La « maison de Victor Hugo » place des Vosges n’a été habitée que 16 années par le grand homme, qui s’exila dans les îles anglo-normandes pendant le second Empire de « Napoléon le Petit », puis s’installa avenue d’Eylau qui « a pris le nom de Victor-Hugo le 28 février 1881, au lendemain du soixante-dix-neuvième anniversaire de l’écrivain. »
N’importe, cette maison abrite des collections qui méritent notre intérêt, comme cette toile de Ferdinand Roybet peinte en 1903.

Elle représente Don Cesar de Bazan, personnage haut en couleur de Ruy Blas, pièce de VH crée en 1838.
Mais que diable fait donc Don Cesar avec ce verre de vin ?
Nous le saurons en parcourant la pièce. A l’acte 4 scène 2, Don César de Bazan, noble bohème dont son cousin l’ignoble don Salluste croyait s’être débarrassé en le livrant à des corsaires, est de retour, affamé, déguenillé, descendu par la cheminée dans la maison de Ruy Blas. Il tombe sur « un garde-manger bien garni.«
Voyons, ceci m’a l’air d’une bibliothèque.
Il y va et l’ouvre.
Justement. — Un pâté, du vin, une pastèque.
C’est un encas complet. Six flacons bien rangés !
Diable ! sur ce logis j’avais des préjugés.Examinant les flacons l’un après l’autre.
C’est d’un bon choix. — Allons ! l’armoire est honorable.
Il va chercher dans un coin la petite table ronde, l’apporte sur le devant et la charge joyeusement de tout ce que contient le garde-manger, bouteilles, plats, etc., il ajoute un verre, une assiette, une fourchette, etc. — puis il prend une des bouteilles.
Il emplit le verre, et boit d’un trait.
Lisons d’abord ceci.C’est une œuvre admirable
De ce fameux poëte appelé le soleil !
Xérès-des-Chevaliers n’a rien de plus vermeil.Il s’assied, se verse un second verre et boit.
Quel livre vaut cela ? Trouvez-moi quelque chose
De plus spiritueux !Il boit.
Ah Dieu, cela repose !
(Vient un laquais qui apporte une sacoche d’argent qui « vient de qui vous savez pour ce que vous savez ». Ravi, Don Cesar le fait boire)
Il remplit de vin l’autre verre.
Approche, galion, et d’abord —bois-moi ça !
Le Laquais.
Quoi, seigneur !
Don César.
Bois-moi ça !
Le laquais boit. Don César lui remplit son verre.
Du vin d’Oropesa *!
Il fait asseoir le laquais, le fait boire, et lui verse de nouveau du vin.
Causons.
À part.
Il a déjà la prunelle allumée.
Haut et s’étendant sur sa chaise.
L’homme, mon cher ami, n’est que de la fumée
Noire, et qui sort du feu des passions. Voilà.Il lui verse à boire.
C’est bête comme tout, ce que je te dis là.
Et d’abord la fumée, au ciel bleu ramenée,
Se comporte autrement dans une cheminée.
Elle monte gaîment, et nous dégringolons.Il se frotte la jambe.
L’homme n’est qu’un plomb vil.
Il remplit les deux verres.
Buvons. Tous tes doublons
Ne valent pas le chant d’un ivrogne qui passe. ».
(*) sans doute Oropesa del Mar, près de Valence où l’on produit un moscatel
La maison de Victor Hugo présente actuellement une exposition Louis Boulanger, peintre ami du poète qui dessina les costumes de ses personnages, illustra ses œuvres etc. Nous y avons vu ce » festin à la mode vénitienne », grand panneau commandé pour la salle à manger de M. Malher 52, faubourg saint Honoré,

dont on peut apprécier certains détails



et aussi cette scène de fête intitulée « Vive la joie » ou encore « les truands », fidèle illustration de la Cour des miracles de Notre Dame de Paris (livre X chap. 3), » ruche monstrueuse » convertie en lieux de plaisirs par les truands, qui s’apprêtent à aller délivrer Esméralda.

