Monsieur et madame Denis

Nous attendions depuis des années de le revoir, ce petit opéra-comique créé en 1862 aux Bouffes parisiens, et donné par les Délasscoms en 2012 au petit théâtre de Naples. C’est qu’il recèle un des plus beaux airs à boire que notre génial Offenbach a composé. Il a été donné en version de concert à l’Odéon de Marseille ce dimanche 6 avril, dans le cadre des dimanches d’Offenbach.

Maestro, pianiste, chanteurs, les voilà !

L’intrigue en elle-même est un peu maigre, mais qu’importe ! On est là pour se faire plaisir. L’action se passe en 1750. Le filleul (Gaston) de M. Denis vient en son absence chez celui-ci avec leur nièce (Lucile) qu’il a enlevée de son pensionnat ; mais les soldats du guet (Brindamour et Jolicoeur), conduits par le sergent Bellerose, ont vite fait d’y rattraper les tourtereaux. Heureusement, il y a à la cave un vieux Jurançon (« excellent, mais sournois en diable« ). Et une accorte chambrière (Nanette), qui sait y faire. Car comment ne pas boire à la santé du roi et de la reine (« des militaires ne peuvent pas refuser !« ?

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Ecoutons cet air avec on l’espère, la bénédiction des chanteurs, du pianiste et du maitre de cérémonies !

Versez et buvons à pleins verres/ Bellerose ici l’obtempère/ Buvons buvons buvons !
Vive un vin frais et clair qui pétille / Dès qu’il mousse et qu’il brille / rougissant un pur cristal / Du plaisir est le signal.
C’est un ami qui charme qui console / Par son pouvoir s’envole / des ennuis des soucis fâcheux /  salut vin généreux
A notre reine (à notre roi) à notre reine au roi je bois etc.
Ah pour eux quelle aubaine / Buvez la coupe est pleine / Ce vin vieux les entraine
Mes amis il faut boire /A notre souveraine / A la reine buvez je bois au roi buvons à sa gloire

Voyez ce Jurançon plein de flammes / Il électrise l’âme / Fils d’un rayon du soleil / Comme lui vif et vermeil
Frais compagnon oui partout il sait plaire / Il anime à la guerre /Il charme et distrait en garnison / Vive le jurançon!
Merci pour le roi pour la reine mais vous ne pouvez refuser de boire aussi à votre capitaine

Allons buvons à notre capitaine ça ne peut pas se refuser
Ni de trinquer à notre belle demoiselle/Et puis mes amis au bon monsieur Denis, à madame Denis souvenez vous en et finalement buvons çà la ronde à tout le monde
buvons buvons buvons buvons…
chantons oui trinquons oui chantons et vidons les flacons
Ce vin est vraiment un nectar un velours je le préfère à tou les amours et je voudrais en boire toujours
buvons buvons…

Notons qu’on n’aura pas vu  de tout le spectacle ni monsieur ni madame Denis, partis à la campagne. Mais ce ne sont pas des inconnus pour les spectateurs de l’époque. En effet, en 1808, avait été créé au Théâtre des Variétés «  Monsieur et madame Denis ou la veille de la Saint-Jean »,

un Tableau conjugal en un acte et en vaudevilles par MM. Desaugiers et De Rougemont ».


Ces deux vieux amoureux touchants étaient aussi les héros d’une chanson gentiment grivoise du même Désaugiers : les SOUVENIRS NOCTURNES DE DEUX EPOUX DU 17e SIÈCLE, 

 Monsieur Denis, lui offrant une prise de tabac.

Demain, songez s’il vous plaît,
    À me donner mon bouquet. 

Madame Denis, tenant la prise de tabac sous le nez.

 Quoi ! c’est demain la Saint-Jean ?

Monsieur Denis, rentrant dans son lit.

Souvenez-vous-en, souvenez-vous-en… 
    Époque où j’ai des retours 
    Qui me surprennent toujours.

Madame Denis, se recouchant.

    Oui, jolis retours, ma foi !
    Votre éloquence avec moi 
    Éclate une fois par an ;
Souvenez-vous-en, souvenez-vous-en…
 Encor votre beau discours 
    Ne finit-il pas toujours.

dont l’air charmant est celui d’un Noël bourguignon (Guillo prend ton tambourin), qu’Offenbach a repris à plusieurs reprises, pour notre plus grand plaisir, dans son Monsieur et Madame Denis.

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