C’est la Confrérie Balnéolaise des Chevaliers de Bacchus et son Grand-Maître Yves Bozon qui organisait cette année, le samedi 20 octobre, ce 14ème Symposium des vignes d’Ile-de-France de la Coordination des Confréries d’Iles de France (Cocorico)
Cette manifestation a lieu tous les deux ans en principe (années élastiques puisque le précédent Symposium remonte à 201…3), et donne l’occasion à nos vignerons amateurs de s’informer et d’échanger sur la culture de la vigne et la vinification.
Une quinzaine de Confréries s’y sont retrouvées, venues d’Issy-les-Moulineaux, Combs-la-Ville, Saint Maur,
Nogent et Villiers/Marne, Yerres, Livry/Seine, de Sucy en Brie et des côteaux briards, de Coubron, Melun, Sannois,
et bien sûr de Clamart (ci-dessous le grand-maître Marcel)
Sans oublier la Confrérie de Saint Grégoire et une ambassade de la région Centre.
Au programme de la matinée, trois conférences.
La première, animée par Céline Bourhis Lezier, du Fredon (fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) présentait des « nouveaux ravageurs de la vigne« .
Elle traita essentiellement de la flavescence dorée, maladie invasive venue d’Amérique il y a un demi-siècle, qui touche actuellement la moitié du territoire français, et pour laquelle il n’existe d’autre traitement que l’arrachage des pieds.
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La maladie, dont le vecteur est la cicadelle, est causée par une bactérie sans paroi du monde végétal. Elle se manifeste à partir du mois d’août par une nette coloration rouge du feuillage (des cépages à raisins noirs) ou jaune (pour les blancs), un enroulement des feuilles, un déssèchement des grappes et le non aoûtement (lignification des rameaux). Il faut alors réagir vite pour limiter la contamination. (le diagnostic doit néanmoins être confirmé car des carences en potassium ou magnesium peuvent donner produire des symptômes analogues).
Une autre maladie, la maladie de Pierce, inquiète : elle attaque les oliviers depuis quelques années et pourrait contaminer 200 autres espèces végétales, dont les vignes.
La deuxième conférence s’intitulait « Peut-on partager le goût du vin » ?
Le professeur Gilles de Revel, de l’Université de Bordeaux, a rappelé que si les composants moléculaires du goût du vin sont de mieux en mieux connus (près de mille identifiés à ce jour), nous sommes tous différents et plus ou moins réceptifs à telle ou telle molécule. D’une part pour des raisons physiologiques, mais aussi par notre expérience, notre mémoire, notre environnement… Un jury de dégustation ne dégage donc pas nécessairement un consensus…
Les arômes du vin sont liés au cépage, à la fermentation par les levures, ainsi qu’à l’élevage et notamment au vieillissement. Certains cépages (sauvignon, gewurztraminer) sont mieux connus que d’autres comme le chardonnay. Les arômes du bois sont aussi bien connus (vanille, coco, épices).
Des études précises sur les seuils de détection d’une molécule en terme de concentration permettent d’établir la cartographie d’un dégustateur, qui peut être très sensible à certaines et très peu à d’autres (on parle d’anosmie) avec des écarts possibles de 1 à 1000 dans les cas extrêmes. 10% des sommeliers auraient ainsi une très faible perception du goût de bouchon. On note aussi des effets de bord : ainsi, un goût citronné peut masquer l’acidité d’un vin, la couleur du vin induit des interprétations divergentes (florales pour les blancs, de fruit pour les rouges…), et plus généralement les vins et aliments précédemment goûtés, l’ambiance sonore et visuelle… sans oublier la connaissance de l’origine du vin, car nous sommes tous des buveurs d’étiquettes !
C’est le docteur Jean-Paul Branlard, de l’Université Paris Sud, qui prononça la dernière conférence sur le sur le droit alimentaire rebaptisée « Mangeons, buvons, menteries, embrouilles et entourloupes » avec l’immense mérite de rendre passionnant, pour ne pas dire désopilant, un exposé sur un sujet a priori aride.
L’homme est rôdé, on le sent, ce n’est pas une conférence, c’est un stand-up, il y a du Devos en lui, il joue sur les mots (que sont ces boulettes d’Avesnes qui n’en sont pas ? ces andouillettes d’Amiens qui sont des boulettes, etc.) , pointe les absurdités du droit qui permet au vin AOP Genève d’incorporer des raisins de France, et fait passer auprès des consommateurs français des pétoncles importées des Amériques pour des noix de saint-jacques.
Son intervention mit l’assistance de bonne humeur, prête pour la dégustation du Clos des Brugnauts, vin blanc produit à Bagneux, qui conclut la matinée.
L’après-midi, le défilé en tenue permit de visiter ce fameux clos, entrainés par les rythmes brésiliens du groupe batuca’chics bien connu des clamartois.
Les présidents de Cocorico (Comité de Coordination des Confréries d’Ile de France)
et de la FICB (Fédération Internationale des Confréries Bachiques)
L’après-midi se termina en musique, avec la chorale Kaleidoscope d’Anne Périssé que nous avions découvert il y a quelques années déjà à Bagneux,
et un programme de musique mettant en regard Renaissance et vingtième siècle.
Vint enfin l’heure du dîner de gala où furent révélés les résultats du Concours des Vins d’Ile de France. Plusieurs confréries furent honorées.
Des Médailles d’Or ont été attribuées au Pressoir Auversois (pour ses Blanc 2016 et 2017), à St-Vincent d’Issy-les-Mx (Blanc 2016), et au Clos des Morillons (Rouge 2017).
Livry/Seine (Clos des Pierrotes Blanc 2016 ), Combs-la-Ville (Blanc 2016) et Sucy en Brie (Blanc 2017) ont décroché l’argent.
Sucy en Brie (Blanc 2016) Combs la Ville (Blanc 2017), Villiers/Marne (Blanc 2017), le Clos de Bréon de Coubron (Rouge 2016) et le Clos St-Fiacre de ST-Prix ont décoché le bronze.
Enfin le Prix spécial du jury a été attribué au Clos de Clamart pour son Rosé 2016 (c’est le moment de crier Cocorico !) et à Sucy en Brie pour son effervescent 2017.
Il faut noter que le Clos des Brugnauts de Bagneux, fort apprécié par les participants, était hors compétition.
(Voir ces résultats en ligne sur le site officiel de Cocorico)