Paris célèbre ses bistrots

Gloire à nos bistrots ! Ces lieux sont les « symboles de l’art de vivre parisien par excellence !». 

Ce vendredi 15 mars, 62 bistrots ont reçu la Grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris à l’Hôtel de Ville, accueillis par la Maire de Paris, Anne Hidalgo entourée de son adjoint au commerce/artisanat et de quelques maires-adjoints, aux côtés d’Alain Fontaine, président de l’Association Française des Maîtres Restaurateurs (AFMR) et de l’Association pour la reconnaissance de l’art de vivre dans les bistrots et cafés de France en tant que patrimoine culturel immatériel

C’est un comité de huit personnes, clients des bistrots et adhérents de l’Association pour la reconnaissance de l’art de vivre dans les bistrots et cafés de France en tant que patrimoine culturel immatériel, qui a choisi ces 62 bistrots, qui doivent offrir un service au comptoir (café, boisson et nourriture), être ouvert en continu, proposer des prix modérés et ne pas appartenir à une chaîne.

Certains, comme Sébastien Mayol d’Oh ! Vin Dieu !, ou Stéphane Reynaud, de Oui mon Général  ont eu un franc succès, ou alors c’est qu’ils étaient venus avec une claque, on peut quasiment parler d’ovation debout quand ils sont allé retirer leur diplôme.

On n’a pas été surpris de retrouver parmi les lauréats Jean-Philippe Le Coat, du rendez-vous des sportifs (chez Walczak), et dans le public, Gérard Letailleur, conseiller de la République de Montmartre pour les bistrots, Bruno Carlhian, auteur de la Tournée des patrons, dont nous avons parlé, ainsi que  les Francs-Mâchons de Paris, venus en masse (la claque ?)…

Tout ce petit monde s’est retrouvé au buffet, servi généreusement dans les beaux salons de l’Hotel de Ville.

C’est le 18ème arrondissement qui est sorti vainqueur de cette sélection, avec 9 bistrots, parmi lesquels le Gamin des Paris de Didier Royant, une figure, qui a fait forte impression !

Voir sur le site de la mairie de Paris, la liste des lauréats classés par arrondissement.

Mais ce n’est pas fini. On parlera des bistrots toute la semaine avec un cycle de conférences où l’on retrouvera nos écrivains bistrologues pour finir en beauté avec la course des garçons de café (2km autour de l’Hôtel de Ville, dimanche 24 mars).

Les lauréats des Francs-Mâchons de Paris

Nous croisons régulièrement ces bons vivants, qui se retrouvent une fois par mois dès potron-minet pour partager un traditionnel mâchon lyonnais, avec force charcuterie et beaujolais, dans des bistrots parisiens.

A l’issue de ces ripailles, chaque établissement est noté par chaque participant : accueil, vin blanc, plat, vin rouge, fromage… Les meilleurs sont récompensés.

Ce mercredi 6 mars, 17h, c’était l’heure du verdict, rendu aux Noces de Jeannette, restaurant historique tenu par Patrick et Luc Fracheboud (multidiplômés !). Voici les lauréats :

Denis Musset Le P’tit Musset, 132 rue Cardinet, 75017 Paris

Théophile Moles – Au Moulin à Vent, 46 rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris

Patrick François – La Part des anges, 10 rue Garreau, 75018 Paris

Paule et Robert Federici – Le Vieux Chalet, 14b rue Norvins, 75018 Paris

Romain Vidal – Le Sully, 6 boulevard Henri IV, 75004 Paris

Georges-Etienne Jojot – Le Louchébem, 31 rue Berger, 75001 Paris

Sébastien Mayol – Oh vin dieu !, 19 rue Treilhard, 75008 Paris

Arnaud Pauget, Félix Long et Waël El Houseini – L’indé, 125 rue de Charenton, 75012 Paris

Valérie et Pascal Carrié – Le Paris-Italie, 75013 Paris

Christine Piron et William Niamiah – Le Bistrot Blériot, 75016

Thomas Canivet – Le Petit Baigneur, 10 rue de la Sablière, 75014 Paris

Elodie Charras et Loïc Ballet – L’Epicerie de Loïc B., 7 rue Sedaine, 75011 Paris

Laurent Nègre – La Grille Montorgueil, 75002 Paris

Beaucoup de travail donc en perspective pour les amateurs.

Il a bien fallu trinquer à la santé des lauréats. Mais les tenanciers savent recevoir, avec des Saint-Pourçain du domaine Grosbot-Barbara, comme ce vin d’alon 2022, assemblage de Chardonnay et Tressallier « parfait équilibre entre fraîcheur et rondeur » , accompagnés de charcutailles comme il se doit. Merci !

Plus d’un a été surpris par le Churelurez ! (nous avons déjà rencontré ce mot) du domaine Antocyâme, un vin naturel venu des Côteaux et Terrasses de Montauban, obtenu par macération carbonique de cépages variés, qui fait étonnament penser à un cidre ! Spécial!

En bonus, on apprit de la bouche d’Alain Fontaine, restaurateur, président de l’Association française des maîtres restaurateurs, qu’une cérémonie « Paris célèbre ses bistrots » allait se tenir dans quelques jours à l’ Hôtel de Ville de Paris. A bon entendeur !

La tournée des patrons

C’est le titre d’un petit ouvrage largement illustré qui entend présenter les 100 meilleurs bistrots à vin de Paris. Des lieux « qui abritent une personnalité derrière le comptoir, de la vie autour du zinc, du vrai vin dans le verre… et où l’addition ne vous laisse pas une gueule de bois« .

Il doit en falloir du temps pour faire ce choix parmi les milliers d’établissements existants ! Ils se sont mis à trois : Bruno Carlhian, journaliste ; Gabriel Omnès, photographe ; et le dessinateur Gab, mais ont bénéficié de l’ entourage complice des membres de l’Académie Rabelais.

C’est semble-t-il une édition enrichie d’un ouvrage des mêmes auteurs et du même titre paru en 2016, qui ne présentait que 14 bistrots à vins.

Il y en a qui ont de la suite dans les idées !

En vedette, à visiter donc en priorité : le Bistrot des Halles (15 rue des Halles), le Mesturet (7 rue de Richelieu), la Grille Montorgueil (50 rue Montorgueil), le Bougainville (5 rue de la Banque), le Petit Vendôme (8 rue des Capucines), le Sully (6 bd Henri IV),le Monge (77 rue Monge), la Petite Périgourdine et son Annexe (39 et 22 rue des Ecoles), Oui Mon Général (14 rue du Gal Bertrand), le Griffonier (8 rue des Saussaies), Bistrot XVI (37 rue Copernic), le Vaudésir (41 rue Dareau), le Gallia (39 rue St-Ambroise), A l’ami Pierre (5 rue de la Main d’Or), le Verre à Vin (215 rue de Bercy), le Rouge aux lèvres (71 rue des grands champs), et à Montmartre la Mascotte, le Guersant et la mythique Bonne Franquette, dont Gérard Letailleur a conté l’histoire.

Bien sûr il y a aussi l’ incontournable Aux sportifs réunis (chez Walczak, 75 rue Brancion, pas exactement un bar à vins mais un lieu magique).

Au hasard des pages nous en retrouvons aussi quelques uns dessinés par Cendrine Bonami-Redler et décrits par Patrick Bard dans leur voyage sur les zincs (DANS SON JUS)

comme Le Rubis (Paris 1er), le Bougainville (P2), le Temps des Cerises (P4), le Verre à Pied (P5), le Bâton Rouge (P12), le Vaudésir (P14) et leBar Fleuri (P19).

Sont également cités une quinzaine d’établissements à Rungis, parmi lesquels l’Etoile, l’Aloyau, ou encore A la marée, connus par le guide des Bars et Restaus insolites de JonGlez.

Que voilà un beau parcours de santé qui nous attend!

A l’Académie du Cep de Genève

Le 16 septembre dernier, l’Académie du Cep de Genève fêtait son 70ème anniversaire.

C’est une belle confrérie, qui compte plus de 500 membres, très implantée dans le canton de Genève parmi les vignerons, les personnalités, et les amateurs de vin.

Elle a cette particularité de proposer régulièrement des challenges de reconnaissance de cépages, ouvrant droit à des grades dans la confrérie. Le plus « capé » l’a relevé avec succès 22 fois. C’est le Grand-Maître Jacques Jeannerat.

Le genevois produit sur 1500 hectares de vignes des crus variés et de qualité, malheureusement aux prix suisses et donc peu exportés : le Chasselas et le Chardonnay y sont dominants pour les blancs, à côté de l’Aligoté, des pinot blanc et gris, etc. ;  côté rouge, on trouve Gamay et Pinot noir, mais aussi les Gamaret et Garanoir  (croisements de Gamay et Reicheinsteiner très résistants à la pourriture) dont on fait aussi des rosés. Ce chapitre, et la fête des vendanges de Russin, village viticole où il se tenait,  était donc l’occasion de découvrir ces crus. Nous ne serons pas déçus !

Le savoureux déjeuner permit de découvrir la Longeole, la saucisse de Genève faite de chair, de couenne, de gras, et aromatisée au fenouil. Il faut la faire frémir pendant 3 heures et demi dans de l’eau à 74°…

La confrérie de la Longeole vient d’être créée, son Gouverneur est Alain Jenny (ci-dessus), et son vice-gouverneur Jacques Jeannerat.

D’autres confréries étaient présentes, comme les Vignolants du vignoble neuchâtelois et les Olifants du bas-lac en pays neuchâtelois, les confréries du Guillon (pays de Vaud), du Gruyère, des Vignerons de Vevey, les Chevaliers du Bon pain de la Suisse Latine et des Pays de Savoie, et la Fédération des Confréries oenogastronomiques de Suisse.

Ici comme ailleurs on boit et on prête serment pour intégrer la confrérie.

Les conversations allaient bon train d’une table à l’autre…

Quelques choses bues…

Un pour tous, tous pour un : c’est la devise de la Suisse.

insignes sur le costumes de Vignolants

L’Académie du Cep dispose d’un ensemble vocal, dirigé par le chef Christophe Orsor.

Il compte une petite huitaine de membres et nous a régalé d’une dizaine de chants, à boire bien sûr, comme« C’est le bon vin » (popularisé jadis par Raymond Souplex).

Le Chant de la Confrérie, composé par le chef Christophe, résonnera longtemps dans les rues de la ville.

In Vino, in Vino, in Vino
In vino veritas
A Genève on dit que le bon vin est notre ami
Et nous serons toujours l’ami du bon vin

Refrain :Bois ce vin compagnon, fruit de la vigne
Et du travail des Hommes
Ô Genevois, soyons fiers et sans soucis
A l’eau de-là, je préfère le vin d’ici

Gloire à nos vignerons, à la vigne et aux raisins
Car ils nous procurent cet excellent vin

Refrain

A NOUS, A LA VIGNE ET AU VIN ! SANTE !

Au centre profil le chef Christophe, et à droite tenant son livret Laurent Fridmann, le talentueux animateur du Chapitre

A l’issue du chapitre, on se retrouva pour une dégustation d’une sélection de vins primés au mondial du chasselas, cépage rarement vinifié dans le grand pays voisin (à l’exception de l’Alsace, où le « gutedel » entre dans la composition de l’Edelzwicker, et du clos de Clamart…).

Il y en avait des jeunes et des vieux, ah que d’aimables sensations!

(Voir la  BD « didactique et ludique » Sur la piste du chasselas, parue en 2022.)

Le lendemain, c’est par une messe oecuménique, menée par un abbé et un pasteur  dans le petit temple de Russin, que commença la journée. Une formation malgache, SOGA (SOisa-GAsy) l’anima de ses chants.

Elle fut suivie d’une réception dans une ferme viticole du village.

la vue depuis la ferme

Avec les édiles du canton

et les éleveurs descendus de la montagne,

on put s’y restaurer et approfondir sa connaissance des crus du canton de Genève.

Ce récipient portant une maxime latine a un cousin germain.

Enfin vint l’heure du défilé, avec ses musiciens, tracteurs, costumes d’antan, et vignerons servant à boire encore et encore avec en toile de fond le Chant de l’Académie du Cep.

Il fallait bien un vin d’honneur dans la cour de la mairie pour conclure cette folle journée. On y but un dernier(?) verre. Mais Genève n’est qu’à 15 minutes de train.

Amis de Genève, Russin, Satigny et de tous les cantons helvétiques : à bientôt !

Au village international de la gastronomie

Cela fait déjà quelques années que ce village de tentes, dédié à la cuisine populaire du monde entier, se tient sur le quai Jacques Chirac au pied e la Tour Eiffel, entre pont d’Iéna et passerelle Debilly.

Les confréries de France y étaient conviées, et ce sont près d’une trentaine qui ont fait le déplacement, qui pour promouvoir son fromage (de Meaux), son pâté (de Saint-Prest), ses coquilles Saint-Jacques (pêchées en Côte d’Armor), son andouillette de Cambrai … voire son musée du vin, celui des Echansons de France sis à Passy Paris 16ème.

Un diplôme d’honneur a été remis à chacune d’entre elles.

Daniel Fréry, conservateur de musée du vin, recevant le diplôme d’honneur de la FCRF au nom du Conseil des Echansons de France

Voir la relation de l’événement sur le site de la FCRF .

Le stand de la FCRF était particulièrement bien situé, à touche-touche avec ceux des cuisiniers, notamment les disciples d’Escoffier très présents, qu’il fallait voir s’activer à leurs préparations avant d’en goûter les délices : brochettes épicées de viande, jarret de boeuf sur son lit de poireaux et son crumble de parmesan, poulet aux champignons ou à l’indonésienne, langouste moelleuse, melon rôti, recettes de la mère Brazier…

On pouvait aussi goûter sur le stand lyonnais, particulièrement accueillant, les savoureux chardonnay et pinot noir appellation Dijon de Manuel Olivier

Les costumes de confrérie pesaient lourd sous le soleil estival, avec un thermomètre proche de 35°C. Dans la partie internationale, certains stands ont fait preuve d’hospitalité envers les consoeurs et confrères déshydratés, et d’abord celui du Portugal, avec son Porto de la Quinta Pacheca.

Nous avons été heureux de goûter aussi quelques crus roumains, arméniens,

et espagnols de Teruel avec cette Garnacha 2017

Mais la palme revient aux africaines du Congo (qui nous ont fait découvrir le mikaté, sorte de beignet), du Gabon et de Tanzanie où l’on pouvait déguster un fameux cocktail (au choix avec ou sans alcool.)

Les nourritures intellectuelles ont complété ces festivités avec la passionnante conférence de Philippe Faure-Brac, ( dont on ne dira jamais assez qu’il fut le meilleur sommelier du monde en 1992), sur les métiers de la sommellerie (il fut longtemps le président de l’Union de la Sommellerie Française). Il s’est largement étendu sur l’histoire de ce métier et du vin. On apprit ainsi comment le sommelier, au Moyen-Age garçon d’écurie chargé des bêtes de somme, est devenu l’officier chargé de la cave et de la dégustation avant le service, puis le conseiller du client, de plus en plus requis en restauration.

A Borgomaro

En route pour la Slovénie, depuis la Provence, en passant par l’Italie, on a toutes les chances de rater Borgomaro, ce petit village de Ligurie, posé dans les collines au-dessus d’Imperia, dans une région de production d’huile d’olive, près de la côte donc, mais suffisamment éloigné pour qu’on n’y aille pas par hasard. Ce serait dommage. Outre que le site est joli, il s’y trouve, au bord d’une rivière encaissée, une étonnante Osteria : Censin da Bea.

Ici, pas de menu, on s’installe simplement et le service s’affaire.

Le vin blanc du pays (légèrement frizzante) et rouge en carafe est proposé à volonté, et la ronde des antipasti commence :
olives, saucissons sec et piquant, tomates confites, champignons marinés, fromages sont servis sur une planche

Puis viennent, successivement :
la tranche de melon et son prosciutto,
la tranche d’espadon mariné,
la bruschetta (croutons) et ses pomodore,
la tarte chaude aux légumes,

les beignets de poisson,
la salade de tomates,
la salade russe,
les aubergines grillées

Changement d’assiettes, voilà les plats chauds :
poivrons à la crème d’anchois,
raviolis parfumés à l’origan,
gnocchis accommodés de seiche,
cabriole en sauce,
truite poêlée
et enfin les escargots en sauce vineuse.

(On espère n’avoir rien oublié)
Les desserts (tiramisu, etc.) sont proposés au choix, avec des meringues aux noisettes

On ne partira pas sans dire la prière du vin

et sans trinquer au limoncello avec Marco, le patron,

pour qui l’alcool n’est pas un problème.

Inflation oblige, le prix n’est plus de XXX, mais de XXXV euro. Qui dit mieux ?

Etonnant, non ?

Au Palais Royal de l’Ile de la Cité

Ce qui fut jusqu’au 14ème siècle sur l’Ile de la Cité la résidence des rois de France héberge depuis ces temps anciens les institutions de justice.

Son architecture a été largement remaniée depuis, mais il en reste la Conciergerie (qui fut prison sous la Révolution), la cuisine et la salle des gens d’armes où l’on pouvait voir récemment une exposition sur la gastronomie française.

Le clou en était le menu du déjeuner offert, en l’honneur de l’empereur de Bohême Charles IV et de son fils Wenceslas (dit l’Ivrogne) par le roi Charles V le Sage en janvier 1378.

Ce n’est pas encore Versailles, mais déjà bien appétissant. Ci-dessous une enluminure de ce banquet

Hélas rien n’est dit sur les vins servis à cette occasion. Il y en avait pourtant !

Voici un ouvrage intéressant pour qui voudrait en savoir plus : Les menus des repas du séjour parisien de Charles IV (janvier 1378).

Cette représentation du terroir d’Ile de France est très instructive.

On y note y quelques alcools, mais quid des vins ?
On y retrouve notre poule de Houdan, les asperges d’Argenteuil, nos glorieux Brie de Meaux et de Melun, le Chasselas de Thomery…
Mais plus de petits pois à Clamart, et le Claquesin a émigré de Malakoff à Provins.
Voici encore quelques images glanées dans l’exposition, qui nous ramènent aux 19ème et 20ème siècles : couples au restaurant, dîners fins, à l’issue duquel l’homme attend son heure

ou se fait pressant

Autre ambiance dans un bouillon parisien

De quand date cette photo du personnel d’un bistrot : début des années 20?

Et la Tour Eiffel toujours associée au vin (ici le Champagne)

Finissons avec ce remarquable petit meuble en pâte de pain, commandé par Salvador Dali à Lionel Poilâne, en haut duquel on distingue pampres, feuilles de vigne et grappes de raisin.

Etonnant, non ?

Avec les francs-mâchonnes et francs-mâchons à Montmartre

Officiellement, ce sont quatorze associations (*) qui se sont donné le mot pour organiser ce mâchon de rentrée le lundi 12 septembre à la Bonne Franquette, adresse réputée de la Butte.

aimer, manger, boire et chanter : la devise de la bonne franquette

Il s’agissait une fois de plus de célébrer la parution de « J’aime la saucisse« , d’Emilie Greenberg, « plus qu’un livre de cuisine, un mode de vie ! »

Nombreux étions nous à nous être levés tôt pour nous retrouver à l’heure où d’autres prennent leur petit déjeuner, un verre de Sauvignon blanc frappé ou de merlot lyonnais à la main,

prêts à trinquer avec le têtes connues et inconnues, non sans avoir échangé un rapide « ça va ?« , et à faire honneur aux charcutailles proposées à foison : mortadelle de Bologne, rosette à l’ancienne de Colette Sibilia, pâté basque, spianata piccante (pas tant que ça) de Calabre, andouille…

Chez les franc-mâchonnes on ne garde pas son drapeau dans sa poche

A table, ce sont, arrosées de beaujolais rouge et blanc, quatre recettes de saucisse qui furent proposées : Francfort et Strasbourg en choucroute, végétale aux spaghettis, Toulouse aux pochas (= haricots, sortes de coco), et montbéliarde aux lentilles cuite au gène (= marc de raisin en pays beaujolais) de Brouilly.

L’intronisation de l’héroïne du jour Emilie Greenberg, autrice de Vive la saucisse, dans la confrérie des compagnons du Beaujolais fut largement applaudie.

De même que Charlie, venu avec sa guitare chanter « les copains d’abord » , « le petit vin blanc » et bien d’autres airs festifs.

Est-ce l’effet des boissons ingurgitées ? Nous avons fait en sortant une drôle de rencontre dans les rues avoisinantes…

Merci à tous, organisateurs, restaurateurs, vignerons, participants pour cette belle fête.

(*) liste des organisations participantes :

Le devoir parisien des compagnons du Beaujolais
La confrérie de Saint-Juliénas des Prés
L’association des bistrots et cafés de France
La sélection de Montmartre des Beaujolais
La commune libre de Montmartre
L’Académie Rabelais
La commanderie du clos Montmartre
Le clos des Arènes de Lutèce (200 pieds de vigne y ont été replantés)
Le clos de la Doyenne
L’Amicale du Gras (fondée en 2014)
Les joyeux mâchonneurs du Vaudésir
Le club de la saucisse libre
L’Amicale du sauciflard (désigne chaque année le meilleur saucisson de France)
Les Vegans dépressifs !!!

retour en Slovénie

On se souvient de ce petit pays de l’ex-Yougoslavie, entouré de montagnes et planté de vignes. Nous l’avons parcouru en 2016. Des circonstances favorables nous y ont ramenés.

Nous avons retrouvé Ljubliana et son charme austro-hongrois. Nous y avons été accueillis par Janesz, un membre de la ZDRUZENJE SLOVENSKEGA REDA VITEZOV VINA (l’Association de l’Ordre slovène des chevaliers du vin), grand amateur de vin bien sûr. Il est Vice-Président de la FICB (Fédération Internationale des confréries bachiques). Il nous a fait déguster un pinot noir domaine Jamešk de la vipavska dolina, vallée à l’ouest de la Slovénie jouxtant l’Italie où sont les meilleurs crus ;

Janesz nous présente aussi son ami Marin Berovič, un homme aux multiples talents : professeur d’université en biotechnologie, membre de jurys internationaux de dégustation, peintre, guide touristique… ; Marin est aussi Ambassadeur de sa Confrérie, le « Consulat de Slovénie de l’Ordo Equestris Vini Europae », où il nous accueillera le lendemain pour participer à un chapitre exceptionnel.

tableau de Marin Berovič, vignobles prés de la frontière italienne

Avant de rallier Celje, nous sommes entraînés au château qui domine la ville. Là nous rencontrons Milan Podgačnik, grand-maître (Ambassador) de la ZDRUZENJE SLOVENSKEGA REDA VITEZOV VINA, qui nous a invité à déjeuner. Docteur vétérinaire de formation, il été ministre de l’agriculture et promeut tant qu’il le peut les vins de son pays !

Le chemin de la gare passe par les jardins de la maison des écrivains, où se tenait un salon des vins effervescents (penečih vin). Nous en avons bu d’excellents, comme celui de Mika ou d’Anna…

A l’arrivée en soirée à Celje, à une heure de route, c’est Tomislav, Senator du Consulat Slovène de l’OEVE, qui nous accueille et nous remet un carton de pinot gris, des fois que nous aurions une petite soif.

Tomislav Kovačič inaugurant la journée

Le lendemain samedi, rassemblement des « légatures » venues de toute la Slovénie, ainsi que des délégations d’Autriche, de Croatie, de Slovaquie, d’Italie… qui vont défiler au son de l’harmonie jusqu’à l’église abbatiale Saint Daniel, lieu de la cérémonie.

Nous y rencontrons le Professeur Julij Nemanič, universitaire, longtemps représentant de son pays à l’OIV, qui va y recevoir le diplôme d’honneur de la FICB.

remise du diplôme d’honneur de la FICB à Julij Nemanič

Nous assistons aux intronisations de dizaines d’impétrants

et sommes charmés par le concert donné par deux harpistes.

C’est au Celjski Dom que sera servi le déjeuner attendu par tous. Mais il faudra auparavant boire le verre de la fraternité

avec les chanteurs du groupe Erosi

qui régalent le public de chants slovènes traditionnels, dont certains titres sont évocateurs.

 Dvigni zlato kupico

En starček je živel (un vieil homme vivait dans un vignoble de montagne…)

En hribček bom kupil (je vais acheter une colline pour y planter des vignes…)

Kolkor kapljic tolko let

Le pij, le pij (bois, bois et verse encore…)

Mi Slovenci vinca ne prodamo (nous les slovènes ne vendons pas de vin, parce que nous savons bien boire. On se réunit, on est de bonne humeur, et on chante gaiement.)

Ta glažek je prazen (ce verre est vide, on rentre à la maison)

Le repas gastronomique fut servi avec les vins ad hoc. On s’en convaincra en découvrant le menu

Ce déjeuner bien arrosé commencé vers 15h se termina vers 18h. Rentré à l’hôtel, le Professeur Sénateur Karl (historien officiant à Klagenfurt) nous a convaincu de partager une bouteille de ce pinot gris dont on a parlé plus haut.

Ce qui fut fait !

Terminons cette visite éclair en Slovénie avec quelques belles pièces découvertes dans les musées et échoppes.

L’ancien manoir des comtes de Celje qui abrite une partie des collections du musée régional est fameux pour son plafond (Celjski strop), représentant des scènes de vendanges repérées lors d’un précédent séjour.

Nous y avons cette fois-ci trouvé cette scène d’auteur inconnu représentant Bacchus en bonne compagnie.

Et voici un buveur, lui aussi d’auteur inconnu, du 17ème siècle (ces tableaux auraient été récupérés par les partisans à l’issue de la dernière guerre).

Ce jeton circulaire fait partie d’une série de 12 tous différents et représente un jeune homme buvant au tonneau ; il ne mesure que quelques centimètres de diamètre.

et voici quelques chopes et verres.

Ce n’est pas les mains vides, mais avec ce précieux rouge mousseux, offert par un grand amateur, issu de vignes de la région karstique au-dessus de Trieste, et élevé 10 ans sur lies,

chateau intanto

et avec le désir sincère d’y retourner, que nous quittons cette terre de vin et de miel.

tableau de marin berovič, qui prépare un séjour-découverte des vignes et des vins de Slovénie pour 2023
élément de ruche, une tradition slovène

Avec les Francs Mâchons

Connaissez-vous les Francs Mâchons ? C’est une Société philanthropique pour la défense et l’encouragement de la tradition du mâchon, une tradition lyonnaise de repas chaud pris tôt le matin.

Nous y étions conviés par l’ami Gérard : Rendez-vous à 9h rue du Four, au Parisien, où des tables dressées sur le trottoir nous attendaient. Nous y avons retrouvé aussi l’ami Olivier, animateur de la section parisienne, ainsi que quelques têtes connues du Devoir Parisien du Beaujolais parmi une vingtaine d’autres francs mâchons.


Il faisait grand beau, point trop chaud, et l’on pouvait se rafraichir d’emblée avec un Hautes-Côtes de Beaune blanc proposé par un viticulteur bourguignon.

Après les charcuteries, on nous présenta un os a moelle accompagné d’une tête de veau gribiche, puis une poitrine de veau farcie.

Des magnums de chiroubles, venus en nombre, comblaient sans cesse les verres et les gosiers.

Et l’on finit en musique avec Maxime Andrieu…

Merci aux organisateurs pour cette belle matinée, et la démonstration qu’un repas matutinal peut remplir la panse toute une journée !