Nouvelles en trois lignes

C’est une rubrique du journal le Matin que le critique d’art Félix Fénéon subvertit, en l’année 1906,  en y introduisant des nouvelles de son crû, rédigées en style expéditif, maniant l’ellipse et d’inspiration cynique.

Félix Fénéon par Valloton

L’ami Topor en fut illustra une édition moderne.

En voici quelques unes mettant en évidence les méfaits de l’alcool !

  • À peine mariés, les Boulch, de Lambézellec (Finistère), étaient déjà tellement ivres qu’il fallut les coffrer sur l’heure. (Dép. part.)
  • Un sexagénaire, M. Bone, d’Andigné (Sarthe), avait, ivre, si fort battu sa bonne qu’on allait le poursuivre. Ennuyé, il se pendit. (Dép. part.)
  • Ivre, P. Mérinier, de Vigneux, frappa d’un échalas Cocot, qui l’emmenait du cabaret. Cocot l’assomma d’un coup de binette.
  • Bien ivre, Langon, de Sceaux, rencontra sa femme et, comme elle se faisait acariâtre, il lui martela le crâne à coups de clefs.
  • Donatien Renaud, d’Esnandes (Ch.-Inf.), est mort carbonisé au violon municipal où, ivre, il avait mis le feu. (Havas.)
  • Sur le pont de Saint-Cyr, le peintre Maurice attendait son amie. Elle tardait. D’une balle, il se tua : ivresse et neurasthénie.
  • Foringer dit Rothschild, chiffonnier pantinois, rentra ivre, vida un litre de vin malgré son fils et le lui brisa sur la tête.
  • Rentrant au logis, le laboureur Vauthier, de la Chapelle-au-Bois (Vosges), y trouva sa femme Ivre et vertueusement l’étrangla. (Dép. part.)
  • V. Petit, de Marizy-Sainte-Geneviève (Aisne), voulait mourir, mais en joie ; il but deux litres de vin, un litre d’eau-de-vie, et mourut en effet. (Dép. Part.)
  • À la terrasse d’un marchand de vin du quai aux Fleurs, toutes les tables ont été brisées. Motif : le repos hebdomadaire.
  • Il avait parié de boire d’affilée quinze absinthes en mangeant un kilo de bœuf. À la neuvième, Théophile Papin, d’Ivry, s’écroula.
  • À boire ! criait Ducharle, qu’on appelle aussi Bamboule, et, sur refus, il fracassa de cinq balles les Fioles d’un café de Corbeil.
  • Les Blonquet suaient l’alcool. Un cabaretier de Saint-Maur osa leur refuser à boire. Ils le frappèrent d’un poignard indigné.
  • Ayant bu force bouteilles, Léonard Vergnies, de Crépy-en-Valois, s’est tué en se jetant par la fenêtre. (Lettre part.)
  • Napoléon, paysan de Saint-Nabord (Vosges), a bu un litre d’alcool : bien ; mais il y avait mis du phosphore : d’où sa mort. (Dép. part.)
  • Loin de lui solder les alcools dont ils étaient pleins, troix buveurs tapaient sur Drich. Les Villetaneusiens les lynchèrent presque.
  • Roger buvait à la régalade, sur un banc, à Stains. Un passant happe le litre, boit et, comme l’autre grogne, le lui casse sur la tête.
  • « Méfiez-vous de l’alcool et de la volupté », dit à la 32e Division le général Privât dans son ordre du jour d’adieux. (Dép. part.)
  • Fou d’alcool, Ballencker, de Levallois, père de sept enfants, a blessé sa femme d’une balle et s’est fracassé le crâne.
  • Depuis la séparation, le curé de Chanteheux (M.-et-M.) vendait aussi des alcools. Les Indirectes lui imposent la patente. (Dép. part.)

Et pour nos amis Clamartois, voici quelques témoignages de la renommée de notre bonne ville il y plus d’un siècle :

  • Malade et sans espoir de guérir, M. Ch. Bulteaux s’est ouvert les veines des poignets, bois de Clamart, et s’est pendu à une yeuse.
  • L’ex-négociant Fréd. Desechel (rue d’Alésia, Paris) s’est tué dans le bois de Clamart. Motif : il avait mal à l’estomac.
  • Impossible d’éventrer le coffre-fort de l’horticulteur Poitevin, de Clamart. Dépités, les cambrioleurs incendièrent sa grange.
  • Des voitures de cambriolage ont emporté les meubles, bronzes, vins des villas qu’ont à Clamart MM. Pigelet, Baguet, Verdier.
  • En gare de Clamart, le tourneur sur métaux Maurice Planchon a été tamponné par un train. Il est en fort méchant état.

  • Mlle Martin et M. Rougon n’auront pas de postérité. Un rapide les a écrasés à Clamart.  Ils devaient se marier sous peu.
  • Un Saint-Germain-des-Prés-Clamart a tamponné, vers minuit, rue de Rennes, un Malakoff, qui prit feu. Plusieurs voyageurs blessés. 

  • À Clamart, le préfet posa la prime pierre d’un groupe scolaire et orna de la rosette violette ou de palme des boutonnières.

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