Sur le site « lapassionduvin« un internaute (Oliv) a mis récemment en ligne toute une collection de cartes postales consacrées au Pinard, ce Saint Patron des Poilus.
Elles témoignent de l’esprit de l’époque, qui peut laisser froid aujourd’hui.
« Un coup d’Aramon, ça vous remet d’aplomb »
(l’Aramon est un cépage oublié qui faisait « pisser la vigne dans le Languedoc à l’époque)
Mais elles illustrent aussi la fraternité des combattants,
la rencontre entre belligérants, amis, alliés
ou ennemis
Voici d’autres photos dénichées par l’ami Michel, qui témoignent de l’humour dont les hommes ont besoin aux pires moments pour survivre.
On pense au vigneron champenois d’Apollinaire,
… C’est maintenant le soir et l’on joue à la mouche
Puis les soldats s’en iront là-haut
Où l’artillerie débouche ses bouteilles crémantes
Allons Adieu messieurs tâchez de revenir
Mais nul ne sait ce qui peut advenir
L’origine du mot pinard est incertaine ; on constate sa proximité avec pineau/pinot et pommard, mais aussi avec le grec pino (boire), ou encore avec le vigneron bourguignon Jean Pinard. Son usage est attesté depuis 1886, apprend-on sur Wikipedia, mais c’est la Grande Guerre dont il fut un carburant essentiel qui le rendit fameux.
Cette photo provient de Mudros, ville de l’île grecque de Lemnos où fut signée l’armistice avec l’Empire Ottoman. Elle donne une idée de l’ampleur des besoins d’une armée en campagne.
Et l’intendance suit !
Voir aussi l’intéressant article Histoire de la vigne sur le site saint-pons-la-calm.fr où l’on apprend que « Dès août 1914, les vignerons du Midi avaient offert 200 000 hectolitres à l’Armée. Celle-ci commanda six millions d’hectolitres en 1916 et douze millions en 1917. Le “quart du soldat” de 1914 deviendra cinquante centilitres en 1916 puis soixante-quinze centilitres de vin en 1917.« . Il rapporte plusieurs chansons de l’époque comme la bien connue Madelon de Louis Bousquet
qui écrivit aussi avec Georges Picquet « vive le pinard » (le pinard c’est d’la vinasse ça fait du bien par où qu’ça passe….),
la Rosalie de Théodore Botrel (Rosalie, verse à boire …),
l’Ode au Pinard de Max Leclerc (Salut Pinard, pur jus de treilles… ici par la compagnie les Insolents…)