C’est le titre d’une chanson de Pierre-Jean de Béranger, notre grand chansonnier, dont l’ami Jean-Jacques a publié un extrait sous le titre « le vin charme les esprits », (qui en est en fait l’incipit) dans le numéro 21 de Ganymède (la lettre du Conseil des Echansons de France).
Merci à lui de nous la faire connaitre, elle nous avait échappé…
Elle daterait de 1814. L’air est celui de Vive le vin de Ramponneau. Nous reviendrons sur cette chanson et sur cet intéressant personnage….
Voici la grande orgie, paroles et musique !
Le vin charme tous les esprits :
Qu’on le donne
Par tonne.
Que le vin pleuve dans Paris,
Pour voir les gens les plus aigris
Gris.
Non, plus d’accès
Aux procès ;
Vidons, joyeux Français,
Nos caves renommées.
Qu’un censeur vain
Croie en vain
Fuir le pouvoir du vin,
Et s’enivre aux fumées.
Graves auteurs,
Froids rhéteurs,
Tristes prédicateurs,
Endormeurs d’auditoires ;
Gens à pamphlets,
À couplets,
Changez en gobelets
Vos larges écritoires.
Loin du fracas
Des combats,
Dans nos vins délicats
Mars a noyé ses foudres.
Gardiens de nos
Arsenaux,
Cédez-nous les tonneaux
Où vous mettiez vos poudres.
Nous qui courons
Les tendrons,
De Cythère enivrons
Les colombes légères.
Oiseaux chéris
De Cypris,
Venez, malgré nos cris,
Boire au fond de nos verres.
L’or a cent fois
Trop de poids.
Un essaim de grivois,
Buvant à leurs mignonnes,
Trouve au total
Ce cristal
Préférable au métal
Dont on fait les couronnes.
Enfants charmants
De mamans
Qui des grands sentiments
Banniront la folie,
Nos fils bien gros,
Bien dispos,
Naîtront parmi les pots,
Le front taché de lie.
Fi d’un honneur
Suborneur !
Enfin du vrai bonheur
Nous porterons les signes.
Les rois boiront
Tous en rond ;
Les lauriers serviront
D’échalas à nos vignes.
Raison, adieu !
Qu’en ce lieu
Succombant sous le dieu
Objet de nos louanges,
Bien ou mal mis,
Tous amis,
Dans l’ivresse endormis,
Nous rêvions les vendanges !