1, 2, 3 Chapitres de Printemps

Après un hiver frais et long, le printemps est bien venu, et avec lui les fêtes des Confréries.

Le 16 avril, nous voila chez nos amis les Compagnons d’ Irminon de Combs-la-Ville, qui fêtaient les 35 ans de leur Confrérie, l’une des plus anciennes d’Ile de France. Nous y avons retrouvé les 3 grand-maitres qui se sont succédés à sa tête : Joseph Perret, Michel Courtois et Didier Charles, sous l’édicule récemment construit pour abriter l’antique pressoir sous la devise « NON QUANTUM SED QUAM BENE » que l’on pourrait traduire par « mieux vaut moins mais mieux »,

NON QUANTUM SED QUAM BENE

passé en revue les blasons personnalisés que chacun arbore sur son plastron,

revu avec bonheur le clos aux 600 pieds de sémillon, sauvignon, et maintenant chardonnay,

considéré le pressoir désormais hydraulique

admiré les étiquettes renouvelées artistiquement chaque année,

fait un clin d’oeil au chat de Barberousse et à un jardinier en pause, esquissé une prière

et assisté au chapitre proprement dit et aux nombreuses intronisations parmi lesquelles des gens bien connus des lecteurs du Bon Clos…

Ils ont prêté serment

bu le vin local

cul sec par Irminon ! et signé le Livre d’Or.

Le 29 avril, c’était au tour du Clos de Clamart de faire la fête.

Un cortège de 14 confréries s’est formé et, passant par le Clos Franquet où sont les vignes et les chais, a parcouru les rues de la ville, accompagné par les trompettes du Berry.

Lors du chapitre proprement dit, entouré par les dignitaires,

le Grand-Maître exposa à l’assistance les efforts réalisés pour faire de nouveau du vin du Clos de Clamart, dont la qualité ces dernières années laissait à désirer, « un vin comme nous l’aimons ».

Il y eut 7 intronisations :

Daniel Fréry, Echanson conservateur de Musée du Vin de Paris ;
Vincent Carrière, Meudonnais Président du Lyons Club de Saint Cloud, actif au Clos de Clamart et qui avec son groupe musical avait animé notre dernière « galette » ;
Gilbert Delaveau, Grand Prévôt de la Confrérie des coteaux de Sucy-en-Brie ;
Stéphanie SIMONIN-EDWARDS, une jeunesse du Devoir Parisien du Beaujolais (venue avec son papa);
Catherine FAUCHERON , de la Confrérie Balnéolaise des Chevaliers de Bacchus ;
Evelyne PRIE, de la Confrérie de la Faisanderie de Sully/Loire (qui promeut la terrine de faisan et la chasse à courre) ;
et Anne-Marie LOCQUET, de la Confrérie des Talmeliers d’Ile de France du bon pain

On les reconnaitra sur ces photos (mais qui est qui ? piste : la cape des talmeliers est couleur de la mie crème du pain ; la plume orne la coiffe des chasseurs…)

Le chapitre fut suivi d’un déjeuner servi par le traiteur MBRA d’Arnouville-lès-Mantes, et animé musicalement par Jacky Bouleaux – Le Roi du Bal.

Nous avons eu la joie d’y accueillir Daniel Cunin, bruxellois ami du Bon Clos à qui l’on doit la traduction d’un poème néerlandais ancien (« Wijns gebruik en misbruik » : Usage et mesusage du vin, en commentaire à notre article sur le musée Magnin), ainsi qu’une bonne bouteille de « là-bas » (i.e. Maastricht), la Cuvée des XII Apôtres.

Une coupe fut offerte par le Grand-Maître pour saluer l’ancienne statue de Saint-Vincent, qui date 17ème siècle, et a été transmise, à la dernière St-Vincent, à la Confrérie par les Amis de Clamart.

Le président des Amis ce Clamart Christian Hamon remettant le bâton de St Vincent au GM Marcel

Une tombola aux nombreux lots permit à une quinzaine de chanceux de recevoir des mains d’un charmant tandem des bouteilles de Champagne et d’autres vins, certaines offertes par des donateurs qui tiennent à rester anonymes.

Enfin le samedi 13 mai se tenait le Chapitre de la Fleur au Musée du Vin, chez les Echansons.

On y retrouva nos amis choristes du Souffle de Bacchus, dans la dernière ligne droite pour leur concert commun avec la chorale Aperto (Dimanche 18 juin à 17h, Eglise Sainte Rosalie, 50 Bd Auguste Bianchi Paris 13ème).

Un nouvel Echanson fut adoubé Compaignon, et 3 autres montèrent en grade

Ils n’ont pas dérogé au rituel.

Le thème du dîner, la Méditerranée, fut décliné avec la soupe de poissons, suivi d’un buffet d' »antipasti » (pissaladière, salade de poulpe, etc.) précédant le fameux Poulet sauce Echanson inspiré d’un ancien restaurant de Perpignan (L’Echanson, aujourd’hui disparu), les fromages (fameux brebis), les tartes tropézienne et mentonnaise et la salade de fruits.

Plusieurs réclamèrent des doggybags.

On n’oubliera bien sûr pas de parler des vins servis : un vermentino (=rolle) et un Viognier du pays d’oc, un côtes de Provence Rosé du château Mauvanne, et un rouge de La Clape, appellation peu connue du Languedoc. Frontignan et Rivesaltes furent servis au dessert.

« Ah quel repas je viens de faire, et quels vins extraordinaires ! », pouvait-on fredonner, en s’intéressant aux cadeaux reçus par le Grand-Maître Claude qui atteindra un âge doublement canonique dans quelques jours !

Lequel, de cette bouteille de Cognac » fine champagne » de 1805,

et de ce « lampion », aux bas reliefs évocateurs, sorti d’une imprimante 3D, donnerait-on la palme ?

Saint Vincent, encore et toujours

Revient janvier, avec ses galettes et ses frimas. La tradition y fête Saint Vincent, patron des vignerons, festivité difficilement compatible avec les contraintes du Dry January !

Cette année, elle a donné lieu à Clamart à une curieuse commémoration : celle de l’ancienne confrérie de Saint Vincent disparue avec la viticulture au début de vingtième siècle.

L’association des Amis de Clamart, qui a pour mission de connaitre et faire connaitre l’histoire de ce village, a en effet saisi cette occasion pour donner une conférence sur l’histoire de la vigne et du vin.

Si la plantation de vigne est autorisée à Lutèce à la fin du 3e siècle, et la culture de la vigne attestée dans la région de la Seine au IVe siècle, ce n’est qu’au Moyen Âge que l’on peut en toute rigueur attester de la présence de culture de la vigne à Clamart et en région parisienne.

En effet une bulle pontificale de 1096 atteste la propriété de l’abbaye de Saint-Martin des Champs sur les terres viticoles situées à Clamart.

On a pu également prendre connaissance d’une carte présentant l’extension du vignoble à son apogée (fin 18ème, début 19ème),

et assister impuissant au naufrage du vignoble clamartois au 20ème siècle.

Merci à Hubert Duval et à ses amis des Amis de Clamart pour cette belle présentation.

Mais le clou de cette réunion fut sans équivoque la transmission du bâton de l’ancienne confrérie Saint-Vincent, conservé par le Amis de Clamart, à la Confrérie du Clos de Clamart, dont les membres étaient venus en nombre pour assister à cette dation.

Le bâton trouvera tout naturellement sa place à la grange-musée où sont les chais.

Il y a eu d’autres fêtes, toutes mémorables.

Celle des Chevaliers de l’Ordre Illustre de Méduse, qui s’étaient réunis au Domaine Saint Julien, près de Brignoles.

Qu’en dire, si ce n’est évoquer les « huiles » (vins) délicieuses que l’on y servit, selon le rituel :

« Lampe en main, lampe allumée,

portons-la à hauteur de nos yeux

et en invoquant notre bien aimée mère Méduse… 

lampons !! »

S’il faut n’en citer qu’un que ce soit ce domaine Saint-Jean Li Vecce de Bellet 2020, 100% Rolle.

On trouvera une relation de cette belle fête sur le site de la FICB (Fédération Internationale des Confréries Bachiques)

Il y eut aussi bien sûr celle des Echansons de France, bien connus des lecteurs du Bon Clos. Le chapitre, était placé sous le signe de la gastronomie lyonnaise.

Le Souffle de Bacchus y a chanté « Joyeusement buvons un coup« , une chanson qui reçut le Grand Prix de la chanson bachique en 1937 dont nous avons déjà parlé (on peut l’écouter ), et « la java des sécateurs« , qui font clic-clac sur le coteau de La Croix-Rousse. (Voir la video sur le site des Echansons).

Il a aussi étrenné le tout nouvel hymne des Echansons de France, sur la musique de Verdi (Brindisi). Oyez !

A Madère

Réputée pour son vin fortifié adoré des Anglais mais peu considéré, dit-on, par les Français, cette île portugaise située dans l’Océan Atlantique à hauteur du sud du Maroc étonne par son relief volcanique, sa végétation luxuriante, et ses traditions.


C’est au cours d’un séjour découverte parrainé par la Fédération Internationale des Confréries Bachiques et organisé par la Confraria Enogastronomica da Madeira que nous avons eu la chance de la découvrir.

La confrérie, fondée en 2000, a pour mission de défendre, préserver, promouvoir, diffuser, honorer et mettre en valeur le patrimoine œnogastronomique de la région autonome de Madère, y compris ses coutumes et pratiques, ses traditions et les techniques et technologies inhérentes à leur production.

de g. à d: Gregorio Freitas, ex-président ; Lino Dionisio, ambassadeur ; Alcides Nobrega, président ; Olga Mendes, VP

Le costume comporte une cape rouge à rabat beige, inspirée du costume des juges de Madère du XVIIIe siècle ; sur la tête, la «Carapuça», la casquette madérienne, et autour du cou, un ruban beige avec des broderies d’animaux différents et une tomboladeira en forme de demi-barrique.

A chaque repas la devise « Comer e beber e divinal » est proclamée.

(On pourra aussi lire une relation de ce « séjour-découverte » sur le site de la FICB.)

Mais parlons du vin de Madère. Le marché de l’Angleterre, de sa marine et de ses colonies, a été sa chance. C’est un vin issu des cépages Malvoisie, Boal, Verdelho et Sercial pour les plus prestigieux, fortifié (à l’alcool de canne au départ, de raisin aujourd’hui), étuvé, et élevé en contact avec l’air dans des barriques. Il en est des secs, demi-secs, demi-doux et doux, des « blended » (assemblés), plus ou moins vieillis en fût, et des millésimés, les plus recherchés.

Blandy’s, mais aussi Henriques et Henrique, Luis Pato, Barbeitos, etc. sont des producteurs réputés.

Une dégustation chez Blandy’s, un des plus importants producteurs. Chaque cépage avec un chocolat approprié ! (de g. à dr. Sercial (sec), Verdelho (demi-sec), Boal (demi-doux) et Malvasia (doux))
les principaux cépages

Instruments anciens, et foudres toujours en service chez Blandy’s

pressoir à l’ancienne

Un témoignage de l’ancienneté de la réputation du vin de Madère.

Ces fresques ornent la salle de dégustation.

Et voici quelques publicités anciennes.

Accueil en musique à l’Adaga da Quinta, à Camarão dos Lobos. Foulage du raisin, brochettes et beignets de sabre.

quem não fuma, quem não bebe, que alegria pode ter ?

A cachaça alegra a gente
O fumar nos da prazer
Quem nao fuma , quem nao bebe
Que alegria puede ter
?

(Paroles trouvées sur
https://issuu.com/acclleopoldina/docs/trovas_populares_de_alagoas_-_theo_/31)

Au marché central de Funchal, cette « caraferie » a un drôle de plafond.

A la Quinta do Barbusano, dégustation des vins locaux (de table, non madérisés). Les vignes, à hauteur d’homme, laissant l’espace libre pour d’autres cultures au sol, sont vendangées à la main sur ces terrains pentus.

Un déjeuner dans une maison de particulier permet de découvrir le « panelo », sorte de potée des lendemains de fête, posée à même la nappe sur un lit de feuilles de chou, et qui a sa chanson !

O panelo ja chegou, bem de madrugada, vai bebendo devagar pra nāo tomares uma mamada… Deixa-me beber em paz, uma bebedeira não e nada, para o ano venho aqui curar esta mamada…

Madeira produit aussi du rhum, comme Engenhos do Norte à Porto Da Cruz, dont la machinerie marche encore à la vapeur.

Ce rhum est la base de la poncha, apéritif fait de rhum, additionné de jus de citron et miel, ou encore de jus de fruit.

A Arco de São Jorge, petit village posé sur une falaise au nord de l’île, un concentré des attributs de l’île :

la roseraie de la Quinta do Arco, à Arco de S. Jorge

mer, fleurs, vignes,

vieille rhumerie,

azulejos à la gloire du rhum (poème d’un poète paysan)

le poème est signé : feiticeiro do norte

et un petit musée du vin…

où l’on peut voir le « borracho » (outre de 45 litres en peau de chèvre servant à transporter le moût ou le vin à dos d’homme) et les borracheros en action

Ne quittons pas Madère sans visiter la Quinta das Cruzes, ancienne demeure du découvreur de l’île Zarco, et voir quelques oeuvres pouvant intéresser les lecteurs du bon clos.

Cette intaille, en pâte de verre imitant le nickel, qui devait servir de sceau, mesure moins de 2 cm de long et date du 18ème siècle, 

Scène de taverne d’auteur non identifié : l’une boit, un autre fume, un troisième se tait…

Voici aussi une treille marine

et d’intéressantes gravures qui racontent l’histoire du transport du vin, et dont on a retrouvé des bonnes reproductions tirées du livre « History of Madeira »

sur le site https://www.traces-h.net/costumes/madere-1820-11.html qui donne de nombreuses explications.

Adeus Madeira, e muito obrigado aos nossos anfitriões

de g. à dr. Carlos Soares, Marcio Ribeiro, et Lino Dionisio

e anfitriã!

Dina Silva

Avec les francs-mâchonnes et francs-mâchons à Montmartre

Officiellement, ce sont quatorze associations (*) qui se sont donné le mot pour organiser ce mâchon de rentrée le lundi 12 septembre à la Bonne Franquette, adresse réputée de la Butte.

aimer, manger, boire et chanter : la devise de la bonne franquette

Il s’agissait une fois de plus de célébrer la parution de « J’aime la saucisse« , d’Emilie Greenberg, « plus qu’un livre de cuisine, un mode de vie ! »

Nombreux étions nous à nous être levés tôt pour nous retrouver à l’heure où d’autres prennent leur petit déjeuner, un verre de Sauvignon blanc frappé ou de merlot lyonnais à la main,

prêts à trinquer avec le têtes connues et inconnues, non sans avoir échangé un rapide « ça va ?« , et à faire honneur aux charcutailles proposées à foison : mortadelle de Bologne, rosette à l’ancienne de Colette Sibilia, pâté basque, spianata piccante (pas tant que ça) de Calabre, andouille…

Chez les franc-mâchonnes on ne garde pas son drapeau dans sa poche

A table, ce sont, arrosées de beaujolais rouge et blanc, quatre recettes de saucisse qui furent proposées : Francfort et Strasbourg en choucroute, végétale aux spaghettis, Toulouse aux pochas (= haricots, sortes de coco), et montbéliarde aux lentilles cuite au gène (= marc de raisin en pays beaujolais) de Brouilly.

L’intronisation de l’héroïne du jour Emilie Greenberg, autrice de Vive la saucisse, dans la confrérie des compagnons du Beaujolais fut largement applaudie.

De même que Charlie, venu avec sa guitare chanter « les copains d’abord » , « le petit vin blanc » et bien d’autres airs festifs.

Est-ce l’effet des boissons ingurgitées ? Nous avons fait en sortant une drôle de rencontre dans les rues avoisinantes…

Merci à tous, organisateurs, restaurateurs, vignerons, participants pour cette belle fête.

(*) liste des organisations participantes :

Le devoir parisien des compagnons du Beaujolais
La confrérie de Saint-Juliénas des Prés
L’association des bistrots et cafés de France
La sélection de Montmartre des Beaujolais
La commune libre de Montmartre
L’Académie Rabelais
La commanderie du clos Montmartre
Le clos des Arènes de Lutèce (200 pieds de vigne y ont été replantés)
Le clos de la Doyenne
L’Amicale du Gras (fondée en 2014)
Les joyeux mâchonneurs du Vaudésir
Le club de la saucisse libre
L’Amicale du sauciflard (désigne chaque année le meilleur saucisson de France)
Les Vegans dépressifs !!!

Quand Gaillac fête ses vins

C’est avec bonheur que nous sommes repassés dans cette cité du Tarn, qui fête ses vins chaque année début août. Ils sont toujours aussi bons, et ont cette propriété de « permettre à chacun de rentrer chez soi avant d’avoir le cerveau brouillé » !

 Est-ce dû à la vertu des cépages résolument locaux (Luenh de l’uelh -loin de l’oeil, mauzac  pour le blanc ; fer servadou appelé aussi braucol -un cousin du cabernet, duras, prunelard pour le rouge… ) ?

La fête, avec ses dégustations

Pascal Bonno, directeur du château Labastidié, sur son stand

et ses concerts se tenait comme tous les ans au parc de Foucault. C’est là aussi que la Confrérie de l’Ordre de la Dive Bouteille de Gaillac tint son 43ème chapitre le dimanche 7 août. Nous avons eu la chance d’y participer, sous le chaud habit des Echansons de France.

Après un petit déjeuner roboratif,

ayant revêtu leurs habits d’apparat, les représentants de 24 confréries ont franchi l’arc triomphal élevé pour la circonstance,

et parcouru en musique les rues de la ville

pour rejoindre l’église Saint-Pierre et assister à l’office.

Il y avait là les maîtres-vignerons du Frontonnais,

les Echansons de Saint-Bourrou, qui défendent l’AOP Marcillac-Vallon en Aveyron

la Génération Géminian, confrérie bachique de Cuxac d’Aude en Narbonnaise

la commanderie des grands vins de Gaillac à Toulouse

la Jolie Treille de Saint-Joseph et de l’Hermitage

la confrérie du raisin d’or (en pays de Sigoulès, Périgord pourpre)

et bien d’autres confréries bachiques

quelle est celle-ci?

et gastronomiques comme celle de nos amis du Brie de Melun

Il faisait chaud et le perlant de Labastide généreusement servi à la sortie permit d’étancher la soif lancinante.

De retour au parc, commença le chapitre proprement dit, sous la houlette du Grand Chancelier Henri Plageoles,

assisté par le Commandeur Michel Houdet est les autres membres de la confrérie.

Après l’intronisation de personnalités locales (parmi lesquelles le tout nouveau préfet du Tarn FX Lauch, et le curé de Gaillac Pierre-André Vigouroux),

ce fut le tour des « confrères » comme ces deux Echansons Daniel et Marc venus de Paris.

Tous ont été adoubés par Bacchus, Noé, Saint-Vincent et Rabelais, et ont prêté serment après avoir bu (sec) la coupe de vin blanc sec.

Le repas qui s’ensuivit donna l’occasion de faire connaître quelques chansons connues des lecteurs du bon clos.

Merci amis de Gaillac, pour cette belle fête et l’honneur qui nous a été fait.

Pour les amateurs, il faut savoir qu’en même temps que cette fête, se déroule celle de l’ail rose de Lautrec, occasion de découvrir un village historique,

d’y déguster la fameuse soupe à l’ail, et d’assister au record de la plus longue tresse (24,20 m).

A Albi tout proche ne pas rater cette fresque en trompe l’oeil.

« Bon jus de la treille, vins, charbon à domicile »

Le musée Lautrec nous remémore la citation du maître : « je boirai du lait quand les vaches brouteront du vin » et recèle quelques toiles intéressantes, comme ces vendanges à Celeyran où le maître a passé une partie de sa jeunesse (vers 1880-83)

et cette scène « au café » (femme au bar, après 1884) )de son ami Federico Zandomeneghi

retour en Slovénie

On se souvient de ce petit pays de l’ex-Yougoslavie, entouré de montagnes et planté de vignes. Nous l’avons parcouru en 2016. Des circonstances favorables nous y ont ramenés.

Nous avons retrouvé Ljubliana et son charme austro-hongrois. Nous y avons été accueillis par Janesz, un membre de la ZDRUZENJE SLOVENSKEGA REDA VITEZOV VINA (l’Association de l’Ordre slovène des chevaliers du vin), grand amateur de vin bien sûr. Il est Vice-Président de la FICB (Fédération Internationale des confréries bachiques). Il nous a fait déguster un pinot noir domaine Jamešk de la vipavska dolina, vallée à l’ouest de la Slovénie jouxtant l’Italie où sont les meilleurs crus ;

Janesz nous présente aussi son ami Marin Berovič, un homme aux multiples talents : professeur d’université en biotechnologie, membre de jurys internationaux de dégustation, peintre, guide touristique… ; Marin est aussi Ambassadeur de sa Confrérie, le « Consulat de Slovénie de l’Ordo Equestris Vini Europae », où il nous accueillera le lendemain pour participer à un chapitre exceptionnel.

tableau de Marin Berovič, vignobles prés de la frontière italienne

Avant de rallier Celje, nous sommes entraînés au château qui domine la ville. Là nous rencontrons Milan Podgačnik, grand-maître (Ambassador) de la ZDRUZENJE SLOVENSKEGA REDA VITEZOV VINA, qui nous a invité à déjeuner. Docteur vétérinaire de formation, il été ministre de l’agriculture et promeut tant qu’il le peut les vins de son pays !

Le chemin de la gare passe par les jardins de la maison des écrivains, où se tenait un salon des vins effervescents (penečih vin). Nous en avons bu d’excellents, comme celui de Mika ou d’Anna…

A l’arrivée en soirée à Celje, à une heure de route, c’est Tomislav, Senator du Consulat Slovène de l’OEVE, qui nous accueille et nous remet un carton de pinot gris, des fois que nous aurions une petite soif.

Tomislav Kovačič inaugurant la journée

Le lendemain samedi, rassemblement des « légatures » venues de toute la Slovénie, ainsi que des délégations d’Autriche, de Croatie, de Slovaquie, d’Italie… qui vont défiler au son de l’harmonie jusqu’à l’église abbatiale Saint Daniel, lieu de la cérémonie.

Nous y rencontrons le Professeur Julij Nemanič, universitaire, longtemps représentant de son pays à l’OIV, qui va y recevoir le diplôme d’honneur de la FICB.

remise du diplôme d’honneur de la FICB à Julij Nemanič

Nous assistons aux intronisations de dizaines d’impétrants

et sommes charmés par le concert donné par deux harpistes.

C’est au Celjski Dom que sera servi le déjeuner attendu par tous. Mais il faudra auparavant boire le verre de la fraternité

avec les chanteurs du groupe Erosi

qui régalent le public de chants slovènes traditionnels, dont certains titres sont évocateurs.

 Dvigni zlato kupico

En starček je živel (un vieil homme vivait dans un vignoble de montagne…)

En hribček bom kupil (je vais acheter une colline pour y planter des vignes…)

Kolkor kapljic tolko let

Le pij, le pij (bois, bois et verse encore…)

Mi Slovenci vinca ne prodamo (nous les slovènes ne vendons pas de vin, parce que nous savons bien boire. On se réunit, on est de bonne humeur, et on chante gaiement.)

Ta glažek je prazen (ce verre est vide, on rentre à la maison)

Le repas gastronomique fut servi avec les vins ad hoc. On s’en convaincra en découvrant le menu

Ce déjeuner bien arrosé commencé vers 15h se termina vers 18h. Rentré à l’hôtel, le Professeur Sénateur Karl (historien officiant à Klagenfurt) nous a convaincu de partager une bouteille de ce pinot gris dont on a parlé plus haut.

Ce qui fut fait !

Terminons cette visite éclair en Slovénie avec quelques belles pièces découvertes dans les musées et échoppes.

L’ancien manoir des comtes de Celje qui abrite une partie des collections du musée régional est fameux pour son plafond (Celjski strop), représentant des scènes de vendanges repérées lors d’un précédent séjour.

Nous y avons cette fois-ci trouvé cette scène d’auteur inconnu représentant Bacchus en bonne compagnie.

Et voici un buveur, lui aussi d’auteur inconnu, du 17ème siècle (ces tableaux auraient été récupérés par les partisans à l’issue de la dernière guerre).

Ce jeton circulaire fait partie d’une série de 12 tous différents et représente un jeune homme buvant au tonneau ; il ne mesure que quelques centimètres de diamètre.

et voici quelques chopes et verres.

Ce n’est pas les mains vides, mais avec ce précieux rouge mousseux, offert par un grand amateur, issu de vignes de la région karstique au-dessus de Trieste, et élevé 10 ans sur lies,

chateau intanto

et avec le désir sincère d’y retourner, que nous quittons cette terre de vin et de miel.

tableau de marin berovič, qui prépare un séjour-découverte des vignes et des vins de Slovénie pour 2023
élément de ruche, une tradition slovène

Au Clos Nenesse

Quelle plus belle occasion que ce jour du vin nouveau pour rendre visite à l’ami Jean-Pierre Dutilheul dans son Clos Nenesse.

Situé aux alentours d’Etampes, ce clos longiligne d’une cent-cinquantaine de pieds (de Gaillard 2, un enfant de Noah (principalement), pinot noir et baco)a été planté par son père, il y a quelques lustres.

Jean-Pierre s’est inscrit dans sa suite et faisait déguster aux amateurs ses crus 2015 à 2020,

Au centre Jean-Pierre Dutilheul, avec à sa droite le président de Cocorico Michel Devot

agrémentés de saucisses marinées, tomme de Savoie affinée au marc, et bien d’autres bonnes choses.

On pouvait y faire de belles rencontres comme celle de cet autre Jean-Pierre

producteur, à Méréville aux confins de l’Essonne, d’un petit cabernet-sauvignon intéressant.

Et c’est le coeur joyeux que l’on a rejoint ensuite les fêtards clamartois réunis aux trois garçons par le Président Marcel pour célébrer le vin nouveau

Marcel au verre de rouge (rare)

en chansons avec Bernard à l’accordéon.

Au Symposium des vignes d’Ile de France à Auvers/oise avec Cocorico

Il s’est finalement tenu, ce Symposium tant attendu. Nulle nième vague ne l’a contrarié, et quelques vingt-cinq confréries et associations franciliennes s’y sont retrouvées, dans ce joli village d’Auvers/Oise, pour partager des connaissances, parader, admirer des oeuvres artistiques mais aussi trinquer, faire bonne chère et la fête.

Si l’on se replace en novembre 2020, date où le comité d’organisation s’est pour la première fois réuni, il fallait avoir un sacré optimisme pour investir dans ce projet.  Saluons donc Michel Devot, président de Cocorico, la municipalité d’Auvers/Oise et le Pressoir Auversois, association invitante, pour s’être lancés dans l’aventure.

Une fois montrée patte blanche (on aura compris qu’il s’agissait du passe sanitaire) la journée commença par des conférences sur des thèmes viticulturel, oenologique, historique, artistique et gastronomique.

Denis Boireau, un scientifique bien connu des amis du bon clos, fit le point sur les cépages résistants aux maladies de la vigne comme l’oïdum et le mildiou, fruits de recherches ancienne et récente,

et incita vivement les cultivateurs de vignes patrimoniales  à s’y intéresser. (Nous avons déjà visité son « arboretum » d’Epinay/Orge.)

Gabriel Lepousez, neurobiologiste, chercheur à l’institut Pasteur et concepteur d’une formation à l’Ecole du Nez de Jean Lenoir, fit sensation en décrivant précisément les fondements anatomiques et physiologiques de l’olfaction : 400 capteurs, situés dans l’épithélium olfactif, permettant d’identifier des milliers (potentiellement des milliards) de molécules, sont reliés aux neurones de la zone nasale du cerveau.

Encore faut-il avoir les bons gènes pour que ces associations soient activées. D’un individu à l’autre, on observe des seuils de sensibilité extrêmement variés, dans un rapport de 1 à 1000 voir plus. Le plus beau nez du monde ne peut donner que ce qu’il a ! L’entrainement n’y remédiera pas, mais il permettra (ce qui n’est pas rien) de mettre des mots sur ce qui est ressenti. Il décrivit également le phénomène de rétro olfaction, qui opère lors de l’ingurgitation et échappe donc aux dégustateurs qui recrachent le vin. Et il fit valoir que les neurones de la zone nasale du cerveau ont la faculté de se régénérer.

Michel Miersman, de la Confrérie du Clos Saint-Vincent de Noisy-le -Grand, est venu faire part de la démarche qui lui a permis d’écrire un livre sur 1300 ans d’histoire de la vigne et des vignerons de Noisy-le-Grand,

sans quasiment sortir de son bureau, tant il y a d’informations et de documents (comme le « terrier ») disponibles en ligne.

Robin Bourcerie, jeune musicien et musicologue auteur d’une thèse sur les airs à boire du 17ème siècle en exprima la substantifique moëlle en les situant dans le contexte des moeurs de l’époque : 

types de vins, circuits d’approvisionnement et lieux de consommation, en mettant l’accent sur l’explosion créatrice (des milliers d’airs publiés dont 2425 analysés dans sa thèse) et l’importance du cabaret.

Enfin Thierry Bitschené, de la confrérie du Brie de Meaux, a présenté son fromage d’élection au moyen d’un petit film,

et invité les participants à s’en faire une idée plus précise lors du déjeuner qui s’ensuivit.

Après le buffet campagnard, qui valait bien celui du temps béni des Galeries Barbès,

l’heure est venue de se mettre en tenue pour défiler dans les rues d’Auvers,

ci-dessus Jean-Claude Pantellini, président du pressoir Auversois, entre à gauche Isabelle Mézières, maire d’Auvers/Oise, et à droite Martine Rovira, maire adjointe

et, au son des corps de chasse du Rallye Vau-Vent

et des cabrettes, accordéons et vielles de la Bourrée Montagnarde,

rallier l’église,  immortalisée jadis par Vincent Van Gogh,

où une bénédiction attendait les quelques vingt-cinq confréries présentes.

C’est un autre Vincent qui tenait fièrement la bannière de Clamart.

De l’église, en longeant les vignes où sont Saint-Vincent et Bacchus,

, on partit vers la mairie où les véhicules du Vexin Classic paradaient à l’arrêt. On y retrouva la conseillère régionale Babette de Rozières, déléguée à la gastronomie, heureuse de retrouver les confréries.

Quelques heureux trouvèrent là une alerte guide pour explorer en privé les ruelles du village,

On aura reconnue Edith Monti, artiste peintre anversoise dont les lecteurs du bon clos ont déjà fait la connaissance et que nous remercions pour son accueil

découvrir le musée et les vignes Daubigny et pousser jusqu’à l’atelier du maître en  passant au pied de l’escalier de Van Gogh.

Le reste de la troupe put découvrir la médiathèque où le dessinateur humoriste Michel Roman

et les enfants des écoles exposaient leurs oeuvres artistiques et poétiques.

Enfin vint l’heure du diner servi par le traiteur Bernard Dieu et animé par Frank Dorès, Léna et leurs danseuses. 

Après les salamalecs et remerciements de tous ordres,

On reconnaitra au centre Pierre Douglas, avec sa gauche Isabelle Mézières, maire d’Auvers, puis J.C.Pantellini, président de Pressoir Auversois, et Michel Devot, président de Cocorico ; et à sa droite, Michel Mella, Jean-Pierre Gimbert, Marc Lesk, J.P.Faury et Martine Rovira, maire-adjointe

vint l’heure de la proclamation des résultats du concours des vins d’ile de France et de la remise des diplômes par l’accorte Edith Monti.

Le jury était présidé par Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde… 1992 et président de l’Union Française des Sommeliers, assisté de Laetitia Trouillet Martin, de l’institut oenologique de Paris. Avec  4 autres dégustateurs chevronnés, ils avaient eu à juger 51 vins des années 2019 et 2020, principalement des blancs, présentés par 23 confréries et associations, et ont décerné 3 médailles d’or, 7 d’argent et 8 de bronze et quelques prix d’encouragement.

Comme les résultats étaient annoncés en commençant  par les diplômes de moindre importance, l’on pouvait lire sur les visages des premiers nominés la déception d’être appelés si tôt, et sur ceux de ceux qui ne l’étaient pas encore l’espoir, de plus en plus ténu  au fur et à mesure des appels, de l’être pour une plus haute récompense… Dura lex sed lex!

les lauréats du concours des vins

Ce n’est pas si facile de faire un bon vin, le Bon Clos adresse ses félicitations aux médaillés, et ses encouragements à tous les participants !

On pourra voir les résultats complets sur le site de Cocorico.

En Roumanie

Voici un pays viticole dont on ne voit pas souvent les bouteilles sur nos tables, il fallait y aller pour en savoir plus !

C’est une fête,qui nous en a donné l’occasion, le Festival Cavaleresc al Vinului Romanesc organisé par le le Consulat Roumain de l’Ordo Equestris Vini Europae.

Elle a eu lieu du 1er au 3 octobre à Alba Iulia, Transylvanie,

Une visite des vignobles et chais de la société JIDVEI, propriétaire d’un domaine de 2500 ha dans la région d’Alba Iulia et sponsor du festival,

fut suivie d’une mémorable dégustation dans son chateau Bethlen-Haller sis à Cetatea de Balta .

Elle permit de découvrir les cépages locaux (notamment Feteasca Alba, régala, et neagra ; Budureasca )

la gastronomie roumaine,

(voir troisième et quatrième à partir de la droite, Sergiu Nedelea et Marius Farmazon, respectivement Ambassadeur et Consul d’OEVE Consulat Romania)

Sergiu est journaliste, formateur et dégustateur international

et le talent du chanteur et cymbaliste Romulus.

La fête se poursuivait le lendemain avec un défilé en costumes dans la citadelle d’Alba Iulia,

chevaliers roumains et… clamartois

Le Père Oliviu Botoi, un des rares francophones rencontrés en Roumanie, procéda à une bénédiction dans la salle historique de l’Union, où fut proclamée le 1er décembre 1918 l’union de la Transylvanie et du reste de la Roumanie,

Le diner, apothéose de la fête, permit d’approfondir la connaissance des vins et de la musique de Roumanie.

(ci-dessus les 3 chanteuses Adina Sima, Andra Oproiu et Luana Toader)

Remercions nos amis roumains, organisateurs de cette belle fête, de nous avoir donné l’occasion de découvrir leur beau pays, et ses vins. On en saura plus sur cette fête, qui se termina verres en main à pas d’heure et en chansons à l’hôtel Transilvania, en consultant le site de la Fédération Internationale des Confréries Bachiques.

Une des appellations les plus réputées est celle de Cotnari, au Nord-Est du pays en Moldavie.

(à gauche, panneaux de sortie de ville ; à droite, la station de lavage de voitures de Cotnari)

Les grappes étaient mûres et les vendanges battaient leur plein.

Un peu plus au sud, à Odobesti, nous n’avons pu visiter les caves du Beciul Domnesc (Cave princière) construite au 15ème siècle sous Stefan cel Mare, le bâtiment historique étant fermé.

Mais sur le bâtiment qui lui fait fasse, une bouteillerie semble-t-il, une gigantesque fresque, aux personnages bachiques comme sortis d’un rêve, mérite le détour.

la signature est intrigante, qui nous éclairera ?

Ce tonneau a été vu à Cacica, au fond d’une mine de sel désaffectée.

Voici aussi quelques objets, horloge, tonnelets et fiasques, vus à Sighisoara, cité fortifiée de Transylvanie.

Ce couple qui s’amuse avec un verre de vin, vu au musée de Sibiu, est l’oeuvre de Caspar Netscher (1639-1684)

Ce tableau de Gheorghe Petrascu (1872-1949) vu à Brasov représente les chais de « la Nicoresti »

Cette femme au piano et au verre de vin a été vue dans l’ hotel Casa Iurca de Calinesti, à Sighetu Marmatiel (Maramures)

Terminons s ce tour de Roumanie par la visite d’un surprenant cimetière, à Sapanta (Maramures). Les tombes y sont ornées de stèles en bois peintes, représentant les activités des trépassés ou encore les circonstances de leur fin.

En voici un florilège pour les lecteurs du bon clos. Accros à la țuică ou à la palinka (terme local pour la gnôle), musiciens, barmen, cavistes, amateurs, ils sont tous là, peints avec tendresse et simplicité. Bonne visite, et paix à leurs âmes !

C’est en 1935 qu’un artisan local lança cette « mode », renouant ainsi avec d’anciennes traditions valaques (joyeuses obsèques, rituels funéraires festifs, libations et toasts portés au cours de repas commémoratifs…).