Basse bouffe

Dans l »univers lyrique, on appelle ainsi une voix de basse spécialisée dans les emplois comiques. Nous en avons récemment rencontré un beau spécimen lors d’un concert où, aux côtés de Lionel Muzin et d’Isabelle Philippe, il tenait le rôle de Vertigo dans Pepito, de Jacques Offenbach. Il s’agit de Rémi-Charles Caufman.

Nous avons déjà parlé de Pepito, mais nous ne résistons pas au plaisir d’en réécouter 2 airs à boire.

Bruit charmant  Doux à mon oreille Pan, pan, pan !
Bruit charmant Du bouchon sautant ! Pan, pan, pan !
Gardien de la liqueur vermeille, Mon pouce aidant, Ouvre-lui vite la bouteille En t’échappant !
Lorsque du bouchon le fil se rompant, Le liège libre, enfin s’échappant
S’élance dans l’air et va le frappant, Répétons en chœur son joyeux pan pan !

Bruit plus doux Du nectar qui coule ! Gloux, gloux, gloux !…
Bruit plus doux, Tu sais plaire à tous ! Gloux, gloux, gloux !
De la rouge et vineuse houle Refrain si doux, Tu rendrais l’oiseau qui roucoule De toi jaloux !
Lorsque du nectar les flots en courroux Jettent à l’oreille leur refrain si doux,
Les bras enlacés, nous rapprochant tous, Répétons en chœur les joyeux gloux gloux !


Celui-là nous avait échappé. Trinquons ! moment agréable ! Buvons ! Quel vin délectable !

Rémi-Charles Caufman, né dans un environnement polyglotte et multi-instrumentiste, a déjà une belle carrière derrière lui. Voici quelques illustrations du talent de notre homme.

et d’abord dans la chanson à boire de Francis Poulenc (1922) que les lecteurs historiques du bon clos ont déjà rencontré.

Les rois d’Egypte et de Syrie,  Voulaient qu’on embaumât leurs corps, Pour durer plus longtemps morts.
Quelle folie! Buvons donc selon notre envie, Il faut boire et reboire encore.
Buvons donc toute notre vie, Embaumons-nous avant la mort.Embaumons-nous;  Que ce baume est doux. 

Le voici aussi dans la jolie fille de Perth, de Georges Bizet (1867). (la partition est )
Quand la flamme de l’amour brûle l’âme nuit et jour, pour l’éteindre quelquefois sans me plaindre moi je bois je ris je chante, je ris je chante et je bois….

(Il y a un autre air à boire dans la jolie fille de Perth qu’on pourra écouter )

Le voila encore dans les joyeuses commères de Windsor (Die lustigen Weiber von Windsor) d’Otto Nicolaï (1846) : Als Büblein klein an der Mutterbrust (la partoche est ) :Trinken ist keine Schand, Bacchus trank auch, Ja !

On terminera avec l’air de don Magnifico, dans la Cenerentola de Rossini (1817). Ce n’est pas exactement un air à boire, plutôt un air de griserie : Don Magnifico, père de Cendrillon, nommé « sommelier… surintendant des verres, aux pouvoirs illimités… président des vendanges, directeur des libations », pour avoir « goûté à trente barriques » et « bu comme quatre » veut faire afficher dans toute la ville :  » l’ordre suivant : ne plus verser, pendant quinze ans, une seule goutte d’eau dans le vin… » pour conclure : « J’offre une prime de seize piastres à qui boira le plus de Malaga ».

Merci Rémi-Charles, continuez à nous griser !

Un commentaire sur “Basse bouffe

  1. Bonjour.

    Merci infiniment pour cet éloge !

    Et pour celui à notre Dieu à tous : BACCHUS !

    Signé son plus ardent disciple !

    Rémi-Charles Caufman basse bouffe.

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