Roussillon, Catalogne Nord, Pyrénées Orientales ? Quelle différence ? ce sont les 438 km2 du Fenouillèdes… pays de tradition occitane. Le reste des P-O est catalan.

C’est un pays de vignobles (25000 ha) qui cultive la tradition des vins doux naturels, obtenus par mutation du moût par de l’alcool neutre en cours de fermentation.
Dans un premier temps, c’est un chapitre de la Commende Majeure du Roussillon qui nous y attira. On pourra en lire le compte-rendu sur le site de la FICB.
De quoi tomber amoureux de ces beau pays, de ses vins et de ses gens. Il fallait donc y retourner.
C’est à Arnaud de Villeneuve (1240-1311), médecin, chirurgien et savant qui maitrisa la distillation alcoolique que l’ on attribue l’invention du vin doux naturel.

On peut retenir de lui l’enseignement suivant :
« Le vin conforte l’esprit. Il lui permet d’aborder la subtilité et de faire face à la difficulté. Il prodigue à l’âme audace, sollicitude, libéralité. Le vin crée la parfaite harmonie des parties. Corps, esprit et âme coopèrent. »
Mais dès l’époque romaine la viticulture prospérait dans la région dite Narbonnaise, conquise au 2ème siècle avant notre ère.


Une trace remarquable de ces temps révolus est cette inscription latine trouvée sur un vase : « bois esclave, je ne suis pas vide pour toi », que nous a fait connaitre l’historien Bernard Rieu lors d’une conférence sur l’histoire de la vigne en Roussillon.

Longtemps la viticulture en Roussillon a été synonyme de vin doux naturels, produits à Banyuls, Rivesaltes, Maury.

(Il y eut plus tard le Byrrh, apéritif au quinquina qui eut son heure de gloire et dont nous avons visité le fameux site de production, à voir en fin d’article).
Mais les temps changent, et l’on produit aujourd’hui quasiment autant de vins non mutés.
Pour mieux connaitre ce vignoble et ses vins, on pourra visiter ce site, et celui-ci.
A Perpignan, on se doit de visiter le musée Hyacinthe Rigaud, peintre du roi Soleil, enfant du pays. On y trouve ce grand tableau de Jacob de Backer (16 siècle) représentant Vénus, Bacchus et Cérès

Et cette Cargolade (un plat emblématique catalan) de Louis Delfau (1871-1937)

où l’on peut voir, posé sur la table, le fameux « porro », carafon pour boire à la régalade


et ce marbre sculpté.

A l’hôtel Pams, les superbes grandes fresques ignorent hélas vigne et vin, cette publicité pour Byrrh est juste une consolation et un avant-goût (voir plus bas)

On se consolera en se restaurant au Jean,

excellente adresse à la décoration aérienne

située dans une ancienne tonnellerie près du Centre du Monde (la gare de Perpignan), et dont le patron Jean-Claude,

pâtissier de formation, sait se montrer très hospitalier. Il nous présente cette étonnante bouteille d’un avenir passé :

A Céret, l’église Saint-Pierre présente ce « breuvage du salut » de William Fenech, un peintre local, surprenant calvaire dressé au milieu des vignes.

Au Musée d’Art Moderne, rien à signaler ici, si ce n’est ce Picasso à table

Un peu plus haut, à Arles /Tech, on danse la sardane au son de la cobla en ce jour de « festa major »

L’arrivée à Thuir, patrie du Byrrh, annonce la couleur avec cette rangée de ceps qui borde la route :

Les caves Byrrh, un élixir (« vin tonique et hygiénique au quinquina ») inventé par les frères Simon et Pallade Violet en 1866, y sont installées depuis plus de 100 ans. Exportée sur tous les continents, elle devint aussi la première marque d’apéritif en France dans les années 1930.

On entre dans la fabrique comme dans une cathédrale

Le clou de la visite est un foudre de plus d’1 million de litres, où l’on faisait vieillir l’élixir afin que toutes les bouteilles aient le même goût !

Voici le tableau de commande de ce gigantesque site de production

Et voici des vues d’époque du hall de gare Eiffel et du quai de chargement
Coup de génie publicitaire, un concours d’affiches lancé en 1903 a inspiré plus d’une centaine d’artistes. En voici quelques unes
On trouvera les 112 primées sur le site du cartoclub aveyronnais, comme celle-ci qui reçut un 2ème prix

et celle-ci, attendrissante, un 5ème prix

Les enfants sont les bienvenus chez Byrrh d’ailleurs !

la publicité, le nerf de la guerre. Ces affiches sont de Georges Leonnec.


En voici quelques autres du même.
A la sortie, c’est l’embarras du choix

Nous terminons ce bref parcours à Maury, à la cave des vignerons, où l’on peut déguster la production du cru :
des vins doux naturels, reconnaissables à la bouteille trapue créée dans les années 80,

« Ces vins dits TUILÉS parce qu’ils proviennent de raisins noirs ou AMBRÉS parce qu’ils proviennent de raisins blancs sont des vins aromatiquement complexes servis en début ou en fin de repas », avec « des arômes de fruits confits, d’orange et de miel … pour les AMBRÉS », et aussi « des notes de cacao, de torréfaction, de pruneau … pour les TUILÉS ».
Mais il y a aussi depuis quelques années des vins rouges secs, où domine « LE CEPAGE de prédilection, lequel peut être vinifié soit en vins doux soit en vins tranquilles : le grenache noir. »
Voulez-vous déguster ? nous a-t-on demandé gentiment. Vin(gt) dieu(x) ! on est là pour ça !

Et merci encore !











































































































