Il est des plaisirs sans prix et comme dit la chanson, money can’t buy me love (encore que l’amour, ce n’est pas que du plaisir…).
Mais tout vin a un prix (en tout cas pour celui qui (se) l’offre) ; qu’en est-il du plaisir qu’il donne ?
Plusieurs logiques s’affrontent :
Plus le vin est cher, plus il est bon (en principe), si tant est que ce qui est bon pour l’un l’est aussi pour l’autre (des goûts et des couleurs ne point discuter dit l’adage) : le prix prend en compte les coûts de production, la valeur du terroir, le soin apporté à sa réalisation ; c’est le plaisir du connaisseur
Mais il prend aussi en compte la rareté, un certain plaisir résidant dans la possession de ce que les autres n’ont pu se payer : c’est le plaisir du fat
En contrepoint, vient le plaisir d’acheter à bon prix, d’en avoir pour son argent : c’est le plaisir du futé…
Il faut dire que le plaisir n’est pas toujours immédiat, le vin doit s’ouvrir, le palais s’apprêter, le dégustateur se concentrer. Qui n’a pas connu la déception, à l’ouverture d’une bouteille de prix, de ne pas ressentir immédiatement le plaisir espéré ?
L’honnête amateur navigue entre ces extrêmes. Qui lui en voudrait de se convaincre que ce qu’il a payé cher est bon ?
De là à développer des stratégies pour se convaincre que ce qui est cher est bon, il n’y a qu’un pas, allègrement franchi nous dit l’improbabologue Pierre Barthélémy qui rapporte dans le Monde du 20 avril 2013 une étude américaine de 2008 parue dans Proceedings of the National Academy Of Scineces of the United States of America.
L’expérience consistait à analyser par IRM le plaisir ressenti par des cobayes disposant pour toute information des prix des cinq crus qui leur étaient proposé en dégustation. Le résultat fut en parfaite corrélation avec le prix, nonobstant le fait que certains crus figuraient deux fois avec des prix différents ! Plus le vin était réputé cher, plus il donnait de plaisir !
Preuve que le prix donne du plaisir conclut-il. Tout un programme pour les marketeurs !
Au Bon Clos 