ou encore en allemand plus classique :Brötchen, Wurst und Wein, c’est à dire : du pain, des saucisses et du vin, c’est le tiercé gagnant en pays rhénan.
C’est quasi une devise à Mayence, nous ont dit Thomas et Sibyle rencontrés loin de chez eux dans les Cévennes.
Nous sommes loin du Wein, Weib und Gesang bien connu des lecteurs du bon clos, mais l’un n’empêche pas l’autre. Il faut bien nourrir son homme !
Ce moine, qui tient la croix d’une main et de l’autre ce panneau aux 3 W semble bien de cet avis. Il siège sur la fontaine de Carnaval, monument de neuf mètres de haut construit dans les années 60.
Curieusement le jambon de Mayence n’évoque rien chez nos amis. Il était bien connu au temps de Rabelais qui rapporte dans Gargantua que son géniteur Grandgouzier « avoit ordinairement bonne munition de iambons de Magence et de baione« . Et de Boileau qui le met en scène dans une Satire :
Sur ce point, un jambon d’assez maigre apparence,
Arrive sous le nom de jambon de Mayence.
Mais il aurait quasiment disparu au début du 20 ème siècle. Sans être oublié de ce côté-ci du Rhin, car combien ont entonné la chanson :
« Un jambon de Mayence,
v’la qu’ça commence déjà bien,
nous allons faire bombance,
à ce festin il ne manquera rien
car j’aperçois…
deux jambons de Mayence (etc.) » ?
(Cette chanson, inconnue de nos amis de Mayence, pourrait avoir une connotation érotique, apprend-on dans un forum du site languefrancaise.net)
Une autre chanson, elle semble-t-il bien oubliée, mentionne aussi ce fameux jambon. On la trouve dans Romania, un livre sur les chants de quêtes, de Victor Smith (p 68), mais on peut en écouter une variante sous le titre « la jolie flamande » dans l’Anthologie de Marc Robine. Elle évoque la bien connue « aux marches du palais ». Elle commence ainsi :
Dans le palais du roi, – le long du bois, le joli mois de mai- Il y a -t-une flamande.
Y sont trois serviteurs, tous trois qui la demandent…
L’y en a un qui est boulanger, L’autre valet de chambre,
Et l’autre cordonnier, celui qui la contente…
Et plus loin
Aux quatre coins du lit, rossignolet il chante.
Chante rossignolet, tu auras ta récompense.
Tu auras pour déjeuner un jambon de Mayence.
En voici encore une, publiée en 1615 par Jacques Mangeant dans son recueil de bacchanales, où l’on entend :
« Je voudrais à déjeuner
Que d’un bon jambon parfumé
Ma table fut bien garnie
Ou de Magence ou d’Italie
(nous reviendrons sur ce recueil, une mine !)
Ce n’est pas tout : dans Roti-Cochon, « Méthode tres-facile pour bien apprendre les enfans a lire en latin & en françois« , un ouvrage du 17ème siècle, on trouve ce dit :
le jambon du pourceau bien mayencé
Est bon à manger , mais pas sans boire.
Voila qui nous va bien !
(Le même ouvrage fait aussi l’apologie du vin, « lorsqu’il est pris à propos ».
On croirait entendre Pasteur…)
On trouve aussi sur le site languefrancaise.net une intéressante contribution sur l’origine de ce jambon de Mayence, dont aucun ouvrage gastronomique germanique ne parlerait, alors que les jambons de Westphalie et de Forêt Noire y sont bien connus. Serait-ce finalement une fiction française ? Il va falloir aller voir.