En poésie, les contrerimes désignent une façon de versifier, avec typiquement des quatrains aux rimes embrassées (ABBA) et de structure métrique croisée (8-6-8-6 par exemple). Paul Jean Toulet, qui vivait il y a un eu plus d’un siècle, en fut l’inventeur. Il appartenait à un groupe de poètes appelé l’Ecole fantaisiste dont le succès fut de courte durée en raison de la Grande Guerre.
Evidemment, aujourd’hui, après les surréalistes, pataphysiciens et autres oulipiens, cela ne surprend guère. Il reste que certaines sont charmantes, et pas déplacées sur ce blog pensons nous.
C’était sur un chemin crayeux
Trois châtes de Provence
Qui s’en allaient d’un pas qui danse
Le soleil dans les yeux.Une enseigne, au bord de la route,
— Azur et jaune d’œuf, —
Annonçait : Vin de Chateauneuf,
Tonnelles, casse−croute.Et, tandis que les suit trois fois
Leur ombre violette,
Noir pastou, sous la gloriette,
Toi, tu t’en fous : tu bois…C’était trois châtes de Provence,
Des oliviers poudreux,
Et le mistral brûlant aux yeux
Dans un azur immense.
Dans Romances sans musique, celui-ci est en heptamètres :
Un chemineau navarrais
Nous joua de la guitare.
Ah ! Que j’aimais la Navarre,
Et l’amour, et le vin frais.
On aime bien aussi cette injonction des Coples
Eh, jeûnes à ta faim d’aimer si le déboire
te suffit. Mais c’est être fou de ne plus boire.