Raschi, vigneron champenois

Certes ce n’était pas encore « le » champagne, mais on cultivait déjà la vigne dans la région de Troyes au onzième siècle. Le nom d’un de ces vignerons est parvenu jusqu’à nous : Raschi, contraction de RAbbi CHlomo ben Itzchaki (fils de).

timbre

voir  le dossier consacré à Raschi par La Poste surle site http://actutimbree.laposte.fr/

Et oui à cette époque les Juifs cultivaient la terre,mais c’est par l’étude que Raschi parvint à la notoriété, une notoriété qui a traversé les siècles et les frontières. C’est en effet en quelque sorte le père de l’éxégèse biblique et talmudique, un traducteur exigeant des textes anciens dont les commentaires font toujours autorité.

On connait l’importance de la vigne et du vin dans les textes sacrés : on peut s’en rendre compte par soi-même sur le site sefarim.fr qui dispose d’un moteur de recherche par mot-clé ; on  trouve ainsi dans l’Ancien Testament 158 occurences de « vin » (et 69  de « vigne »), juste derrière le pain (189) et l’huile (188) ;  le miel (56) et le lait (46) sont loin derrière.

Qu’en penser ? au bon clos on ne prétend pas rajouter des gloses après tous ces patriarches ; on rappellera simplement la légende hébraïque qui rapporte qu’un ange arrosa de sang d’agneau, de lion et de porc le cep que Noé planta sitôt débarqué de son Arche, signifiant ainsi qu’un verre de vin rend doux comme un agneau, deux fort comme un lion, mais au-delà, bonjour les dégâts (traduction libre en français de la fin du 20eme siècle)…

Raschi écrivait en caractères hébraïques, mais utilisait largement la langue vernaculaire, c’est-à-dire le français du onzième siècle.

C’est ainsi que bien des mots de la viticulture nous sont parvenus. En voici quelques uns, rapportés par le linguiste Raphaël Lévy dans un article daté de 1956 : l’aspect linguistique de la littérature judéo-française

chienes, jaines = fleur de vin (moisissures)

ordon = rangée de ceps de vignes

paissel = échalas, pieux pour soutenir la vigne

sac = quantité de raisin mis sous le pressoir

sospiriel = trou pratiqué dans un tonneau

Le lecteur qui voudra en savoir plus se rapportera utilement aux « gloses françaises dns les commentaires talmudiques de Raschi  » disponible sur Gallica. En voici quelques autres, parmi plus de mille…

bufet= piquette, vin de marcs

carole = « vase à vins avec des tubes auxquels plusieurs personnes peuvent boire en même temps »

cepiere = fabriquant de ceps (?)

corjède : sarment particulièrement long

doisil = trou dans un tonneau

enter = enter

entonedoir = entonnoir

espenir = épanouissement (de la vigne)

estende = filtre (pour le vin)

fresc = vin frais tiré du tonneau

jumeles, serors = montants du pressoir

mait, maiz = huche, partie du pressoir ou on met le raisin

ponton = grand tonneau

redegier = soutirer du vin, tirer au clair

redorte = clayonnage retenant le raisin dans le pressoir

solder = souder, boucher (pour un tonneau  défectueux)

tonels = tonneaux

treil(l)e(s) = treille

viz = vis de pressoir

souslatreille

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