Curieux destin que celui de Mitre , cet immigré grec venu en Provence travailler comme vigneron chez un préteur romain, près d’Aquae Sextae (Aix). L’histoire dit qu’il ne laissait pas d’importuner son maitre de ses reproches sur sa vie « dissolue ».
Sans doute le traiterait-on aujourd’hui de tête à claques.
Que ne garda-t-il la bouche cousue !
Le préteur finit par craquer. Pour s’en débarrasser il l’accusa tout d’abord d’avoir volé son raisin, après avoir envoyé ses sbires dans la vigne à cet effet. Las ! Miracle ? La vigne était intacte. Il (c’était logique) accusa alors Mitre de sorcellerie.
Au Vème siècle après JC on ne plaisantait pas avec ces choses-là.
Pauvre Mitre. Que ne prit-il ses jambes à son cou !
Le voila incarcéré, conduit dans la cour du prétoire et décapité. Mais, miracle ? Mitre ramassa sa tête et la porta jusqu’à l’église Notre Dame de la Seds avant d’expirer.
(On peut voir ce tableau de Nicolas Froment (vers 1480) pour quelques jours encore à l’exposition France 1500 au Grand Palais)
Ce faisant, il ne battit pas le record de Denis, premier évêque de Paris, qui deux siècles plus tôt avait fait, sa tête sous le bras, tout le chemin de Montmartre à ce qui devait s’appeler Saint-Denis (six kilomètres).
saint-denis, par le moiturier
Terrible et étonnante époque, où les têtes d’enterrement des céphalophores étaient légion !
saint-just par rubens
Denis l’emporte donc, et pas d’une courte tête.
saint-mitre
Mais Mitre devint le saint-patron des Aixois, qui le surnommèrent Saint-Mitre Garde-Vignes.
Pour cette raison nous l’accueillons dans le panthéon du bon clos.
Dans la cathédrale se trouve aussi son sarcophage…
et on peut l’y voir en peinture dans un triptyque de Nicolas Froment (15eme siècle)
et en scupture à ND de la Seds