Robinson Crusoe

Robinson Crusoe remonté sur les planches ! Cette oeuvre de 1867, qui ne fait pas partie des plus grands classiques habituellement entendus du maitre, vaut bien le voyage, aujourd’hui au théâtre des Champs Elysées, demain à Angers, Nantes, Rennes…

On ne racontera pas l’histoire, que chacun connait, et que Laurent Pelly a adapté à notre époque de migrations en pointant du doigt d’autres sauvages. On pourra en lire une présentation détaillée sur premiereloge-opera.com

Musique magnifique, comme toujours chez Offenbach, dirigée par Marc Minkowski, mais il faudra attendre le 3eme acte, scène 9 pour entendre (enfin ! mais un peu « écourté malheureusement) un air cher aux oreilles des lecteurs du bon clos, le choeur des marins :

Buvons !… Buvons !… Chers compagnons ! Quelle bonne affaire Pour de pauvres gens qui, six mois durant, Ont bu de l’eau claire ! Quelle bonne affaire De boire ce rhum enivrant ! Noyons-nous dans l’ivresse Et narguons l’avenir, Oublions la richesse Que nous pensions saisir. Cette ingrate maîtresse Ne vaut pas nos regrets. Noyons-nous dans l’ivresse Et nous verrons après !

La voici, Salle Favart, en 1986, sous la direction de Michel Tabachnik, et dans une mise en scène de Robert Dhéry, qui prend comme il se doit  des libertés avec le livret !

La partition présente une version assez différente, où il s’agit de briser les fûts et de faire bombance de rhum et wiski (sic) : voir la partition du choeur des matelots ici)

Il existe une version anglaise de Robinson Crusoe, ce qui n’est que justice. Voir le choeur des matelots dans cette langue, sur la chaîne d’OperaRaraOfficial

It’s time to take a liquor break! Six months at sea, no wonder we Want beer or shandy, rum or brandy, It’s the same to me! No time to lose, roll out the booze! Desperate men never say ‘when’!I’d sell my soul to drink a whole Barrel of ale! We’ll drink tonight until we’re tight! Yes, we’ll keep drinking Till we’re stinking! Drink until we cannot stand up! Come on, my lads, drink up, my lads, Drink up, drink up! We’ll drink until we’re tight! We’re getting drunk tonight! We’ll keep drinking till we’re stinking tonight! A pirate’s life is ’ard, Condemned to roam the sea. Shunned and despised by gentlefolk And by society. We’re decent blokes at ’eart, We’re just mischievous elves. Robin Hoods who just rob the rich, Then keep the lot ourselves! Crossbones flying above! It’s the life that we love! Sailing into a scrape! Ready to loot and rape! It’s time to take a liquor break! Six months at sea, no wonder we Want beer or shandy, rum or brandy, We’ll drink tonight until we’re tight! Desperate men never say ‘when’! Fill me up again, then Sleep until we’re sober Then start all over again! Then drink all night Until we’re tight all over again! Men! We’ll drink tonight until we’re tight! We’ll keep drinking till we’re stinking! We’ll drink tonight until we’re tight, Tonight, all night tonight! We’ll get drunk tonight! We may stay tight And never be sober again! We’ll drink tonight!

On trouvera le livret complet en anglais là

En Dalmatie

Cette région de la côte adriatique est une des quatre régions viticoles de la Croatie.

Screenshot

 » Le Plavac mali, (*)parmi les vins rouges et le pošip, parmi les vins blancs sont les fleurons de la viniculture dalmate. Cependant, c’est le grand nombre de sortes autochtones, comme le kujundžuša, le plavina, le maraština, le bogdanuša, le debit et bien d’autres sortes, dont le potentiel est reconnu par de plus en plus de viniculteurs dalmates, qui attirent l’attention de nombreux passionnés. » (cf le site croatia.hr)
(*) cépage déjà rencontré dans ces colonnes

Avec l’ami slovène Janesz nous y sommes rendus  à la rencontre la belle confrérie des chevaliers du vin croate, qui célébrait son chapitre à Imotski dans le sud du pays.

Janesz avec le grand-duc

C’est Zeljko,  grand amateur de vins et sabreur de champagne, qui nous a accueilli et d’abord conduit dans ses terres de Vodice. Là nous attendaient Ivo, Susana et leurs amis (Maria, qui parle un peu français, Natalia, Zvomko …), là nous avons eu un avant-goût de l’hospitalité croate.

Pour accompagner Prosciutto/pancetta/fromage, asperges (que l’on consomme avec de l’huile d’olive du jardin pressée la veille), Soupe de fèves au lard, Octopus grillé… les vins se succèdent : « debit » lučica réservas 2016, vin jaune foncé après 18 mois de barrique, malvoisie istarska 2023 « festigia »,    » plavac mali  » 2018 de l’île de Hvar, Zlatan plavac 2020…

Après la visite  du moulin à huile, dont le patron est aussi un chevalier amateur de vin, la dégustation va se poursuivre dans la cave à Zeljko, jusqu’à plus soif, en écoutant des chansons françaises ( « rappelle-toi Barbara », « non rien de rien » etc.) dont ces fins gourmets sont friands.

Zeljko en sa cave, prêt à sabher

Imotski est un village situé au fin fond de la Croatie près de la frontière bosniaque, dans une région karstique au paysage impressionnant de collines et de lacs.

La maison d’Ivan Turic, un moine, collectionneur d’oeuvres d’art, est en passe de devenir un musée. Les chevaliers croates en ont la primeur, et nous en ramenons quelques images, comme cette gravure de Friedrich Kraus (1826-1894)

Friedrich Kraus, gravure « ein gastmahl bei tizian » (visite chez Titien).

Nous avons retrouvé le tableau original en couleurs

Sur celle-ci, on reconnait « le roi boit » de Jordaens.

Et voici dans une charmante scène de chasse(?) d’auteur inconnu,

un détail charmant

Voici quelques autres oeuvres découvertes au fil des vignobles, comme ce portrait d Ivan Jerkovic, fondateur du domaine du même nom, , vu par le peintre Denis Kujundzic

ou cette mosaïque des années 70, du temps de la Yougoslavie, vue dans une ancienne coopérative, Imota.

En consultant l’article paru sur le site de la FICB, on en saura plus sur les chevaliers du vin croate et leurs rituels, toujours ponctués par leur devise :

SLOVA BOGU ČAST VINU. (Gloire à Dieu, Honneur au Vin).

Sur le chemin du retour faisons étape à Ljubljana en Slovénie retrouver l’ami Marin. Il nous reçoit chez lui, entouré de tableaux et de bouteilles.

la vie est trop courte pour boire du mauvais vin

On va fêter ces retrouvailles à table à la Gostilna Narobe, une bonne adresse à Trzin, à la déco sympathique !

Y sont affichés les dix commandements de l’aubergiste

A savoir :

  1. Je suis ton aubergiste, ne va pas boire dans une autre taverne !
  2. N’appelle pas l’aubergiste pour rien !
  3. Souviens toi de venir boire chez moi, tous les dimanches et jours fériés ou pas !
  4. respecte l’aubergiste et sa femme si tu veux être bien servi
  5. ne casse rien dans ma maison
  6. n’importune pas les femmes dans ma maison
  7. n’oublie pas les droits de propriété dans ma maison
  8. n’omets pas de dire ce que tu manges, bois et fumes dans ma maison
  9. ne demande pas ce que je ne peux pas te donner
  10. ne demande pas à boire à crédit : méfiance!

Nous y retrouvons aussi l’ami Stefan, industriel, aviateur, producteur de Štefanjak (« žganje iz vino » = brandy).

Décidément, ces slaves du Sud n’ont rien à nous envier. Merci à tous, amis croates et slovènes !

Fritz Wagner

Nous connaissions Eduard von Grützner, nous découvrons, au hasard de nos pérégrinations sur le Net, Fritz Wagner, un peintre bavarois (1896-1939) qu’il a visiblement influencé. Comme lui il a représenté des moines amateurs de vin à la bonne vie…

Le Cardinal entouré de moines à la bibliothèque du cloître
Une lecture intéressante
ein guter Schluck

Né à Munich, il y a vécu, ainsi que sur Frauenchiemsee ( l’ile aux femmes : des bénédictines) voisine.

« Wagner fut l’élève de Karl Roth et Robert Seitz à Munich et fut influencé par Hiasl Maier-Erding. Il entreprit des voyages d’études en Italie, en Hongrie et en Roumanie. « 

C’est aussi un spécialiste des scènes de genre à la manière hollandaise. En voici quelques uns représentant des « civils ».

Et maintenant, une série de buveurs éclairés

Finissons avec ce dégustateur d’huîtres, tableau sur isorel en vente à Nice ces jours-ci.

Prost !

lansquenet (Landsknecht bei Wein trinken)

Et pour ceux qui voudraient en voir plus, voici un lien.

Les clameurs de la vigne

A deux pas du bon clos (le clos des volontaires), à l’espace Saint-Jo de Clamart, ce salon réservé aux vins naturels méritait une visite.

On y a retrouvé l’ami Marcel, venu faire déguster les vins de Clamart (pas naturels pour un sou, il faut l’avouer).

que du bio, du nat(urel),  et des petits domaines (4ha typiquement).
Car le vin Naturel, ça veut dire : Un vin issu de raisins travaillés en Agriculture Biologique certifié, vendangés manuellement. ; un vin vinifié et mis en bouteille sans aucun intrants, additifs, et sans technologies visant à modifier le jus. (d’après le site vins naturels.fr)

Bien nous en a pris car on y a fait de belles rencontres.

Il n’y avait donc que du bio, du nat(urel),  et des petits domaines (4ha typiquement).

Commençons par Alex, qui fait du vin sur un petit terroir de 6 ha à Mareuil dans le Val de Cher.

Nous avons bien aimé son « premier soir » (un gamay en macération de 4 semaines) et ses « trésors perdus » (Chenin vieilles vignes, de garde).

Son voisin de stand Robin a quitté Montpellier pour s’installer dans les P.O. dans son domaine « Sous le Vent« et des raisins achetés à des viticulteurs sélectionnés. Sa bannière : « Sin prisa sin pausa«  que l’on peut traduire en français « qui va piano va sano ».
Après avoir goûté tous ses crus, nous ne sommes pas repartis sans une bouteille de Pipiripips,(mourvèdre et grenache).

 Nous avons rencontré aussi Vincent Thomas qui produit des vins blancs et rouges du côté de Tonnerre. Son marselan (résultat du croisement des cépages cabernet sauvignon et grenache noir, créé en 1961, près de Marseillan par les chercheurs de l’INRA et de l’ENSAM, variété résistante à la sécheresse et aux parasites) est décoiffant.
Et Charles Bouly, du domaine de la Créchette à Ingrandes-le-fresne-sur-Loir, à l’extrême ouest du M&L .

Encore un qui mérite la revoyure (Nul n’est sensé ignorer la Loire !)

La Cave à Janot se situe à Moissat dans le Puy de Dôme, à 20 bornes de Clermont. Avec Cécile, ils font des vins avec des cépages traditionnels comme  le Gamay d’Auvergne et le Plantet noir, mais aussi avec Chardonnay et Pinot noir.

Nous sommes repartis avec la cuvée Chauchard, peut-être pour l’étiquette que l’on doit à l’artiste Jean Chauchard ?

Revenons dans le bassin de la Loire, où nous rencontrons Brendan et Sean (père et fils) Tracey, qui proposent des vins de multiples cépages (Domaine Le Clocher – Les Vins de Sainte Anne). Il y a fort à faire et nous repartons, après une longue pause, avec un pineau d’Aunis.

Il y aurait encore tant à faire, mais la nuit tombe. Une dernière halte chez Shant Zadourian, qui importe des vin d’Arménie. Il y en a tant et tant !

Il est aussi caviste rue Brancion (au 69bis).
Nous repartons avec un  muscateni effervescent, un pet’nat ! 

Et voila le tableau de chasse :

Avec tout ça le film dont la projection était prévue est passé à l’as. N’importe, le DVD Wine Calling (le vin se lève !) est offert, on le regardera à tête reposée. Merci donc aux organisateurs, Sébastien Hommet qui propose des aventures oenotouristiques avec Oenowalk, et Fabrice Mury du Café du Marché, restaurant clamartois.

Initials GG (mots croisés)

Nous affectionnons les grilles géantes de l’été de Gaétan Goron, verbicruciste au Nouvel Obs, après l’avoir été à Libé. Encouragé par l’enthousiasme de ses fans, il a pris le challenge d’en convoquer une douzaine chez un caviste du père Lachaise, et de construire une grille en direct, sur le thème du vin, avec eux.
Le vin a son vocabulaire, et les amateurs de mots croisés en rencontrent bien souvent sous des définitions réjouissantes.
André Deyrieux en a recensé une cinquantaine avec les définitions correspondantes de Michel Laclos, dans un article récent :Cruciverrebiste. Donnons en une : le pays du goût, en 7 lettres…
Les mots du vin sont bien plus nombreux. Martine Courtois en a dénombré plus d’un millier (les mots du vin et de l’ivresse, chez Belin),

et encore sans puiser dans l’immense lexique des noms de cépages (plus de 20000).

C’est un sujet que nous avons déjà abordé : voir les mots pour le boire, ou encore rouge-bord, un mot quasiment disparu qu’on n’entend plus guère.

On s’installe. On compte bien sur l’inspiration des canons servis généreusement par le maitre des lieux, Gaylord Van Wymeersch, qui privilégie les  « vins d’auteurs et vins d’artisans ». 
Il nous en a fait déguster quelques uns.

Celui de droite, « Mon coeur » de la cidrerie du golfe (du Morbihan), est une cofermentation de jus de pomme et de gamay. Résultats, 7° d’alcool, robe rouge clair, goût pommé évidemment, et ça pétille ! Réjouissant !
Son étiquette nous a un petit air de déjà vu (mais pas bu) : Bon sang mais c’est bien sûr, elle est sur le Bon Clos : c’est l’ouvrier ivrogne du Boulon, un ballet de Chostakhovitch, 1931 ).

Le suivant est un Mauzac de 2017, un Gaillac bien élevé nommé Zaucma du domaine des Causses Marines. Mais concentrons nous, il y a fort à faire.

On commence  par lister une bonne cinquantaine de mots qui pourront nous inspirer. 

On part sur une grille de 12 lignes et d’une dizaine de colonnes. « Gueule de bois » pour le 1 vertical, et Effervescent pour le 12 Vertical font l’unanimité.

En 1 horizontal,  quelqu’un propose « grenouille » , un cru du Chablisien. Pourquoi pas. On pourra donner une définition genre « a de la cuisse du côté de Chablis ».
Plus on avance, plus ça se complique. Heureusement, on a les cases noires, à consommer avec modération. Et jamais 2 côte à côte ! Il en faut une en (2,2), du coup on peut placer tanin, et if (accueille les cadavres en cave) !

Difficile de se rappeler dans quel ordre les mots sont placés. Longue hésitation avant d’opter pour « épépinée », en ligne 6. « Liège » trouve sa place (bouche-trou ?), « rosier » aussi ( lanceur d’alerte en tête de rangée de ceps, car première victime d’une attaque d’oïdium).

Ca commence à coincer grave. Gaylord fait déguster deux autres crus : un Sémillon du Périgord (pure S du domaine Jonc Blanc) et un assemblage Syrah Cabernet franc.
 In vino veritas ! On forme 2 groupes, espérant que la vérité jaillira de l’un ou des deux.

 Philtre finit par s’imposer (celui d’amour est sûrement alcoolisé !)
En bas de grille, pas d’autre choix que Sénégal. Ca va être difficile de trouver une définition ad hoc. Mais non : on y fait du vin depuis 2021 (le clos des baobabs –véridique)

Au bout de 2 heures, on arrive au bout. Il manque encore une lettre à côté d’un G. C’est le moment où Gaétan en plante triomphalement un deuxième : GG, ses initiales ! Il avait prévu le coup depuis le début en s’ingéniant à laisser cette case vide. Il vient marquer son terr(it)oir(e), c’est la clé de voûte, la cerise sur le gâteau…

Et voilà le travail !

Il lui restera à trouver des définitions en rapport avec le thème. On a mis quelques propositions en italique dans ce texte, mais, pour certains mots ce ne sera pas évident. Bon courage Gaétan ! Et merci d’avoir organisé cette sympathique séance.

Et merci aussi à Gaylord et sa cave des collines !

La mode est une fête

Une exposition est consacrée actuellement au Musée des Arts Décoratifs à Paul Poiret, un créateur de mode connu pour avoir « décorseté » la femme, au début du 20ème siècle.

L’exposition rend compte des fêtes spectaculaires organisées par le couturier à travers plusieurs costumes. Sont évoquées Les Festes de Bacchus et la fameuse fête de La Mille et deuxième Nuit. Poiret y invite ses amis artistes (Kees van Dongen ou encore Dunoyer de Segonzac) avec le tout-Paris mondain. Ces soirées sont des moments de sociabilité dont la presse de l’époque se fait l’écho. Ils constituent aussi des évènements publicitaires pour sa maison de couture. (cf bulletin Sequana n°33 2008)

C’était donc un sacré noceur, ou du moins un organisateur de fêtes spectaculaires, comme ces Bacchanales  en juin 1912 au pavillon Butard à la Celle-Saint-Cloud, un relais de chasse abandonné que Poiret rénova spécialement pour l’évènement..

Ce pavillon a été construit par l’architecte Gabriel pour Louis XV, dans les années 1750.

N’entrait pas qui voulait.

Le programme, reproduisait les festivités royales du Grand Siècle :`« divertissement offert au Dieu, par les Faunes, les Dryades, les Satyres, les Ménades, les Muses, les Centaures, les Nymphes et les Aegypans aussi bien que par toutes les autres Divinités, des Air de la Terre et de l’Onde, les Zéphyrs, les Heures et les Saisons dans la Forest de la Celle-Saint-Cloud au Rendez-vous du Butard. »

Le programme était particulièrement riche : concerts, ballets, danseries, pantomimes,etc.

Et voici les époux Poiret en couple divin (Jupiter et Junon)

C’était une autre époque !

P.S. L’histoire ne s’arrête pas là puisqu’un demi-siècle plus tard des « ballets roses » étaient organisés à la « petite folie de Butard », alors résidence secondaire du président de l’Assemblée Nationale. Merci à l’ami Alain (P) de nous le signaler.

Vous avez dit… anachronisme ?

Voici un tableau rapporté de Naples par l’ami Alain : c’est une représentation contemporaine (2020) des Noces de Cana.

L’auteur est Stefano di Stasio, un « formidable créateur de paradoxes visuels, de duperies, de mystères, d’énigmes qui se cachent dans la réalité apparente, quotidienne. », nous dit la galerie placido.com

« Stefano di Stasio (Naples, 1948) est considéré comme l’un des artistes les plus importants du mouvement anachronisme et l’un des protagonistes des artistes qui sont revenus à la peinture qui a caractérisé les vingt dernières années du XXe siècle. » apprend-on sur artsper.com

L’anachronisme en art n’a rien de nouveau, on pourra consulter l’ouvrage de Robert de la Sizeranne (1894) sur Wikisource pour s’en convaincre. On peut le voir de deux façons : représenter la scène antique et légendaire avec des personnages portant des habits modernes, voire dans des décors modernes ; ou tout simplement représenter ce genre de scène au 21ème siècle, à la manière des maitres anciens…

Ce tableau-ci, manifestement inspiré par les pélerins d’Emmaüs du Titien, a été vu tout récemment en septembre 2025 au salon art3f à Paris.

Son auteur est la peintre estonienne Sanda Mezeka, qui vit et travaille en Suisse. « Ancrée dans la tradition, inspirée par l’éternel » est son motto.

Bien plus moderne ce petit tableau signé W, vu dans la même expo ?

Avec Robert Doisneau

Robert Doisneau fait partie de ces compagnons de route qui documentent nos souvenirs et nous rendent présentes les saisons enfuies. Une exposition assez complète de son oeuvre photographique se tient ces temps-ci au musée Maillol (jusqu’au 19/10 !).

Nous en avons rapporté quelques images qui devraient plaire aux lecteurs du Bon Clos : scènes de bistrot, buveurs… il y a quelques surprises. Merci, Doisneau, merci.

Comme cette photo de Sabine Azéma, portant un gilet joliment orné de grappes blanches (1985)

ou celle-ci d’Isabelle Huppert, se faisant servir un canon au bar, dans un café du Faubourg Saint Martin, en 1985 encore.

On découvre Antoine Blondin à Bercy, en 1987.

Remontons le temps, voici Jacques Prévert, au jardin public,

Plus loin encore, une joueuse d’accordéon, dans un bouillon de la rue Tiquetonne, en 1953

et ce « consommateur aux jambes croisées », saisi en 1951

Finissons avec le bien connu Coco, à la Belle Etoile, rue Xavier Privas (1952),

et, le reconnaitra-t-on ?

Orson Welles, en 1949 « aux chasseurs » (176 faubourg Saint Denis, aujourd’hui un resto indien).

« Comme un vol criard d’oiseaux en émoi, Tous mes souvenirs s’abattent sur moi« 

Au fil des expos

Voici quelques images rencontrées pendant l’été.

Commençons par cette fresque vue rue du roi René à Avignon.

Elle représente une scène de Richard III (2015), l’homme de « mon royaume pour un cheval« . On trouvera une relation de la mise en scène par Thomas Ostermeier .
Il y ainsi une flopée de fresques représentant des scènes de pièces appartenant à la légende du festival d’Avignon. Elles sont signées Marion Pochy et Dominique Durand. On peut les voir là.

A Avignon également, dans un tout autre genre, on peut voir ces chats, signés S.Binet. pas Sophie, Sylvain, un spécialiste de ce genre de scène.

Plus à l’ouest, à Montricoux, petit village Tarn et Garonne, se trouve le musée Marcel-Lenoir. On y a vu cette femme à la coupe

et ce retour des vendanges et danseurs (1919-20)

Le musée Marcel-Lenoir se trouve au château de Montricoux et mérite le détour.

Ce pendant la vie parisienne suivait son cours, avec son exposition Matisse et Marguerite au Musée d’art moderne. Celle qui fut la fille et l’accompagnatrice du maître avait aussi quelque talent comme on peut voir acec cette nature morte à la bouteille.

L’exposition retrace son parcours et nous la montre servant à boire à son fiancé de façon touchante.

Au musée Carnavalet, c’est dans la ruelle où Agnès Varda a élu domicile qu’Alexandre Calder vient lui rendre visite. Que comptait-t-il faire dans cette posture avec sa bouteille ?

Terminons avec l’exposition sur le mur de Berlin à la cité de l’architecture et du patrimoine, et ces scènes de liesse lors de la chute du mur (9 novembre 1989).

Quelques leçons du professeur Buccella

Qui ne connait le professeur Bucella ?

Cet amoureux du vin, directeur de l’école d’oenologie bruxelloise « Inter Wine & Dine » professe avec beaucoup d’humour les mathématiques de l’incertitude à l’Université libre de Bruxelles. 
Fort de cette triple compétence, il a écrit de nombreux ouvrages sur le vin, récréatifs et instructifs.
Voici quelques vérités, assez iconoclastes,  trouvées dans ses « Tribulations Oenologiques ».

  • de l’intérêt de vins réputés à ne pas participer à des dégustations collectives étiquette couverte :
    Tôt ou tard ,en vertu de la loi des séries, après un grand nombre d’essais, ils risquent de ne pas sortir du lot, et  « une seule expérience négative suffit pour abîmer une réputation »

Inversement, un petit vin finira bien par « sortir premier ou deuxième » d’une de ces dégustations, « et c’est le jackpot. »

Et de citer l’exemple de chateau Reignac, simple bordeaux supérieur qui surclass(a) les plus Grands … en 2012.

  • du bon rapport qualité-prix : le jeu du vin

    Pour choisir un vin, produit non substituable par excellence, le raisonnement rationnel conduit à privilégier le meilleur rapport qualité-prix pour un budget donné, opération compliquée. 
    Quel prix paierait-on pour une bouteille donnée ? c’est la question posée à ses étudiants. « S’il est plus élevé que le prix réel, vous êtes face à un bon rapport qualité-prix, (selon votre échelle de valeurs) ».

Dans tous les cours donnés par le professeur, le jeu du prix suit toujours la dégustation. De ce fait,  » les étudiants ne sont jamais influencés par le prix lorsqu’ils goûtent »; Chiche ?

« Il n’y a qu’une solution, c’est la dégustation », conclut-il.

  • les vIns bio et biodynamiques sont-ils meilleurs ?

Une étude menée par 2 scientifiques français, après analyse des notes après dégustation à l’aveugle de 128 182 vins français dans 3 revues, dont 8% de biologiques ou biodynamiques certifiés, conclut sans appel à la supériorité de ceux-ci : +6 points pour les biologiques, + 11,7 pour les biodynamiques.

En revanche, selon les auteurs, « le label autoproclamé « raisonné » a reçu, dans le meilleur des cas, des notes similaires à des vins conventionnels ». Du greenwashing…

  • peut-on reconnaitre un vin dont on ignore tout ?

C’est la question posée dans la nouvelle de Roald Dahl , « The Taste », parue en 1945, où,au cours d’un dîner, un expert découvre, point par point, l’appellation, le château, et le millésime du vin servi.
On ne dévoilera pas la chute.
30 ans plus tard, on retrouvera cette situation dans l’Aile ou la cuisse.
Nous en avons trouvé une adaptation théâtrale russe de 2015, avec des sous-titres en allemand. Bon visionnage !

Et en voici une autre britannique qui date de 1980, un épisode de la série Tales of the Unexpected

William Schuman en a même fait un opéra !

  • comment sélectionner les bons vins dans un lot?

le meilleur expert n’est pas infaillible : température de service, bouteille déviante, humeur, fatigue… Il peut aussi bien passer à côté d’un bon vin que d’en laisser passer un médiocre. D’où l’intérêt de disposer d’un jury de taille conséquente, merci Condorcet, car la probabilité d’un verdict juste augmente avec le nombre des votants.

Une illustration maintes fois constatées de ce précepte : « mettez dix bouteilles sur le guéridon d’un buffet… La première qui se vide est la meilleure ».

  • à quoi servent les concours de vins ?

« ils organisent moins la compétition entre bouteilles que la promotion desdites bouteilles ».

Avec 6704 macarons délivrés sur 11000 participants à l’International Wine Challenge, « le véritable exploit est de ne pas recevoir de médaille ».

En France, l’OIV limite à 30 % le nombre de vins médaillés. En envoyant le même échantillon à 7 concours différents, la probabilité de décrocher au moins une médaille atteint 91% !

La DGCCRF est moins exigeante : la limite est fixée à 33,3%, mais avec une contrainte supplémentaire : les deux tiers des membres du jury doivent être des dégustateurs compétents ! quant aux autres…

  • dégustateur novice ou expert, lequel est le plus crédible ?

« Plus un dégustateur est expert, plus il modifie son traitement sensoriel par sa connaissance du contexte, plus il est sujet à se conformer au biais de confirmation d’hypothèse ». C’est le paradoxe du dégustateur, le novice étant peu ou pas soumis à ce biais.

  • Est-ce le vin qu’on juge ou son étiquette ?

Les expériences le prouvent : un vin moyen présenté à des étudiants comme un vin de table est moins bien noté que le même présenté comme grand cru classé. L’analyse par IRM des zones du cerveau montre que les dégustateurs ont plus de plaisir à déguster un vin pas cher présenté comme cher, que l’inverse ; un vin dégusté chez un vigneron sera préféré au même dégusté en classe.

  • Faut-il prendre un accord mets-vins dans un restaurant ?

Non. A quoi bon se fier au goût du sommelier ?

  • Le terroir existe-t-il?

Le géographe Roger Dion a émis la thèse que les vignobles ne se sont pas tant développés sur des terrains magiques et bénis des dieux qu’autour des voies de communication. Les vins de différentes parcelles sont vinifiés différemment, la variable terroir est donc difficile à isoler. Ce sont les choix techniques qui influencent le plus la qualité (cf étude Gergaud-Ginsburgh, 2008. Mais si l’on inclut les facteurs humains dans la notion de terroir, « l’effet étant pris pour la cause, on peut donc affirmer que le terroir fait bien la différence ».

  • de la persistance aromatique, de la musique et du bruit

Aussi surprenant que cela paraisse, la persistance est ressentie très semblablement d’une personne à l’autre,  (il n’en est pas de même en matière de goût). Une musique relaxante en accentue la perception. On consomme plus avec des écouteurs sur les oreilles. Une musique classique en fond sonore fait acheter plus de vin et dépenser plus chez un caviste. Mais plus il y a de bruit dans un bar, plus on boit ! Va comprendre…