Revenons à cette Percée du Vin Jaune qui se déroulait à Arbois, les 5 et 6 février derniers.
(tous les détails sur FR3 Franche Comté )
Le vin d’Arbois, on le sait, plus on en boit, plus on va droit !
C’est sans doute ce qu’avaient en tête les près de 60 000 amateurs venus participer à cette 15eme percée, en goûtant les crus de pas moins de 84 domaines.
Disons deux mots de ce vin issu du cépage savagnin, qui demande un peu plus de 6 ans de maturation en foudres pour voir se développer un voile de levures produisant une molécule, le sotolon, à l’origine de son goût étonnant de noisette et de curry qui ne plait pas à tout le monde mais dont les amateurs ne peuvent plus se passer.
Le vin d’Arbois est d’une haute antiquité. On se plait à dire que Pline le Jeune mentionnait déjà les vins du Jura (en fait rien n’est moins sûr (cf l’ouvrage d’émile gauthier : forêts et agriculteurs du jura, les quatre derniers millénaires pp 147-8) ; mais au 13eme siècle le trouvère Jacques Bretex écrivait, dans le Tournoi de Chauvency :
… foi que devez
au vin d’Erbois que vous bevez ..
Toute la ville avait fait assaut de coqueterie pour la circonstance.
Voici ce que l’on pouvait découvrir en venant de Poligny, passage obligé pour monter dans les navettes et rejoindre Arbois.
Une installation de brûles-sarments annonçant cette sculpture monumentale.
Un peuple débonnaire éclusait des godets dans la bonne humeur.
trois jeunesses qui « récupèrent » sous un porche
L’école maternelle était de la partie.
avez-vous vu ?
Le clou de la fête fut sans doute cette bouteille datant de 1774 vendue aux enchères pour 57 000 euro !
L’église Saint-Just n’était pas en reste avec une exposition baptisée « vin de l’ivresse, vin de la sagesse »…
En tout bien tout honneur car nous dit-on « l’ivresse mystique est sobre… l’alcool […] n’est qu’une contrefaçon de la seule véritable ivresse à laquelle Dieu invite toute l’humanité »
on y pouvait découvrir les méfaits de l’ivresse avec Jacobus de Voragine (chroniqueur du 13eme siècle)
vs. le Pont des Anges attribué à un comte de Poupet par Luc Boilley (sic)
le festin d’Assuerus, sous la treille comme il se doit ( Jacopo del Sellaio, 15eme siècle)
et un bel exemple de prosélytisme oecuménique, cette évocation de Ibn Al Fâridh, poète mystique arabe du 12eme siècle qui écrivit l’éloge du vin !
Au hasard des rues on pouvait découvrir cette treille « de Lignan plantée en 1854 par Zenon Morin et entretenue par le domaine Jacques Tissot ».
Il ne fallait pas manquer bien sûr la visite du musée de vigne et du vin, installé dans le chateau Pecauld.
ce vitrail de l’église saint-just représente les porteurs du « biou », cette grappe géante faite d’une multitude de grappes confectionnée chaque année en l’honneur de saint-just début septembre.
bouteille historique de 1774, tiens.
plus originaux cette Vierge au raisin, pierre polychrome du 15eme siècle provenant de l’ancien hopital d’arbois
et ce garde-vignes, mais on s’étonne de ne pas voir de grappes à garder !
Mais réservons notre Palme pour l’exposition d’art contemporain où nous avons déniché quelques belles choses.
Figure imposée aux artistes : utiliser comme support les filtres utilisés pour filtrer le vin avant la mise en bouteille, sortes de carrés de papier cartonné de 50 cm sur 50 environ.
Voici quelques oeuvres qui ne dépareront pas dans la galerie du bon clos.
deux brûle-sarments, de Chantal Rident
Jadis… le foulage, d’Arlette Badoz
nouvelle histoire du vin jaune, par Luce Clavel Davignon (acrylique, encre de chine, collage)
Le bon Pasteur en est tombé du paquetage, dirait-on
Pasteur hip’ sation, de Michel Veysset (respectueuse impertinence)
Ce sculpteur affectionne aussi photo et video. Voici une série sur l’art et la manière de boire…
??
enfin cette grappe extraordinaire, d’Yves Gravel
Une belle fête donc, que l’on quitte en psalmodiant : l’an prochain à Ruffey sur Seille ?
dossier photo trés réussi
merci pour ce travail et la mise en valeur du mien
cordialement
J’aimeJ’aime