Pourquoi un vin est-il bon ?

C’est le titre d’un livre de Paul Coulon, vigneron à Château-Neuf du Pape, assisté par un ingénieur de l’INRA, Philippe Abbal, paru en 2013.

Bonne question, voudrait-on répondre. Car cela dépend de tant de facteurs : terroir, météo, cépage, technique viti-vinicole… Et le résultat est parfois si surprenant…

L’intérêt de cet ouvrage est de prendre le taureau par les cornes et de s’intéresser de façon systématique à tous ces facteurs (99 ont été identifiés, 88 pris en compte), en les évaluant par une note pour chaque cuvée produite, pour obtenir finalement une note à confronter aux évaluations de dégustateurs professionnels.

Soulagement ! Les séries de deux notes, celle du vigneron qui a pris en compte tous les facteurs, et celle du dégustateur qui n’a pris en compte que les impressions de ses cinq sens, sont fortement corrélées.(0,87).

L’ouvrage commence par un bref historique qui rappelle les origines en Géorgie, en Egypte antique, dans le monde gréco-romain, et le rôle du christianisme dans la propagation de la vigne et du vin. Les innovations (ou redécouvertes ?) du 17ème siècle avec la mise en bouteille, le bouchon, l’usage du soufre. Puis l’apport majeur de Pasteur et de la démarche scientifique. Enfin les maladies du 19ème siècle (oidum 1852, phylloxera 1863, mildiou 1876) et leurs remèdes ( soufre, greffage/hybridation, cuivre).

On rentre ensuite dans le vif du sujet. On verra quelques détails ci-dessous. On retiendra l’importance d’une analyse régulière des constituants des sols et la nécessité d’apports (A Beaurenard 400 tonnes de fumier de mouton soit 15 à 30 tonnes par hectare, pour 110 tonnes de raisin/an !). L’importance du tri du raisin qui permet quand même de faire du bon vin, mais moins, les années de météo insatisfaisante. L’analyse des 200 baies échantillonnées dans la vigne, car « pour faire du bon vin il faut de bons raisins et une bonne connaissance de leurs caractéristiques pour adapter la vinification en conséquence ».

Cela donne bien sûr envie de déguster ces vins du domaine Beaurenard. En attendant, voici quelques oeuvres du chromaticien Didier Michel inspirées par ces vins !

Domaine Beaurenard  1985 rouge, peintures de 1986 et 1995

 

ci-dessus, photo d’une oeuvre en liège : le vin doux naturel rouge Rasteau 2001

ci-dessous, Chateauneuf du Pape Boisrenard blanc 2001, photo de l’oeuvre en liège

En savoir plus sur le chromaticien Didier Michel spécialisé sur les senteurs-couleurs des vins,

Paul Coulon est membre de l‘Echansonnerie des Papes et de la Fédération Internationale des Confrèries Bachiques, dont le président, Allan Bryden, nous a prêté cet ouvrage de grand intérêt. Qu’il en soit remercié !

Quelques notes de lecture
pourquoi le vin est-il bon ? 2013


facteurs météorologiques :

– luminosité nécessaire à la vigne (héliophile)
– chaleur estivale primordiale (>30)
– pluie estivale : il faut de l’eau
– vent, chassant l’humidité, contre les maladies
le tri du raisin permet quand meme de faire du bon vin, mais moins, les années de météo insatisfaisante

composition des  sols :

– argileux (>30% d’argile), sableux, limons; calcaire (>5%) ; umifères (>10% d’humus)
– éléments majeurs : N, P, K,CA, Mg Fe ; éléments mineurs : B,Mo,Mn,Zn,S,Na
– autres : PH eau, calcaire total, calcaire actif, rapportC/N,K/Mg,Ca/Mg
fumure de fond : avant plantation, superficielle ; fumure d’entretien : annuelle ou bisanuelle, P+K ; apport d’azote à l’automne (réserves) et plus au printemps

Apports : compost de bouse, bouse de corne, pulverisation de tisanes de plante (ortie, achiillée millefeuilles, prele, camomille) par épandage
pour augmenter le taux de matières organiques du sol de 1%, il faut en théorie 70 T/ha d’humus, soit 3 fois plus en fumier (à reduire si sol pierreux)

(A Beaurenard, enherbement, broyage des sarments, chute des feuilles qu’on peut enfouir a partir de novembre, enfouissage annuel de 15 à 30 tonnes de fumier par ha pour maintenir le capital fertilité soit 400 tonnes de fumier de mouton pour 110 tonnes de raisin/an)

cépages : grande variété des porte-greffes adaptés à des types de sol différents

analyse des feuilles

– l’azote favorise la croissance, et la synthèse des sucres. En excès, sensibilité accrue aux maladies et parasites;  optimal3,5% de la matière sèche
– le phosphore favorise aussi la croissance ; fondamental pour la floraison et la mise en fruit. optimal 0,3%
– potassium : rôle capital dans les échanges transmembranaires ; carence et excès sensibilise aux maladies ; optimal 1,1%
-calcium : primordial pour les parois des feuilles, rôle important echanges transmembranaires ; opt : 2%
– magnésium : constituant de la chlorophylle ; régulateur de K et favorise P ; opt 0,25%
– bore : en tre dans la composition des enzymes . opt <50/million de parties
– zinc : intervient dans la synthèse des protéines et acides nucléiques ; opt 60/million
– manganèse : cf. bore ; opt 100/million
– fer : indispensable à la formation de la chlorophylle et participe à la constitution d’enzymes; carence causée par excès de froid ou d’humidité…. opt 300/million
– cuivre : cf Fe ; opt 50/million
– rapports : K/N : opt 0,4 ; K/Mg: opt : 6 ; Ca/P : opt 4-12 ; (K+Ca)/(N+P) : opt 0,5-1,3 ; Ca/B ; opt 0,6 ; FE/Mn : opt 1-3

caractéristiques du vignoble : terroir, cépage, portegreffe, densité, taille, palissage, age, dimension, pente et environnement du terrain, pierrosité, microclimat…

Observation à la vendange : 31 variables ! état de la vigne, des raisins, du sol, météo…
On note ces dernières années un raccourcissement de la phase active de la vigne près d’1 mois de moins par rapport aux années 80-90 ; avantage : moins de risque sanitaire ; inconvénient ??

vendanges
analyse de 200 baies échantillonnés dans la vigne :
– poids : les trop gros grains induisent une dilution des aromes
– teneur en sucres -> alcool potentiel
– rôle antioxydant des anthocyanes, extractibilité
– richesse phénolique (anthocyanes et tannins des pellicules (recherchée) et pépins (indispensables à la structure du vin, mais cause d’astringence si trop élevé) et rafles (à eviter))
– acide malique
-potassium : teneur élevée contribue à la baisse de l’acidité par precipitation de bitartrate de K
-l’ acidité totale, somme de
l’acidité volatile : acides acétique et carbonique principalement, butyrique, formique.. : indispensable a la stabilité et au bouquet ; mais préjudiciable si trop grande quantité (piqûre)
et de l’acidité fixe : tartrique, spécifique du raisin ; malique et citrique
un pH bas (<4) évite la contamination par des microorganismes, contribue à l’efficacité du sulfitage.
– l’azote, nutriment des levures

cueillette
les belles grappes dans un seau, le reste dans un 2ème pour du vin de table
60 cm hauteur max pour éviter tassement et écrasement des grains, qui provoqueraient une oxydation

oenologie
vinification rouge : fermentation alcoolique, macération, fermentation malolactique
vinification blanc : fermentation alcoolique, protection contre l’oxydation
facteurs dont on dépend et sur lesquels on peut influer : température, acidité, taux de sucre, sulfitage, foulage, remontage, pressurage, débourbage, durées

en rouge chez beaurenard, cuvées pluricépages donnent de meilleurs résultats qu’un mélange après vinification : syrah/grenache, mourvedre/grenache…

éraflage en rouge : on gagne en volume, élimine des substances amères ou astringentes ; diminution des tannins mais accroissement de l’intensité de la couleur

le foulage réalisé ensuite sans lacération des peaux favorise l’action des levures et facilite la macération
sulfitage indispensable pour la conservation, mais à doses contrôlées, pour les blancs surtout ( les tanins protègent les rouges) : retarde sans l’empêcher l’action des levures
levurage : interêt non démontré ; genre saccharomyces est le meillleur ; on peut obtenir des vins très variés selon le type de levure utilisée ; non éliminées, les levures locales prennent le dessus
en général dans le vignoble français la richesse en levures autochtones est suffisante ; mais pour le blanc soigneusement débourbé, Beaurenard utilise des levures commerciales
température : monte avec la fermentation (exothermique) ce qui rend le refroidissement nécessaire
remontage : facilite le développement des levures avec l’aération et l’homogénisation, et l’extraction des composés phénoloiques
pigeage : enfonçage du marc qui surnage en phase de macération ; pour les « forts potentiels »
décuvage, pressage du marc : à Beaurenard élevage séparé du jus de goutte et de presse
fermentation malolactique : conduit à la désacidification et stabilise le vin, essentielle en rouge
filtration : elimination de particules en suspension
analyse du vin fini
conservation et élevage
passage en barriques, vieilissement en bouteilles : au moins 3-4 ans pour les vins fins
ouillage : toutes les semaines, remplir jusqu’à l’oeil pour éviter l’acescence(piqure acétique)

 

La petite Thérèse

C’est une chanson trouvée dans un recueil de chansons champenoises (les chansons du veilloir de Geneviève Devignes). Elle a pour titre la Ronde des Vendangeurs de Tonnerre, ou encore la Vigne du Voisin. Elle commence ainsi :

C’est la petite Thérèse
Qui voudrait du chasselas
All’en voit beaucoup chez Blaise
Mais Blaise n’en donne pas

 Cette chanson vient de loin. On la trouve déjà dans une encyclopédie poétique parue en 1819… Appelée Ronde du Piquet dans Vendémiaire, Calendrier Républicain de Catulle Mendes. On la retrouve encore dans un recueil de chansons choisies paru à Genève en 1785. Elle provient en fait d’un divertissement intitulé les Vendangeurs, ou les deux baillis, représenté par les comédiens italiens à Paris en 1780. L’air est celui d’Allons donc, Mademoiselle, que l’on retrouve en 1746 dans l’amour imprévu, un opéra-comique de l’Affichard. Là s’arrête la piste. Il est référencé dans la Clé du Caveau.

airducaveau

Pas grand chose à voir avec la version du recueil champenois, harmonisée par Vincent d’Indy.

partitiontherese

parolestherese

En Grande Canarie

C’est derrière Tenerife, la deuxième plus grande ile des Canaries par la population (près d’1 million d’habitants). Un peu moins grande (1560  vs. 2034 km2), elle l’égale par ses paysages inouis, ses quartiers et monuments coloniaux et la surpasse sûrement sur le plan archéologique.

carte

Bien sûr, pour ce qui est du vin, rien ne vaut  Lanzarote et ses vignes plantées dans des trous volcaniques, mais il y a quand même ici quelques vignes, comme ci-dessous  du côté du pico de Bandama (les premiers bourgeons apparaissent début mars).

vigne

Il devait y en avoir plus dans le passé, comme en témoigne ce fouloir et cette réserve vus dans une maison troglodyte du centre montagneux (museo etnografico Casas cuevas, Artenara)

fouloir

oenothequetroglo

Voici une carte des principales exploitations trouvée dans le guide des vins de grande canarie

cartevignobles

Dans le nord de l’île, une rhumerie est installée depuis 1884.

statue

rhumerietableau

On y trouve des barriques joliment décorées, comme celles ci-dessous,  signée César Manrique (le grand homme de Lanzarote), ou par le groupe rock Ilegales

 

rocknron

Réserves impressionnantes !

 

Après la mise en bouteilles

bouteilles

Une vaste gamme est produite : rhum blanc, añejo, au miel, liqueurs diverses… que l’on peut déguster après la visite.

 

Un bel endroit pour prendre l’apéro est la locanda El Roque, sur la côte Nord. Le patron s’appelle Attilio, c’est un italien volubile.

 

Elle est située dans un village perché sur un éperon rocheux avançant en pleine mer, où l’on ne circule qu’à pied. Un lieu magique qu’il faut mériter et où on ne tombe pas par hasard.

A l’autre extrémité de l’île, au sud-ouest, se trouve Puerto de Mogan. Un village balnéaire plein de charme aux multiples recoins.  On peut y  découvrir la Casetilla, un débit de boisson improbable.

basrelief1

et déguster les produits du pays à la Casita.

casita22casita11

Trois jours de vendange

Voici un poème d’Alphonse Daudet, mis en musique par Reynaldo Hahn en 1891. C’est une histoire un peu triste.

hahntroisjoursdevendange1893

Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
La jupe troussée et le pied mignon ;
Point de guimpe jaune et point de chignon :
L’air d’une bacchante et les yeux d’un ange.

Suspendue au bras d’un doux compagnon,
Je l’ai rencontrée aux champs d’Avignon,
Un jour de vendange.

Je l’ai rencontrée un jour de vendange.
La plaine était morne et le ciel brûlant ;
Elle marchait seule et d’un pas tremblant,
Son regard brillait d’une flamme étrange.

Je frissonne encore en me rappelant
Comme je te vis, cher fantôme blanc,
Un jour de vendange.

Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
Et j’en rêve encore presque tous les jours.
Le cercueil était couvert en velours,
Le drap noir avait une double frange.

Les sœurs d’Avignon pleuraient tout autour…
La vigne avait trop de raisins ; l’amour
A fait la vendange.

Alphonse Daudet, Les Amoureuses, 1858

La voici interprétée par Jaroussky

Il semble qu’un autre auteur, Emile Durand l’ait aussi mis en musique (vers 1850)

durandemiletroisjoursdevendangeca1850

Vendanges clamartoises

On s’inquiétait mais non, l’été caniculaire et sec n’avait pas eu raison de la vigne clamartoise. On était quand même bien en peine pour celle du clos Franquet, attaquée par le mildiou malgré tous les efforts.

Les vignerons clamartois se sont donc retrouvés comme tous les ans en ce mois de septembre pour continuer à faire ce petit vin d’Ile de France en apportant le produit de leur treille. Les 12 et 13 septembre pour les détenteurs de raisins précoces (essentiellement du baco), quinze jours plus tard pour les autres. Entre les deux, les journées du patrimoine donnèrent l’occasion à de nombreux curieux de visiter la grange-musée et le clos attenant.

Et le 29 septembre ce fut la vendange de la vigne municipale, le clos Franquet, à laquelle tous les clamartois étaient conviés.

Ce fut un succès, les clamartois vinrent seuls ou en famille pour participer à ce rite ancestral.

Certains avaient apprécié le vin de Clamart découvert chez des amis et brûlaient de le connaitre intimement !

De vieux amis passèrent (ci-dessous Pascale, notre amie chanteuse).

marceletpascale

Une élève journaliste ne perdait pas une goutte de l’événement.

journaliste

Nos vignerons ont du talent. L’un nous apprit que l’on appelait improprement noah ce raisin noir au gout framboisé  ou de bonbon anglais que plusieurs clamartois apportent. Le noah est un raisin blanc. Ce raisin noir que l’on trouve à Clamart serait de cépage isabelle !

On retroussa joyeusement ses manches aux tables de tri, travail fastidieux mais essentiel si l’on veut faire un « vin comme nous l’aimons ».

On doit éliminer tout ce qui est abîmé bien sûr, et ne garder que les grains sur les grappes. Et quand on doute on goûte ! Les grains doivent être bons !

Et l’on dégusta jus de raisin (le jus de goutte, donc exposé toute la nuit à l’air que l’on ne met pas en cuve et qui, une fois  cuit pour le stériliser, se révèle délicieux), les vins bien sûrs, et aussi le ratafia de Clamart…

On pesa, on foula (le plus tard possible pour limiter au maximum l’exposition du moût à l’air),

on pressa. Sans oublier le nettoyage du matériel !

nettoyagepressoir

On se fit quand même un peu peur un vendredi où il y eut si peu de « grain à moudre » qu’on dut faire usage du petit pressoir qui montra là son utilité.

Au final 500 litres ont été mis en cuve pour le Clos de Clamart, 150 pour le Clos Franquet. Une petite année en quantité. Mais le raisin était bien sucré, on est donc plein d’espoir pour la suite ! Comme l’an dernier, des mini-cuvées de quelques litres seront vinifiés « naturellement », sans aucun ajout. Pour voir !

minipressoir
Jean-Luc au mini-pressoir

Et l’on fera aussi de la piquette, (la boisson préférée du père de l’ami Jean, dit-il), pour voir !

 

 

 

Vignes parisiennes

Il y aurait désormais une centaine de vignes dans Paris intramuros. Nous en connaissons certaines, en voici deux autres découvertes lors de la fête de la vigne ce dimanche 6 octobre.

inventaire

Au lycée Albert de Mun à Paris 7ème où l’on forme (entre autres) des sommeliers, une vigne a été plantée en 2014, sous l’égide des Vignerons Franciliens Réunis,  qui donne déjà du vin blanc, rosé et rouge.

lavigne

Nous les avons goûté et avons apprécié la texture du blanc (vinifié avec macération pelliculaire), et les arômes du rosé.

Il faut signaler qu’il s’agit de cépages piwi qui n’ont pas besoin de soins phytosanitaires.

cepages

Merci aux enseignants Florian Luzeau et Jacques Riedinger, qui nous ont fait visiter les installations.

Merci également à Virginie Dulucq, de la société urbagri, spécialisée dans l’agriculture urbaine, qui nous a accueilli dans l’ancienne caserne Napoléon (bâtiment de la Ville de Paris situé derrière l’Hôtel de Ville).

affichemairie

Il y a été installé en terrasses sur 20 cm de terre une vigne et quelques autres cultures. Gamay, Pinot Noir, Chardonnay, Chasselas, Sauvignon, etc. sont représentés.

lavignenapoleon

On peut être surpris mais la vigne semble bien s’adapter sur un bout de terre si peu profond. Un microclimat règne (la température est montés jusqu’à 62° cet été!) et la maturité des raisins vient vite (août) malgré le stress hydrique (on arrose un peu quand même).

Bacchanales d’enfants

On en voit dans les rues de Paris, dans les palais et les musées. Elles représentent des enfants (que les italiens appellent des putti) jouant avec des chèvres, portant des grappes de raisin, buvant…

Le site Paris Myope d’André Fantelin a consacré plusieurs articles très documentés à ces bacchanales d’enfants.

La vérité est qu’il y en a des dizaines un peu partout, dans Paris intra-muros (ci-dessous place des Etats-Unis angle avenue d’Iéna,

Bacchanale d'enfants Etats Iéna 1

et ci-dessous une autre scène de vendanges, d’après Pajou, au 15 rue Jacques Bingen Paris 17ème)

Bacchanale d'enfants 15 rue Jacques Bingen Paris

mais aussi à Montrouge comme ce satyreau 19 rue Gutemberg,

Faune 19 rue Gutenberg Mrouj 2

ou en vallée de Chevreuse (ci-dessous à Gif sur Yvette).

Bacchanale d'enfants Vendange Autome et hiver rue de Paris Gif sur Yvette

De quoi faire un rallye ! Nous y avons retrouvé la bacchanale de la rue Damrémont découverte il y a quelques années. Cette scène de vendanges daterait de 1878.

On pourra les consulter avec profit. En remerciant leur auteur, nous en extrayons quelques images de bas reliefs bachiques qui ornent les rues de la capitale…

Celle-ci est l’oeuvre du sculpteur Bouchardon (vers 1744) , et orne la fontaine  des quatre saisons, 57 rue de Grenelle à Paris 6ème

Bacchanale d'enfants fontaine Grenelle 3

 

Fête des vignerons à Vevey

vevey2019

Voici quelque temps qu’on s’y préparait. Pensez donc, des vignerons qui font la fête une fois par génération. Vient le moment où l’on se dit : c’est maintenant ou jamais !

La tradition remonte à 1797. Il s’agissait, et il s’agit toujours de récompenser les « tâcherons » les plus méritants lors d’une Cérémonie du Couronnement. Déjà un spectacle, mettant en scène le cycle de la nature et les divinités païennes, était organisé.

bacchus1833
le char de Bacchus en 1833

L’édition suivante eut lieu en 1819, puis ce fut en 1833,1851,1865 et 1889.

 

bacchus1851

Puis au XXème siècle en 1905,1927,1955, 1977 et 1999.

Vevey1905

Quelques uns des timbres édités par Nestlé en 1905

nestlevendangeurs1905nestlelautomne1905nestlebacchus1905

 

Cette pierre sur la place du marché où est édifiée une arène éphémère célèbre ces festivités.

Veveypierrecommémorative

Le spectacle est inénarrable. Plus de 5000 figurants vêtus de costumes chatoyants d’étourneaux, de papillons, de cartes à jouer…  se relaient pour des chorégraphies monstres.

scenepleine

« Le spectacle raconte une année dans la vie de la vigne à travers une vingtaine de tableaux ouvrant et se terminant par les vendanges. Il traite autant des travaux de la vigne (effeuilles, taille), de moments plus sociaux (le mariage, la foire de la Saint-Martin) que de thèmes plus généraux (les saisons, l’eau, le soleil, la lune, le cosmos).
Il interroge le lien entre l’homme et la nature et rend hommage au savoir-faire immémoriel des vignerons-tâcherons. Au cœur du spectacle surgit le Couronnement des vignerons-tâcherons récompensés pour l’excellence de leur travail par la Confrérie des Vignerons.
La narration est portée par un émouvant dialogue entre une petite fille appelée Julie et son grand-père, qui lui fait découvrir les traditions et le travail de la vigne. Trois personnages de «docteurs» commentent le tout avec humour et impertinence. La musique, qui alterne morceaux d’ensemble, orchestraux ou en petites formations, est portée en live par le Chœur de la Fête (500 choristes, 300 Percuchoristes, 150 voix d’enfants), l’Harmonie de la Fête (120 musiciens de fanfares), le Big Band (16 musiciens de jazz), les Percussionnistes (40 percussionnistes), les Cors des Alpes (36 cors des Alpes), un Petit Ensemble (20 musiciens) et les Fifres et Tambours (36 musiciens bâlois). L’Orchestre de la Fête est le Gstaad Festival Orchestra, qui enregistre la partition en studio au printemps 2019.
Les chorégraphies des tableaux sont interprétées par 5500 acteurs et actrices-figurant-e-s en costumes, tous habitants de la région. Spectacle total, féerique, grandiose, dynamique et poétique conçu à 360°, il mêle à la musique, aux chants qui portent les poèmes des auteurs et aux mouvements de foule, des images et vidéos projetées tant sur des écrans géants que sur l’immense plancher LED de l’arène.
Pour créer les quelques septante costumes différents que portent les acteurs et actrices-figurant-e-s et les choristes, la costumière s’est inspirée autant des Fêtes des Vignerons précédentes, avec un intérêt tout particulier pour les aquarelles d’Ernest Biéler en 1905 et 1927, que des costumes traditionnels vaudois et fribourgeois. Les costumes d’animaux, insectes et oiseaux, sont des nouveautés liées à la dramaturgie du spectacle de Daniele Finzi Pasca. »

Tandis qu’une libellule vole au-dessus du public,

lalibellulechorales quadriphoniques (aux 4 coins de l’arène), percussions,

percussions

cors alpins…  gymnastes, viennent célébrer la vigne et la vie paysanne et témoigner de la grandeur de la Suisse et du canton de Vaud. Tous défileront avec fierté le 19 juillet en faisant pavoiser les armoiries des communes et cantons.

 

Armoiries de quelques villages viticoles

 

 

Les photographes amateurs s’en donnent à coeur joie, et participants et spectateurs fraternisent…

fraternisation

Le soir, on se retrouve dans les caveaux des corporations et confréries professionnelles.

aucaveaudesmarinspecheurs
au caveau des marins-pêcheurs

Les Cent Suisses, des passionnés, sont les héritiers des mercenaires suisses qui servirent notamment les rois de France,  et veulent perpétuer l’histoire et la culture suisse. Ils participent à la fête depuis 1819.

 

Et l’on boit des vins blancs (chasselas le plus souvent)  et rouge (gamay,  parfois croisé  avec le reichensteiner (gamaret, garanoir), ou aussi le plant robert, variété épicée de gamay, lauréat de notre dégustation).

 

Des vins plaisants, mais difficiles à produire, et suisses, donc chers et qu’on ne verra guère à l’export ! Il faut donc en profiter sur place, coûte que coûte ! Et d’abord parcourir le vignoble, qui dévale les coteaux face au Léman.

vignoblelavaux

De village en village, de clos en clos les enseignes se succèdent.

 

 

et l’on peut croiser un vendangeur en bois.

vendangeurenbois

On admire le travail de l’artiste qui a sculpté sur le bois de cette porte l’effigie d’un aieul vigneron.

visageaieul

A Chexbres tout est prévu…

 

De retour à Vevey, on ne rate pas l’exposition de gravures d’Olivier Taramarcaz qui illustre l’ouvrage « Méditations viticoles – la vigne et le vin dans la Bible » de Nathalie Perrot.

cepceps

Et faute de visiter le musée historique fermé pour la circonstance, on se rabat sur l’Alimentarium proposé par Nestlé.

museedelalim

N’oublions jamais l’alcoolisme et ses ravages !

 

 

Bouillie bordelaise

Cette ravissante Vigne escaladant un rocher pour atteindre le buste d’Alexis Millardet au Jardin Public à Bordeaux nous a intrigué.

 

 

Ce respectable professeur de botanique à l’Université de Bordeaux a bien du mérite : il est l’inventeur et le promoteur de la bouillie bordelaise, ce mélange de chaux et de sulfate de cuivre dont on a découvert dans les années 1870-1880 qu’il permettait de prévenir le terrible mildiou. Il a également développé des techniques d’hybridation permettant de faire front face au phylloxéra.

Hélas cette médaille à a son revers et les composés du cuivre sont préjudiciables à l’environnement. L’usage en est donc réglementé, même s’il reste quasi obligatoire pour le mildiou de la vigne et de la pomme de terre (celui-ci est responsable de la terrible famine de 1845-8 en Irlande), même en agriculture bio (voir les travaux de recherche sur l’article de Sciences et Avenir).

Qu’en pensent d’ailleurs nos amis Christian et Régine Martin de Château Cagnac , mini-domaine (1,7 ha) des Côtes de Bourg,

chateaucagnac

qui viennent d’obtenir la Médaille d’Or au Challenge Millésime Bio pour leur délicieux rouge 2016?

medaillecagnac

Ils n’y coupent pas  :

« Le mildiou est le principal ennemi de notre vigne que je combats avec du cuivre. Le soufre m’évite l’oïdium. L’application de purin d’ortie et décoction de prèle renforce les défenses naturelles de la vigne . Ces préparations agissent par contact sur la végétation (donc lessivé à chaque pluie) et non par pénétration dans la sève. »

Mais épuisés après dix ans d’effort, ils ont décidé de partir au faîte de leur gloire et de passer la main.

lesdeux

On ne peut s’en réjouir mais on leur souhaite bon vent pour de nouvelles aventures !

(Il reste quelques bouteilles à la propriété, mais on pourra le trouver aussi sur certains marchés du pays Basque  » Chez Gillou  » 06 09 35 60 27)

On n’en est pas là au Château Loudenne, qui jouit d’une situation privilégiée dans le Médoc, au-dessus de la Gironde  à un peu plus d’une lieue de Saint-Estèphe.

loudenne

On y pratique la culture raisonnée (qui tente de minimiser les interventions chimiques au strict nécessaire), moins ambitieuse mais peut-être plus adaptée à un domaine de 58 hectares qui vaut la visite !

frontonloudenne

Loudenne, le fronton du cuvier (les chais)

 

Lanzarote : au musée Tanit

Voici un lieu à mettre en tête de liste de toute visite de Lanzarote, pourvu qu’on s’intéresse à la culture et à l’histoire de la vigne et de vin.

Outre une collection d’outils anciens, il présente une collection impressionnante de carreaux de céramique « édifiants », et quelques belles oeuvres comme ce tableau des vendanges

ou ces autres détaillant les travaux de la vigne et du vin, rappelant la chanson « de cep en terre »

L’extérieur ne paye pas de mine, mais ce paravent de bois sculpté attire l’attention avec ces personnages debout en équilibre sur des tonneaux.

Le musée fut créé en 1995  par Don Jose Ferrer Perdomo et son épouse Doña Remedios Quintana Reyes (qui signerait « Remy » certaines oeuvres présentées ci-dessous) dans une maison de maître traditionnelle du 18ème siècle.

C’est un gigantesque capharnaüm, dédié aux traditions culturelles, agricoles et viticoles de l’île. Ici des outils de taille,

un sac « pressoir » de capacité cent litres en peau de biqueet un pressoir à vis bien sûr

là une cuve ancienne où l’on a placé un alambic

ici encore un engin d’embouteillageVoici quelques belles oeuvres exposées

Sur cet almanach agri-viticole des mois  de l’année noter la taille de mars et la vendange en septembreCette fresque représentant un visage christique pressant une grappe sur un homoncule à cornes captif dans un verre laisse pensif

Passons aux nombreux proverbes et autres dictons illustrés sur des carreaux de céramique.

on peut lire ci-dessous :
« le vin vieux est le lait du vieillard », « vin a gogo et tout ira bien », « bonne santé sans boire, impossible », et « l’eau pour le moulin, le vin pour l’estomac »

On retrouve la même antienne peu ou prou dans les suivants

le vin et le jambon soignent les maux à l’instant

Les prêtres sont mis à contribution :

« le conseil du bon capucin : avec tout ce que tu manges, bois du vin » et
« pour le père Prieur il n’y a que deux sortes de vin, le bon et le meilleur »

On se réfère aussi au roi de Castille Alphonse X « le sage »  (1221-1284)

brûlez de vieilles bûches, buvez du vin vieux, lisez des vieux livres, ayez de vieux amis

Le message peut se faire grave

buvons et chantons car demain nous mourronsprofite et bois car la vie est courte

philosophique

Comme pour le vin, les amours, plus elles durent meilleures sont

didactique

le vin a trois propriétés : il fait rire, dormir, et ressortir les couleurs du visage

mais le plus souvent prosaïque

du pain , qu’il y en ait trop, de la viande, qu’il y en ait assez, et du vin, qu’il n’en manque pas

Dépense en bringue et vins ce que tu laisserais sinon à tes neveux

l’humour n’est jamais loin                mieux vaut mourir dans le vin que vivre dans l’eau, dit le moustique à la grenouille

ne plante pas ta vigne près d’un chemin afin que la vendange ne se fasse pas sans qu’on sache comment

Certes le vin rend joyeux

le vin et le soleil rendent le coeur joyeux

mais gare aux effets collatéraux

quand vient le vin fuite le secret

Tout est résumé dans les commandements de la loi du vin

on note le savoureux 7ème commandement : ne jamais voler une bouteille vide ou cassée

On peut conclure avec ce qu’on peut appeler cette apologie du vin

…il conforte la vieillesse et donne ce sentiment d’euphorie qui rend la vie douce et tranquille…

Déambulant de vitrines en vitrines,aux cadres bachiques

citation fameuse de Shakespeare mentionnant les vins de Canary

croisant des personnages d’un autre temps

on finira bien par atterrir au caveau souterrain, lieu de détente et de dégustation.