Cette année, c’est avec la reine Elizabeth, tragiquement disparue en septembre dernier, alors que les vendanges allaient bon train dans cette Champagne qu’elle affectionnait, que le Bon Clos adresse ses meilleurs voeux à ses lecteurs.
Avec elle trinquons ! Certes, les temps sont difficiles. La guerre fait ses ravages, la corne d’abondance sonne creux. Mais le jour se lève, il faut tenter de vivre.
En ces temps de fêtes, faisons notre la devise de la Confraria Oenogastronomica deMadeira :
» Comer e Beber e divinal ! »
Et revenons sur l’année écoulée, où nous avons pu
déguster le canelazo, ce grog équatorien célébré par une entrainante chanson,
Voici revenu au Carrousel du Louvre ce salon commercial où se croisent artistes du monde entier, oeuvres bling bling et parfois des petits joyaux. Du vertige de parcourir les milliers d’oeuvres exposées émergent quelques unes qui nous touchent.
Voici un « verre à moitié plein », de l’italienne Arianna Pignatelli, également tatoueuse de talent, dont on a pu retrouver aussi une version en cours d’élaboration.
L’américaine Brittany Faning, qui a longtemps vécu en Corée, pointe la coexistence du plaisir et du danger avec ce « Pinot Gris et volcan »
Pinot Grigio and a volcano
et ce jeu avec un alligator
poking the alligator détail
Le coréen Youngil Hwang , avec sa série « waiting for myself » interroge notre espèce où chacun est confronté à ses choix de vie. Tous ses personnages portent un coeur sur l’oeil gauche.
La roumaine Smagdan (Magdalena Stanescu) a fait alliance avec le Clos de la Bierle, un domaine du Bugey qui produit un fameux « Frizant » de Cerdon du Bugey, médaillé plusieurs fois et sacré « meilleur vin du monde » ( Il fut même servi en 2014 au Président Xi lors d’un dîner de gala à l’hôtel de ville de Lyon).
Tout un stand à la gloire de ce rosé de Gamay pétillant !
Officiellement, ce sont quatorze associations (*) qui se sont donné le mot pour organiser ce mâchon de rentrée le lundi 12 septembre à la Bonne Franquette, adresse réputée de la Butte.
aimer, manger, boire et chanter : la devise de la bonne franquette
Il s’agissait une fois de plus de célébrer la parution de « J’aime la saucisse« , d’Emilie Greenberg, « plus qu’un livre de cuisine, un mode de vie ! »
Nombreux étions nous à nous être levés tôt pour nous retrouver à l’heure où d’autres prennent leur petit déjeuner, un verre de Sauvignon blanc frappé ou de merlot lyonnais à la main,
prêts à trinquer avec le têtes connues et inconnues, non sans avoir échangé un rapide « ça va ?« , et à faire honneur aux charcutailles proposées à foison : mortadelle de Bologne, rosette à l’ancienne de Colette Sibilia, pâté basque, spianata piccante (pas tant que ça) de Calabre, andouille…
Chez les franc-mâchonnes on ne garde pas son drapeau dans sa poche
A table, ce sont, arrosées de beaujolais rouge et blanc, quatre recettes de saucisse qui furent proposées : Francfort et Strasbourg en choucroute, végétale aux spaghettis, Toulouse aux pochas (= haricots, sortes de coco), et montbéliarde aux lentilles cuite au gène (= marc de raisin en pays beaujolais) de Brouilly.
L’intronisation de l’héroïne du jour Emilie Greenberg, autrice de Vive la saucisse, dans la confrérie des compagnons du Beaujolais fut largement applaudie.
De même que Charlie, venu avec sa guitare chanter « les copains d’abord » , « le petit vin blanc » et bien d’autres airs festifs.
Est-ce l’effet des boissons ingurgitées ? Nous avons fait en sortant une drôle de rencontre dans les rues avoisinantes…
Merci à tous, organisateurs, restaurateurs, vignerons, participants pour cette belle fête.
(*) liste des organisations participantes :
Le devoir parisien des compagnons du Beaujolais La confrérie de Saint-Juliénas des Prés L’association des bistrots et cafés de France La sélection de Montmartre des Beaujolais La commune libre de Montmartre L’Académie Rabelais La commanderie du clos Montmartre Le clos des Arènes de Lutèce (200 pieds de vigne y ont été replantés) Le clos de la Doyenne L’Amicale du Gras (fondée en 2014) Les joyeux mâchonneurs du Vaudésir Le club de la saucisse libre L’Amicale du sauciflard (désigne chaque année le meilleur saucisson de France) Les Vegans dépressifs !!!
C’est ainsi que traditionnellement s’exclamait toute la tablée lorsque l’on tirait les rois et qu’apparaissait la fève.
La reine boit, Ecole hollandaise du 17ème, d’après Anthonie Palamedes (1601- 1673)
La Nuit des Rois, c’est à dire the Twelfth Night (après Noël), la reine Elizabeth , gardienne des traditions, n’y dérogeait sans doute pas.
aquarelle de M. de Parys, parue dans le Soleil du dimanche du 17 janvier 1892
Le « bon clos » s’associe au deuil qui frappe le Royaume Uni et tous les territoires lointains dont Sa Majesté Elizabeth II était la reine. Sa longévité, ses incroyables chapeaux et tenues chic quoiqu’improbables, son humour réputé, sa résilience lors de l’ annus horribilis, et last but not least, son addiction au champagne et au bon vin,
1984
tout cela ne pouvait qu’engendrer une solide sympathie.
On a rapporté que son régime quotidien commençait par un gin/Dubonnet juste avant le déjeuner, qu’elle prenait avec un verre de vin ; un dry martini suivait dans l’après-midi, et la soirée ne se terminait pas sans un verre de champagne.
Mais il faut aussi prendre en considération ses obligations mondaines où trinquer était un « must ».
Proche du peuple, Elizabeth ne dédaignait pas une bonne bière…
Peut-on imputer à ce régime sa longévité ? C’est toute la question, mais sans aller chercher des explications scientifiques, on comprendra qu’il était en tout cas bon pour le moral.
Revoici cette petite merveille de maître Jacques, (vue il y a quelques lustres au théâtre Marsoulan), mis en scène par le nivernais Théâtre du Temps pluriel, pour quelques semaines au festival off d’Avignon, au théâtre Girasole, tous les soirs (sauf les lundis) à 21h15 jusqu’au 30 juillet.
Le 9 juillet, c’était la première, et, vu de la salle, tout s’est passé à merveille. On a pu réentendre l’air du gril, bien sûr, et l’air à boire, un des plus beaux d’Offenbach : Ah ! versez, versez, versez encore ! Allez, allez jusqu’au bord…
L’histoire, s’il faut la résumer, c’est le huis clos amoureux d’un bellâtre (Franck Vincent), oncle d’un freluquet (Joris Conquet) qu’il a obligé à mettre fin à son amourette avec Pomme d’Api (étonnante et puissante Alice Fagard), laquelle, éplorée mais endurcie par l’épreuve, est envoyée comme bonne par le Pôle emploi de l’époque. On imagine la suite…
On ne reprochera pas au metteur en scène Olivier Broda d’avoir truffé le spectacle de gags et d’extraits d’air de griserie (la Périchole, le baron de la Vie Parisienne), c’est la coutume et la licence artistique permise, et il faut bien aller chercher les petites cuillers ! Mais quid du poème en allemand dit par Catherine ?
La réponse est arrivée : c’est le Wünschelrute de Eichendorff, clin d’oeil au Maître de la germaniste Alice
On n’omettra pas non plus de saluer la pianiste et directrice musicale Delphine Dussaux qui met aussi la main à la pâte… de la farce.
Merci à tous pour cette belle prestation !
Et en attendant des videos du spectacle, voici quelques airs sympathiques de productions plus anciennes.
Juin à Bordeaux, c’est tous les deux ans, depuis 1998, les fêtes du vin, du 23 au 26 juin cette année. Les quais, où de vieux gréements sont amarrés, sont investis par des stands où l’on peut déguster des vins de toute la « Nouvelle-Aquitaine ». Les Médoc, Graves-Sauternes, et Saint-Emilion-Pomerol sont bien sûr les plus courus ; il vaut mieux anticiper et venir dès le jeudi, muni d’une carte (et d’un verre de dégustation remis avec), donnant droit à onze « shots » de 6 cl. Et ce sont aussi des expositions en ville, et à l’incontournable Cité du Vin avec Picasso et l’effervescence des formes (jusqu’au 28 août) .
Sur les quais, une grande carte du vignoble a été livrée au public, le résultat sera-t-il mis aux enchères ?
Pour déguster on n’a que l’embarras du choix…
Les discussions vont bon train entre dégustateurs/rices.
Entre deux dégustations on peut utiliser les jeux mis à la disposition du public
jeu des tonneletsjeu du tir-bouchon
ou suivre des cours de dégustation
puis mettre son savoir à l’épreuve en répondant au Quiz
L’association pour l’information et la prévention de l’alcoolisation festive (APIPAF) prodigue ses conseils et propose un test à qui veut
Les grilles du Jardin Public présentent les gestes du vin
Et la Cité du Vin nous offre une exposition de photos de viticulteurs,
où l’on découvre aussi la Connétablie de Guyenne, confrérie fondée en 1952, qui défend les vins « des Côtes et des Graves »dans leurs différentes appellations comme ici Blaye.
Venons-en à l’exposition l’Effervescence des formes,
que l’on parcourra sans pouvoir échapper aux accents obsédants et très olé-olé de la Matchiche, cette danse nouvelle de 1906.
Mais c’est une autre danse que cette scène (« répétition de jota« , aquarelle et encre, 1903) représente,
où l’on voit (en haut à droite) un « porro » catalan et comment s’en servir.
Mais il y aura plus tard d’autres pichets pour boire, comme ces pièces de céramiques produites dans les années 40-50…
Ce couple de buveurs devant une bouteille a été crayonné vers 1899-1900.
L’ami Juan Gris vivait en ce temps-là de dessins humoristiques publiés dans des gazettes comme l’Assiette au Beurre ou Frou-Frou (à laquelle collaborait aussi Picasso). En voici quelques uns.
le jour de l’an des cheminots révoqués (Charivari, 1911) (« Dire que Jaurès, lui, bouffe de la dinde et boit du champagne! ») paru aussi dans l’Indiscret en 1912 (« Sûr que ça ne vaut pas l’ordinaire de l’Elysée !« )
Sur cette eau-forte de 1934, on retrouve le trait magistral du Maître illustrant le thème antique de la fraternité des buveurs
C’est l’époque aussi oui Leonetto Cappiello (que les lecteurs du bon clos ont déjà rencontré) brille dans la publicité
Cette eau-forte de Picasso, un émouvant « repas frugal », date de 1904. « Le vin des pauvres, chez Picasso, n’est pas avilissement. Il est revanche sur l’existence », dit le commentaire.
Honneur au vin dans cette nature morte de 1923
Ce curieux bricolage en bois est intitulé « bouteille d’anis del Mono et compotier avec grappe de raisin ». Il date de 1915.
En 1914, le cubisme est bien loin avec ces verres et bouteilles pour la fête d’Avignon
En 1949, l’humanité progressiste fête les 70 ans du petit père des peuples. Picasso s’exécute à sa façon.
Le poète catalan Jaime Sabartes fut à partir des années 30 le secrétaire du Maître , qui le charge ici pour son amour du vin.
feutre sur papier, 1959
En 1933 Picasso dessine ce Minotaure tenant une coupe et une amante. La vie est belle, semble-t-il nous dire.
Ce thème inspire le Maître. Voici une autre scène bachique (carrément orgiaque) de la même époque.
Celle-ci est un peu plus sage…
Minotaure buvant et femmes
Vingt ans après (décembre 1956), voici un carreau de céramique représentant Silène buvant (au porro ?) auprès d’un jeune homme qui tient une coupe. Le trait est fin. Du grand art !
Vers la fin de sa vie (années 1969-73), c’est la frénésie créatrice où revient le thème du couple, semblant « lever une coupe éternelle en direction du spectateur »…
C’est le titre du dernier ouvrage de Daniel Picouly, qui vient de se voir remettre le prix de l’Académie Rabelais aux Noces de Jeannette.
On connait l’homme, sa faconde, sa tchache, son écriture orale, sa sincérité. Il le dit tout net : je suis un escroc, je ne connais pas grand chose au vin ! Et pourtant on l’a accueilli chez les chevaliers du tastevin, au Clos Vougeot, et à la Commanderie des vins des côtes du Rhône à Sablet !
Alors il a cherché dans sa famille, sa bio ; et il en trouvé des traces de vin sur son chemin.
Ca commence par une tache de vin à la naissance, et par les 4 gouttes de champagne administrées derrière les oreilles, les 4 gouttes du bonheur, et les bouteilles envoyées par son parrain à chaque anniversaire. Le litron mis à rafraichir dans la rivière pour attirer les poissons. Sa première cuite (« pompette ») à 10 ans, son cahier d’étiquettes… Sa rencontre avec un clochard à chapka et sa bouteille emmaillotée, son expérience de commis de bar à Orly, servant des baquets au prix du ballon, et la « p’tite côte sans faux-col » de son p’pa. On fait connaissance de toute la famille, papa, m’am, grande soeur, petite soeur (il est le 11ème de 13 enfants), et cerise sur le gâteau, Marie, sa fille chérie, est dans l’assistance (ci-dessous tout à gauche) !
On revoit avec lui la coupe du monde de foot 1958 en Suède où il faut « boire avant de perdre », on assiste aussi au sauvetage improbable de Marie Antoinette par les vins du Postillon, pour le retrouver à plus de 40 ans avec « une gueule de vendange tardive ». On retiendra aussi qu' »un navire qui n’a pas goûté le vin goûtera le sang ! »
(Et on apprend aussi au passage que Claude Villers, le génial animateur du tribunal des flagrants délires et d bien d’autres émissions radiophoniques, avait été catcheur sous le nom de l‘homme au masque de soie.)
Merci aussi à lui de nous remémorer le numéro de Louis de Funès dans l’Aile ou la Cuisse »
Bref Daniel Picouly n’a pas démérité et a pu recevoir son prix sans rougir.
Il ne s’est pas fait prier pour écouler la marchandise,
avec succès !
Quant à l’Académie Rabelais, tous les présents conviendront qu’elle a bien fait les choses ! Merci !
excellent bordeaux blanc
Et on ne montre pas tout !
On conclut avec quelques trouvailles vues dans les salons des Noces, troisième mi-temps de l’Opéra-Comique voisin…
C’est un conte drolatique, Vert Vert oules voyages du perroquet de la visitation de Nevers, poème héroïque publié en 1734 par Jean-Baptiste Gresset, dont le héros est un perroquet. Il fit grand bruit à l’époque, et eut une nombreuse descendance au théâtre, à l’opéra-comique mais aussi en peinture, et jusque dans des performances et expositions d’art contemporain (on parlera en fin d’article d’ Oral Texte)..
C’est l’opéra-comique d’Offenbach monté en 1869 qui nous intéresse ici, car il recèle un sympathique air à boire…
Mais racontons d’abord l’histoire : Vert Vert, perroquet ramené d’Amérique, est la mascotte d’un couvent de Visitandines à Nevers, tant il est prolixe en prières et paroles d’Evangile. Il parle latin!
Mais, requis par un autre couvent, à Nantes, il est embarqué sur un bateau qui descend la Loire. Durant le long voyage, aux côtés de « deux nymphes, trois dragons, une nourrice, un moine, deux gascons », c’est à un tout autre langage qu’il est confronté :
car, les dragons, race assez peu dévote, ne parloient là que langue de gargotte ; charmant au mieux les ennuis du chemin, ils ne fêtoient que le patron du vin ; puis les gascons et les trois peronelles y concertoient sur des tons de ruelles : de leur côté, les bateliers juroient, rimoient en Dieu, blasphémoient et sacroient.
On imagine la suite : Vert perd son latin et ne fait que jurer, grand scandale au couvent ; on le renvoie à Nevers, où on l’attend pour le juger. Le voilà encagé, privé de tout. Le châtiment fait son effet :
Couvert de honte, instruit par l’infortune… …l’oiseau contrit se reconnut enfin : il oublia les dragons et le moine ; et pleinement remis à l’unisson avec nos sœurs, pour l’air et pour le ton, il redevint plus dévot qu’un chanoine.
Las. Le retour à la vie de plaisirs va lui être fatale :
Du sein des maux d’une longue diette, passant trop-tôt dans des flots de douceurs, bourré de sucre, et brûlé de liqueurs, Ver-Vert, tombant sur un tas de dragées, en noirs cyprès vit ses roses changées.
Vert Vert meurt, et c’est là qu’Offenbach a choisi de faire commencer son histoire.
Son Vert Vert est un jeune homme, neveu de la directrice du couvent où vient de mourir le perroquet. Peut-être sa réincarnation ? On ne racontera pas l’argument en détail, il suffit de savoir qu’il y a des amoureux, des couples qui veulent se retrouver, et comme dit la RTBF, « on y retrouve des personnages truculents et des quiproquos dans une ambiance très vaudevillesque. »
On se retrouve ainsi à la fin du 2ème acte (scène 14) dans une auberge où l’on va découvrir les talents vocaux de Vert Vert, requis par Corilla la chanteuse de remplacer au pied levé un chanteur défaillant.
Allons ! du vin partout et des chansons légères ! Et ceux qui le voudront pourront casser leurs verres ! Au diable les belles manières, Avec nous, Avec eux, jamais de façons !
Amusons-nous, gais compagnons, A la dragonne, entre dragons ! Buvons ! chantons !
Et pif ! et paf ! et versez donc, Madame l’hôtelière ! Vos deux mains sont-elles de plomb ? Vous ne les levez guère. Si la bouteille que voilà ! Est trop lourde, ma chère, Donnez ! chacun se chargera De la rendre légère !
vient la Chanson
VERT-VERT.
Quand du flacon en flots d’or il s’échappe Comme un reflet du chaud soleil, Dont les rayons ont fait mûrir la grappe, Que j’aime à voir ce vin vermeil. Je bois à vous, ma belle dame !
LA CORILLA. Beau cavalier ! je bois à vous.
VERT-VERT. Le présent enivre mon âme !
LA CORILLA. Et l’avenir sera plus doux !…
ENSEMBLE. Versez ! amis ! versez ! toujours ! Ce vin béni par les amours !…
LA CORILLA. Tout en chantant l’amour et la jeunesse Buvons ce vin qui vient de loin. Et de chasser l’importune tristesse, Gaîment remettons-lui le soin !
VERT-VERT. Je bois à vous, ma belle dame !
LA CORILLA. Beau cavalier ! je bois à vous !
VERT-VERT. Le présent enivre mon âme,
LA CORILLA. Et l’avenir sera plus doux !
ENSEMBLE. Versez ! amis ! Versez, toujours. Ce vin béni par les amours.
Etc.
Signalons le CD d’ Opera Rara selon l’édition de J.C.Keck
Concluons en signalant que les amateurs d’art contemporain ont jusqu’au 23 juillet 2022 pour visiter l’exposition Oral Texte à la Fondation Pernod Ricard , qui propose de revenir sur les origines du langage articulé avec les propositions d’une douzaine d’artistes comme Angélique Buisson qui s’est inspirée du conte de Vert Vert.
Il est un petit village de Provence où le 1er juin de chaque année on honore Saint-Marcellin en faisant bénir une bouteille dans la chapelle qui lui est vouée. Le vin qu’elle contient sera réputé un élixir de santé pour qui en boira.
On se rassemble sur la grand-place entre église et mairie.
La municipalité offre généreusement une bouteille de vin local à qui veut. On peut aussi apporter la sienne !
A l’heure dite la procession, porteuse d’une statue du saint et accompagnée par un orchestre de tambours, fifres et cornemuses, se dirige vers La Chapelle située à quelques centaines de mètres.
Seuls les hommes y entreront, ainsi que le veut la tradition, ce qui ne semble indisposer personne. Encore que… il y en ait qui manquent un peu d’humour et de discernement.
A l’intérieur, le prêtre narre l’épisode des noces de Cana en Provençal que l’on se surprend à comprendre tant on en connait l’histoire.
Auprès de lui, deux ecclésiastiques vénézuéliens : Mgr Jose Manuel Romero Barrios, évêque d’El Tigre, venu accompagner le père Joan qui va être installé à Tarascon où l’espère une communauté latine.
On chante avec enthousiasme le « cantico à Sant-Marcelin » :
1. Bourbounen canten un cantico/ A l’ounour de Sant Marcelin Bèu martir de la glèiso antico/ E patron de l’ago et dóu vin
Refrain : O bèu Sant, per pieta regards / Sus Bourboun et sus si terren ; Nosti vigno tèn lei gaiardo / De tout tèms te festejaren.
… (7 couplets)
On chante aussi « Prouvencau et catouli », l’incontournable « Coup Santo« , et sur le même air :
« A Sant Marcelin » où l’on demande au bon saint :
Beniras nosti boutiho / Tu que siès tant pouderous Sauvaras nosti famiho / Em’aqueu vin generous
Après les chants et la bénédiction, chacun débouche sa bouteille et la porte à ses lèvres.
On rejoint alors le village pour danser et festoyer !
Vive Boulbon !
Voici une video ancienne (1967) trouvée sur le site de l’INA
Au coeur du Marais le musée Cognacq-Jay est, comme le musée Magnin récemment visité à Dijon, un musée de collectionneur. En ce moment on peut y voir une exposition sur J.L. Boilly, ce peintre nordiste qui au tournant du 18ème au 19ème siècle, sut si bien représenter ses contemporains et la société parisienne.
Boilly adorait se représenter lui -même. Un joyeux drille dirait-on.
Il ne devait pas rigoler comme ça lorsqu‘il fut poursuivi par le Comité de Salut Public en 1794 pour obscénité, ne devant pour le coup son salut qu’à la visite de son atelier où s’affichait un Triomphe de Marat.
Le voici après son souper dans sa salle à manger.
Voici maintenant l’intérieur d’un cabaret.
La distribution de vins et comestibles aux Champs Elysées en 1822 est une grande toile, l’occasion de décrire le peuple de Paris dans sa diversité.
Les détails truculents se passent de commentaires.
C’était une tradition de l’Ancien Régime de régaler ainsi le peuple lors de la célébration de grands événements,( voir « une pinte de vin ou une poignée de mains« ), que s’est-il passé en 1822 ?
Portraitiste, Boilly était aussi graveur, voici quelques spécimens, comme la félicité parfaite…
et les réjouissances publiques (le retour des distributions, 1826)
Et voici une grappe de raisin. Ce joyeux drille, expert en trompe-l’oeil, était un grand artiste.
Pas moyen de quitter l’hôtel Donon, hôtel particulier du 16ème siècle où est hébergé le musée, sans aviser quelques terres cuites comme cette bacchante courant, de Clodion (1803-4), cette Cybèle « la mère de tout », de J-Ch.Morin, et ce buste de faune de Lemire (1785)