Le centre d’art Albert Chanot de Clamart accueille depuis le 7 mars et jusqu’au 13 avril cinq artistes clamartois, qui jouent donc … à domicile. C’est la deuxième saison de ce rendez-vous avec des artistes clamartois.
Les oeuvres de notre ami Jean Dessirier occupaient une place de choix, nous y avons retrouvé ce faune,
attiré peut-être par la bacchanale qui se jouait dans la pièce attenante.
Elle est l’oeuvre de Guillaume-André Morinet, qui s’est inspiré des oeuvres de Nicolas Poussin, comme leTriomphe de Pan. Qu’on en juge :
L’artiste clamartois utilise le carton pour supporter ses oeuvres, ce qui permet notamment des effets de volume, « avec des personnages au premier plan et un arrière-plan végétal ».
On en saura plus sur sa production sur le site qui lui est dédié.
L’ancien site de la Bibliothèque Nationale n’abrite pas que des vieux bouquins et autres manuscrits enluminés et incunables, il recèle aussi de belles collections d’art antique.
Le trésor de Berthouville, qui compte de nombreuses pièces en argent travaillé a été découvert en 1830 dans un champ, en Normandie, dans une cave sous ce qui fut un temple gallo-romain. En voici quelques pièces :
Ces coupes en argent pèsent chacune plus d’un kilo.
Le simpulum ci-dessous est une louche à puiser le vin (1er siècle)
La collection du duc de Luynes révèle d’autres trésors, comme cette vitrine dédiée à Dionysos, où plats, vases et coupes en céramique du 5ème siècle avant notre ère, racontent la vie du dieu, depuis la naissance, où, sur les genoux de Zeus, il est confronté à Héra,
à sa remise à sa tante maternelle Ino et son époux Athamas, puis aux nymphes du mont Nysa,
sa rencontre avec Ariane…
Cette coupe nous montre Dionysos inspectant à dos d’âne les vendanges
Voici deux appliques en or (destinées à être cousues sur un vêtement) représentant Dionysos et son père adoptif Silène
et une assemblée de buveurs jouant à un étrange jeu
L’exposition« l’invention de la Renaissance » , (qui se termine le 16 juin) , permet de voir d’autres objets intéressants, comme ce satyre buvant en bronze (oeuvre du « Riccio » : Andrea Briosco vers 1500),
ce buveur qui se rend à un banquet « comaste » (Epictotes, vers -520)
et cette ménade, reconnaissable à sa « débride en peau de faon et son violent mouvement de torsion » (terre cuite 3ème siècle BC)
L’exposition donne aussi à voir de fabuleux manuscrits, comme celui, appartenant à Pétrarque, des oeuvres de Virgile.
Son frontispice commandé à Simone Martini par Pétrarque) représente trois personnages, les yeux fixés sur Virgile, personnifiant les œuvres de l’auteur latin : le chevalier que regarde Servius représente Énée de l’Énéide, le paysan les Géorgiques, et le berger les Bucoliques
paysan taillant sa vigne
On comprend que la Renaissance fut une « effervescence intellectuelle, artistique et scientifique nouvelle. L’humanisme en constitue le cœur : né dans l’Italie du XIVe siècle et caractérisé par le retour aux textes antiques et la restauration des valeurs de civilisation dont ils étaient porteurs, le mouvement humaniste a produit en Occident un modèle de culture nouveau, qui a modifié en profondeur les formes de la pensée comme celles de l’art. Les princes et les puissants s’en sont bientôt emparés pour fonder sur lui une image renouvelée d’eux-mêmes, comme l’attestent tout particulièrement les grandes et magnifiques bibliothèques qu’ils ont réunies. »
On comprend aussi « le rôle fondateur joué au XIVe siècle par Pétrarque et sa bibliothèque ; la redécouverte des textes antiques et la tâche de leur diffusion par la copie manuscrite, le travail d’édition, la traduction ; l’évolution du goût et des formes artistiques qu’entraîne une connaissance toujours plus étendue du legs de l’Antiquité ; la promotion nouvelle de la dignité de l’être humain et des valeurs propres à sa puissance d’action et de création, telles que le programme humaniste de célébration des hommes illustres les exalte. »
Parmi les grands découvreurs, on retrouve le Pogge (Poggio Bracciolini, qui retrouva au 15ème siècle au fond d’une abbaye germanique le fameux De natura rerum de Lucrèce). Son itinéraire est relaté dans Quattrocento (The Swerve, de Stephen Greenblatt)
Et l’on songe en quittant l’exposition à ces mots de Sénèque :
otium sine litteris mors est ethominis vivi sepultura
(Le repos sans l’étude est une espèce de mort qui met un homme vivant au tombeau).
C’est ce que prêche Bacchus, tentant de consoler un amoureux malheureux, après avoir reconnu qu’il ne guérissait pas les blessures d’amour.
Nous sommes dans l’Orfeo d’Antonio Sartorio, un compositeur vénitien (1630-80), joué récemment à l’Athénée sous la direction du chef Jarousski. C’est une oeuvre brillante, aux nombreux personnages, comportant plus de 50 airs, et qui annonce l’opera seria.
Le propre frère d’Orphée, Aristeo, amoureux sans succès d’Euridyce, songe au suicide quand Bacchus, suivi de satyres et de bacchantes, vient s’interposer :
Se d’amore le ferite Risanar Bacco non sà Il buon frutto de la vite Agl’ amanti forze dà. Sù bevete Sù godete Che bevendo Che godendo Mi direte chi vai più O lo strale di Cupido O di Bacco la virtù.
Il est de nombreuses oeuvres s’inspirant du mythe d’Orphée, celle-ci est à la fois drôle, avec des personnages truculents comme Erinda, Achille et Hercule, et tragique. Les personnages sont en proie aux supplices d’un amour jamais partagé, et quand il l’est, torturé par la jalousie. Elle connut un franc succès au 17ème siècle, avant de tomber dans l’oubli. Son message ? Défions nous de Cupidon et de ses flèches, préférons la vertu de Bacchus !
On trouve en ligne cette version jouée par le COLLEGIUM MUSICUM RIGA, en 2021
Malheureusement, la scène avec Bacchus (à 1h37m) est tronquée… On se reportera au livret
« Charmant Bacchus, dieu de la liberté, tu nous permets de rire ».
Cette citation tirée du Platée, ballet bouffon de J.Ph. Rameau, résume bien l’intérêt pour la mythologie et singulièrement pour Bacchus, des classiques depuis la Renaissance.
Les Bacchanales, les voyages et aventures de Bacchus (retour des Indes, rencontre d’Ariane, etc.) sont un sujet central de l’art du 17ème siècle où elles offrent un espace de liberté. Car « ces sujets d’origine antique, donc respectables, permettaient d’aborder des thèmes difficiles pour des raisons de morale ou de décence : le rire grotesque, la débauche, l’ivresse. »
C’est ce qu’a voulu expliciter Philippe Malgouyres, Conservateur en chef du Patrimoine au Louvre, lors d’une conférence donnée au Musée du Vin de Paris le 13 novembre dernier.
Après un rappel historique sur les cérémonies bachiques importées à Rome depuis la Grèce, célébrées nuitamment dans les bois, les participants ont eu le privilège de voir sur grand écran une sélection d’oeuvres des plus grands peintres, depuis les italiens Mantegna,
Bacchanale à la cuve, plaque gravée, Mantegna, vers 1458
Bellini, Titien,
Bacchanale des Andriens, Titien vers 1526
Carracci…
Triomphe de Bacchus, voûte du Palais Farnese, Carrache,1595
jusqu’à Rubens et Poussin, lequel se détache singulièrement, avec son cycle de bacchanales, commande du Cardinal de Richelieu…
la grande bacchanale (bacchanale à la joueuse de guitare, N.Poussin vers 1628)
bacchanale devant une statue de Pan, N.Poussin, vers 1631
Les sarcophages antiques aux riches bas-reliefs sont la source majeure d’inspiration.
On retrouve les thèmes du triomphe de Bacchus, rentrant victorieux d’Orient, accompagné de son fidèle Silène quand ce n’est pas le dieu Pan, Priape ou Venus, ou rejoignant Ariane à Naxos, entouré de ces « putti » (petits enfants) vendangeurs, de bacchantes dénudées, de faunes et de satyres entreprenants.
Le thème des bacchanales ne s’arrête pas à l’époque classique. Il en est de modernes, comme on a pu le voir à Bordeaux il y a quelques années avec l’exposition le vin et la musique à la Cité du Vin en 2018), ou celle intitulée les bacchanales modernes au Musée des Beaux Arts en 2016. On peut voir aussi des putti vendangeurs sculptés sur des immeubles fin 19ème-début 20ème , un peu partout à Paris.
Signalons pour terminer une expositionPoussin et l’Amour, qui comprendra un volet Picasso Poussin Bacchanales. Elle vient de commencer au Musée des Beaux Arts de Lyon (jusqu’au 5 mars, voir le dossier de presse).
Que voici une belle exposition sur le vin dans l’Antiquité, proposée par la Cité du Vin !
Nous y avions suivi il y a quelques semaines une conférence en ligne du professeur François Lissarague sur « le banquet des grecs« , où l’on apprenait que les symposiums (boire ensemble) commençaient généralement par des libations aux dieux.
Cette exposition nous donne à voir les représentations de ces dieux, essentiellement Dionysos et son avatar romain Bacchus, sur des amphores, rhytons et autres jarres, mais aussi sur des reliefs, des sculptures et des objets décoratifs.
On est accueilli par ces mots d’Euripide :
Dionysos, fils de Sémélé, prince divin des Bienheureux, maître des gais banquets tout fleuris de couronnes, dont l’apanage est de conduire les choeurs au son des flûtes, de rire, et d’endormir nos soucis, quand le jus du raisin brille au festin sacré…
Le voyage commence en Egypte avec cette stèle calcaire(-VII à -IVème siècle) représentant des femmes vendangeant et foulant le raisin
à mettre en regard avec cette autre scène de vendange et foulage du raisin en musique par des satyres (Italie du sud, IVème siècle avant J.C.)
Le voyage se poursuit en Perse (au Louristan) avec cette situle (seau à vin) ornée d’une scène où deux époux font le geste de trinquer (vers -1000) devant un serviteur portant la jarre.
voir le déroulé di-dessous
Mais l’essentiel se passe en Grèce. Ce rhyton et cette jarre trouvés à Santorin datent de -1600…
Ce rhyton à tête de mulet, percé, permettait de boire à la régalade (IVème siècle av. J.C., Attique)
Le vin est un don de Dionysos aux hommes. Sur ce situle dit « Rothschild »(du nom du donateur d’une importante collection) venant d’ Italie du Sud (vers -350) et conservé à Genève, on voit le dieu entouré d’Aphrodite, Eros et Eirenè (la Paix), en offrir au roi de Thrace Maron convaincu par Peithô (la Persuasion).
Il faut donc remercier les dieux ce qu’on fait à chaque libation en versant quelques gouttes de vin sur le sol, avant de le boire mélangé à de l’eau.
Dionysos, dieu errant, offrait la vigne et le vin à ceux qui l’accueillaient, comme sur cette amphore trouvée en Attique (-550 -530) où on le voit apportant du vin à des jeunes hommes porteurs de présents.
Voici aussi un vase (pelikè) représentant Dionysos sur un char (Attique, vers -380)
Sur ce pied de table en marbre, Dionysos est représenté la main sur la tête en signe d’extase.
Ce cratère à volutes représente Héraclès et Dionysos (Italie du Sud, -350). Tous deux ont acquis l’immortalité en récompense de leur oeuvre civilisatrice.
Ce psykter (vase à rafraichir le vin) représente les deux compères (Héraclès est reconnaissable à sa peau de lion) avant un concours de boisson…
Voici encore Dionysos sur une « nestoris » (Italie du sud, vers -350) avec Eros (le vin passait pour être aphrodisiaque) : Dionysos est étendu sur un lit, face à un satyre, tandis qu’au dessus Eros tient dans ses mains un cerceau (filtre d’amour ?).
Le dieu caprin Pan se joint volontiers à Dionysos-Bacchus. Celui-ci en bronze vient de Suisse (à g. 150-200 ap.J.C.). Voici aussi Silène, vieux satyre, précepteur de Dionysos, pressant contre lui une outre à vin (Grèce, marbre, 1er siècle).
Voici maintenant deux masques représentant Dionysos sous deux formes très différentes : jeune homme pressant le raisin dans ses mains( Botrys -la grappe, à gauche) et vieillard barbu à cornes de taureau (Tauros). Asie Mineure, IIème-Ier siècle avant JC)
Cette applique de lit en bronze représente un autre Dionysos Tauros (Alexandrie IIème siècle av.JC)
Le thème de la mort est là évidemment, avec cette hydrie funéraire en bronze dorée (Grèce, fin du 4ème siècle avant JC) qui représente Dionysos et son amant Ampélos, « dont la mort prématurée causée par un taureau laissa le dieu inconsolable », et qui se serait métamorphosé en vigne.
Plus monumental encore est ce cratère découvert à Vix dans la tombe d’une princesse celte (fin du VIème siècle av. J.C.), qui témoigne des échanges existant alors entre Bourgogne et Italie. C’est le plus grand vase que l’Antiquité nous ait légué, il pouvait contenir 1100 litres.
Ci-dessous deux vases provenant d’un sanctuaire des Cabires, à Thèbes représentant ces divinités proches de Dionysos donnant du vin au cours d’un banquet à un serpent et à un cygne, deux animaux « symboliquement en lien avec la mort ». (Vème siècle av. JC). Le vin et le banquet seraient donc ici associés à l’idée de vie sublimée après la mort.
Cette mosaïque ornait la salle de banquet d’une riche villa, semblant inviter à jouir de la vie… : carpe diem
Un proverbe latin ne dit-il pas :
Les bains, les vins, Vénus nous ruinent la santé. Mais la vie, c’est les bains, les vins, Vénus…
Et pour finir, voici la stèle d’un cabaretier de Bordeaux tenant la cruche d’une main et le gobelet de l’autre semblant inviter le passant à boire.(II-IIIème siècle)
Bien d’autres oeuvres valent le déplacement, notamment des modernes, on a jusqu’au 30 août 2021 pour les voir Avant qu’elles ne joignent les collections du Louvre, du Musée Archéologique d’Athènes, de la Fondation Gandur et autres musées genevois et collections privées dont elles proviennent. Avis aux amateurs !
C’est le décès tout récent du peintre Walter Spitzer qui nous conduit sur ce thème biblique, où ivresse rime avec inceste.
Le vieux Loth, neveu d’Abraham, fuyant Sodome vouée à la destruction, ayant perdu sa femme changée en statue de sel pour s’être retournée afin de voir la ville en flammes, est saoulé par ses filles qui, désespérant de trouver des époux, décident d’abuser de lui pour lui donner une descendance. L’une donnera naissance aux Moabites, l’autre aux Ammonites.
Loth et ses filles, par Walter Spitzer
Walter Spitzer, juif polonais déporté à 16 ans, que son talent de dessinateur (il fut protégé par ses camarades dans les camps pour plus tard témoigner) et sa résistance extrême aidèrent à survivre , fit sa vie en France, s’y illustra comme peintre, sculpteur (il est l’auteur du monument commémoratif à la rafle du vel d’hiv) et illustrateur.
Il faut salué par les plus grands. Pour Joseph Kessel, ce fut un coup de foudre :
» Un monde à la fois réel et fantastique, construit avec rigueur et pourtant léger comme un conte avec ses enluminures d’Orient, ses nàivetés de folklore, la crudité de l’étal, la vagabonde liberté des’ nomades, les grâces d’ûne noce villageoise. Un monde chaud, léger, éclatant, presque féérique mais tenant solidement à la terre par la densité des champs et des pierres, la tendre sensualité des chairs et un sens étonnant de l’humain … «
Des générations de peintres ont mis l’ histoire de Loth en images. On trouvera sur le site du musée virtuel du vin les reproductions de dizaines d’oeuvres sur le même thème, comme celle-ci de Marc Chagall (1931)
On imagine difficilement à quoi pouvait ressembler Versailles à l’époque du Roi-Soleil. Il y a le château certes, et ses somptueux jardins. Mais regardons de l’autre côté. Face aux château deux grands bâtiments semblables construits par Mansard abritaient les Ecuries du Roi et les milliers de chevaux de selle (logés avec leurs écuyers et palefreniers aux grandes Ecuries) , et ceux de trait, avec les carrosses et berlines, logés aux petites Ecuries.
Ce dernier bâtiment ( au fond à droite sur le tableau) abrite aujourd’hui la galerie des sculptures et des moulages qui recèle une impressionnante collection de statues en marbre, retirées des jardins ou elles étaient en proie à l’érosion, et restaurées, et de moulages dits aussi tirages en plâtre. Voici quelques specimens intéressant le bon clos.
faune de Jacques Houzeau (marbre, vers 1687)
bacchante de l’arlésien Jean Dedieu (marbre, 1686)
bacchus dit aussi l’automne de Jean Degoullons et Jean Raon (marbre, 1687-93)
Dionysos dit de Richelieu (4ème s. av. JC, à droite), et Dionysos romain -villa Albani-, 2ème s. av. J.C. )
Evidemment Versailles recèle bien d’autres merveilles, qu’on découvre au hasard des promenades. Comme ce bassin de Bacchus, où le dieu est entouré de 4 satyres (plomb, vers 1673, frères Marsy).
C’est bien simple, dans les jardins de Versailles, il y a des Bacchus partout ! André La Nôtre en a fait un recensement, voir son article « Bacchus : mythe et représentation dans les jardins de Versailles » : on pourra le voir rampe Nord, allée d’Apollon, sur le parterre du bassin d’Apollon, sur le Corps Central, allée sud du Bassin d’Apollon, bosquet de la Girandole…
Celui-là, adressé par Laura, une amie du clos, s’est semble-t-il mis à l’abri dans les couloirs du château.
On jouait ces jours-ci le retour d’Ulysse, d’Hervé, au théâtre Marigny Studio. L’ami François des terres d’Auvergne nous a fait savoir qu’il s’y trouve un air qui nous concerne. Bien vu ! Et merci au Palazetto Bru Zane qui rejoue cette bouffonnerie musicale.
Résumons l’affaire bien connue.
Pénélope a peur de faillir, elle se sent tressaillir et sent son sang bouillir quand un amant (Coqcigru) vient l’assaillir !
Mais voici Ulysse qui revient et que chacun palisse !
Dzing badaboum badaboum boum boum !
Et Coqcigru qui a mérité la corde et la potence pour sa témérité n’a plus qu’à se lamenter :
Tic et toc tintin Noyons dans le vin La mélancolie Et que la folie Succède soudain A tout noir chagrin Bouteille jolie A toi mon refrain
Vous qui voulez le premier rang Rimeurs courant après la gloire C’est le vin qui rend éloquent Le vrai talent consiste à boire Qu’un tonneau soit votre sujet Prenez un robinet pour lyre Car les verres au cabaret Sont meilleurs à vider qu’à lire
Et Pénélope de rétorquer
Que faut-il pour fuire le chagrin ? Mettre un tonneau de vin en perce…
Voici une version diffusée par la RTF en 1956 (Orchestre lyrique de la RTF sous la direction de Marcel CARIVEN, avec Denise DUVAL : Pénélope, Jean GIRAUDEAU : Ulysse, et Joseph PEYRON : Coqcigru)
Nous n’avions guère trouvé de quoi nous mettre sous la langue à Marrakech, aurions nous plus de chance dans le Nord du Maroc ?
L’Histoire y a vu la vigne et l’amour du vin prospérer, comme en témoignent ces mosaïques de l’antique cité romaine de Volubilis, à quelques lieues de Meknès.
Bacchus découvrant Ariane endormie
Dionysos et les 4 Saisons
Quant au présent, on ne se fait guère d’illusion dans un pays qui bannit vin et alcool, aussi a-t-on le droit d’être surpris en découvrant ce vénérable cep dont le tour doit bien faire un mètre dans un fondouk de Meknès.
A Moulay-Idriss, cité sainte, on sera aussi surpris de découvrir cette treille
qui donne du raisin !
Des vignobles, il y en a tout de même, mais ils se font très discrets cachés derrière des haies.
Celui-ci pratique l’arrosagele vignoble CASTEL, sur la route de Fes
Quant aux vins, outre les classiques Boulaouane et Guerrouane que l’on trouve chez nos bons couscous, on en trouve de plaisants comme ce Médaillon rouge
Nous avons déjà rencontrés Erigone et Bacchus, tendrement enlacés dans une peinture d’Octave Tassaert.Erigone était la fille d’Icarios, roi d’Attique, à qui Bacchus avait enseigné la culture de la vigne et la fabrication du vin. Il la séduisit en prenant l’apparence d’une grappe de raisin. Destin funeste, le roi invita à boire avec lui des bergers qui, ivres, le tuèrent. Erigone, désespérée, se pendit au-dessus de sa tombe et Bacchus la changea alors en constellation de la Vierge.
Voici un dessin du pastelliste Jacques-Philippe Caresme (1734-1796)et une peinture de François Boucher (1745)
A ne pas confondre avec Francois Bouchot (1800-1842) dont voici la version
Celui-ci, plus ancien ( Bertholet Flemal (17ème) semble raconter la fin de l’histoire,
Très pudique la version de Simon Vouet (début 17ème, dite aussi l’automne)
Le mythe d’Erigone inspira aussi musiciens et chorégraphes. Un ballet (de Jean Joseph Cassanea de Mondonville, livret Le clerc de la Bruère) fut ainsi joué à la cour de Louis XV en 1747 (Madame de Pompadour était Erigone..). Il fut ensuite intégré comme acte 2 dans les fêtes de Paphos.
On remercie l’université Harvard d’en avoir mis une interprétation en ligne.
Voici l’argument :
Érigone se lamente ( dieu des amans recois les voeux d’un coeur tendre qui t’implore, mets ta flamme dans mes yeux pour triompher du héros que j’adore) : Bacchus ne lui rend pas l’amour qu’elle lui porte. Mercure vient la rassurer : Jupiter souhaite son mariage avec Bacchus. Il lui conseille de séduire Bacchus en réunissant les Plaisirs. On entend les Sylvains approcher pour célébrer Bacchus. Mercure veut rester seul avec ce dernier. Bacchus arrive sur un char tiré par les Sylvains. Comus et les Plaisirs l’accueillent. Mais Bacchus ne cherche que le repos. Bacchus confie à Mercure que sa gloire ne le satisfait pas. Mercure et Comus vantent les mérites d’une enchanteresse dont on aperçoit le palais. Érigone apparaît, richement parée et accompagnée de ses Nymphes. Bacchus s’enflamme pour celle qui a les charmes de Vénus et les traits de l’Amour. Érigone est celle que Bacchus recherchait pour connaître le bonheur. Bacchus appelle Ménades et Sylvains à célébrer le triomphe de l’Amour. Ballet.