Depuis quand mousse le vin de Champagne et qui l’a inventé ?
Certainement pas Dom Perignon à qui cette invention fut attribuée un temps.
En fait, ça coûte de le dire, ce sont les Anglais ! Ils mettaient eux-mêmes en bouteilles (qu’ils savaient faire solides) le vin de Champagne qu’ils importaient en tonneau et qu’ils savaient faire mousser.
On en trouvera une démonstration accablante sur le site maisons-champagne.com (voir le passionnant article du colonel François Bonal,
ou encore dans celui de Bruno Duteurtre dans Bulles & Millésimes. Il faut citer aussi la note historique de Benoît Musset sur les origines de l’effervescence (considérée souvent comme un défaut), qui fait remonter jusqu’à l’antiquité égyptienne son ancienneté.
Une façon de comprendre l’histoire est de retrouver les mentions du Champagne dans la littérature.
( poème parodique de Samuel Butler inspiré par Don Quichotte écrit dans les années 1660) ne convainc qu’à moitié :
Drink every letter on’t in stum / And make it brisk champaign become
On parle là d’un champagne « vif » que deviendrait, en imagination semble-t-il, le moût bu à la santé de l’aimée (une coupe pour chaque lettre de son nom selon la coutume antique).
Plus explicite est cet air à boire chanté dans « the man of mode » de George Etheredge qui date de 1676, louant le « sparkling champaign » qui remet rapidement sur pied les amants languissants, nous rend espiègles et gais et noie toute peine…
SIR FOPLING:Fill the glasses round, and draw up in a body. Hey! music! [all singing]
The pleasures of love and the joys of good wine To perfect our happiness wisely we join.
We to beauty all day / Give the sovereign sway, /And her favourite nymphs devoutly obey.
At the plays we are constantly making our court, And when they are ended we follow the sport,
To the Mall and the Park, / Where we love till ’tis dark;
Then sparkling champagne / Puts an end to their reign;
It quickly recovers /Poor languishing lovers,
Makes us frolic and gay, and drowns all our sorrow; /But, alas! we relapse again on the morrow.
Let ev’ry man stand/ With his glass in his hand,
And briskly discharge at the word of command. Here’s a health
to all those / Whom to-night we depose:
Wine and beauty by turns great souls should inspire. / Present altogether, and now, boys, give fire!
On aimerait bien en connaitre la musique !
Champaigne is a fine Liquor, which all you great Beaux drink to make ’em witty.
Witty! Oh by the Universe I must be witty. I’ll drink no∣thing else; I never was witty in all my life. I love Jokes dearly.—Here, Club, bring us a Bottle of what d’ye call it? the witty Liquor.
De myrte, comme toi, que leur mère parée
Vienne de mon esprit effacer ces noirceurs :
Et toi, père de l’alégresse,
Viens à l’ardeur de ma tendresse,
Bacchus, joindre ton enjoûment ;
Viens sur moi d’une double ivresse
Répandre tout l’enchantement.
À l’envi de tes yeux vois comme ce vin brille.
Verse-m’en, ma Phylis, et noye de la main,
Dans sa mousse qui pétille,
Les soucis du lendemain.
Que ces brillants services,
Que ces ragoûts ont pour moi de délices !
Qu’un cuisinier est un mortel divin !
Chloris, Eglé, me versant de leur main
D’un vin d’Aï dont la mousse pressée,
De la bouteille avec force élancée,
Comme un éclair fait voler le bouchon ;
Il part, on rit ; il frappe le plafond.
De ce vin frais l’écume pétillante
De nos Français est l’image brillante.