Au musée de la grande-guerre, à MEAUX

Ouvert le 11 novembre 2011 sur le territoire de la Première bataille de la Marne à Meaux, ce musée est le plus grand musée d’Europe consacré à la Première Guerre mondiale.

Le visiter, c’est goûter la chance inouïe de vivre dans un pays en paix. C’est appréhender les souffrances des générations suppliciées. C’est aussi fraterniser en pensée avec les soldats installés pendant des mois voire des années dans les tranchées, et partager leurs joies et leurs peines en les voyant s’activer entre deux combats.

Nous nous sommes comme d’habitude concentrés sur tout ce qui pouvait avoir un rapport avec le vin, et plus généralement l’alcool, sujet que nous avions déjà abordé il y a quelques années (voir  » le vin des poilus« )
Les mots pinard et gnôle sont sortis de l’incognito pendant cette guerre :

Le terme pinard existait, dit-on, en Bourgogne dès la fin 16ème siècle pour désigner le vin ; d’autres citent les déclarations du professeur Pinard, gynécologue célèbre à l’époque, qui, député, aurait fait voter un texte pour la fourniture quotidienne d’un quart de vin rouge aux soldats du front. Mais il ne sera député qu’en 1919. Toujours est-il que le mot devint populaire :

Le pinard c’est de la vinasse
Ça réchauff’ là oùsque ça passe
Vas-y, Bidasse, remplis mon quart
Viv’ le pinard, viv’ le pinard!
 
 (Louis Bousquet & Georges Picquet, Vive le Pinard, 1916)

Quant à la gnôle, il s’agirait d’un mot franco-provençal.

L’alcool, décrié avant-guerre,

était devenu le compagnon incontournable des poilus, comme en témoigne cette couverture du journal Le Front, exclusivement illustré par les poilus de l’avant;

Si dans le camp retranché de Paris la vente d ‘alcool aux militaires est proscrite,

A l’arrière on se mobilise pour les soldats du front

en claironnant des slogans d’un autre temps.

Au front, on s’arrange avec les moyens du bord

Cette ingénieux alambic de poche est fait avec une boite de conserve et une lampe à alcool !

Topettes et chopes font partie de l’équipement du soldat de part et d’autre de la ligne de front.

In the glad revels, in the happy fêtes,
When cheeks are flushed, and glasses gilt and pearled
With the sweet wine of France that concentrates
The sunshine and the beauty of the world,

Drink sometimes, you whose footsteps yet may tread
The undisturbed, delightful paths of Earth,
To those whose blood, in pious duty shed,
Hallows the soil where that same wine had birth.

Dans les joyeux banquets, dans les heureuses fêtes, Quand les joues sont empourprées et que les verres sont pleins
Des perles dorées du doux vin de France, où se concentrent
Les rayons du soleil et la beauté du monde,

Buvez quelquefois, vous dont les pas pourront encore fouler
Les sentiers tranquilles et délicieux de la terre,
A ceux dont le sang, versé par un pieux devoir,
Sanctifie le sol où ce même vin est né.

Retrouvez sur le bon clos l’entiereté de ce poème d’Alan Seeger, cet américain qui n’avait « pas pris les armes par haine des Allemands ou de l’Allemagne, mais par amour pour la France ». 

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