Saint-Raphaël !

Nous avons récemment visité à Thuir les caves de Byrrh, mais ce n’est qu’un des apéritifs au quinquina qui connurent au siècle dernier leur temps de gloire, et que d’aucuns boivent encore. Il y avait aussi Saint-Raphaël, Dubonnet (du beau, du bon, du bonnet), et bien d’autres.
L’écorce de quinquina, aux vertus fébrifuges, avait été rapportée d’Equateur par des jésuites. Louis XIV notamment en fit usage, pour combattre des fièvres.

Des potions au quinquina furent concoctées. C’est dans cet esprit qu’en 1846, André Dubonnet a élaboré un vin de quinquina destiné à protéger de la malaria les soldats en Afrique du Nord. On raconte que son épouse le servit comme apéritif à ses amis.
En 1866, ce sont les frères Violet qui créent le Byrrh. Les années 70 voient naître le Lillet, dans le Bordelais, et le Mattei Cap Corse, dans l’ile de Beauté.


Le succès est tel, alors que les méfaits de l’absinthe, (sans parler de ceux du vin Mariani à la cocaïne : les deux qui finiront par être interdits) commencent à être connus,

qu’une multitude de marques apparaissent.
En 1884, l’industriel lyonnais Pierre-Marie Juppet met au point son vin de quinquina, commercialisé en 1890 sous le nom de Saint-Raphaël.
Tous ces industriels avaient compris, comme Byrrh, l’importance de la pub.
A Dubonnet, nous donnons la palme pour son affiche sur la répression de l’ivresse publique.

Mais nous retenons l’originalité de Saint-Raphaël qui lança en 1897 un grand concours de poèmes. On peut en trouver les lauréats dans le numéro du Pêle-Mêle du 21 novembre 1897. Notre préférence va au 5ème prix, attribué à à M.Pfeiffer qui a reçu pour prix un « joli baromètre monté en bois sculpté«
Malheureux, ô combien, est le mortel qui n’a
Goûté, Saint-Raphaël, ton fameux quinquina
Notons aussi le 7ème prix de M.Lusignan de Chambéry, pour ce quatrain au sens obscur à prime abord pour le lecteur d’aujourd’hui, qui lui a valu une caissette de 6 bouteilles.
Par son mérite et par sa chance
Au loto de la concurrence
Le Saint Raphaël Quinquina
Quine a !
(on appelait quine au 19ème siècle la série de 5 chiffres sortis ensemble à la loterie)
On pourra voir sur le site de christian legac une belle collection d’affiches et d’objets publicitaires pour les Saint Raphaël Quinquina (rouge, blanc).
On en trouvera bien d’autres sur le site des bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris.
En voici une sélection, manifestant un souci pédagogique,
le succès international…





Avec du citron (et de l’eau de Selz ?), pourquoi pas ?

Quel temps fait-il ?

La police n’est pas en reste !

Avec le temps, le style évolue…

A Dalida, à Marina, qui résisterait ?


La pub, c’est aussi en musique. Voici Jacques Hélian et son orchestre !
Mais c »est le Dubonnet que Fernandel vantait en 1955.
Et attention aux contrefaçons !

Attention aussi aux excès, comme en témoigne Max Linder, la modération reste de mise !







































































































































































































































































