Cette expression devait être courante du temps des Romains, chez qui les Thraces jouissaient d’une solide réputation. Ainsi Horace, dans son ode à Pompée (écrite à l’occasion du retour d’exil de son ami):
« Je veux aujourd’hui n’être pas plus sage qu’un Thrace : il m’est doux de perdre la raison quand je retrouve un ami »
On la retrouve dans Thaïs, d’ Anatole France (« J’ai bu comme un Thrace, dit Chéréas. Et il roula sous la table »). Mais on dirait plutôt : boire comme un trou !
Son vin « extraordinairement fort »a été célébré par Homère, qui raconte comment Ulysse s’en servit pour endormir le Cyclope Polyphème (chant IX de l’Odyssée)
« et je partis, emportant une outre de peau de chèvre, pleine d’un doux vin noir que m’avait donné Maron, fils d’Euanthéos, sacrificateur d’Apollôn, et qui habitait Ismaros »
(Ismaros ou Ismara était une ville de la côte sud de la Thrace, aujourd’hui en Grèce.)
De cette région sont originaires Diomède, Lycurgue (qui ne voulut qu’on but vin en sa ville et s’opposa à Bacchus), Orphée…
Bref, ce n’est pas par hasard si l’exposition « l’épopée des rois thraces » actuellement présentée au Louvre regorge de rythons, phiales, amphores et autres ustensiles destinés à boire du vin. Ils ont été découverts dans des tombes antiques nombreuses en Bulgarie. En voici quelques exemples.
Ci-dessous un rython-griffon du trésor de Borovo (vers -400-350)
Cette phiale (coupelle servant aux rituels) représente Hercule séduisant Augé
rython à tête de daim
C’est jusqu’au 20 juillet au Louvre !