Invincible vigneron

Dans le Tarn, à quelques kilomètres au nord de Gaillac, à Broze, il est un musée qui présente une extraordinaire collection d’objets liés au vin et à la viticulture, l’InVINcible VIGNEron.

Elle est l’oeuvre de Theo Elzinga, un ci-devant vigneron dans le Muscadet, passionné par les objets du vin, qui a déménagé sa collection il y a une dizaine d’années pour ouvrir ce musée. Il comptait à l’époque quelques 8000 objets, il en compte plus du double aujourd’hui. Voir ici l’article que la Dépêche lui consacra à l’époque.

Nous avons pu le visiter, guidés par Manu, son gendre, en compagnie d’Henri Plageoles et de Michel Houdet, respectivement Grand-Chancelier et Commandeur de la Confrérie de la Dive Bouteille de Gaillac, et de nos amis Daniel Fréry, conservateur du Musée du Vin de Paris, et Pierre Jobard son adjoint.

Une impressionnante collection de plaques de cheminée accueille le visiteur.

Les anciennes cuves de ce bâtiment viticole sont intelligemment adaptées pour abriter des collections

Au fil des salles s’alignent les outils de vignerons, tonneliers, distillateurs, buveurs, publicitaires et des oeuvres artistiques, comme ce tableau représentant le port de Gaillac en 1863, dû au peintre Gordon Frickers,

ou cette scène de danse dans les vignes de Robert Rolland, un peintre et aquarelliste lyonnais.

On reconnait avec plaisir l’ habit de tonnelier de Nicolas de l’Armessin, déjà rencontré, des scènes de vendanges

des représentations religieuses,

un vendeur ambulant de vin, métier disparu

Il y a des statues de toutes sortes et de tout matériaux ( bronze, bois, céramique…) comme ces personnages bachiques

ce vigneron à la serpe

ces personnages « à cheval sur mon tonneau »

et ces figures féminines

Belle collection d’affiches publicitaires pour les vins et liqueurs

Qui connait encore cette Pimprenelle, censée remplacer le vin ?

Les produits phytosanitaires ne sont pas en reste

Voici encore des objets décoratifs : enseigne, assiettes, pendule, tonnelets,etc.

Les franciliens apprécieront cette assiette qui vante le vin de Suresne

Il y a bien bien sûr des représentations humoristiques, comme ces moines qui font bombance

peut-être se servaient-ils de cette gourde ?

et de cette canne tire-bouchon ?

Voici un code pénal à méditer

comme cette mise en garde contre la soulographie

Cette affiche, très datée 3ème république,, et particulièrement réactionnaire, est due à l’illustrateur et caricaturiste Achille Lemot

Puisqu’on est dans les alambics, en voici un plan :

Des alambics, il y en a!

La collection d’outils est impressionnante

Nous avons remarqué ces outils d’arrachage

et ces accessoires de cave (égouttoir, percefûts, pompe, robinets de fût-, vélo !)

Ici une machine de remuage, pour faire du champagne ?

Nous connaissions le « comité de propagande et de diffusion de vins français », fondé dans les années 30. Nous l’avions pisté jusqu’en 1967. Nous voyons ici qu’en 1969, il remettait encore des médailles

Enfin ne partons pas sans emporter ces précieuses indications pour faire de la piquette.

Terminons cette visite avec un poème de Jean Cévenol

Nous espérons avoir donné envie au lecteur du Bon Clos de visiter cet incroyable musée.

Merci à notre guide Manu (ci-dessus), et respect à Theo Elzinga, incroyable vigneron et collectionneur !

La vigne, de sa domestication à son amélioration génétique

C’est à une conférence sur la vigne, de sa domestication à son amélioration génétique, que nous étions conviés par la Cité du Vin et ses « vendanges du savoir », le mardi 14 novembre dernier.

L’intervenant, Didier Merdinoglu, est chercheur à l’INRA de Colmar. Voici un résumé de son intervention qui nous a particulièrement intéressé.

Origine et évolution de la vigne

La vigne (vitacea), dont l’historicité remonte à plus de 60 millions d’années (pépins de la fin du crétacé retrouvés en Inde) , comporte 17 genres (vitis, cissus, parthenocissus…) et plus de mille espèces (V.silvestris, V.amurensis, V.berlandieri, V.rotundofolia…) dont une soixantaine du genre vitis où l’on distingue les sous-genres muscadinia et euvitis  différant par leur nombre de chromosomes.

Au sein de euvitis, la « vraie » vigne, les espèces sont regroupées selon l’origine géographique européenne (vinifera, qui peut-être sauvage (sylvestris) ou cultivée (vinifera)), américaine, asiatique…

La vigne a été domestiquée par les premiers agriculteurs du néolithique, il y a près de 10 000 ans. Ils en tireront rapidement du vin (la lignée humaine, ainsi que certains primates, a acquis il y a 10 millions d’années la capacité à digérer l’alcool, avec l’activité des gènes de l’alcool deshydrogénase).

La vigne cultivée se distingue par son hermaphrodisme, la taille des grains et des grappes, son goût plus sucré, ses arômes… Depuis le Caucase, elle s’est diffusée le long du pourtour méditerranéen, du Danube, et aussi vers l’Asie, avec des évolutions locales, sans doute par croisements, notamment en Italie et en Espagne.

Peut-être 6000 cépages portant 12 à 15000 noms  peuvent être aujourd’hui observés, fruits de l’évolution des cépages anciens, et d’une hybridation non intentionnelle. 

Car ce n’est qu’au 19ème siècle que l’on commence à bien comprendre la sexualité des plantes, et que l’on peut parler d’hybridation intentionnelle, et ce n’est qu’au 20ème siècle, avec la découverte par Mendel des lois de l’hérédité, que l’on a les outils pour orienter les opérations.

On classe  les cépages par rapport à leur période d’apparition : les « primitifs » (antiquité), les « anciens » (du moyen-âge), les « modernes » (17-19ème siècle) et les contemporains. Avec les connaissances actuelles sur l’ADN, on peut reconstituer les arbres généalogiques.
On a pu ainsi montrer que le cabernet sauvignon est issu du cabernet franc et du sauvignon blanc, et que le merlot l’est du cabernet franc et du magdeleine des Charentes.

De même tout un ensemble de cépages apparus en Bourgogne comme le chardonnay, le gamay, le melon, l’aligoté… descendent du pinot et du gouais.

On découvre aussi le rôle du traminer (gewurz traminer en Alsace, savagnin blanc, à une variation près dans le Jura) qui est certainement un cépage « primitif », parent du pinot et du sauvignon blanc qui sont sans doute des cépages « anciens ».

Ce travail sur les cépages actuels est complété par des analyses de pépins archéologiques, qui ont permis de confirmer par exemple l’antiquité du savagnin blanc.

Un travail considérable réalisé récemment par une équipe chinoise et internationale sur plus de 3000 accessions (cépages cultivés et vitis sylvestris sauvages) a eu pour résultat de modifier notre vision de l’origine de la vigne. Les variétés de raisin de table du Proche Orient  (et non du Caucase) seraient à l’origine, après croisement avec des variétés locales, des variétés cultivées  et vinifiées dans la plupart des pays aujourd’hui.

Accéder à l’article « Dual domestications and origin of traits in grapevine evolution »

La crise phylloxérique

A partir du milieu du 19ème siècle, 3 fléaux, venus des Etats-Unis, s’abattent sur le vignoble européen : mildiou, phylloxéra, oïdium.

Les parades trouvées sont chimiques : soufre pour l’oïdium, sels de cuivre pour le mildiou, et génétiques : porte-greffes pour le phylloxera sur des pieds américains.

Une autre voie était la recherche d’hybrides résistants.

A partir des ressources génétiques (toutes les espèces du genre vitis, interfertiles avec la vigne cultivée), opérer des croisements (par exemple en éliminant la partie mâle et en pollenisant à partir un autre espèce), sélectionner les pépins produits, et recommencer plusieurs fois de suite jusqu’à obtenir le résultat désiré.

Les grands noms des hybrideurs français sont Georges Couderc, Albert Seibel, Steve-Villard, Vidal…

Plus faciles à cultiver, leurs produits on connu leur apogée au milieu du 20ème siècle, jusqu’à occuper le tiers du vignoble français, avant d’être dénoncés voire interdits pour mauvaise qualité ou risque sanitaire. La recherche en sera découragée en France, mais se poursuivra ailleurs comme en Allemagne où un cépage comme le Souvignier Gris, résistant à l’oïdium, fut mis au point en 1983.

On sait aujourd’hui qu’il existe des espèces particulièrement résistantes aux maladies. Tout l’enjeu est d’insérer les gènes correspondants dans la vigne cultivée, sans dégrader leurs qualités organoleptiques, par un processus d’introgression. C’est l’objectif du programme ResDur de l’INRAE.

Compte tenu du nombre de croisements nécessaires, de façon à ne sélectionner que les caractères souhaités, un des problèmes est la durée du processus, car un pépin n’est fertile qu’au bout de 3 ans en milieu naturel. Un mode de conduite a été élaboré permettant de réduire ce délai à moins d’un an. 

On s’intéresse aux marqueurs moléculaires de la résistance qui peuvent être identifiés dès le début de la croissance, aux premières feuilles, et se concentrer sur les plants intéressants, qui sont alors implantés en vignoble, où une sélection intermédiaire, au bout de quelques années sera opérée. Les meilleurs candidats font l’objet d’une sélection finale, en vignoble, en partenariat avec l’Institut Français du Vin.
Tout le processus prend au final une  bonne quinzaine d’année.
Les variétés Floreal, Voltis (blancs), Vidoc, Artaban (rouge) ont été finalisées en 2018.

Une deuxième série est apparue en 2021 : Coliris, Lilaro, Sirano, Opalor, Silanor

Ces hybrides ont une généalogie complexe, incluant des parents américains et asiatiques.

On constate une division par 10 des fongicides utilisés pour ces variétés résistantes.
Devant ce succès, la plupart des interprofessions ont lancé leurs propres programmes de sélection, avec en vue la recherche de la typicité régionale.
Sont également disponibles les variétés développées dans les pays voisins (Allemagne, Suisse, Italie).

L’avenir
Avec le changement climatique, en 40 ans la date des vendanges s’est avancée de presqu’un mois en Alsace. La hausse des températures risque de modifier les qualités du raisin récolté (plus de sucre, moins d’acidité), et donc aussi celles du vin.
Mais les cépages ne sont pas tout : outre la recherche de variétés végétales résistantes aux nouvelles maladies et adaptées au changement climatique, la viticulture doit aussi se pencher sur les méthodes de lutte contre les maladies (biocontrôle…), modes de culture…

Voir cette conférence sur le site de la Cité du Vin.

Au clos des côteaux saint-georges

Un nouveau clos est né à Villeneuve Saint-Georges, et avec lui une confrérie bachique : la confrérie des coteaux de Saint-Georges. Son grand-maître est l’ami Jean-Pierre Vic, le tenancier de la Guinguette Auvergnate, accordéoniste Président d’honneur de la Bourrée Montagnard

Ce samedi 3 juin, des confréries étaient venues de toute l’Ile de France, accueillis par l’harmonie de Limeil-Brévannes, pour découvrir ce clos

et assister aux plantations et à l’inauguration du lieu

Il faut dire que la vigne à Villeneuve Saint-Georges, c’est une longue histoire, ainsi que l’explique Michel Miersman, dont on connait les travaux historiques sur le vin en Ile de France :

Villeneuve-Saint-Georges occupait une bonne place dans la production de vin.
En bord de Seine avec des coteaux, à 91 m d’altitude, plein sud, les vignes y ont trouvé une place idéale.
L’abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui a reçu Villeneuve en donation en 558 par Childebert 1er, en seigneurie religieuse avec les « vignes », va y développer la production du vin.
Les surfaces plantées en vigne à Villeneuve ont atteint 120 ha en 813, selon le polyptyque de l’abbé Irminon de l’abbaye de Saint Germain-des-Prés, 91 ha vers l’an 1200, ils étaient encore de 30 ha en 1788.
A la veille de la Révolution, les vignerons propriétaires de vignes étaient au nombre de 125, représentant 28 grandes familles.

Il fallait fêter ça en musique, ce fut fait avec le Hot Swing Orchestra de Michel Cabu

qui ont « mis le feu » au gymnase ! Merci à eux…

Et bravo aux lauréats du Concours des vins D’Ile de France organisé par Cocorico qui ont été annoncé ce soir-là !

Voir tous les résultats en ligne

Des cochons dans les vignes

Depuis quelques jours, toute la presse spécialisée en parle : des cochonnets venus de Nouvelle Zélande, les kunekune, sont à la manoeuvre pour pour désherber les rangs de vigne.

Car désherber est un vrai problème. Si l’enherbement est recommandé, pour le renforcement des sols, il faut bien, quand vient l’été, éliminer cette engeance avide d’eau et d’azote qui vient concurrencer la production des grappes. Mais la chimie a mauvaise presse (la tendance est à l’interdiction du glyphosate), et le travail mécanique nécessite de l’huile de coude coûteuse et peu disponible, du fuel, bref des coûts et de la pollution.

Dans certaines régions on a recours aux moutons qui viennent volontiers paître dans les vignobles, mais ils ne font que tondre l’herbe qui repart de plus belle à la moindre ondée.

Dans ces circonstances, il faut faire preuve de créativité ! C’est ce qu’ont fait des viticulteurs champenois et bordelais, en faisant appel aux kunekune, dont le nom en maori signifie rond et gros.

Ces petits cochons nains (mesurant une 40 aine de centimètres) se nourrissent essentiellement d’herbes. Trop petits pour s’attaquer aux feuilles, ils enfouissent leurs groins sous les mottes qu’ils déterrent, et avalent en passant les feuilles mortes porteuses le cas échéant de spores de mildiou. Disciplinés, ils parcourent les rangs en bon ordre. On connaissait le métier de promeneur de chiens, voici donc celui de promeneur de kunekune, un métier d’avenir ?

Créateur : BLANCHARDON | Crédits : LP/MARIEBLANCHARDON

« On ne pourra pas tout révolutionner avec les cochons », mais ils sont un « complément », « un outil en plus pour les parcelles les plus difficiles », juge M. Bonnaire, un viticulteur champenois. Notamment « sur les sols en côteaux, où avec les orages, on perd quatre à cinq cm de terre par an ».

Lire dans Le Figaro l’interview d’Olivier Zebic, consultant viticole, à l’origine de cette expérimentation.

Etonnant, non ?

retour en Slovénie

On se souvient de ce petit pays de l’ex-Yougoslavie, entouré de montagnes et planté de vignes. Nous l’avons parcouru en 2016. Des circonstances favorables nous y ont ramenés.

Nous avons retrouvé Ljubliana et son charme austro-hongrois. Nous y avons été accueillis par Janesz, un membre de la ZDRUZENJE SLOVENSKEGA REDA VITEZOV VINA (l’Association de l’Ordre slovène des chevaliers du vin), grand amateur de vin bien sûr. Il est Vice-Président de la FICB (Fédération Internationale des confréries bachiques). Il nous a fait déguster un pinot noir domaine Jamešk de la vipavska dolina, vallée à l’ouest de la Slovénie jouxtant l’Italie où sont les meilleurs crus ;

Janesz nous présente aussi son ami Marin Berovič, un homme aux multiples talents : professeur d’université en biotechnologie, membre de jurys internationaux de dégustation, peintre, guide touristique… ; Marin est aussi Ambassadeur de sa Confrérie, le « Consulat de Slovénie de l’Ordo Equestris Vini Europae », où il nous accueillera le lendemain pour participer à un chapitre exceptionnel.

tableau de Marin Berovič, vignobles prés de la frontière italienne

Avant de rallier Celje, nous sommes entraînés au château qui domine la ville. Là nous rencontrons Milan Podgačnik, grand-maître (Ambassador) de la ZDRUZENJE SLOVENSKEGA REDA VITEZOV VINA, qui nous a invité à déjeuner. Docteur vétérinaire de formation, il été ministre de l’agriculture et promeut tant qu’il le peut les vins de son pays !

Le chemin de la gare passe par les jardins de la maison des écrivains, où se tenait un salon des vins effervescents (penečih vin). Nous en avons bu d’excellents, comme celui de Mika ou d’Anna…

A l’arrivée en soirée à Celje, à une heure de route, c’est Tomislav, Senator du Consulat Slovène de l’OEVE, qui nous accueille et nous remet un carton de pinot gris, des fois que nous aurions une petite soif.

Tomislav Kovačič inaugurant la journée

Le lendemain samedi, rassemblement des « légatures » venues de toute la Slovénie, ainsi que des délégations d’Autriche, de Croatie, de Slovaquie, d’Italie… qui vont défiler au son de l’harmonie jusqu’à l’église abbatiale Saint Daniel, lieu de la cérémonie.

Nous y rencontrons le Professeur Julij Nemanič, universitaire, longtemps représentant de son pays à l’OIV, qui va y recevoir le diplôme d’honneur de la FICB.

remise du diplôme d’honneur de la FICB à Julij Nemanič

Nous assistons aux intronisations de dizaines d’impétrants

et sommes charmés par le concert donné par deux harpistes.

C’est au Celjski Dom que sera servi le déjeuner attendu par tous. Mais il faudra auparavant boire le verre de la fraternité

avec les chanteurs du groupe Erosi

qui régalent le public de chants slovènes traditionnels, dont certains titres sont évocateurs.

 Dvigni zlato kupico

En starček je živel (un vieil homme vivait dans un vignoble de montagne…)

En hribček bom kupil (je vais acheter une colline pour y planter des vignes…)

Kolkor kapljic tolko let

Le pij, le pij (bois, bois et verse encore…)

Mi Slovenci vinca ne prodamo (nous les slovènes ne vendons pas de vin, parce que nous savons bien boire. On se réunit, on est de bonne humeur, et on chante gaiement.)

Ta glažek je prazen (ce verre est vide, on rentre à la maison)

Le repas gastronomique fut servi avec les vins ad hoc. On s’en convaincra en découvrant le menu

Ce déjeuner bien arrosé commencé vers 15h se termina vers 18h. Rentré à l’hôtel, le Professeur Sénateur Karl (historien officiant à Klagenfurt) nous a convaincu de partager une bouteille de ce pinot gris dont on a parlé plus haut.

Ce qui fut fait !

Terminons cette visite éclair en Slovénie avec quelques belles pièces découvertes dans les musées et échoppes.

L’ancien manoir des comtes de Celje qui abrite une partie des collections du musée régional est fameux pour son plafond (Celjski strop), représentant des scènes de vendanges repérées lors d’un précédent séjour.

Nous y avons cette fois-ci trouvé cette scène d’auteur inconnu représentant Bacchus en bonne compagnie.

Et voici un buveur, lui aussi d’auteur inconnu, du 17ème siècle (ces tableaux auraient été récupérés par les partisans à l’issue de la dernière guerre).

Ce jeton circulaire fait partie d’une série de 12 tous différents et représente un jeune homme buvant au tonneau ; il ne mesure que quelques centimètres de diamètre.

et voici quelques chopes et verres.

Ce n’est pas les mains vides, mais avec ce précieux rouge mousseux, offert par un grand amateur, issu de vignes de la région karstique au-dessus de Trieste, et élevé 10 ans sur lies,

chateau intanto

et avec le désir sincère d’y retourner, que nous quittons cette terre de vin et de miel.

tableau de marin berovič, qui prépare un séjour-découverte des vignes et des vins de Slovénie pour 2023
élément de ruche, une tradition slovène

Au Clos Nenesse

Quelle plus belle occasion que ce jour du vin nouveau pour rendre visite à l’ami Jean-Pierre Dutilheul dans son Clos Nenesse.

Situé aux alentours d’Etampes, ce clos longiligne d’une cent-cinquantaine de pieds (de Gaillard 2, un enfant de Noah (principalement), pinot noir et baco)a été planté par son père, il y a quelques lustres.

Jean-Pierre s’est inscrit dans sa suite et faisait déguster aux amateurs ses crus 2015 à 2020,

Au centre Jean-Pierre Dutilheul, avec à sa droite le président de Cocorico Michel Devot

agrémentés de saucisses marinées, tomme de Savoie affinée au marc, et bien d’autres bonnes choses.

On pouvait y faire de belles rencontres comme celle de cet autre Jean-Pierre

producteur, à Méréville aux confins de l’Essonne, d’un petit cabernet-sauvignon intéressant.

Et c’est le coeur joyeux que l’on a rejoint ensuite les fêtards clamartois réunis aux trois garçons par le Président Marcel pour célébrer le vin nouveau

Marcel au verre de rouge (rare)

en chansons avec Bernard à l’accordéon.

Au Symposium des vignes d’Ile de France à Auvers/oise avec Cocorico

Il s’est finalement tenu, ce Symposium tant attendu. Nulle nième vague ne l’a contrarié, et quelques vingt-cinq confréries et associations franciliennes s’y sont retrouvées, dans ce joli village d’Auvers/Oise, pour partager des connaissances, parader, admirer des oeuvres artistiques mais aussi trinquer, faire bonne chère et la fête.

Si l’on se replace en novembre 2020, date où le comité d’organisation s’est pour la première fois réuni, il fallait avoir un sacré optimisme pour investir dans ce projet.  Saluons donc Michel Devot, président de Cocorico, la municipalité d’Auvers/Oise et le Pressoir Auversois, association invitante, pour s’être lancés dans l’aventure.

Une fois montrée patte blanche (on aura compris qu’il s’agissait du passe sanitaire) la journée commença par des conférences sur des thèmes viticulturel, oenologique, historique, artistique et gastronomique.

Denis Boireau, un scientifique bien connu des amis du bon clos, fit le point sur les cépages résistants aux maladies de la vigne comme l’oïdum et le mildiou, fruits de recherches ancienne et récente,

et incita vivement les cultivateurs de vignes patrimoniales  à s’y intéresser. (Nous avons déjà visité son « arboretum » d’Epinay/Orge.)

Gabriel Lepousez, neurobiologiste, chercheur à l’institut Pasteur et concepteur d’une formation à l’Ecole du Nez de Jean Lenoir, fit sensation en décrivant précisément les fondements anatomiques et physiologiques de l’olfaction : 400 capteurs, situés dans l’épithélium olfactif, permettant d’identifier des milliers (potentiellement des milliards) de molécules, sont reliés aux neurones de la zone nasale du cerveau.

Encore faut-il avoir les bons gènes pour que ces associations soient activées. D’un individu à l’autre, on observe des seuils de sensibilité extrêmement variés, dans un rapport de 1 à 1000 voir plus. Le plus beau nez du monde ne peut donner que ce qu’il a ! L’entrainement n’y remédiera pas, mais il permettra (ce qui n’est pas rien) de mettre des mots sur ce qui est ressenti. Il décrivit également le phénomène de rétro olfaction, qui opère lors de l’ingurgitation et échappe donc aux dégustateurs qui recrachent le vin. Et il fit valoir que les neurones de la zone nasale du cerveau ont la faculté de se régénérer.

Michel Miersman, de la Confrérie du Clos Saint-Vincent de Noisy-le -Grand, est venu faire part de la démarche qui lui a permis d’écrire un livre sur 1300 ans d’histoire de la vigne et des vignerons de Noisy-le-Grand,

sans quasiment sortir de son bureau, tant il y a d’informations et de documents (comme le « terrier ») disponibles en ligne.

Robin Bourcerie, jeune musicien et musicologue auteur d’une thèse sur les airs à boire du 17ème siècle en exprima la substantifique moëlle en les situant dans le contexte des moeurs de l’époque : 

types de vins, circuits d’approvisionnement et lieux de consommation, en mettant l’accent sur l’explosion créatrice (des milliers d’airs publiés dont 2425 analysés dans sa thèse) et l’importance du cabaret.

Enfin Thierry Bitschené, de la confrérie du Brie de Meaux, a présenté son fromage d’élection au moyen d’un petit film,

et invité les participants à s’en faire une idée plus précise lors du déjeuner qui s’ensuivit.

Après le buffet campagnard, qui valait bien celui du temps béni des Galeries Barbès,

l’heure est venue de se mettre en tenue pour défiler dans les rues d’Auvers,

ci-dessus Jean-Claude Pantellini, président du pressoir Auversois, entre à gauche Isabelle Mézières, maire d’Auvers/Oise, et à droite Martine Rovira, maire adjointe

et, au son des corps de chasse du Rallye Vau-Vent

et des cabrettes, accordéons et vielles de la Bourrée Montagnarde,

rallier l’église,  immortalisée jadis par Vincent Van Gogh,

où une bénédiction attendait les quelques vingt-cinq confréries présentes.

C’est un autre Vincent qui tenait fièrement la bannière de Clamart.

De l’église, en longeant les vignes où sont Saint-Vincent et Bacchus,

, on partit vers la mairie où les véhicules du Vexin Classic paradaient à l’arrêt. On y retrouva la conseillère régionale Babette de Rozières, déléguée à la gastronomie, heureuse de retrouver les confréries.

Quelques heureux trouvèrent là une alerte guide pour explorer en privé les ruelles du village,

On aura reconnue Edith Monti, artiste peintre anversoise dont les lecteurs du bon clos ont déjà fait la connaissance et que nous remercions pour son accueil

découvrir le musée et les vignes Daubigny et pousser jusqu’à l’atelier du maître en  passant au pied de l’escalier de Van Gogh.

Le reste de la troupe put découvrir la médiathèque où le dessinateur humoriste Michel Roman

et les enfants des écoles exposaient leurs oeuvres artistiques et poétiques.

Enfin vint l’heure du diner servi par le traiteur Bernard Dieu et animé par Frank Dorès, Léna et leurs danseuses. 

Après les salamalecs et remerciements de tous ordres,

On reconnaitra au centre Pierre Douglas, avec sa gauche Isabelle Mézières, maire d’Auvers, puis J.C.Pantellini, président de Pressoir Auversois, et Michel Devot, président de Cocorico ; et à sa droite, Michel Mella, Jean-Pierre Gimbert, Marc Lesk, J.P.Faury et Martine Rovira, maire-adjointe

vint l’heure de la proclamation des résultats du concours des vins d’ile de France et de la remise des diplômes par l’accorte Edith Monti.

Le jury était présidé par Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde… 1992 et président de l’Union Française des Sommeliers, assisté de Laetitia Trouillet Martin, de l’institut oenologique de Paris. Avec  4 autres dégustateurs chevronnés, ils avaient eu à juger 51 vins des années 2019 et 2020, principalement des blancs, présentés par 23 confréries et associations, et ont décerné 3 médailles d’or, 7 d’argent et 8 de bronze et quelques prix d’encouragement.

Comme les résultats étaient annoncés en commençant  par les diplômes de moindre importance, l’on pouvait lire sur les visages des premiers nominés la déception d’être appelés si tôt, et sur ceux de ceux qui ne l’étaient pas encore l’espoir, de plus en plus ténu  au fur et à mesure des appels, de l’être pour une plus haute récompense… Dura lex sed lex!

les lauréats du concours des vins

Ce n’est pas si facile de faire un bon vin, le Bon Clos adresse ses félicitations aux médaillés, et ses encouragements à tous les participants !

On pourra voir les résultats complets sur le site de Cocorico.

En Roumanie

Voici un pays viticole dont on ne voit pas souvent les bouteilles sur nos tables, il fallait y aller pour en savoir plus !

C’est une fête,qui nous en a donné l’occasion, le Festival Cavaleresc al Vinului Romanesc organisé par le le Consulat Roumain de l’Ordo Equestris Vini Europae.

Elle a eu lieu du 1er au 3 octobre à Alba Iulia, Transylvanie,

Une visite des vignobles et chais de la société JIDVEI, propriétaire d’un domaine de 2500 ha dans la région d’Alba Iulia et sponsor du festival,

fut suivie d’une mémorable dégustation dans son chateau Bethlen-Haller sis à Cetatea de Balta .

Elle permit de découvrir les cépages locaux (notamment Feteasca Alba, régala, et neagra ; Budureasca )

la gastronomie roumaine,

(voir troisième et quatrième à partir de la droite, Sergiu Nedelea et Marius Farmazon, respectivement Ambassadeur et Consul d’OEVE Consulat Romania)

Sergiu est journaliste, formateur et dégustateur international

et le talent du chanteur et cymbaliste Romulus.

La fête se poursuivait le lendemain avec un défilé en costumes dans la citadelle d’Alba Iulia,

chevaliers roumains et… clamartois

Le Père Oliviu Botoi, un des rares francophones rencontrés en Roumanie, procéda à une bénédiction dans la salle historique de l’Union, où fut proclamée le 1er décembre 1918 l’union de la Transylvanie et du reste de la Roumanie,

Le diner, apothéose de la fête, permit d’approfondir la connaissance des vins et de la musique de Roumanie.

(ci-dessus les 3 chanteuses Adina Sima, Andra Oproiu et Luana Toader)

Remercions nos amis roumains, organisateurs de cette belle fête, de nous avoir donné l’occasion de découvrir leur beau pays, et ses vins. On en saura plus sur cette fête, qui se termina verres en main à pas d’heure et en chansons à l’hôtel Transilvania, en consultant le site de la Fédération Internationale des Confréries Bachiques.

Une des appellations les plus réputées est celle de Cotnari, au Nord-Est du pays en Moldavie.

(à gauche, panneaux de sortie de ville ; à droite, la station de lavage de voitures de Cotnari)

Les grappes étaient mûres et les vendanges battaient leur plein.

Un peu plus au sud, à Odobesti, nous n’avons pu visiter les caves du Beciul Domnesc (Cave princière) construite au 15ème siècle sous Stefan cel Mare, le bâtiment historique étant fermé.

Mais sur le bâtiment qui lui fait fasse, une bouteillerie semble-t-il, une gigantesque fresque, aux personnages bachiques comme sortis d’un rêve, mérite le détour.

la signature est intrigante, qui nous éclairera ?

Ce tonneau a été vu à Cacica, au fond d’une mine de sel désaffectée.

Voici aussi quelques objets, horloge, tonnelets et fiasques, vus à Sighisoara, cité fortifiée de Transylvanie.

Ce couple qui s’amuse avec un verre de vin, vu au musée de Sibiu, est l’oeuvre de Caspar Netscher (1639-1684)

Ce tableau de Gheorghe Petrascu (1872-1949) vu à Brasov représente les chais de « la Nicoresti »

Cette femme au piano et au verre de vin a été vue dans l’ hotel Casa Iurca de Calinesti, à Sighetu Marmatiel (Maramures)

Terminons s ce tour de Roumanie par la visite d’un surprenant cimetière, à Sapanta (Maramures). Les tombes y sont ornées de stèles en bois peintes, représentant les activités des trépassés ou encore les circonstances de leur fin.

En voici un florilège pour les lecteurs du bon clos. Accros à la țuică ou à la palinka (terme local pour la gnôle), musiciens, barmen, cavistes, amateurs, ils sont tous là, peints avec tendresse et simplicité. Bonne visite, et paix à leurs âmes !

C’est en 1935 qu’un artisan local lança cette « mode », renouant ainsi avec d’anciennes traditions valaques (joyeuses obsèques, rituels funéraires festifs, libations et toasts portés au cours de repas commémoratifs…).

des peintres Auversois

C’est bien sûr la figure de Vincent Van Gogh qui domine quand on évoque Auvers/Oise, mais il a des émules inspirés par son exemple.

Vincent Van Gogh, par Zadkine, à Auvers/Oise

On citera ainsi Edith Monti, dont on a remarqué le tableau qui illustre l’affiche du prochain symposium des vignes d’Ile de France, qui se tient le 23 octobre prochain à… Auvers/Oise, bien sûr.

En voici quelques autres, récentes, glanées sur son site, edithmonti.fr

Ces bouteilles rouges invitent …

à l’Apéro !

Jean-Claude Pantellini, parallèlement à sa carrière de sommelier et sa fonction de président du Pressoir Auversois, joue aussi des pinceaux.

JC Pantellini dans son atelier

Voici des ceps, des grappes et des feuilles..

Ne quittons pas Auvers sans faire un petit tour au musée Daubigny qui y résida lontemps et où l’on peut voir cette charmante tablée sous une tonnelle.

Mais il faudra aller au musée d’Orsay pour voir ses vendanges en Bourgogne (1863)

Et où faut-il aller pour voir La Vigne (1860-63)?

A Birmingham, UK…

Au petit Trianon

Construit en 1762 à la demande de Louis XV, ce petit château de plan carré est reconnu comme un chef d’oeuvre du néo-classicisme naissant…

Construit sous Louis XV, inauguré par la comtesse du Barry, il fut plus tard offert à Marie-Antoinette qui en fit sa maison de campagne, avec ferme, hameau, jardin à l’anglaise et à la française etc.

Voici la vigne :

et une longue et jolie tonnelle :

Ce tableau de Noël Hallé (1776), aux détails truculents (voir le putto qui boit à la paille dans une jarre) orne la salle à manger du château,

(Ce peintre que décriait Diderot a peint aussi un Triomphe de Bacchus qui se trouve à Rouen)

L’on peut aussi voir ce miroir bachique monumental :