Nous connaissions Eduard von Grützner, nous découvrons, au hasard de nos pérégrinations sur le Net, Fritz Wagner, un peintre bavarois (1896-1939) qu’il a visiblement influencé. Comme lui il a représenté des moines amateurs de vin à la bonne vie…
Le Cardinal entouré de moines à la bibliothèque du cloître
Une lecture intéressante
ein guter Schluck
Né à Munich, il y a vécu, ainsi que sur Frauenchiemsee ( l’ile aux femmes : des bénédictines) voisine.
« Wagner fut l’élève de Karl Roth et Robert Seitz à Munich et fut influencé par Hiasl Maier-Erding. Il entreprit des voyages d’études en Italie, en Hongrie et en Roumanie. «
C’est aussi un spécialiste des scènes de genre à la manière hollandaise. En voici quelques uns représentant des « civils ».
Et maintenant, une série de buveurs éclairés
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Finissons avec ce dégustateur d’huîtres, tableau sur isorel en vente à Nice ces jours-ci.
Prost !
lansquenet (Landsknecht bei Wein trinken)
Et pour ceux qui voudraient en voir plus, voici un lien.
Voici un tableau rapporté de Naples par l’ami Alain : c’est une représentation contemporaine (2020) des Noces de Cana.
L’auteur est Stefano di Stasio, un « formidable créateur de paradoxes visuels, de duperies, de mystères, d’énigmes qui se cachent dans la réalité apparente, quotidienne. », nous dit la galerie placido.com
« Stefano di Stasio (Naples, 1948) est considéré comme l’un des artistes les plus importants du mouvement anachronisme et l’un des protagonistes des artistes qui sont revenus à la peinture qui a caractérisé les vingt dernières années du XXe siècle. » apprend-on sur artsper.com
L’anachronisme en art n’a rien de nouveau, on pourra consulter l’ouvrage de Robert de la Sizeranne (1894) sur Wikisource pour s’en convaincre. On peut le voir de deux façons : représenter la scène antique et légendaire avec des personnages portant des habits modernes, voire dans des décors modernes ; ou tout simplement représenter ce genre de scène au 21ème siècle, à la manière des maitres anciens…
Ce tableau-ci, manifestement inspiré par les pélerins d’Emmaüs du Titien, a été vu tout récemment en septembre 2025 au salon art3f à Paris.
Belle ville que Turin, capitale du Piémont, et du défunt Duché de Savoie, puis brièvement de l’Italie. A six heures de train de Paris, elle offre au visiteur bien des attraits, et mérite le voyage.
Turin, Milan, Gênes et Venise en PLM depuis Paris
La région est viticole et produit les plus grands vins d’Italie : le Barolo, « le roi des vins, le vin des rois« , le Barbaresco, et bien d’autres comme le fameux Asti Spumante…
Il y a des restaurants partout. L’Angolo di Parîn est un resto traditionnel, idéal pour une mise en bouche ; son motto : « Ij antipast pì bon, ij primi d’la tradission, e Për ël dòss a-i é semper spàss«
Il s’y trouve un curieux autel
Cette affiche d’Ernst Dryden y vante le champagne Veuve Devaux
Le Palazzo Reale abrite la collection Sabauda des ducs de Savoie , essentiellement des oeuvres des 14ème au 18ème.
Dans la salle des cuirassiers (anciennement des Dignités) on trouve ces allégories de Novara et Torino
Plus loin ces jolies scènes de taverne de David Teniers III et Pieter 2 Brueghel (détails),
et cette scène de bombance à table
Cette jeune hollandaise à sa fenêtre, une grappe de raisin à la main, est de Gerrit Dou (1613-1675)
voici des putti vendangeurs
ici un détail d’une tapisserie représentant Noé chargeant son arche
Et aussi ces deux représentations d’Ariane et Bacchus, celle-ci de Luca Demaret Dameret ?
et celle-ci de Giovanni Antonio Burrini.
Au palais Carignano est installé le musée du Risorgimento qui conte l’histoire de la formation de l’Italie moderne. On change de siècle. Ci-dessous une litho du caricaturiste Dalsani, figurant le politicien Depretis champion du « transformisme ».
Du même auteur, cette affiche vantant CUPROL, produit à base de sulfate ce cuivre pour la vigne,
et cette publicité pour le grignolino de Callianetto (un vin de la région d’Asti) de G.Granero.
On ne quitte pas Turin sans faire un tour au musée de l’Auto, FIAT oblige !
Ici le vin est au service de l’auto, et vice-versa.
Mais gare à l’accident !
Chaque pays a sa façon de réagir, ci-dessus : la française (vue d’Italie).
Il y a aussi un musée du cinéma installé dans une grande tour, la Mole Antoniella. Vaut la visite !
On en saura plus sur les vins de la région et en particulier ceux d’Alba, où un séjour-découverte de vins s’est déroulé en mai dernier, en lisant l‘article paru sur le site de la FICB.
Cette petite ville, chef-lieu d’un district viticole au nord est de la Serbie, dans le Banat serbe (occidental), organise chaque année une fête des vins début juillet. L’occasion de goûter les vins locaux, d’écouter des chansons du cru, et de faire de belles rencontres.
On peut voir ce triptyque de Vršac , oeuvre de Paja Jovanović (1859-1957), au musée municipal.
Voici aussi un tableau que l’on peut voir au domaine Helvecja, bâti par un suisse en 1880.
L’hotel Serbja arbore fièrement l’affiche du festival
et les bouteilles de vin local.
Sur l’allée piétonne où se tient le festival, on croise Vinko Lozic, un personnage créé par Jovan Sterija Popovic dans son calendrier satirique , allégorie du citoyen bon vivant, protecteur des vendanges et mascotte de la ville.
sculpture de Zivko Grozdanic
En voici une incarnation publicitaire
On y fait bien d’autres rencontres et l’on peut déguster toute sortes de crus.
Pas de fête sans musique, les orchestres se succèdent sur la scène.
Voici quelques chansons typiques : » Kad čujem tambure, ja skočim na bure » (Quand j’entends des tambourins, je saute sur le tonneau) ; « Donesi vina, krcmarice Marko Nesic » (Apporte moi du vin, aubergiste »; et « Tamburica » (tambourin)
Kad čujem tambure ja skočim na bure, popijem litru dve, i pevam do zore.
REF : Hej, haj vinca, ca vinca rumena, ha, ha
Iz Vršca stiže glas u vinu leži spas, ko vino ne pije, taj nek se ubije.
Gospodin profesor izašo na prozor, i spazi bratiju gde pije rakiju.
Quand j’entends des tambourins, je saute sur le tonneau, je bois deux litres et je chante jusqu’à l’aube.
Hé, hé, vinca, ça, vinca rouge, ha, ha, Hé, hé, vinca, ça, vinca rouge.
Une voix vient de Vršac, dans le vin se trouve le salut, qui ne boit pas de vin, qu’il se tue.
Monsieur le professeur, est sorti par la fenêtre eta vu le frère, où il boit du raki.
Donesi vina, krcmarice, rumenog kao tvoje lice. Daj da pijem, tugu da razbijem. Srce me bole, jadi ga more.
Rumeno lice, dve ruzice, a oci carne zeravice. Oko tvoje srce mi izgore. Muce mene muke paklene.
Oj, Boze, Boze,sto je stvori, da mlade momke muci i mori. Celo selo za njom se zanelo, i svi piju da jad razbiju.
Apporte-moi du vin, aubergiste, rouge comme ton visage. Laisse-moi boire, pour apaiser mon chagrin. Mon cœur souffre, il est tourmenté par la mer.
Un visage rouge, deux roses, et des yeux comme des braises noires. Mon cœur brûle à ta vue. Je suis tourmenté par les tourments de l’enfer.
Oh, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi l’as tu créée, pour tourmenterles jeunes gens ? Tout le village est épris d’elle, et chacun boit pour apaiser son chagrin.
Kad zasviram sa jaranima ne dolazim kuci danima od vina i pjesme poludim cesto kraj druge se budim i mnoge prespavam dane zbog vina, ljubavi, kafane
Ref. Sve zbog moje tamburice vole me ljepotice bila smedja ili plava svaka mi je ljubav prava kad se igra i pjeva najbolje mi stoji garava
Idem kuci zora svanula tambura mi kod nje ostala ona nece da je vrati zeli da joj opet svratim doci cu sunce moje najsladje su usne tvoje
Quand je joue de la tamburica Je ne rentre pas à la maison Le vin et les chansons me rendent fou Je me réveille souvent chez les autres Et je passe beaucoup de nuits dehors À cause du vin, de l’amour, des cafés
Ref. Tout ça à cause de ma tamburica les belles me veulent qu’elle soit brune ou blonde chaque amour est vrai pour moi quand on joue et chante c’est là que je suis le mieux
Je rentre à la maison, l’aube est levée ma tamburica est restée chez elle elle ne veut pas me la rendre elle veut que je lui rende la pareille jusqu’à ce que le soleil se lève tes lèvres sont les plus douces
Le soir, l’ami Nikola nous a emmenés chez lui, sur le coteau qui domine la ville. On boit en parlant poésie et en mangeant des spécialités serbes.
Nikola le serbe, et Janesz le slovène, amis par le vin
Nikola est le grand maitre de la confrérie bachique Saint Théodore, qui célébrait ses 20 ans. Dans son caveau il tient sous clé des bouteilles pour ses petites filles, lorsqu’elles auront l’âge; et quelques oeuvres à déguster avec les yeux…
Merci Nikola pour ton accueil !
Et adieu aussi à la Jelen…
Allez encore une chanson ! Vino i Gitare (Chanson d’Arsen Dedić et Gabi Novak ‧ 1970)
Vin et guitares Laisse-les remplir à nouveau ma nuit Ce vieux vin et ces guitares Des amis viendront ce soir Vino i gitare Nek’ opet ispune mi noć To vino staro i gitare Večeras će prijatelji doć’
Laisse le temps s’arrêter Quand tout le monde se rassemble ici La vie d’un autre côté Nous resterons debout ce soir Vrijeme neka stane Kad ovdje okupe se svi Životu s neke druge strane Večeras stajat’ ćemo mi
Laissons partir la jeunesse aussi La vie doit aller quelque part’ Des blessures même visibles tout passera I mladost neka ide Život mora nekud poć’ Pa i rane što se vide Sve će proć’
Vin et guitares Je veux être chez moi ce soir Quand de vieux amis viennent Qu’ils ne trouvent pas de douleur dans mon cœur Vino i gitare Želim noćas ja u domu svom Kad stari prijatelji dođu Nek’ ne nađu bol u srcu mom
De ses artistes, nous connaissions Hans Erni (1909-2015) pour ses 60 lithographies illustrant des poésies bachiques (de Goethe, Khayyam, Hafiz, Apollinaire, Hugo, Heredia, Baudelaire, Nietzsche, Rilke, Ramuz, Claudel, etc.) dans un ouvrage paru en 1962 : Ivresse. La vigne – le vin.
Mais aussi pour son Bacchus dessiné à la craie sur un foudre de feu le domaine de la Milhère dans le vignoble bandolais.
Magie du Net, nous en avons découvert quelques autres.
Frédéric Rouge (1867-1950, natif d’Aigle, a peint ce grand tableau intitulé « le retour de vendanges » en 1934
On lui doit aussi ce récit de chasse (1892)
et ce petit portrait, « la verte » (1893)
Marius Borgeaud(1861-1924), natif de Lausanne, a peint de nombreuses scènes d’intérieur, où il y a toujours une bouteille sur la table, comme ici : le bistrot(1912) !
Ernest Biéler (1863-1948), originaire de Préverenges près de Lausanne, nous a laissé plusieurs oeuvres remarquables. Voici « les vendanges », réalisé pour la fête des vignerons de Vevey en 1905
un buveur (mais est-ce du vin ? peut-être coupé d’eau ?), à la pause du moissonneur
et, là pas de question, c’est le « vin nouveau » ou « le bon vin » (1944)
enfin, une sympathique tablée (lithographie ).
« Schweizer verschiedener Stände beim Wein »
François Barraud (1899-1934) est né à La Chaud-de-Fonds dans le canton de Neuchâtel. Voici une de ses nombreuses natures mortes.
Nature morte avec carafe de vin, pain et lunettes.
Voici encore Friedrich Dürrenmatt (1921-1990), natif de Berne, peintre et écrivain, et son « portrait d’un psychiatre« .
Voici maintenantJean-Michel Jaquet, né à la Chaud-de-Fonds en 1950. Son style est sobre,
En souvenir du Ciel Série: En attendant la pluie III. Lithographie 2006
peut-être un peu inquiétant ?
Visitons maintenant la galerie galantica, une galerie online pour des tableaux de peintre suisses. On y a fait une jolie vendange. Avec des paysages comme ce tableau deErnst Hodel senior(1852-1902), natif de Thoune et décédé à Lucerne.
Les vendanges, sur le Chemin du Dézaley
et cette Huile sur toile de Walter Malfi1950, dévoilant un joli clos
Vue sur le lac Léman – St-Saphorin,- Château de Glérolles
On travaille dans les vignes, en voici la démonstration avec Charles Menge (1920-2009)
et avecMargueriteBurnat-Provins (1872-1952), écrivaine et peintre franco-suisse, et son affiche de 1905 pour l’emblématique fête des vignerons de Vevey
Le site analectapictura.fr , créé il y a 1 an 8 mois, présente déjà 5000 « miettes culturelles choisies ». Nous en avons trouvé une trentaine susceptibles d’intéresser les lecteurs du bon clos…
Le frère Robinet, Ie suis maistrre du Robinet, Prest a tiré du Vin, si tost qu’on le m’ordonne, Mais sans oublier ma personne, Car ie bois a Coupe bonnet.
(Au passage, cette expression « boire à Coupe Bonnet » nous interpelle. Peu d’attestations : on la trouve chez Antoine du Verdier (voir ici), un humaniste du 16ème siècle.)
Le père Dominique Ie bois avec plaisir a la santé du Roy, Afin de bien gagner l’Indulgence pleiniere. Si quelqu’un entreprend de combattre avec moi, Quil s’arme d’un bon verre, et entre en la Corriere.Le père Ignace Ie tire les marrons du feu, Et les ames du Purgatoire. Parle moi de l’Enfer, ie m’en soucie peu, Si iay de la santé et de bon vin a boire.Le père Victoire, A la gloire de Dieu, ie boiray comme un trou, Pourgagner le pardon que l’on gagne a bien boire, Tout m’est un pour cela, ius qu’a faire le fou Car ie pretens icy remporter la Victoire.Le Roy du carnaval Reveillez vous Amis ! Indulgence pleiniere A qui dit le Roy boit, et y boira aussi : Point de Messe a present ; mais sans aucun souci, Beuvons a la Bouteille, et faisons chere entiere
Ce Sac à vin avec sa brouette (1521), est de Hans Weiditz (1495-1537) connu pour ses scènes de genre et pour avoir illustré des oeuvres de Pétanque.
« On le voit manger en cérémonie, assis sous un dais & servi par ses grands officiers ; la Mort est venue se mettre du nombre, & fait en ce moment l’office d’Échanson. Elle verse à boire au Monarque qui lui tend la large coupe, qu’il va vraisemblablement vider pour la dernière fois. Ce Prince tient de la main gauche un papier, sans doute un placet qu’on vient de lui remettre. »
Plus proche de nous, cette invitation à boire d’Helen M. Sinclair (1914)
Voici maintenant quelques oeuvres de Georges Cruikshank, illustrateur et caricaturiste anglais des années 1800-1850, décriant l’alcoolisme.
Tom et Jerry prennent un mauvais alcool, par Georges Cruikshank (1820)
puis le charme est rompu ( la vie à Londres )
Le commerce anglais d’alcool, par Georges Cruikshank (1829)
Oh là là, c’est une idée choquante. Ils fabriquent le gin à partir d’eau-forte : Ils le font exprès pour raccourcir la vie des gens et le vendent à deux pence le quart.
Les enfants de l’ivrogne(1848)
scène d’ivresse dans une boutique de gin avec des enfants à qui l’on donne de l’alcool.
Le Cognac français, du même (1831)
Un siècle plus tard, le combat contre l’alcoolisme est toujours d’actualité…
L’alcool et la prostitution sont les tueurs de l’humanité (1919)
affiche de propagande hongroise
Et maintenant quelques dessins d’humour de l’époque Napoléon III…
Guide du noble étranger dans Paris, tempérance (1863) La vie parisienne – 1ère année – 1863
Un grand diner, un valet (1863)La vie parisienne – 1ère année – 1863
et de la 3ème République
journal satirique Le Rire – 9 février 1895
Une bombe turque étant tombée sur la table (1889) M. de Crac, sans lâcher son verre, prit la bombe et la renvoya par le même chemin chez les Turcs, où elle éclata. Les aventures de M. de Crac – Le petit français illustré du 18 mai
Famille bouteille de champagne, par Heinrich Kley (1909)
Nos viticulteurs (1902) L’album comique de la famille n° 13
Mon mari est cachottier, par Perré (1928) Midinette n° 90, le journal illustré du 3 août 1928
Nous finissons avec des scènes de genre, comme cette inspirante » fine bouteille « de Daumier
Daumier : la fine bouteille (1864)
et ce touchant « verre de vin » de Jean Veber (1905)
Le verre de vin, par Veber Jean (1905)
Arrêtons nous là avec cette affiche pour le vin mousseux Robba de Leonetto Cappiello (1911), que nous avons rencontré à plusieurs – reprises.
A la Halle des Blancs Manteaux, le coutumier Expo4art réunissait 90 artistes. 4 ont attiré notre attention.
Sig (Sigrid HUET) se plait à représenter les jeunes femmes d’origine africaine de la Réunion, communément (et positivement) appelées les Cafrines. En voici deux qui prennent du bon temps, un verre à la main.
Un peu plus loin c’est Carole Géniès, qui peint féminins, masculins, et esquisses.
Son motto : Capturer l’essence féminine, sublimer l’émotion, peindre l’âme. L’art comme un hommage à la femme. On en verra plus sur instagram.
Elle donne envie d’en savoir plus : la soirée a été chaude, les verres n’ont pas été vidés, que s’est-il passé ?
Et pour tous ceux et celles qui ont imaginé le pianocktail de l’Ecume des Jours, en voici une réalisation miniature en diorama. L’auteur ? Alain Pras, qui fut fabricant de maquettes industrielles et se plait maintenant à « mettre en volume une petite histoire teintée d’humour, un clin d’œil à l’art, un hommage aux artistes… »
Merci à tous pour ce bon moment !
Dans un tout autre registre, voici des stèles funéraires mégalithiques appelés balbal qui viennent du Kazakhstan. Le personnage masculin porte une coupe libatoire. Elles datent du 6ème siècle.
On pouvait les voir, exceptionnellement prêtés par les plus grands musées kazakhs, au musée Guimet (expo Kazakhstan, Trésors de la Grande Steppe).
Le centre d’art Albert Chanot de Clamart accueille depuis le 7 mars et jusqu’au 13 avril cinq artistes clamartois, qui jouent donc … à domicile. C’est la deuxième saison de ce rendez-vous avec des artistes clamartois.
Les oeuvres de notre ami Jean Dessirier occupaient une place de choix, nous y avons retrouvé ce faune,
attiré peut-être par la bacchanale qui se jouait dans la pièce attenante.
Elle est l’oeuvre de Guillaume-André Morinet, qui s’est inspiré des oeuvres de Nicolas Poussin, comme leTriomphe de Pan. Qu’on en juge :
L’artiste clamartois utilise le carton pour supporter ses oeuvres, ce qui permet notamment des effets de volume, « avec des personnages au premier plan et un arrière-plan végétal ».
On en saura plus sur sa production sur le site qui lui est dédié.
C’est par les Ardennes que nous commencerons cette petite virée ; le hasard des itinéraires nous fait passer par Treignes, un village qui compte 4 musées pour 650 habitants… Sur la place de Treignes, village jumelé à Quincié en Beaujolais, une curieuse sculpture y évoque Toine, obèse ardennais… un héros local imaginé par Arthur Masson.
(Œuvres de l’artiste belge Claude Rahir, les trois statues de bronze évoquent les héros principaux de la Toinade : Toine Culot, Hilde son épouse, et le cousin T. Déome.)
C’est un bon début : avec nos amis belges, l’humour et le bonne humeur ne sont jamais loin.
Descendant la Meuse, la route nous mène à Dinant, où l’on fait des couques, biscuits très durs faits de farine et de miel, que l’on décline sous toutes les formes comme ici cette belle grappe.
Un peu plus loin Namur, capitale régionale, est une jolie ville accueillante où le dessinateur, caricaturiste, peintre, illustrateur, graveur Félicien Rops (1833-1898), l’enfant du pays, jouit d’un musée qui lui est consacré. Il y avait de quoi faire pour les lecteurs du Bon Clos.
le gandin ivre, gravure d’Albert Bertrand d’après un dessin de Rops
Bouge à matelots, pastel pierre noire et sanguine 1875
La chanson de Chérubin (in cent légers croquis, dessin sur papier, vers 1880)
Le 4ème verre de cognac (gravure, 1880)
Le regard de cette buveuse d’absinthe est saisissant
Que sert à boire cette cantinière du pilotage ?
La Cantinière du pilotage, 1876, huile sur toile, 32 x 21 cm.
Voici aussi une illustration de illustration de la légende d’Ulenspiegel de Ch. de Coster
Bon buveur vidant les pots rien qu’en les regardant
En 1853, âgé donc de 20 ans, Rops collabora, sous le nom de Duverger, au journal estudiantin « Le Crocodile ».
On peut y lire en premiere page la marche crocodilienne signée (attribuée à ?) Victor Hugo, dont on retiendra le motto
« Mon verre est tout rempli de liqueur parfumée, Et ma pipe vomit des torrents de fumée »
et ce couplet : Quand dix mille buveurs viennent au son du cor, Il leur répond ; il boit, et son souffle farouche Aspire à plein gosier les verres qu’il embouche. On roule sous la table ; lui seul sent son essor Qui croît. Pour rafraîchir sa figure écarlate, Il pousse Chlodomir qui se lasse, et le flatte Pour qu’il lui serve à boire encor !
Si ce n’est pas du Hugo, ça lui ressemble !
Avec le peintre surréaliste Paul Delvaux, passionné par les trains et les nus, exposé à Liège à la Boverie, on a été moins chanceux. Voici son banquet des philosophes, décor pour la maison du président de la Sabena Gilbert Périer.
On va croiser les 4 saisons (l’automne) d’Abel Grimmer (1607) : taille, vendange, foulage et transport des fûts.
et puis aussi ce joueur de cartes
joueurs de cartes (détail) de Theodor Rombouts (1597-1637)
La mort est féroce et rapide, de Joos Craesbeeck (1649), présente ce rare squelette bachique
Curieuse, cette inscription en bas à droite du tableau
Remercions Daniel Cunin, écrivain et traducteur littéraire néerlandophone que les lecteurs du Bon Clos ont déjà rencontré, qui nous a fait parvenir cette traduction littérale : La mort est cruelle et rapide Gardez-vous des péchés, ainsi vous agissez bien. Ne calomniez personne de sorte que Dieu ne vous rende pas la pareille. Et ne prenez à personne ce qui lui appartient afin de garder ce qui est à vous.
Cette « Vénus frigida« , que vient réchauffer Bacchus, semble bien transie
Venus frigida, Rubens (1614)
On retrouve Bacchus convive au mariage de Thétis et Pelée, de Frans Floris (1550)
Voici une »scène de bordel » vue par Joachim Beuckelaer (1563)
Joachim Beuckelaer, scène de bordel (1563), détail
et, dans le même genre, une scène de taverne qui aurait pu porter le même titre, de Jan van Amstel (1200-1550 ca.)
où l’on ne fait pas qu’y boire
Plus proche de nous, nous voici au bar de la vieille auberge, la maison des pilotes (De Braekeleer, 1877)
Et l’on termine cette visite du Musée des Beaux-Arts d’Anvers, comme on l’avait commencé, avec le sommeil d’un buveur à l’auberge rouge (1894) de Charles Mertens.
Ne quittons pas le Musée, sans un regard sur la vinothèque qui peut contenir près d’un millier de bouteilles.
Ces porte-bouteilles pourraient servir
Et combien de chopes dans cette taverne de Bruxelles ?
Concluons cette tournée en allant humer l’air marin d’Ostende. Son Mu.Zee présente un aperçu des arts visuels belges de 1860 à nos jours.
Alice Frey (1895-1981) a peint ce Bal du Rat Mort en 1964.
(Le bal du rat mort, du nom d’un ancien cabaret de Pigalle, est un bal masqué et costumé organisé annuellement à des fins philanthropiques à Ostende depuis 1898.)
Annonce du premier Bal du Rat mort (1898)
Allez, un dernier verre (en bas à droite) avec Paul Joostens (1889-1960) et son caleidoscope (1935), une vision breughelienne moderne…
« L’Artiste Pître poursuit son œuvre sur le thème hagiographique. Après sa « Cène selon St Marque« , clin d’œil un chouïa ironique sur ces saints devenus des marques agroalimentaires. Voici donc ses Noces de Cana (bis) inversées où le vin d’une quinzaine de belles cuvées aux noms inspirés par le ciel – « château Saint-Ange » de St Emilion, « la Croix » de Saint Estèphe- est transformé maladroitement en eau comme une œuvre rêvée par le lobby anti-alcool. De quoi pousser Bacchus à souhaiter voir à nouveau les chrétiens jetés dans la fosse aux lions ! »