La concomitance de la finale de la Coupe du monde n’avait pas découragé les quelques centaines de spectateurs venus à l’Odeon de Marseille assister au spectacle donné l’après-midi du 18 décembre. Bien leur en prit ! Ils ont pu se régaler de la version française de la Chauve-Souris, mise en scène par Jacques Duparc sur le livret de Meilhac et Halévy, une Chauve-Souris facétieuse dont on pourra lire la relation d’Olyrix.
D’une comédie créée par ceux-ci en 1872 (le Réveillon), Johannes Strauss fils a fait une opérette créée en 1874 à Vienne, puis jouée ensuite à Paris… On en saura plus et le détail de l’histoire là.
Il s’y trouve à la fin du 1er acte un air à boire chanté par Alfred, très empressé auprès de Caroline (madame Gaillardin). Ils trinquent, et sont rejoints par Tourillon, venu arrêter Gaillardin…
Une chance pour nous, le spectacle, joué sans public pendant la pandémie, a été filmé. Voici l’air à boire.
Si je bois un peu beaucoup, Ce n’est pas rien que par goût,
Mais l’alcool est un confort Qui brave les coups du sort.
Et ce point est établi Pour qui veut l’oubli
Qu’une douce ébriété Vaut l’eau du Léthé.
Ah ! Par l’oubli du passé Tout regret soit effacé!
Par l’oubli du passé Tout peut être effacé !
Trinquons donc, trinquer est doux
Sans orgueil et sans courroux !
Tin tin tin tin tin, goûtez ce Chambertin !
Non ! Par l’oubli du passé Tout regret est effacé !
Trinquez donc avec moi, tin, tin, tin.
Quel parfum ! Quel bouquet !
Pas un vin de mastroquet !
Quel parfum ! Quel bouquet !
Rien de mastroquet !
Mais il ya mieux. Le finale de l’acte deux, où se déroule la fête du prince Orlofski, est une véritable ode au Champagne, chantée encore et encore à la fin du spectacle.
Versez-nous le champagne Tra la la la la la la la
Vrai vin de cocagne Tra la la la la la la la
Qu’un autre aime la guerre !
Aux lauriers je préfère
Cette mousse légère
Qui sourit dans mon verre !
Buvons ! buvons !
Si l’exemple vous gagne
Qu’un tutti m’accompagne
Sans discuter les marques Tra la la la la la la la
Fêtons nos monarques Tra la la la la la la la
Quelle que soit la cote
Qui s’abstient est en faute
Et que le bouchon saut
En l’honneur de notre hôte !
Buvons ! buvons !
Du fond de ma province
Il fallait que je vinsse
Toaster à vous mon Prince !
Vidons la coupe où jase Tra la la la la la la l
Le flot de topaze Tra la la la la la la la
Le champagne stimule
L’ardeur qui capitule
Mieux que toute pilule
C’est l’élixir d’Hercule !
Buvons ! buvons !
De votre courtoisie,
Prince, on vous remercie
Et vive la Russie !
Sa Majesté Champagne est roi !
Rangeons-nous sous sa loi !
Vive le champagne
C’est lui le vrai roi !
Hurrah ! Hurrah !
Gloire au champagne !
Voici la troupe, dont on retrouvera les noms dans le compte-rendu d’Olyrix, avec à droite le metteur en scène Jacques Duparc qui excelle aussi dans le genre comique.

On a retrouvé avec bonheur l’ami Dominique Desmons, décidément dans tous les bons coups (il était l’été dernier Ménélas dans la Belle Hélène à Bruniquel), toujours aussi impayable dans le (petit) rôle d’un avocat et aussi d’un simple serveur. Qui peut le plus peut le moins !

Les amateurs retrouveront la partition sur Gallica (aux pages 62 et 111 pour les 2 airs)