Champagne éternel

Voilà que disparait, sans crier gare en plein été, le poète, le musicien qui fit rêver de liberté des millions de Max…

Hervé Cristiani avait aussi composé ce champagne éternel, publié dans l’album « 5 » en 1983, qui lui vaut d’être accueilli dans la discothèque du bon clos. Le Champagne comme métaphore du monde ; qui peut le comprendre ?

Entre ici, rocker mélodique, merveilleux poète.

Regarde le ciel
Que la Lune est belle!
Champagne éternel
Y a dans les étoiles
Des secrets qui dansent
Au fond du silence

Quelque part, y a un géant qui danse
Drapé dans le noir
D´une belle indifférence
C´est le hasard
Et ses lois bizarres

Regarde le ciel
Que la Lune est belle!
Champagne éternel
Tous ces grains de lumière
Qui s´ balancent dans l´air
Sont chargés du messages
De leurs grands voyages

Mais qui peut le comprendre?
Qui peut le comprendre? {x4}

Quelque part, y a un géant qui danse
Drapé dans le noir
D´une belle indifférence
C´est le hasard
Le roi de l´histoire

Profitons en pour faire entrer avec lui son ami Jacques Higelin, qui avait écrit champagne pour tout le monde en 1979, dans la même veine astrale.

La nuit promet d’être belle
Car voici qu’au fond du ciel
Apparaît la lune rousse
Saisi d’une sainte frousse
Tout le commun des mortels
Croit voir le diable à ses trousses
Valets volages et vulgaires
Ouvrez mon sarcophage
Et vous pages pervers
Courrez au cimetière
Prévenez de ma part
Mes amis nécrophages
Que ce soir nous sommes attendus dans les marécages

Voici mon message
Cauchemars, fantômes et squelettes
Laissez flotter vos idées noires
Près de la mare aux oubliettes
Tenue du suaire obligatoire

Lutins, lucioles, feux-follets,
Elfes, faunes et farfadets
S’effraient d’mes grands carnassiers
Une muse un peu dodue
Me dit d’un air entendu
Vous auriez pu vous raser
Comme je lui fais remarquer
Deux, trois pendus attablés
Qui sont venus sans cravate
Elle me lance un ?il hagard
Et vomit sans crier gare
Quelques vipères écarlates

Vampires éblouis
Par de lubriques vestales
Egéries insatiables
Chevauchant des Walkyries
Infernales appétits de frénésies bacchanales
Qui charment nos âmes envahies par la mélancolie
Envoi !
Satyres joufflus, boucs émissaires
Gargouilles émues, fières gorgones
Laissez ma couronne aux sorcières
Et mes chimères à la licorne

Soudain les arbres frissonnent
Car Lucifer en personne
Fait une courte apparition
L’air tellement accablé
Qu’on lui donnerait volontiers
Le bon Dieu sans confession
S’il ne laissait malicieux
Courir le bout de sa queue
Devant ses yeux maléfiques
Et ne se dressait d’un bond
Dans un concert de jurons
Disant d’un ton pathétique
Que les damnés obscènes cyniques et corrompus
Fassent griefs de leur peine à ceux qu’ils ont élus
Car devant tant de problèmes
Et de malentendus
Les dieux et les diables en sont venus à douter d’eux-mêmes
Dédain suprême

Mais déjà le ciel blanchit
Esprits je vous remercie
De m’avoir si bien reçu
Cocher lugubre et bossu, déposez-moi au manoir
Et lâchez le crucifix
Décrochez-moi ces gousses d’ail
Qui déshonorent mon portail
Et me chercher sans retard
L’ami qui soigne et guérit
La folie qui m’accompagne
Et jamais ne m’a trahi
Champagne !

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