C’est le slogan de la campagne lancée par l’alliance européenne contre le Fetal Alcohol Syndrom Disorder, dont le Monde s’est fait l’écho dans son numéro daté du 2 avril.
Dit plus crûment le bébé, dans le ventre de sa maman, boit aussi ce qu’elle boit.
Les dégâts peuvent être sévères: « Retard intellectuel, de la croissance, malformations… En France, l’exposition prénatale à l’alcool entraîne des troubles chez 8 000 nouveau-nés chaque année. »
Le bon clos ne peut que se joindre à cette campagne. Futures mamans, soyons sobres ! On se rattrapera après !
Voici encore une bonne question posée par l’improbabologue Pierre Barthélémy, passeur de sciences toujours à l’affût d’études atypiques, et dont nous rapportons régulièrement les travaux, lorsqu’ils nous concernent (voir nos articles le prix et le plaisir, ivre sans boire, 1258, et tout récemment la couleur des odeurs)
La réponse est NON, comme il le démontre dans son article paru dans le Monde du 6 novembre dernier. Ni par les pieds, ni par les mains, contrairement à une légende danoise. L’absorption d’alcool ne peut être que minime, comme le montrent les expériences relatées.
Que n’a-t-on pas entendu sur le vin, particulièrement le vin blanc, qui donnerait mal à la tête ?
Voici qu’une voix autorisée, celle d’Henri-Jean Aubin, professeur à Paris-Sud, chercheur à l’INSERM, et Président de la Société française d’alcoologie, vient nous aider à y voir clair, si l’on peut dire, dans le dernier numéro (444) de Pour la Science.
Le sujet n’est pas simple. Et d’abord nous ne sommes pas tous égaux devant ces maux, en raison de variations métaboliques d’origine génétique.
Si le vin est pointé du doigt depuis l’Antiquité (au début de notre ère dans « De arte medica« , le médecin romain Aulus Cornelius Celsus le mettait déjà en cause), quels en seraient les constituants responsables de ces maux ?
L’éthanol ? il se transforme en acétalaldéhyde dont l’accumulation, chez ceux qui ont du mal à l’éliminer, entraîne divers symptômes comme les maux de tête.
Les sulfites ? ils sont cinq fois plus présents dans les fruits secs qui ne provoquent pas de céphalées. Et aucune étude n’a établi un lien avec les migraines.
Les phényléthylamines ? les polyphénols ? les tanins ? ils pourraient avoir un rôle, en déclenchant la libération de sérotonine, ce neuromédiateur qui semble impliqué dans les maux de tête…
Au final, rien de définitif ne ressort des études aux résultats contradictoires : l’une place le vin rouge en tête des boissons à risque, l’autre la bière. Le vin blanc a été incriminé dans les années 80-90 par des neurologues bordelais, mais ils ont souvent été jugés partisans.
On n’est donc pas très avancé. Une vieille chanson tsigane pourrait-elle de quelque secours ?
La voila chantée par Dimitri Ivanov. Son message ? Ce n’est pas la bouteille de vin qui donne mal à la tête, c’est celui qui ne boit rien qui a mal !
Ехали цыгане - не догонишь.
И пели они песни - не поймешь.
Была у них гитара - не настроишь.
И, в общем, ничего не разберешь.
ПРИПЕВ: Бутылка вина - не болит голова,
А болит у того, кто не пьет ничего.
Ой, бутылочка вина! Ах, не болит голова,
А болит у того, слышишь, Саня,
Кто не пьет ничего.
Так лучше веселиться, чем работать,
Так лучше водку пить, чем воевать.
И вспоминать за мамины заботы,
И белые костюмы одевать.
ПРИПЕВ:
Бутылка вина! Ах, не болит голова,
А болит у того, кто не пьет ничего.
Ой, бутылочка вина! Не болит голова,
А болит у того, у кого,
У того, кто не пьет ничего.
Так лучше быть богатым и здоровым
И девочек роскошных целовать,
И миновать тюрьмы замок суровый,
И деньгами карманы набивать.
ПРИПЕВ:
Бутылка вина! Ну не болит голова,
А болит у того, кто не пьет ничего.
Эй, бутылочка вина! Не болит голова,
А болит у того - давай ребята, -
Кто не пьет ничего.
En voici un essai de traduction par le service ad hoc du bon clos
Les tsiganes sont passés, faut pas courir après
Ils ont chanté des chansons, on n’y a rien compris
Le passeur de sciences Pierre Barthelemy (*)vient à nouveau (nous l’avons déjà rencontrés dans ces colonnes**) de nous faire découvrir une étude scientifique tout à fait intéressante, tendant à montrer qu’un même vin, présenté à des oenologues comme blanc ou rouge, donnera lieu à des analyses différentes : un vin supposé blanc révélera des odeurs de citron, de paille, de banane, de soufre, de beurre.. tandis que le même coloré en rouge sentira la myrtille, le cassis, le havane, le chocolat, le goudron, etc.
Cette étude a été réalisée par trois jeunes chercheurs français spécialistes de l’oenologie, et publiée par la revue Brain and Language en novembre 2001.
On peut se poser légitimement la question : que sont-ils devenus ?
Et bien, en plus de travailler pour l’INRA sur les questions olfactives, Gil Morrot est vigneron à Montpeyroux dans l’Hérault, dans un domaine, DIVEM, à très faible rendement (10-15 hl/ha)
Le deuxième auteur, Frédéric Brochet, a créé Ampelidae, un domaine de collines dans le Poitou « qui connaissent la vigne depuis mille ans », à Marigny-Brisay, le Pauillac de la Vienne (sic). On peut trouver ses vins (chardonnay, pinot noir, sauvignon, cabernet..) sur doctorwines.com
Le troisième auteur enfin, Denis Dubourdieu, est professeur d’oenologie et vinifie plusieurs domaines dans le Bordelais. Ce serait « l’un des meilleurs spécialistes de l’élevage des vins blancs »
Mais que sentent donc les vins de ces vignerons ?
Le premier n’en dit mot.
Le second distingue le pain frais et la poire au sirop dans son chardonnay ; des traces de menthe, des notes de genêts et quelques pampres de lierre dans son sauvignon ; le pinot noir le kirsch, le noyau… et le cabernet franc n’ignore ni la violette ni la rose
Le troisième découvre des arômes de pamplemousse et de pêche blanche dans ses blancs secs, de réglisse, de cassis, de fraise des bois, dans certains vins rouges.
Qu’en conclure ? Rien, si ce n’est que le premier n’a peut-être pas un nez très développé ou est resté traumatisé par les résultats de l’étude de 2001 ; que le second semble avoir beaucoup d’imagination, et que le troisième est sûrement un bon marketeur ?
* ses rubriques du Monde viennent de sortir en librairie
Etre ivre sans boire ? C’est possible si l’on en croit la radio texane NPR ainsi que le rapporte le blog Big Browser du Monde.
Apparemment certains sujets, extrêmement rares, fabriqueraient eux-même dans leur estomac de l’éthanol à partir de l’amidon contenu dans les aliments qu’ils ont ingurgités.
Voici le magazine Pour La Science qui revient dans son numéro d’avril sur l’éternel problème : flûte ou coupe, quelle est la meilleure façon de déguster le champagne ?
Les travaux de Gérard Liger-Bélair et de ses collègues du labo d’oenologie de l’université de Reims ont déjà montré que l’arôme est au coeur des bulles (voir l’article dans PLS 398). Les bulles favorisent en effet la concentration des arômes du vin.
Celles qui éclatent à la surface dégagent un brouillard de gouttelettes dont la concentration en molécules volatiles odorantes peut aller jusqu’à 30 fois celle observée au coeur de la flûte. Le phénomène est semblable aux embruns qui se forment à la surface des océans.
Les autres éclatent sur la langue, stimulant les nocicepteurs de la langue et du palais.
(photo d’alain Cornu/collection civic)
Voici maintenant qu’ils tranchent ce vieux débat : le flux de CO2 est plus important au-dessus d’une flûte que d’une coupe, et ceci quelque soit la température !
Le flux de CO2 est en bleu ou vert selon l’intensité
Voir aussi l »article de Patrick Walter là où nous avons trouvé la video ci-dessous.
Il ne reste plus qu’à sabrer le champagne, attention quand même !
aurait été découvert en Arménie par une équipe d’archéologues californiens et arméniens, apprend-on dans le dernier numéro de Pour la Science sous la plume de Loïc Mangin :
(OK c’était dans le figaro du 11 janvier , on est pas en avance mais le sujet mérite qu’on y revienne)
« Ils ont mis au jour une installation complète de vinification : des graines de vignes, des grappes desséchées, les restes de grappes pressées, une presse à vin rudimentaire, une cuve en argile où le jus fermentait, des tessons imprégnés de vin, et enfin, une coupe de dégustation. Ces vestiges ont été décelés à Areni-1, une zone d’excavation située au Sud-Est de l’Arménie, près du village d’Areni. » (non loin du mont Ararat où dit-on Noé mit pied à terre et planta une vigne)…
Curieux site, en fait une grotte habitée depuis des milliers d’années, au bas mot.
c’est déjà là qu’avait été découverte en 2008 la plus vieille chaussure du monde (5500 ans)
« Ainsi, on faisait du vin en 4000 avant notre ère, c’est-à-dire à la fin de l’ère Chalcolithique (l’âge du cuivre). Les plus anciens restes précédents attestant une activité viticole étaient plus récents d’un millénaire » , conclut Loïc Mangin.