Cet opéra comique d’Offenbach, qui n’avait pas été joué depuis 1861, a enfin été monté l’an dernier par l’Opéra du Rhin avec Pauline Texier dans le rôle de Maïma. Et pour cause, la partition De Barkouf était perdue… jusqu’à ce que l’infatigable Jean-Christophe Keck, spécialiste mondial d’Offenbach, la retrouve…
Remercions-le, ainsi que la troupe, et Benoit Duteurtre, qui a diffusé sur France Musique un air à boire assez atypique. En effet, l’invitation à boire s’adresse à des empoisonneurs…. qui ne peuvent plus supporter d’être gouvernés par un chien, Barkouf!
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- Grand échanson, notre doux maître
- Trouve ce breuvage parfait,
(Geste de joie des conjurés.)
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- Et je dois vous faire connaître
- Combien il en est satisfait.
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- II a bu ! De lui c’en est fait !
- Pour lui la mort… la mort !
- II a bu ! De lui c’en est fait !
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- Mais je n’ai pas tout dit encor.
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- Gouverneur généreux,
- Il veut à la ronde
- Gouverneur généreux,
- Voir, quand il est heureux,
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- Heureux tout le monde.
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- De ce vin favori
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- Sa bonté profonde
- Veut qu’ici,
- Comme lui,
- Vous buviez aussi !
- Sa bonté profonde
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(Regardant d’un air sombre Bonbeck qui tremble.)
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- Oui, vous en boirez comme lui ;
- Buvez, Barkouf le veut ainsi !
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- O ciel ! en boire comme lui !
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- Allons, Barkouf vous invite.
- Mais buvez donc,
- Grand échanson !
- Allons, Barkouf vous invite.
- A Barkouf il faut au plus vite
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- Et sans façon
- Faire raison.
- Buvez donc,
- Grand échanson !
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- C’est trop d’honneur… non, non !
LE CHŒUR.
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- Buvez donc,
- Grand échanson !
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- Au gouverneur, faites raison !
- C’est trop d’honneur… non, non !
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- Buvez donc, buvez donc,
- Pour détourner tout soupçon !
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- C’est trop d’honneur, non, non !
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- À vous donc cette coupe d’or !
(Elle passe entre lui et les conjurés, et se tournant vers ceux-ci 🙂
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- Mais je n’ai pas tout dit encor.
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- De ce nectar si bon
- Qu’il n’épargne guère,
- Et du même flacon
- Remplissant vos verres.
- Barkouf, dans sa bonté,
- Veut, amis sincères,
- Vous voir avec gaîté
- Boire à sa santé !
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(Les regardant d’un air sombre.)
- Vous boirez tous, avec gaîté,
- Vous boirez tous à sa santé !
- Ô ciel… ô ciel ! avec gaîté
- Il nous faut boire à sa santé.
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- Allons, Barkouf vous invite…
(Se tournant vers Bababeck.)
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- Commencez donc,
- Grand échanson ! (Se tournant vers les conjurés.)
- Et vous tous, buvez au plus vite
- Avec gaîté
- A sa santé !
- Boire est si doux !
- Vous boirez tous !
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- Buvez tous, buvez donc,
- Grand échanson,
- Buvez tous, buvez donc,
- Au gouverneur faites raison !
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- Buvez tous, buvez donc,
- Pour mieux détourner tout soupçon.
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- C’est trop d’honneur, non, non !
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- C’est fait de nous !
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- Grâce et pardon !
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- Qu’ont-ils donc tous ?
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- Ils ont…
(Montrant Bababeck.)
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- Que, guidés par ce traître,
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- Ils versaient un poison mortel
- A Barkouf notre maître !
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- O ciel !
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(Tout le peuple se précipite sur les conjurés.)
L’origine de cette histoire provient d’un conte de l’abbé François Blanchet, Barkouf et Mani, que les curieux pourront lire là