Un artiste, un poète naît, vit à vos côtés, disparait…
On le découvre un jour, par un ami, ou par la magie du web.
Allain Leprest est né en 1954 et mort en 2011. Il a écrit plus de mille chansons d’une grande poésie. Celle-ci évoque de façon pathétique l’alcool et ses illusions.
« un des plus foudroyants auteurs de chansons que j’ai entendus au ciel de la chanson française » (Nougaro)
Le temps de finir la bouteille
J´aurai rallumé un soleil
J´aurai réchauffé une étoile
J´aurai reprisé une voile
J´aurai arraché des bras maigres
De leurs destins mille enfants nègres
En moins de deux, j´aurai repeint
En bleu le coeur de la putain
J´aurai renfanté mes parents
J´aurai peint l´avenir moins grand
Et fait la vieillesse moins vieille
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la bouteille
J´aurai touché la double paye
J´aurai ach´té un cerf-volant
Pour mieux t´envoler, mon enfant
Un lit doux et un abat-jour
Pour mieux l´éteindre mon amour
Dans une heure, un litre environ
J´aurai des lauriers sur le front
Je s´rai champion, j´aurai cassé
La grande gueule du passé
Ca s´ra enfin demain la veille
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la boutanche
Et vendredi sera dimanche
J´aurai planté des îles neuves
Sur les vagues de la mère veuve
J´aurai dilué la lumière
Dans la perfusion de grand-mère
J´aurai agrandi la maison
Pour y loger tes illusions
J´aurai trouvé du pain qui rime
Avec des pièces d´un centime
Rire et pleurer, ce s´ra pareil
Le temps de finir la bouteille
Le temps de finir la bouteille
Et chiche que la poule essaye
De voler plus haut qu´un gerfeau
Chiche que le vrai devient le faux
Que j´abolis le noir, le blanc,
La prochaine guerre et celle d´avant
Les adjudants de syndicats
La soutane des avocats
Les carnets bleus du tout-Paris
Le dernier-né du dernier cri
La force, le sang et l´oseille
Le temps de finir la bouteille
Le temps de tuer la bouteille