plus boire”, avant de les laisser pour « retourner travailler”.

Paul Mc Cartney en fit sur le champ une chanson avec les Wings, ultime hommage de Paul à Pablo.

PICASSO’S LAST WORDS (DRINK TO ME)

The Grand Old Painter Died Last Night

His Paintings On The Wall

Before He Went He Bade Us Well

And Said Goodnight To Us All.

Drink To Me, Drink To My Health

You Know I Can’t Drink Any More

Drink To Me, Drink To My Health

You Know I Can’t Drink Any More

3 O’clock In The Morning

I’m Getting Ready For Bed

It Came Without A Warning

But I’ll be Waiting For You Baby

I’ll Be Waiting For You There

So Drink To Me Drink To My Health

You Know I Can’t Drink Any More

Drink To Me Drink To My Health

You Know I Can’t Drink Any More

Jet… Drink To Me

Drink To Me… Ho Hey Ho

Les lecteurs du bon clos se souviennent que 24 ans plus tôt, le Maestro avait levé son verre à la santé de… Staline. C’était une autre époque…

Voir aussi l’exposition Picasso et l’effervescence des formes à la Cité du Vin de Bordeaux visitée l’été dernier.

Des cochons dans les vignes

Depuis quelques jours, toute la presse spécialisée en parle : des cochonnets venus de Nouvelle Zélande, les kunekune, sont à la manoeuvre pour pour désherber les rangs de vigne.

Car désherber est un vrai problème. Si l’enherbement est recommandé, pour le renforcement des sols, il faut bien, quand vient l’été, éliminer cette engeance avide d’eau et d’azote qui vient concurrencer la production des grappes. Mais la chimie a mauvaise presse (la tendance est à l’interdiction du glyphosate), et le travail mécanique nécessite de l’huile de coude coûteuse et peu disponible, du fuel, bref des coûts et de la pollution.

Dans certaines régions on a recours aux moutons qui viennent volontiers paître dans les vignobles, mais ils ne font que tondre l’herbe qui repart de plus belle à la moindre ondée.

Dans ces circonstances, il faut faire preuve de créativité ! C’est ce qu’ont fait des viticulteurs champenois et bordelais, en faisant appel aux kunekune, dont le nom en maori signifie rond et gros.

Ces petits cochons nains (mesurant une 40 aine de centimètres) se nourrissent essentiellement d’herbes. Trop petits pour s’attaquer aux feuilles, ils enfouissent leurs groins sous les mottes qu’ils déterrent, et avalent en passant les feuilles mortes porteuses le cas échéant de spores de mildiou. Disciplinés, ils parcourent les rangs en bon ordre. On connaissait le métier de promeneur de chiens, voici donc celui de promeneur de kunekune, un métier d’avenir ?

Créateur : BLANCHARDON | Crédits : LP/MARIEBLANCHARDON

« On ne pourra pas tout révolutionner avec les cochons », mais ils sont un « complément », « un outil en plus pour les parcelles les plus difficiles », juge M. Bonnaire, un viticulteur champenois. Notamment « sur les sols en côteaux, où avec les orages, on perd quatre à cinq cm de terre par an ».

Lire dans Le Figaro l’interview d’Olivier Zebic, consultant viticole, à l’origine de cette expérimentation.

Etonnant, non ?

Adieu Louchebem

Un de plus ! Un de moins ! C’est le tour du Garçon Boucher, personnage atypique du rock alternatif, de mettre les bouts, gros bébé joufflu mort avant terme.

Il y quelques années, nous avions eu le bonheur d’assister au Trianon à une de ses manifestations, où il avait convié ses amis vignerons et chefs bistrotiers réputés. Il y avait des vins d’un peu partout, mais bizarrement pas… Du beaujolais (1989).

François Hadji-Lazaro était donc un amoureux des bonnes choses et du vin, ce doux nectar...

Il existe une sensation à portée de tire-bouchon 

Elle ravit les yeux, le nez, et pis surtout le gosier 

Faut pas hésiter 

Une espèce de résumé de ce que la terre peut nous donner 

À apprécier ! 

Toute la saveur de la pierre, du soleil et des rivières 

Là dans le verre ! 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

Il faut savoir goûter 

Tous les sens éveillés 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

On va pas laisser ça 

Aux beaufs qu’apprécient pas 

Faire de quelques grains de raisin 

Un moment de plaisir divin 

Comment un viticulteur 

En y mettant tout son cœur 

Nous crée le bonheur 

Quand pète enfin le bouchon 

Le vin parle de sa région 

Avec passion ! 

Quand ce qu’on a sous le nez 

Sent la violette et les prés 

Sans déconner ! 

Quand dans la bouche le miel 

A rencontré la cannelle 

Sensationnel ! 

Et quand le verre qui brille 

Ressemble à la bouche des filles 

La bouche des filles ! 

Il existe une sensation à portée de tire-bouchon 

Elle ravit les yeux, le nez, et pis surtout le gosier 

Faut pas hésiter 

Une espèce de résumé de ce que la terre peut nous donner 

À apprécier ! 

Toute la saveur de la pierre, du soleil et des rivières 

Là dans le verre ! 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

Il faut savoir goûter 

Tous les sens éveillés 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

On va pas laisser ça 

Aux beaufs qu’apprécient pas 

Faire de quelques grains de raisin 

Un moment de plaisir divin

 Comment un viticulteur 

En y mettant tout son cœur 

Nous crée le bonheur 

Quand pète enfin le bouchon 

Le vin parle de sa région 

Avec passion ! 

Quand ce qu’on a sous le nez 

Sent la violette et les prés 

Sans déconner ! 

Quand dans la bouche le miel 

A rencontré la cannelle 

Sensationnel ! 

Et quand le verre qui brille 

Ressemble à la bouche des filles 

La bouche des filles ! 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

Il faut savoir goûter 

Les papilles écartées 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

Si t’as pas les moyens 

Vas boire chez les voisins 

Hommage au doux nectar, 

Au vin, pas au pinard 

Au vin, pas au pinard 

L’occasion de voyager 

Au grand air sans se déplacer 

Derrière une bouteille de vin 

Y a des hommes et du raisin 

Et pis un patelin 

De la Bourgogne à Bordeaux 

Du Cabernet, jusqu’au Pinot 

Plus jamais d’eau ! 

Se contenter de ce qui a de mieux 

De Bandol à Condrieu 

Au nom de Dieu ! 

Remonter toute la Loire 

Simplement le long d’un bar 

Ou au plumard ! 

Un coup de Corton Charlemagne 

Que l’on goutte avec une femme 

Ah ! Je me pâme ! 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

Pas besoin de pognon 

Pour faire la collection 

Hommage au doux nectar 

Au vin, pas au pinard 

Une grande bouteille de vin

Vaut bien un petit larcin 

Hommage aux doux nectar

Vacarmélite ou la nonne bruyante ((GARCONS BOUCHERS (Les))

L’esthétique a précédé l’éthique : Avec Bourré bourré ratatam (1992, même album que l’hommage au doux nectar) , non pas hymne à l’ivresse mais à la responsabilité, on aborde le dilemme Boire (pour ne pas voir le monde) ou ne pas boire (pour affronter le monde)?

Sors un peu de ta bouteille…
La vie, même si elle est dure Est une belle aventure Si on se bat pour qu’elle soit digne de soi…

Devant les horreurs des hommes 

T’as la solution en somme 

Se mettre un écran liquide devant les yeux 

Il n’y a plus de sang qui coule 

Tout le monde est vachement cool 

Plus de guerres, de maladies, un paradis 

Bourré, bourré ratatam 

Bourré, bourré 

Pour ne pas voir le monde 

Bourré, bourré ratatam 

Bourré, bourré 

Pour se cacher le monde 

Ecroulé dans la vinasse 

Tu vois pas la mort qui passe 

Tu vis bien dans ton cocon, sous protection 

L’alcool rend la vie si belle 

Même ta copine est fidèle 

Te voilà riche et heureux, plus près des dieux 

Bourré, bourré ratatam ….

Sors un peu de ta bouteille 

Des soirées toujours pareilles 

Où tu trouves des solutions 

À coups d’tir’bouchon 

La vie, même si elle est dure 

Est une belle aventure 

Si on se bat pour qu’elle soit digne de soi 

Bourré, bourré ratatam 

FHL a aussi chanté la bière avec les Garçons Bouchers, mais il ne faut pas se méprendre, La bière… n’est pas un hymne non plus : Qu’est-ce qu’elle a fait de moi la bière ?

La bière. La bière.

Qu′est-ce qu’elle à fait de moi la bière?

La bière. La bière.

C′est comme si c’était mon frère.

Nous buvons jusqu’à la dernière,

On se remplit comme des porcs de bière

KRO-NEN-BOURG

Et toujours on r′tourne au fond des chiottes

On se dégueule en choeur sur les bottes.

La bière. La bière…

A la pression, en boite, en cannette.

On boit, on fait des rots et on pète.

KRO-NEN-BOURG

Ca fait mal à la nuque le lendemain

Mais on va remettre ça sans fin.

La bière, la bière…

La bière, moi, ça me rend amoureux.

Amoureux?

La nuit, ça me réveille la queue

KRO-NEN-BOURG

Mais si jamais j’ai trop abusé,

Y′a rien à faire, elle veut pas bander

La bière, la bière…

Et en buvant mon avant dernière

Avant qu′on ne me rentre dans ma dernière

KRO-NEN-BOURG

Je veux recevoir l’extrême onction.

A grand coup de malt et de houblon.

La bière, la bière,

Qu′est-ce qu’elle à fait de moi la bière.

La bière, la bière.

C’est comme si c′était mon frère.

On n’en a pas fini avec la lutte contre l’alcool et son emprise. Voici, Je bois ma vie (avec le groupe Pigalle) : si j’avais su j’aurais pas bu, mais là, tous les jours, je bois ma vie…

Tous les jours je bois ma vie,

Pour oublier les déboires: il faut boire

Ma vie, elle n′est pas bien solide,

Elle s’rait plutôt liquide

Et oui, le verre est plein,

Mais ma vie, elle est vide

Alors …si j′avais su, j’aurais pas bu

Mais là, tous les jours, je bois ma vie

Les discussions avec mon verre

Dépassent les débats stériles

En plus il n’est pas très disert

Pas de bruit, pas de soupir futile

Parler, passe par les mains,

Le verre, je le palpe, je le tripote

Et nous ne faisons qu′un

Lui c′est vraiment mon pote

Un jour, je stopperai ce calvaire

Paraît qu’on ne s′arrête

Pas immédiatement

Mais je saurai y faire,

J’y arriverai, je suis confiant

Tous les jours, je bois ma vie

Pour oublier les déboires, il faut boire

Ma vie, elle n′est pas bien solide

Elle s’rait plutôt liquide

Quand la bouteille m′appelle

Je suis toujours présent

Quel que soit le flacon

Me voilà en mission

Avec mon tire-bouchon

Et encore tous les jours, je bois ma vie

Quand j’aurai cassé le godet

Je serai en forme bien frais

Parfois un peu de nostalgie

Mais plus vraiment d’envies

On s′adressera de nouveau à moi

Mes économies retrouveront du poids

Vu que je ne boirai plus mon argent

On n′en est pas encore là

Mais c’est imminent.

En attendant…

Avec la petite Cirrhose du port de Copenhague, chantée avec Pigalle, il nous raconte une histoire peut-être banale, celle d’un marin « furieux du goulot » fou d’amour qui casse Berg et tue Borg (blague à part) et se retrouve au placard.. .mais tout est à double sens…

Un gars nommé Andersen furieux du goulot

Tournait dans les bars des ports de Nantes à Oslo

C’est dans l’pays danois qu’il devait trouver

Les pires emmerdes d’sa vie, triste destinée

Et la petite Cirrhose du port de Copenhague

Allait l’envoyer direct au creux de la vague

Dans le port de Copenhague on la connaît bien

La petite Cirrhose, celle qui a un grain

Et tous les gars qu’elle entraîne, s’ils n’sont pas crétins

Au bout de quelques fredaines, passent vite leur chemin

Elle fricote sans pudeur avec deux mat’lots

Berg et Borg, c’est leur noms de sacrés charlots

Tous deux, limités du bulbe, ils supportent bien

Qu’Cirrhose soit débile vu sa chute de rein

En effet ses avantages sont bien évidents

Jamais vu telle morue au pays des Harengs

Dans le port de Copenhague on la connaît bien

La petite Cirrhose, celle qui a un grain

Et tous les gars qu’elle entraîne, s’ils n’sont pas crétins

Au bout de quelques fredaines, passent vite leur chemin

C’est au bar de la crevette qu’Andersen la voit

Et au fond de sa culotte l’activité s’accroit

Mais les deux proprios de la p’tite Cirrhose

Déboulent dans la rade : « touche-la si tu l’oses! »

Andersen, fou d’amour, tente alors son va-tout

Il casse Berg et tue Borg en tapant comme un fou

Pour la petite Cirrhose du port de Copenhague

Il casse Berg et tue Borg c’est pas des blagues

Moralité il se trouve dans de beaux draps

Car il casse Berg et tue Borg et se retrouve au plaquard

Il casse Berg et tue Borg, blague à part

(Carlsberg et Tuborg)

Multi-instrumentiste, jouant dans tous les styles, amoureux de la vie et des mots, c’était François Hadji-Lazaro, natif de Paris 14ème, dont il reste beaucoup à découvrir. Adieu Louchebem !

Art Capital

C’est au Grand Palais éphémère, entre École Militaire et Champ de Mars, que s’est tenue pendant quelques jours cette manifestation regroupant 4 salons d’art contemporain ( la Société des artistes indépendants (1), le Salon des artistes français (2), le Salon Comparaisons (3) et le Salon du dessin et de la peinture à l’eau(4)) où plus de 2000 artistes étaient représentés.

1 : créé en 1884, « sans jury ni récompense », pour « permettre aux artistes de présenter librement leurs oeuvres au jugement du public »
2 : née en 1881 de la volonté de l’Etat qui a voulu que le Salon historique, créé sous Louis XIV, soit désormais organisé par les artistes. A partir de 1901, le GRAND PALAIS, conçu et édifié par des artistes, tous sociétaires, devient le lieu du Salon et de l’association.
3 : 31 groupes d’artistes, pour comparer les tendances de l’art actuel (depuis 1955)
4: depuis 1954, valorisation du dessin et de la peinture à l’eau

Les reporters du Bon Clos en ont parcouru les allées…

Commençons par ce pressoir traité de façon humoristique par Nicolas Charrier, « peintre imagier » pâtissier de formation, illustrateur, qui n’est pas loin de l’univers de la BD ; un profil rare !

Poursuivons dans la même veine humoristique avec cette « flingueuse » de Sybil Aubin, « artiste-peintre designeuse ». BB aquatique et guerrière s’apprête à tout dézinguer au champagne !

« De grains en grappe » est une grande (120*100 cm) oeuvre d’Adélaïde

Martine Allart-Boquet propose ce curieux assemblage de fruits, de feuilles et de branches…

Voici la vigne vue par Olga Aleksandrova et Nadège Martynova, sous la forme d’un triptyque mythologique

Et voici un déjeuner sur l’herbe très personnel de Nicole Beauvallet, peintre impressionniste émule de Claude Monet.

Nous terminerons cette visite avec cette photographie suggestive de Dominique Woisard : »Fatale« 

Encore le champagne ! Tchin !

Cuba… Si !

Le voyageur qui débarque sur cette île des Caraïbes ne s’attend certes pas à y trouver du vin, mais bien plutôt du rhum décliné sous toutes sortes de formes. Nous ferons donc une exception à notre ligne éditoriale, même si…

C’est bien sûr l’esprit du jus fermenté de la caña que l’on va fréquenter assidûment. Les cocktails sont légion (l’ouvrage Aromas y cocteles de Cuba en recense une vingtaine)

du mentholé « mojito », omniprésent,

au « marasqué » daïquiri, sans oublier le cuba libre à la cola (pero sin cocacola), sans oublier la miellée canchánchara que l’on boit à Trinidad.

L’ombre d’Ernest Hemingway plane sur les bars antiques, aujourd’hui monuments historiques envahis de musique de La Havane, comme la Bodeguita del Medio

ou le Floridita (voir la statue du maître au fond à gauche)

L’homme était routinier semble-t-il…

Il ne devait pas fréquenter la casa del Ron de Varadero, la grande plage du Nord

mais peut-être ne dédaignait-il pas un simple verre de « guarapo » (jus de canne) ?

Quant au jus de la. treille, nous en avons rencontré en écoutant le trovador Pavel Esquerra.

Ce troubadour, « auteur-compositeur-interprète » comme on dirait chez nous, féru de poésie française et auteur de milliers de chansons (une par jour ?!?), avait réuni quelques amis à l’occasion de la semaine de la culture. (Voir à son sujet cet article : Avec la fièvre de l’art dans les veines)

Il faisait chaud et une bouteille fit son apparition.

Du vin cubain ! produit non loin de Trinidad, à Sancti Spiritus, rosé, un peu douceâtre peut-être, à boire bien frais !

Renseignement pris, il semble qu’il y ait eu un essai sans grand succès de vignoble (voir l’article de la RVF l’incroyable histoire du vignoble de Cuba, de Benoist Simmat novembre 2019) à San Cristobal, dans l’ouest de l’île (voir aussi les références de l’article de wikipedia en espagnol).

Voici une belle treille découverte dans le patio du café Trinidad à Trinidad.

Il nous reste les musées pour trouver des oeuvres anciennes de l’univers de la vigne et du vin. En voici quelques jolies en faience ou porcelaine, évoquant bacchanales et vendanges.

Ces scènes bachiques décorent un secrétaire au musée historique de Trinidad.

Voici aussi deux statues

et ce médaillon dont on ne sait trop à quelle tradition il se réfère.

Ce vase a été vu à Cienfuegos

Ce panneau décoratif avec une bouteille de vin de Beaune et ces porte-bouteilles se trouvent dans un restaurant de Playa Giron (Giron Especial !) !

Concluons ce tour de l’île avec cette photo historique de Fidel partageant le réveillon de Noël avec des « carboneros ».

Et ne quittons pas Cuba sans saluer cet autre Fidel, manifestement heureux d’ouvrir et de partager cette bouteille de « nectar de Paris »

N’y a t-il pas meilleure illustration de la chanson:

« et puis on a débouché, en riant à l’avance, du champagne de France et l’on a dansé ! » ?

Saint Vincent, encore et toujours

Revient janvier, avec ses galettes et ses frimas. La tradition y fête Saint Vincent, patron des vignerons, festivité difficilement compatible avec les contraintes du Dry January !

Cette année, elle a donné lieu à Clamart à une curieuse commémoration : celle de l’ancienne confrérie de Saint Vincent disparue avec la viticulture au début de vingtième siècle.

L’association des Amis de Clamart, qui a pour mission de connaitre et faire connaitre l’histoire de ce village, a en effet saisi cette occasion pour donner une conférence sur l’histoire de la vigne et du vin.

Si la plantation de vigne est autorisée à Lutèce à la fin du 3e siècle, et la culture de la vigne attestée dans la région de la Seine au IVe siècle, ce n’est qu’au Moyen Âge que l’on peut en toute rigueur attester de la présence de culture de la vigne à Clamart et en région parisienne.

En effet une bulle pontificale de 1096 atteste la propriété de l’abbaye de Saint-Martin des Champs sur les terres viticoles situées à Clamart.

On a pu également prendre connaissance d’une carte présentant l’extension du vignoble à son apogée (fin 18ème, début 19ème),

et assister impuissant au naufrage du vignoble clamartois au 20ème siècle.

Merci à Hubert Duval et à ses amis des Amis de Clamart pour cette belle présentation.

Mais le clou de cette réunion fut sans équivoque la transmission du bâton de l’ancienne confrérie Saint-Vincent, conservé par le Amis de Clamart, à la Confrérie du Clos de Clamart, dont les membres étaient venus en nombre pour assister à cette dation.

Le bâton trouvera tout naturellement sa place à la grange-musée où sont les chais.

Il y a eu d’autres fêtes, toutes mémorables.

Celle des Chevaliers de l’Ordre Illustre de Méduse, qui s’étaient réunis au Domaine Saint Julien, près de Brignoles.

Qu’en dire, si ce n’est évoquer les « huiles » (vins) délicieuses que l’on y servit, selon le rituel :

« Lampe en main, lampe allumée,

portons-la à hauteur de nos yeux

et en invoquant notre bien aimée mère Méduse… 

lampons !! »

S’il faut n’en citer qu’un que ce soit ce domaine Saint-Jean Li Vecce de Bellet 2020, 100% Rolle.

On trouvera une relation de cette belle fête sur le site de la FICB (Fédération Internationale des Confréries Bachiques)

Il y eut aussi bien sûr celle des Echansons de France, bien connus des lecteurs du Bon Clos. Le chapitre, était placé sous le signe de la gastronomie lyonnaise.

Le Souffle de Bacchus y a chanté « Joyeusement buvons un coup« , une chanson qui reçut le Grand Prix de la chanson bachique en 1937 dont nous avons déjà parlé (on peut l’écouter ), et « la java des sécateurs« , qui font clic-clac sur le coteau de La Croix-Rousse. (Voir la video sur le site des Echansons).

Il a aussi étrenné le tout nouvel hymne des Echansons de France, sur la musique de Verdi (Brindisi). Oyez !

Les voeux du Bon Clos pour 2023

Cette année, c’est avec la reine Elizabeth, tragiquement disparue en septembre dernier, alors que les vendanges allaient bon train dans cette Champagne qu’elle affectionnait, que le Bon Clos adresse ses meilleurs voeux à ses lecteurs.

Avec elle trinquons ! Certes, les temps sont difficiles. La guerre fait ses ravages, la corne d’abondance sonne creux. Mais le jour se lève, il faut tenter de vivre.

En ces temps de fêtes, faisons notre la devise de la Confraria Oenogastronomica de Madeira :

 » Comer e Beber e divinal ! »

Et revenons sur l’année écoulée, où nous avons pu

déguster le canelazo, ce grog équatorien célébré par une entrainante chanson,

retrouver l’origine de vieilles chansons comme « boire à la capucine », et des traditions anciennes comme cette procession des bouteilles de Boulbon,

danser le rock avec Jerry lee et son « drinking wine Spo-Dee-o-de », et avec Boris Grebenshikov, le  » Bob Dylan » russe,

voyager et découvrir les crus et le sens de la fête à Madère et en Slovénie,

retrouver ou découvrir les airs à boire du génial Offenbach, dans des opérettes comme Luc et Lucette, le rêve d’une nuit d’été, Pomme d’Api, la Belle Hélène, Vert-Vert,

apprendre de nouvelles chansons comme Buvons sec ! de Paul Avenel et Paul Henrion

visiter musées et expos comme le Magnin à Dijon, ou l’exposition Picasso à la Cité du Vin de Bordeaux…

Encore une fois, bonne année à tous !

La Chauve-souris

La concomitance de la finale de la Coupe du monde n’avait pas découragé les quelques centaines de spectateurs venus à l’Odeon de Marseille assister au spectacle donné l’après-midi du 18 décembre. Bien leur en prit ! Ils ont pu se régaler de la version française de la Chauve-Souris, mise en scène par Jacques Duparc sur le livret de Meilhac et Halévy, une Chauve-Souris facétieuse dont on pourra lire la relation d’Olyrix.

D’une comédie créée par ceux-ci en 1872 (le Réveillon), Johannes Strauss fils a fait une opérette créée en 1874 à Vienne, puis jouée ensuite à Paris… On en saura plus et le détail de l’histoire .

Il s’y trouve à la fin du 1er acte un air à boire chanté par Alfred, très empressé auprès de Caroline (madame Gaillardin). Ils trinquent, et sont rejoints par Tourillon, venu arrêter Gaillardin…

Une chance pour nous, le spectacle, joué sans public pendant la pandémie, a été filmé. Voici l’air à boire.

Si je bois un peu beaucoup, Ce n’est pas rien que par goût,
Mais l’alcool est un confort Qui brave les coups du sort.
Et ce point est établi Pour qui veut l’oubli
Qu’une douce ébriété Vaut l’eau du Léthé.

Ah ! Par l’oubli du passé Tout regret soit effacé!
Par l’oubli du passé Tout peut être effacé !
Trinquons donc, trinquer est doux
Sans orgueil et sans courroux !

Tin tin tin tin tin, goûtez ce Chambertin !
Non ! Par l’oubli du passé Tout regret est effacé !

Trinquez donc avec moi, tin, tin, tin.
Quel parfum ! Quel bouquet !
Pas un vin de mastroquet !
Quel parfum ! Quel bouquet !
Rien de mastroquet
!

Mais il ya mieux. Le finale de l’acte deux, où se déroule la fête du prince Orlofski, est une véritable ode au Champagne, chantée encore et encore à la fin du spectacle.

Versez-nous le champagne Tra la la la la la la la
Vrai vin de cocagne Tra la la la la la la la
Qu’un autre aime la guerre !
Aux lauriers je préfère
Cette mousse légère
Qui sourit dans mon verre !

Buvons ! buvons !
Si l’exemple vous gagne
Qu’un tutti m’accompagne


Sans discuter les marques Tra la la la la la la la
Fêtons nos monarques Tra la la la la la la la
Quelle que soit la cote
Qui s’abstient est en faute
Et que le bouchon saut
En l’honneur de notre hôte !

Buvons ! buvons !
Du fond de ma province
Il fallait que je vinsse
Toaster à vous mon Prince !

Vidons la coupe où jase Tra la la la la la la l
Le flot de topaze Tra la la la la la la la
Le champagne stimule
L’ardeur qui capitule
Mieux que toute pilule
C’est l’élixir d’Hercule !

Buvons ! buvons !
De votre courtoisie,
Prince, on vous remercie
Et vive la Russie !

Sa Majesté Champagne est roi !
Rangeons-nous sous sa loi !
Vive le champagne
C’est lui le vrai roi !
Hurrah ! Hurrah !
Gloire au champagne !

Voici la troupe, dont on retrouvera les noms dans le compte-rendu d’Olyrix, avec à droite le metteur en scène Jacques Duparc qui excelle aussi dans le genre comique.

On a retrouvé avec bonheur l’ami Dominique Desmons, décidément dans tous les bons coups (il était l’été dernier Ménélas dans la Belle Hélène à Bruniquel), toujours aussi impayable dans le (petit) rôle d’un avocat et aussi d’un simple serveur. Qui peut le plus peut le moins !

Les amateurs retrouveront la partition sur Gallica (aux pages 62 et 111 pour les 2 airs)

Chez Victor H

La « maison de Victor Hugo » place des Vosges n’a été habitée que 16 années par le grand homme, qui s’exila dans les îles anglo-normandes pendant le second Empire de « Napoléon le Petit », puis s’installa avenue d’Eylau qui « a pris le nom de Victor-Hugo le 28 février 1881, au lendemain du soixante-dix-neuvième anniversaire de l’écrivain. »

N’importe, cette maison abrite des collections qui méritent notre intérêt, comme cette toile de Ferdinand Roybet peinte en 1903.

Elle représente Don Cesar de Bazan, personnage haut en couleur de Ruy Blas, pièce de VH crée en 1838.

Mais que diable fait donc Don Cesar avec ce verre de vin ?

Nous le saurons en parcourant la pièce. A l’acte 4 scène 2, Don César de Bazan, noble bohème dont son cousin l’ignoble don Salluste croyait s’être débarrassé en le livrant à des corsaires, est de retour,  affamé, déguenillé, descendu par la cheminée dans la maison de Ruy Blas. Il tombe sur « un garde-manger bien garni.« 

Voyons, ceci m’a l’air d’une bibliothèque.

Il y va et l’ouvre. 

Justement. — Un pâté, du vin, une pastèque.
C’est un encas complet. Six flacons bien rangés !
Diable ! sur ce logis j’avais des préjugés.

Examinant les flacons l’un après l’autre.

C’est d’un bon choix. — Allons ! l’armoire est honorable.

Il va chercher dans un coin la petite table ronde, l’apporte sur le devant et la charge joyeusement de tout ce que contient le garde-manger, bouteilles, plats, etc., il ajoute un verre, une assiette, une fourchette, etc. — puis il prend une des bouteilles.

Il emplit le verre, et boit d’un trait.

Lisons d’abord ceci.C’est une œuvre admirable
De ce fameux poëte appelé le soleil !
Xérès-des-Chevaliers n’a rien de plus vermeil.

Il s’assied, se verse un second verre et boit.

Quel livre vaut cela ? Trouvez-moi quelque chose
De plus spiritueux !

Il boit.

Ah Dieu, cela repose !

(Vient un laquais qui apporte une sacoche d’argent qui « vient de qui vous savez pour ce que vous savez ». Ravi, Don Cesar le fait boire)

Il remplit de vin l’autre verre.

Approche, galion, et d’abord —bois-moi ça !

Le Laquais.

Quoi, seigneur !

Don César.

Bois-moi ça !

Le laquais boit. Don César lui remplit son verre.

Du vin d’Oropesa *!

Il fait asseoir le laquais, le fait boire, et lui verse de nouveau du vin.

Causons.

À part.

Il a déjà la prunelle allumée.

Haut et s’étendant sur sa chaise.

L’homme, mon cher ami, n’est que de la fumée
Noire, et qui sort du feu des passions. Voilà.

Il lui verse à boire.

C’est bête comme tout, ce que je te dis là.
Et d’abord la fumée, au ciel bleu ramenée,
Se comporte autrement dans une cheminée.
Elle monte gaîment, et nous dégringolons.

Il se frotte la jambe.

L’homme n’est qu’un plomb vil.

Il remplit les deux verres.

Buvons. Tous tes doublons
Ne valent pas le chant d’un ivrogne qui passe. ».

(*) sans doute Oropesa del Mar, près de Valence où l’on produit un moscatel

La maison de Victor Hugo présente actuellement une exposition Louis Boulanger, peintre ami du poète qui dessina les costumes de ses personnages, illustra ses œuvres etc. Nous y avons vu ce » festin à la mode vénitienne », grand panneau commandé pour la salle à manger de M. Malher 52, faubourg saint Honoré,

dont on peut apprécier certains détails

et aussi cette scène de fête intitulée « Vive la joie » ou encore « les truands », fidèle illustration de la Cour des miracles de Notre Dame de Paris (livre X chap. 3),  » ruche monstrueuse » convertie en lieux de plaisirs par les truands, qui s’apprêtent à aller délivrer Esméralda.

« Tavernière ma mie, d’autre vin ! j’ai encore de quoi payer. Je ne veux plus de vin de Suresnes. Il me chagrine le gosier. J’aimerais autant, corbœuf ! me gargariser d’un panier ! »