Tous les deux ans les vignerons franciliens se réunissent, sous l’égide de l’association Cocorico , en Symposium , pour échanger et réfléchir à l’avenir. Cette année, ce symposium (le onzième), avait lieu à Montmartre, dans le très beau gymnase Ronsard à l’architecture eiffelienne.
Le programme était chargé. Conférences le matin, élection de la reine des vignes et défilé l’après-midi, repas arrosés avec l’aimable concours de la prévention routière qui prodiguait ses conseils et distribuait des alcootests, diner de gala où furent annoncés les résultats du Concours des Vins d’Ile de France…
On retiendra surtout des conférences de MM. Joël Rochard (de l’Institut Francais de la Vigne et du Vin ) et Chris Foss (du Plumpton College , East Sussex) que le réchauffement est bien en marche, et qu’il a pour effet la montée de la vigne vers le Nord.
Voila t’il pas qu’elle retrouve des contrées accueilantes en Angleterre où, nous a-t-on dit, elle florissait au Moyen age au temps des Normands et des monastères ? Las, le mariage d’Henri II d’Angleterre avec Alienor d’Aquitaine qui apportait dans sa corbeille les crus de Bordeaux, au XIIeme siècle, puis les démêlés d’Henri VIII avec Rome au XVIeme siecle mettant à mal les monasteres producteurs de vin, le petit âge de glace qui sévit ensuite jusqu’au milieu du XIXeme, enfin un fléau terrible,l’oidum, eurent raison du vignoble qui disparut presque complètement.
Mais les temps changent et le professeur Selley, de l’Imperial College (cité par Chris Foss), voit l’avenir en rose :
Ceci dit ce n’est pas encore fait : 1000 hectares seraient plantées aujourd’hui.
Un autre effet du réchauffement, outre l’avance de la date des vendanges, est la probable nécessité de revoir à terme l’encépagement des terroirs, beaucoup de variétés ne s’épanouissant que dans des climats très spécifiques. Si l’année caniculaire 2003 devait être une année normale aux alentours de 2050, voire presque fraiche vers 2080 , faudra-t-il planter du syrah à Bordeaux ?
On reste glacé d’effroi devant ces perspectives.
André Roussard, qui tient une galerie de tableaux rue du Mont-Cenis, rappella l’histoire de la vigne à Montmartre.
On apprit ainsi que c’est lorsque le « maquis » du nord de la butte fut rasé dans les années trente, que l’emplacement échappa à un destin immobilier pour laisser la place à la vigne, grâce à la Commune Libre et à la République de Montmartre emmenés par le peintre Francisque Poulbot, et que des pieds de vigne envoyés de toute la France y furent plantés (aujourd’hui l’essentiel est planté en gamay et pinot noir).
Quant aux oeuvres d’art, il n’y en aurait guère de très connues qui soient consacrés à la vigne et au vin, la peinture hollandaise mise à part. On pense en effet à Vermeer (la jeune fille au verre de vin…) ou à Frans Van Mieris le vieux (scène de taverne), mais nous restons sur notre faim.
Heureusement vint l’excellent déjeuner animé par le « crooner » Jean-Jacques Delaunay , puis vint l’heure de l’élection de la reine.
laquelle auront choisi les juges?
C’est Montmartre qui l’emporta.
Puis vint le défilé, où l’on put voir les vignerons de Clamart parmi vingt autres confréries.
Nous n’étions pas au dîner de gala ni au pique-nique guinguette du dimanche, mais on nous en a dit grand bien.
Pour conclure, donnons les résultats du concours des vins décernés par le jury présidé par Philippe Faure-Brac (meilleur sommelier du monde 1992, rappelons-le).
En blanc 2006 :
Or : Pressoir Auversois d’Auvers/Oise; Argent : Clos St-Vincent de Noisy-le-Grand ; Bronze : Compagnons d’Irminon de Combs-la-Ville
En blanc 2007 :
Or : non décerné ; Argent : Enclos St-Maur de St-Maur des Fossés ; Bronze : Clos St-Vincent de Noisy-le-Grand
En rouge 2006 :
Or : non décerné ; Argent : non décerné ; Bronze : Clos Bréon de Coubron
En rouge 2007 :
Or : non décerné ; Argent : non décerné ; Bronze : Clos Bréon de Coubron
Prix du jury : Clos des Collines de Gagny (pour son rosé)
Sic transit gloria mundi… En 2004 Clamart avait le Bronze pour son blanc, ce temps n’est plus.
Par Franquet, au travail vignerons !