Dans le Roussillon

Roussillon, Catalogne Nord, Pyrénées Orientales ? Quelle différence ? ce sont les 438 km2 du Fenouillèdes… pays de tradition occitane. Le reste des P-O est catalan.

C’est un pays de vignobles (25000 ha) qui cultive la tradition des vins doux naturels, obtenus par mutation du moût par de l’alcool neutre en cours de fermentation.

Dans un premier temps, c’est un chapitre de la Commende Majeure du Roussillon qui nous y attira. On pourra en lire le compte-rendu sur le site de la FICB.

De quoi tomber amoureux de ces beau pays, de ses vins et de ses gens. Il fallait donc y retourner. 

C’est à Arnaud de Villeneuve (1240-1311), médecin, chirurgien et savant qui maitrisa la distillation alcoolique que l’ on attribue l’invention du vin doux naturel.

On peut retenir de lui l’enseignement suivant :

« Le vin conforte l’esprit. Il lui permet d’aborder la subtilité et de faire face à la difficulté. Il prodigue à l’âme audace, sollicitude, libéralité. Le vin crée la parfaite harmonie des parties. Corps, esprit et âme coopèrent. »

Mais dès l’époque romaine la viticulture prospérait dans la région dite Narbonnaise, conquise au 2ème siècle avant notre ère.

Une trace remarquable de ces temps révolus est cette inscription latine trouvée sur un vase : « bois esclave, je ne suis pas vide pour toi », que nous a fait connaitre l’historien Bernard Rieu lors d’une conférence sur l’histoire de la vigne en Roussillon.

Screenshot

Longtemps la viticulture en Roussillon a été synonyme de vin doux naturels, produits à Banyuls, Rivesaltes, Maury.

enseigne vue à Villeneuve de Conflent

(Il y eut plus tard le Byrrh, apéritif au quinquina qui eut son heure de gloire et dont nous avons visité le fameux site de production, à voir en fin d’article).
 Mais les temps changent, et l’on produit aujourd’hui quasiment autant de vins non mutés.

Pour mieux connaitre ce vignoble et ses vins, on pourra visiter ce site, et celui-ci.

A Perpignan, on se doit de visiter le musée Hyacinthe Rigaud, peintre du roi Soleil, enfant du pays. On y trouve ce grand tableau de Jacob de Backer (16 siècle) représentant Vénus, Bacchus et Cérès

Et cette Cargolade (un plat emblématique catalan) de Louis Delfau (1871-1937)

où l’on peut voir, posé sur la table, le fameux « porro », carafon pour boire à la régalade

et ce marbre sculpté.

A l’hôtel Pams, les superbes grandes fresques ignorent hélas vigne et vin, cette publicité pour Byrrh est juste une consolation et un avant-goût (voir plus bas)

On se consolera en se restaurant au Jean,

excellente adresse à la décoration aérienne

située dans une ancienne tonnellerie près du Centre du Monde (la gare de Perpignan), et dont le patron Jean-Claude,

pâtissier de formation, sait se montrer très hospitalier. Il nous présente cette étonnante bouteille d’un avenir passé :

une cuvée très spéciale !

A Céret, l’église Saint-Pierre présente ce « breuvage du salut » de William Fenech, un peintre local, surprenant calvaire dressé au milieu des vignes.

Au Musée d’Art Moderne, rien à signaler ici, si ce n’est ce Picasso à table

Un peu plus haut, à Arles /Tech, on danse la sardane au son de la cobla en ce jour de « festa major »

L’arrivée à Thuir, patrie du Byrrh, annonce la couleur avec cette rangée de ceps qui borde la route :

Les caves Byrrh, un élixir (« vin tonique et hygiénique au quinquina ») inventé par les frères Simon et Pallade Violet en 1866, y sont installées depuis plus de 100 ans. Exportée sur tous les continents, elle devint aussi la première marque d’apéritif en France dans les années 1930.

Vu sur une porte du fort Queyras

On entre dans la fabrique comme dans une cathédrale

 Le clou de la visite est un foudre de plus d’1 million de litres, où l’on faisait vieillir l’élixir afin que toutes les bouteilles aient le même goût !

Voici le tableau de commande de ce gigantesque site de production

Et voici des vues d’époque du hall de gare Eiffel et du quai de chargement

Coup de génie publicitaire, un concours d’affiches lancé en 1903 a inspiré plus d’une centaine d’artistes. En voici quelques unes

On trouvera les 112 primées sur le site du cartoclub aveyronnais, comme celle-ci qui reçut un 2ème prix

Concours d’Affiches BIRRH

et celle-ci, attendrissante, un 5ème prix

autres temps autres moeurs

Les enfants sont les bienvenus chez Byrrh d’ailleurs !

la publicité, le nerf de la guerre. Ces affiches sont de Georges Leonnec.

En voici quelques autres du même.

A la sortie, c’est l’embarras du choix

Nous terminons ce bref parcours à Maury, à la cave des vignerons, où l’on peut déguster la production du cru :

des vins doux naturels, reconnaissables à la bouteille trapue créée dans les années 80,

« Ces vins dits TUILÉS parce qu’ils proviennent de raisins noirs ou AMBRÉS parce qu’ils proviennent de raisins blancs sont des vins aromatiquement complexes servis en début ou en fin de repas », avec « des arômes de fruits confits, d’orange et de miel … pour les AMBRÉS », et aussi « des notes de cacao, de torréfaction, de pruneau … pour les TUILÉS ».

Mais il y a aussi depuis quelques années des vins rouges secs, où domine « LE CEPAGE de prédilection, lequel peut être vinifié soit en vins doux soit en vins tranquilles : le grenache noir. » 

Voulez-vous déguster ? nous a-t-on demandé gentiment. Vin(gt) dieu(x) ! on est là pour ça !

Et merci encore !

A Majorque

Grande comme un petit département français (3640 km2), l’ile de Majorque compte quelques 1350 hectares de vignobles, principalement dans sa partie centrale et sur les pentes de la chaine « Tramontane » qui la domine au Nord.

Notre baptême du vin de Majorque, c’est avec ce « rosat Novell » aux « sutils aromes fruitals » servi par l’ami Francesco que nous le recevons.

L’histoire du vin à Majorque remonte aux romains. Outre l’usage religieux, beaucoup de fermes produisaient traditionnellement un vin de consommation courante à boire « ici et maintenant », comme dit Pierre Guigui.

ancien pressoir de la finca Son Pieras près de Llucmajor

Laissant le hasard guider nos pas, nous remontons la scénique route de la Tramontane

un clos sur la route de Valldemossa

qui ici est la montagne (et non pas le vent) du nord, et avisons Valldemossa, petite cité sise à 500 m d’altitude, fameuse pour son monastère, la Real Cartuja, ses visiteurs (George Sand et Chopin), ses ruelles, ses jardins, et la Santa Catalina dont chaque maison porte un carreau…

Nous y rencontrons Pablo, natif d’ Argentine qui tient une atypique « Boutique de vinos y camisetas personalizadas ».

Plasticien, il vend aussi sa production artistique dont voici quelques exemples.

Cette Cène rassemble des écrivains familiers de Majorque

Nous y dégustons ce savoureux malvoisie « Mar de Bé » de la Bodega Can Rubi.

On y peut lire aussi cette citation de Gustav Malher : « Un verre de vin au moment opportun vaut plus que toutes les richesses de la terre ».

Cette maison ( la Bodega Can Rubi) tient boutique à Santa Maria del Camí où le hasard mènera nos pas quelques jours plus tard.

On n’y goûte que le vin vendu en vrac, mais toute la production du domaine peut être achetée là, et notamment Mar de Bé, en version Malvoisie et Sauvignon blanc.

sur la route des vignes en DO Binissalem

Santa Maria del Camí est la porte d’entrée à l’ouest de la DO Binnissalem.

Un peu plus loin Binissalem nous accueille avec ses vendangeurs

Une petite faim ? la Ca s’hereu est l’endroit où retrouver pour déjeuner la population locale.

La bodega José L. Ferrer accueille les visiteurs avec ostentation

dans des locaux impressionnants où l’on note un effort de décoration.

A 500 mètres d’altitude, le monastère de Lluc jouit d’un site exceptionnel en pleine Serra de Tramuntana. Un musée y abrite quelques bijoux dans la collection du peintre Josep Coll Bardolet,

comme ce dessin de buveurs attablés devant de grands foudres

ou ces « trois portraits » au verre et au raisin de Pau Fornés

et cette scène champêtre sur un petit éventail très 18ème, sans doute plus tardif en Espagne.

Terminons cette promenade majorquine avec ces quelques images rapportées de Palma, la capitale.
Ces grappes de raisin ont été placées dans La Chapelle San Pedro de la cathédrale de Palma (la Seu) par Miquel Barceló, lors d’une rénovation dans les années 2000.


Le Castell Bellver, citadelle circulaire qui domine la ville, abrite un musée d’Histoire de la Cité de Palma. On y a vu ce joli carreau de faïence, représentant un marchand de vin en pleine action

et cette « hermadionisiac » sculpture du 18ème, d’après l’antique.

On quitte Majorque avec le sentiment qu’il reste encore beaucoup à voir, et à boire !

A Bientôt Majorque !

Moisson d’avril

Ce n’est pas une grande moisson, mais il serait dommage de garder ces quelques images pour soi.

Voici tout d’abord deux peintures de Jean-Yves Templier (@jy_templier), artiste peintre de la Cadière d’Azur, représentant les vignes au printemps, et en automne.

(exposition à la maison Flotte de Sanary/mer jusqu’au 12 mai de ce peintre coloriste aux multiples techniques)

A Sanary également on a pu assister à cette danse géorgienne particulièrement endiablée, la bouteille impavide semblant vissée sur le crâne du danseur.

une bouteille en parfait équilibre

Un peu plus loin à l’entrée de Bandol cette sculpture, monument de 22 tonnes installé au « Jardin de la Mer », honore la Mer et la Vigne depuis plus de 20 ans. Elle est l’oeuvre de Robert Rayne, sculpteur et peintre, lauréat du concours lancé par la ville de Bandol pour symboliser la ville.

Mer et Vigne, du sculpteur Robert Rayne.

A Marseille, au Musée Regards de Provence, on a revu avec plaisir ce repas de paysans, (Lou gousta, du peintre Alphonse Moutte dont on a vu récemment La régalade (au musée des Beaux-Arts de Marseille).

Remercions Lissinck, notre correspondante au Comtat Venaissin, qui nous a fait parvenir cette décoration bachique que l’on peut voir au Palais des Papes d’Avignon.

Téléportons-nous pour conclure à Strasbourg, où l’on peut voir cette belle enseigne du Gasthof Schwanen. Ce n’est pas si loin ! (7h de TGV depuis Toulon)

En noir et blanc et en couleurs

Deux expositions où l’on se presse en ce moment au Petit Palais, sur l’art de la gravure (Trésors en noir et blanc) et le Paris de la modernité.

Dürer, Callot, Rembrandt, et bien d’autres. Impressionnante galerie de gravures, où l’on distingue cette estampe de Francisco de Goya, Los Duendecitos, qui représente trois « petits lutins » buveurs de vin, caricatures de moines goulus.

Elle fait partie de la série des caprichos, 80 gravures moquant la société espagnole de la fin du 18ème siècle, dont est extraite aussi celle-ci (Nadie nos ha visto= personne ne nous a vus) où l’on voit des moines se gobergeant verre en main :

Cette photo en noir blanc du danseur étoile des Ballets russes Nijinski portant une grappe de raisin fera la transition avec le Paris de la modernité.

Ce « banquet de Braque » de Maria Vassilieff aurait pu faire aussi la transition. Il commémore le banquet offert en l’honneur de Braque et Matisse, rentrant du front, blessés, en 1917.

A côté de l’auteure, découpant la dinde, Matisse, Blaise Cendrars qui a perdu un bras, Georges et Marcelle Braque, en face de Picasso(en double exemplaire ?) etc. et Modigliani debout qui vient faire un esclandre à son ex, Beatrice Hastings…

Autre gloire de l’époque, le brésilien Santos Dumont, pionnier de l’aviation, invite à s’envoyer en l’air avec Bénédictine.

S’il fallait monter dans les nues pour boire de la Bénédictine, il y a longtemps que le problème de la locomotion aérienne serait résolu, nous dit-il.

Voici enfin une scène festive de grande taille (près de 3 m sur 4). On y boit, on y joue de la musique et on y danse. C’est la danse du pan-pan au Monico (un ancien cabaret de la place Pigalle) de Gino Severini (vers 1911). Un tourbillon !

A Marseille, au Musée des Beaux-Arts

C’est au Palais Longchamp, château construit en pierre de Calissane et inauguré en 1869 pour accueillir les eaux de la Durance conduites par le canal de Marseille, qu’est logé depuis lors ce joli musée créé sous le Consulat.

Il abrite bien des trésors, comme cette vue du Cours (aujourd’hui Belsunce) , du peintre Michel Serre, après la grande peste de 1720 qui emporta la moitié de la population.

Mais ne nous dispersons pas. On peut aussi y voir cette statue de Lesbie, une coupe à la main, et de son moineau, de François Truphème (1820-1888).

Lesbie, « muse aux moeurs très volages » aimée du poète Catulle, vivait au 1er siècle avant notre ère à Rome. Elle tient ici une coupe à la main, et tient sur l’épaule un passereau qui ne l’a quittait pas, mais

Pleurez, Grâces ; pleurez, Amours ; pleurez, vous tous, hommes aimables !
il n’est plus, le passereau de mon amie, le passereau, délices de ma Lesbie !
ce passereau qu’elle aimait plus que ses yeux ! Il était si caressant !
il connaissait sa maîtresse, comme une jeune fille connaît sa mère :
aussi jamais il ne s’éloignait d’elle ; mais, voltigeant sans cesse autour de Lesbie,
il semblait l’appeler sans cesse par son gazouillement.
Et maintenant il erre sur ces ténébreux rivages que l’on passe, dit-on, sans retour.

Un peu plus loin, Bacchus se repose, une grappe à la main (oeuvre de Gilles Garcin (1647-1702))

Sur la grève , des pêcheurs pique-niquent

et l’un boit à la régalade (oeuvre d’Alphonse Moutte 1840-1913).

Terminons avec. ce festin nocturne (détail), d’Adolphe Monticelli (1824-1886), qui inspira Van Gogh.

Lui-même influencé par Watteau, » il peignit de nombreuses  scènes de parc, dans la tradition des Fêtes galantes : ainsi, Festin nocturne de 1875. »

La Régence

Elle n’a duré que 8 ans, mais annonce les temps nouveaux.

EN 1715, à la mort de Louis XIV, son arrière-petit -fils Louis XV n’a que 5 ans, et c’est le neveu Philippe d’Orléans qui assure l’interim jusqu’aux 13 ans du roi (sa majorité).

Après le très chrétien Roi Soleil, c’est un libre penseur, un libertin, un artiste (peintre et musicien) qui quitte Versailles pour Paris et prend les commandes de la France.

C’est cette courte histoire que nous fait revivre le musée Carnavalet avec l’exposition « la Régence à Paris ».

Voici le temps des fêtes, bacchanales et débauches, illustré par Bernard Picart.

Suivons Bacchus avalons sa liqueur Ah ! qu’elle a de douceur

Il s’en passait de belles au château de La Muette !

Initié à la peinture par Charles Coypel, le Régent dessine les cartons de tapisseries illustrant les amours de Daphnis et Chloé. Voici celle intitulée les Vendanges.

Ces deux détails sont extraits de « Daphnis et Chloé : les Noces ». (à gauche, le banquet de noces, à droite la reconnaissance de Chloé)

Nous retrouvons Alexis Grimou, une vieille connaissance, avec ce « marquis d’Artaguiette en buveur« , qui date de 1720.

Ces deux épicuriens sont attribués à Jacques Autreau, un auteur de théâtre fameux à l’époque.

On connait ses buveurs de vin et son verre en lévitation.

François Boucher, né en 1703, était tout jeune lorsqu’il a fait cette gravure d’après Watteau d’un « jeune homme portant un plateau et d’un valet tirant des bouteilles d’une corbeille » (1730).

Des bouteilles du sacre peut-être ?

Bouteille portant le sceau du sacre de Louis XV, 1722

(Il serait intéressant de savoir où cette bouteille a été fabriquée, la première verrerie royale « à la façon d’Angleterre » ayant été fondée en 1723 à Bordeaux par l’anglo-irlandais Pierre Mitchell )

Louis XV fut consacré à Reims le 25 octobre 2022, à l’âge de 12 ans.

« Le vin servi ce jour-là est du vin de Champagne, effervescent (pétillant), ou tranquille (sans bulles).
Le champagne est le vin préféré de la cour et particulièrement du Régent, comme l’écrit sa mère, la Princesse Palatine : Quand mon fils boit un peu trop, il ne fait pas usage de fortes liqueurs, mais de vin de Champagne.
« 

Ici finit l’histoire de la régence, et Philippe , nommé  »principal ministre », décédera un an plus tard.

Post Scriptum : la bouteille présentée ci-dessus serait l’unique rescapée des 6000 bouteilles bues à l’occasion du sacre. Vendue avec d’autres vieux flacons par une collectionneuse américaine en 2020,elle a été acquise par la famille Tartiner qui en a fait don au Palais de Tau, l’ancienne résidence épicopale à Reims.( Voir l’article de francetvinfo)

Expos parisiennes etc.

Pas grand chose à se mettre sous la dent, mais quand même quelques rencontres intéressantes cet automne.
Commençons par Art Shopping, salon rituel où l’on vient du bout du monde pour exposer et peut-être vendre.

Nous y avons croisé l’uruguayenne Francesca Dito, peintre et sommelière, dont l’art est intimement lié à la vigne et au vin. Sa famille, d’origine italienne, cultive la vigne et produit du vin dans la région de Canelones. Un assemblage de cépages originaires d’Italie, d’Espagne et de France (parmi lesquels le Tannat, aujourd’hui cépage emblématique de l’Uruguay) porte son nom…

visite des vignobles et des régions viticoles I et II (recorriendo regiones de viñas y de vino)

Pour les amateurs, voici d’autres oeuvres intéressantes exposées récemment en Uruguay.

Nous y avons aussi vu cette toile colorée et exubérante de la Norvégienne Anne Margrethe (Bjerkebro).

On ne peut pas rester indifférent devant cette oeuvre emblématique qui exprime la joie de vivre.
Voici Anne Margrethe (on pourra voir d’autres oeuvres sur FB)

+ (ajout tardif) : et puis voici quelques oeuvres d’Irit Rotrubin, photographe israélienne rencontrée au même Carrousel, qui en pince pour les lunettes mais s’intéresse aussi aux vignes et aux coupes !

Au Musée d’Art Moderne, ce sont ces « bouteilles dans l’atelier de Nicolas de Staël » qui ont attiré notre attention

Au Musée d’Orsay, cette vigne d’Auvers/Oise est un des 74 tableaux peints par Vincent Van Gogh du 20 mai au 27 juillet 1890, jour où il se suicide en pleins champs.

A deux pas, Louis Janmot, peintre qu’on pourrait qualifier de moraliste, représente en 1861 l’Orgie (Fusain et rehauts de gouache blanche sur papier) qu’il décrie dans son » Poème de l’âme« .

Joséphine Bindé, dans Beaux Arts Magazine, résume bien l’ambivalence de son art :
« D’un côté, ses scènes pastorales, ses envolées d’anges et ses allégories, certes gracieuses, suintent la morale religieuse et le conservatisme. De l’autre, certains de ses tableaux, hantés par l’incertitude, la mort et le vice, affichent des compositions d’une modernité ahurissante qui annoncent les grands surréalistes du XXe siècle. Tel est le fascinant paradoxe de l’exposition que consacre le musée d’Orsay au méconnu et surprenant Louis Janmot ! »

Voici pour terminer quelques vues prise à l‘hôtel Lutetia fraîchement rénové (2014-2018).

Cette fresque agreste d’Adrien Karbowsky, située au bar Joséphine (Baker) a nécessité plus 17 000 heures de travail à l’atelier de Ricou pour la dégager des couches de peinture sous lesquelles elle était ensevelie.

Voici quelques détails

Et l’on termine avec cette statue de Bacchus vue au parc de Saint-Cloud.

A l’auberge Ganne

Il est à Barbizon une ancienne auberge, aujourd’hui musée, qui accueillit jadis des artistes désireux, à l’instar de Camille Corot, de sortir leurs chevalets et d’aller peindre dans la nature. Barbizon, en bordure de la forêt de Fontainebleau, accessible depuis la capitale, s’y prêtait bien et fit école. Le ménage Ganne les accueillera dans son épicerie transformée en auberge.

Investissant le lieu, ils y peignirent murs et boiseries, et laissèrent nombre d’œuvres. En voici quelques unes.

la danse autour du punch, attribué à J.B.Carpeaux
Scène de cabaret, d’Alexis Mossa
Bacchus avec une nymphe et des amours, Anonyme
dessus de cheminée

La noce de la fille Ganne, dont le père de l’époux, photographe, était lui-même peintre, en mars 1859, fur mémorable. « Quiconque arrivait était tenu de boire à la santé de la mariée. .. C’est Corot qui nous a montré comment on pratique la danse des bouteilles », écrira l’un des participants, le peintre René Ménard.

la noce de la fille Ganne, par Olivier de Penne

Mais c’est l’heure de rentrer. Voici les horaires de la ligne de train Paris Barbizon.

Le « Tacot » a circulé de 1899 à 1938.

Sarah B. et autres merveilles

Difficile de se représenter aujourd’hui le monstre sacré qu’a pu être en son temps Sarah Bernhardt, actrice,tragédienne, mais aussi peintre, sculptrice, dirigeant le théâtre qui porta longtemps son nom place du Châtelet à Paris….

Une exposition au Petit Palais (jusqu’au 27 août) permet de la connaitre mieux. En voici quelques images

diner dans la serre, de Lousie Abbéma, 1877
Sarah dégustant des fraises, pastel, Lousie Abbéma 1885
Edmond Rostand portant un toast à Sarah Bernard, vers 1897-1900
le toast de Victorien Sardou, pour le journal l’Illustration, par George-Bertin Scott 1896

C’était le temps de l’absinthe reine…

Cette affiche a une histoire, que l’on peut lire sur le site sliteshare.net :

« Sur l’affiche de 1892 par Tamagno pour l’absinthe Terminus figurent deux personnalités de scêne célèbres de l’époque: Constant Coquelin et Sarah Bernhardt. Bernhardt fut furieuse de se voir dépeinte sans avoir donné son accord, et poursuivit avec succès les fabricants en justice – après quoi ils furent forcés de faire enlever toutes les affiches des murs de Paris »

Il est d’autres expos en ville, comme celle réunissant Manet et Degas au Musée d’Orsay (jusqu’au 23 juillet), où l’on peut voir ces buveuses

et cette serveuse de bocks

Jeu : qui a peint quoi ?

Vinho Verde et Douro

Nous poursuivons la relation de notre visite au Portugal, où nous sommes venus pour participer au Congrès de la Fédération Internationale des Confréries Bachiques au cours duquel nous avons découvert ces deux régions du Nord du Portugal. L’une produit le vin du même nom, l’autre le célèbre Porto.

Le Vinho Verde, Le vin vert, ce n’est donc pas qu’un vin, c’est aussi une région située au Nord-ouest du Portugal, où le vent du Nord souffle et rafraichit océan et région côtière. La terre ne manque pas d’eau, le pays est bien vert.  La vigne est cultivée en hauteur, et les raisins, exposés à l’humidité et aux maladies,  sont généralement vendangés avant d’arriver à maturité. Le vint « vert «  est donc peu alcoolisé, sec et gagne à être bu frais. Historiquement majoritairement rouge, c’est le blanc qui prédomine dorénavant. Une multiplicité de  cépages (45…) induisent certainement une multiplicité de vins. Nous en retenons un : Casa da Senra,  de cépage loureiro. 

C’est à Viana do Castelo que la  Confraria do Vinho Verde a célébré son 54ème chapitre ; une trentaine de congressistes ont été intronisés.

On reconnaitra un costume et une tête bien connus des amis du Clos !

Les danses folkloriques ne nous ont pas surpris, de semblables ont bien souvent accompagné nos chapitres clamartois.

La Confrérie du Vinho Verde a un hymne, l’âme du vinho verde ! (Artur Coimbra, João Martins). Le voici, chanté par Cristina Lima

Desde a raiz da memória 
Nas terras férteis do Minho
Colhe-se na tradição
O mais saboroso vinho!
Nas festas e romarias
Por esse país profundo 
Brinda-se à alegria
Com o melhor néctar do mun- do!

REFRÃO
Pelo nosso vinho verde 
Que aquece o dia a dia 
Pelos confrades, enfim 
Viva a nossa Confraria!

No mais fresco vinho verde 
Constrói a alma o seu hino 
Entre a serra e o mar
É que se bebe o destino! 
Numa mesa portuguesa
Sobre a toalha de linho
Há sempre um naco de pão 
E um bom copo de vinho!

REFRÃO

Nas lides dos nossos campos 
Quando é p’ra descansar 
Põe-se a merenda ao dispor 
E um tinto a acompanhar!
Não há vinho como o nosso 
Regado a esforço e suor
O sangue de todo um povo 
Num copo de puro amor!

Il faut signaler ici que la version portugaise du fameux Vino Griego a été adaptée, et a pour titre ici « Verde Vinho » !
L’exil des portugais vaut bien celui des grecs ! Elle est chantée par Paulo Alexandre.

Vamos brindar com vinho verde
Que é do meu Portugal
E o vinho verde me fará recordar
A aldeia branca que deixei atrás do mar.
Allons trinquer au vinho verde
Qui est de mon Portugal
Et le vinho verde me rappellera
Mon village blanc au-delà de la mer.
Vamos brindar com verde vinho
P’ra que possa cantar, canções do Minho
Que me fazem sonhar,
Com o momento de voltar ao lar.
Allons trinquer au vinho verde
Qu’on puisse chanter, les chansons du Minho
Qui font me font rêver,
Au moment de retourner à la maison

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Au delà des serras do Marão et de Montemuro, la région du Douro jouit d’un climat méditerranéen beaucoup plus clément. Le paysage de collines en terrasses est superbe, et a été classé par L’Unesco.

La Quinta da Pacheca, dont le nom rend hommage à la première propriétaire identifiée (1738) du domaine,  Da. Mariana Pacheco Pereira, produit des vins Douro DOC et Porto. Ce fut le lieu d’une belle dégustation.

Le vin de Porto rouge est fortifié après quelques jours de macération par ajout d’eau de vie de vin à 77°, stoppant ainsi la fermentation, puis passe quelques années en fût ou en foudre. Le tawny est le produit phare, mais le porto blanc, plus sec, s’avère agréable à l’apéritif. 

 Sa production est sans commune mesure avec celle du Madère. On en saura plus sur le Porto en lisant la synthèse de wikipedia.

Cette curieuse structure prolonge la vie d’un chêne multi-séculaire. Son nom : Nectar da Pacheca, son auteur : Oscar Rodrigues (2014).

Voici une autre oeuvre vue sur place.

Le retour en bateau vers Porto donne l’occasion d’admirer les incroyables paysages du Douro et de franchir la plus haute écluse d’Europe (36m). 

Le chapitre de la confrérie du vin de Porto était parfaitement rythmée. Toutes les confréries présentes ont été intronisées.

Et du porto 10 anos Tawny fut servi au diner de gala dans l’historique maison de la Douane.

Ne quittons pas le Portugal sans écouter les commandements du vin !