In vino veritas (mathematica)

Si ce n’est dans le vin que le mathématicien SIMON PLOUFFE a trouvé la vérité avec cette formule permettant de calculer la nième décimale du nombre Pi,

c’est avec du vin qu’il a célébré cette découverte.

La formule BBP (Bailey-Borwein-Plouffe) permet de calculer le nième chiffre après la virgule de π en base 2 (ou 16) sans avoir à en calculer les précédents. Elle a été obtenue en 1995 par Simon Plouffe en collaboration avec David H. Bailey et Peter Borwein.

Ceux qui n’ont pas peur d’un peu de technique mathématique pourront approfondir le sujet .

Les autres pourront se remémorer ce quatrain du mathématicien Alphonse Rebière :

Que j’aime à faire apprendre un nombre utile aux sages
Immortel Archimède, artiste ingénieur,
Qui de ton jugement peut priser la valeur ?
Pour moi, ton problème eut de pareils avantages.

Pas facile de trouver des matheux trinquant. En voilà deux

Cheers, les gars.

Etonnant, non ?

Réponse à tout

Mon ami Jean Dessirier, que les lecteurs du Bon Clos connaissent bien, se plait parfois à poser des questions embarrassantes auxquelles je réponds comme je peux. Ce franc-comtois natif de Clamart, un des plus gros fournisseurs de raisin du Clos de Clamart, nous régale de ses oeuvres qui magnifient le bois, le zinc, ou le simple papier.

Encore dimanche dernier il exposait chez Tschann, et dès le mois de mars il devrait exposer au Centre Chanot à Clamart.

Première question embarrassante :

Pourquoi les vins de Bordeaux sont-ils plus tanniques que les vins de Bourgogne ?

Je répondis temps de macération, cépages, bois neuf… ChatGPT fut plus disert :

« Les vins de Bordeaux sont généralement plus tanniques que ceux de Bourgogne en raison de plusieurs facteurs liés aux cépages, au climat et aux techniques de vinification.

1. Les cépages utilisés

• À Bordeaux, les vins rouges sont principalement élaborés à partir de Cabernet SauvignonMerlotCabernet FrancPetit Verdot et Malbec. Le Cabernet Sauvignon, en particulier, est un cépage riche en tanins, ce qui confère aux vins de Bordeaux leur structure tannique marquée.

• En Bourgogne, le cépage rouge dominant est le Pinot Noir, qui est naturellement moins tannique que le Cabernet Sauvignon. Il produit des vins plus délicats et moins structurés.

2. Le climat et les conditions de culture

• Bordeaux bénéficie d’un climat océanique tempéré avec des étés relativement chauds et humides, ce qui favorise une maturité phénolique plus lente et l’extraction de tanins plus présents.

• La Bourgogne, avec son climat plus frais et continental, permet au Pinot Noir de mûrir plus rapidement sans développer autant de structure tannique.

3. Les techniques de vinification et d’élevage

• À Bordeaux, la macération est souvent plus longue, ce qui favorise une extraction plus importante des tanins de la peau et des pépins des raisins.

• L’élevage en fûts de chêne est également une pratique courante à Bordeaux, où l’utilisation de barriques neuves accentue encore la structure tannique.

• En Bourgogne, la vinification met davantage l’accent sur l’expression du fruit et du terroir, avec des extractions plus douces et un usage plus modéré du bois neuf.

4. Les styles de vin recherchés

• Les vins de Bordeaux sont souvent conçus pour être des vins de garde, nécessitant plusieurs années pour assouplir leurs tanins et atteindre leur apogée.

• Les vins de Bourgogne, bien que pouvant aussi vieillir, misent davantage sur la finesse et l’élégance dès leur jeunesse.

En résumé, les vins de Bordeaux sont plus tanniques principalement à cause du Cabernet Sauvignon, du climat, des méthodes d’extraction et de l’élevage en fût, tandis que la Bourgogne produit des vins plus fins et soyeux grâce au Pinot Noir et à une vinification plus délicate. »

Impressionnant, non ?

On a cité le climat, ce mot a aussi une acception relative au terroir. Et voici la deuxième question :

Depuis quand le mot climat est-il utilisé pour désigner un terroir viticole ?

Je répondis Bourgogne, fin du Moyen Age, clos et crus…

Réponse de Chatgpt : 

L’usage du mot “climat” pour désigner un terroir viticole remonte au Moyen Âge, et il est particulièrement ancré en Bourgogne. Dès le XIVᵉ siècle, des documents mentionnent des “climats” pour distinguer des parcelles de vigne aux caractéristiques spécifiques.

L’emploi du terme s’est formalisé avec le temps pour désigner des unités de terroir bien définies, intégrant des éléments comme le sol, l’orientation, le microclimat et le savoir-faire humain. La notion de “climat” en Bourgogne a atteint une reconnaissance internationale en 2015, lorsque les Climats du vignoble de Bourgogne ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ainsi, même si le mot “climat” a pris son sens actuel lié à la météo dès l’Antiquité, son usage viticole spécifique remonte au moins au Moyen Âge et s’est consolidé progressivement jusqu’à aujourd’hui.

C’est époustouflant. Avec l’IA on va finir par tout savoir, les sceptiques diront sans rien retenir.

Etonnant, non ?

Astuce utile

Qui ne s’est jamais retrouvé avec un bouchon au fond d’une bouteille ? Comment s’en sortir (et le faire sortir )?
La réponse est bien connue des experts, mais est toujours bonne à se remémorer.

Il suffit d’un torchon…

Et merci à l’Université de Lille.

Avec un sac plastique, ça marche aussi !

Un simple torchon, eh oui ! Pour s’en souvenir, retenons ces vers :

Ci-gît au fond d’une bouteille, un triste bouchon,
Pour l’en sortir il suffit d’un simple torchon.

Pendant qu’on y est, comment faire pour déboucher une bouteille sans tire-bouchon ? Avec une chaussure, bien sûr ! En mode haiku,

Sans ton tire-bouchon
T
es bien démuni mon gars
Pense à ta chaussure !

Etonnant, non ?

Peut-on trinquer sans boire ?

Lever son verre, sa coupe pour festoyer, célébrer un événement, honorer un hôte, s’apprêter à combattre. Voilà une coutume ancienne, dont il est d’antiques témoignages, comme l’étendard d’Ur  (27ème siècle avant notre ère).

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Ce petit coffre sumérien en bois ouvragé présente sur un côté une scène de banquet où  les convives, assis sur des tabourets, un gobelet à la main, font face au souverain…

 Trinquer, c’est autre chose.

On connait l’origine de cette coutume : ce serait par défiance, pour se garder d’un éventuel poison, que l’on trinquait coupe contre coupe, mêlant ainsi les breuvages.

Cette coutume est devenue avec le temps un symbole de confiance et d’amitié. 

Le chansonnier Béranger ne disait-il pas  :  

L’amitié, qui trinque pour boire,  Boit bien plus encore pour trinquer !

(lire aussi l’article « Santé ! Tchin tchin… » dans le Ganymède de décembre 2023 du Conseil des Echansons de France

Mais trinquer sans boire, est-ce possible ?

Cette petite video publiée sur FB en témoigne.
Les mauvaises langues diront que c’est par manque de confiance. Que s’est-il passé depuis le sommet de 2019 ?

Etonnant, non ?

A Borgomaro

En route pour la Slovénie, depuis la Provence, en passant par l’Italie, on a toutes les chances de rater Borgomaro, ce petit village de Ligurie, posé dans les collines au-dessus d’Imperia, dans une région de production d’huile d’olive, près de la côte donc, mais suffisamment éloigné pour qu’on n’y aille pas par hasard. Ce serait dommage. Outre que le site est joli, il s’y trouve, au bord d’une rivière encaissée, une étonnante Osteria : Censin da Bea.

Ici, pas de menu, on s’installe simplement et le service s’affaire.

Le vin blanc du pays (légèrement frizzante) et rouge en carafe est proposé à volonté, et la ronde des antipasti commence :
olives, saucissons sec et piquant, tomates confites, champignons marinés, fromages sont servis sur une planche

Puis viennent, successivement :
la tranche de melon et son prosciutto,
la tranche d’espadon mariné,
la bruschetta (croutons) et ses pomodore,
la tarte chaude aux légumes,

les beignets de poisson,
la salade de tomates,
la salade russe,
les aubergines grillées

Changement d’assiettes, voilà les plats chauds :
poivrons à la crème d’anchois,
raviolis parfumés à l’origan,
gnocchis accommodés de seiche,
cabriole en sauce,
truite poêlée
et enfin les escargots en sauce vineuse.

(On espère n’avoir rien oublié)
Les desserts (tiramisu, etc.) sont proposés au choix, avec des meringues aux noisettes

On ne partira pas sans dire la prière du vin

et sans trinquer au limoncello avec Marco, le patron,

pour qui l’alcool n’est pas un problème.

Inflation oblige, le prix n’est plus de XXX, mais de XXXV euro. Qui dit mieux ?

Etonnant, non ?

Au Palais Royal de l’Ile de la Cité

Ce qui fut jusqu’au 14ème siècle sur l’Ile de la Cité la résidence des rois de France héberge depuis ces temps anciens les institutions de justice.

Son architecture a été largement remaniée depuis, mais il en reste la Conciergerie (qui fut prison sous la Révolution), la cuisine et la salle des gens d’armes où l’on pouvait voir récemment une exposition sur la gastronomie française.

Le clou en était le menu du déjeuner offert, en l’honneur de l’empereur de Bohême Charles IV et de son fils Wenceslas (dit l’Ivrogne) par le roi Charles V le Sage en janvier 1378.

Ce n’est pas encore Versailles, mais déjà bien appétissant. Ci-dessous une enluminure de ce banquet

Hélas rien n’est dit sur les vins servis à cette occasion. Il y en avait pourtant !

Voici un ouvrage intéressant pour qui voudrait en savoir plus : Les menus des repas du séjour parisien de Charles IV (janvier 1378).

Cette représentation du terroir d’Ile de France est très instructive.

On y note y quelques alcools, mais quid des vins ?
On y retrouve notre poule de Houdan, les asperges d’Argenteuil, nos glorieux Brie de Meaux et de Melun, le Chasselas de Thomery…
Mais plus de petits pois à Clamart, et le Claquesin a émigré de Malakoff à Provins.
Voici encore quelques images glanées dans l’exposition, qui nous ramènent aux 19ème et 20ème siècles : couples au restaurant, dîners fins, à l’issue duquel l’homme attend son heure

ou se fait pressant

Autre ambiance dans un bouillon parisien

De quand date cette photo du personnel d’un bistrot : début des années 20?

Et la Tour Eiffel toujours associée au vin (ici le Champagne)

Finissons avec ce remarquable petit meuble en pâte de pain, commandé par Salvador Dali à Lionel Poilâne, en haut duquel on distingue pampres, feuilles de vigne et grappes de raisin.

Etonnant, non ?

Ils font du vin en ville…

Ce dernier week-end quelques vignerons de « chais urbains » s’étaient retrouvés au Hoba, un lieu de vie dédié à la « cuisine durable et joyeuse », « niché au cœur du Parc Martin Luther King, dans l’écoquartier de Clichy-Batignolles, Paris 17e », pour débattre est faire déguster leur production.

L’affiche était prometteuse :

C’est Alvina Ledru-Johansson, du magazine « des bonnes femmes et de la bonne bouffe » Culs-de-poule, à l’origine de cette initiative, qui animait la table ronde. Y participaient Géraldine Dubois et Florent Sabourin.

Géraldine Dubois à installé La Têtue, un chai en pleine zone urbaine lyonnaise, et y vinifie ses raisins d’un domaine des coteaux du Lyonnais, situé à une vingtaine de kilomètres. L’idée est d’être au plus près des consommateurs, de privilégier les circuits courts, en recyclant les bouteilles voire en vendant le vin en vrac. Et bien sûr de faire des vins nature, sans levures exogènes, avec un sulfitage réduit à l’essentiel à la mise en bouteille.

Florent Sabourin, avec son compère Marc Event, fait de même à Montreuil, avec des raisins bio qu’ils vont chercher un peu partout. Leur marque Michtovino renvoie à l’argot local, Michto, d’origine romani, qui veut dire agréable, cool. Nous avons particulièrement apprécié leur claret.

(En apprendre plus sur Francebleu.fr et sur radiovino)

Les deux reconnaissent que leur modèle économique est loin d’être profitable, en raison des coûts et des contraintes urbaines. La comparaison avec les brasseurs, qui peuvent multiplier les cuvaisons, ne tient pas. Des cinq producteurs présents, le seul à s’en sortir pour l’instant est adossé à un bar où il peut écouler sa production. Dira-t-on qu’ils font ça pour la gloire ?

Lors de la dégustation nous avons aussi pu rencontrer le cadet des Ferchaud, Benjamin, qui produit avec son frère aîné ses vins sur l’île de Nantes, et les fait boire au Bras de Fer, un espace attenant à la cave de partage musical et oenologique. Les raisins vinifiés proviennent de la région ou de l’Anjou voisin.

A Courbevoie en banlieue parisienne, c’est un fils et un père (Antoine Et Fady Sfeir) qui proposent le Pif à Papa. En attendant d’avoir leurs propres vignes en Ile de France, ils vinifient des raisins de Loire et proposent une douzaine de cuvées originales, dont les noms (fiston, mamie, etc.) rappellent le jeu des 7 familles.

Nous avons été séduits par la cuvée Mamie, assemblage élevé sous voile de grolleau gris et d’un gamay vinifié en macération carbonique, aux arômes de noisette grillée étonnants.

Last but not least, c’est au D.O.C.K de Reims que nous donnons la palme, pour son Dock power, un délectable assemblage de muscat et de viognier, et son Dock en stock, un rouge complexe, puissant et épicé. Merci et bon courage à Laure et Fabrice Renaud !

Etonnant, non ?

Des cochons dans les vignes

Depuis quelques jours, toute la presse spécialisée en parle : des cochonnets venus de Nouvelle Zélande, les kunekune, sont à la manoeuvre pour pour désherber les rangs de vigne.

Car désherber est un vrai problème. Si l’enherbement est recommandé, pour le renforcement des sols, il faut bien, quand vient l’été, éliminer cette engeance avide d’eau et d’azote qui vient concurrencer la production des grappes. Mais la chimie a mauvaise presse (la tendance est à l’interdiction du glyphosate), et le travail mécanique nécessite de l’huile de coude coûteuse et peu disponible, du fuel, bref des coûts et de la pollution.

Dans certaines régions on a recours aux moutons qui viennent volontiers paître dans les vignobles, mais ils ne font que tondre l’herbe qui repart de plus belle à la moindre ondée.

Dans ces circonstances, il faut faire preuve de créativité ! C’est ce qu’ont fait des viticulteurs champenois et bordelais, en faisant appel aux kunekune, dont le nom en maori signifie rond et gros.

Ces petits cochons nains (mesurant une 40 aine de centimètres) se nourrissent essentiellement d’herbes. Trop petits pour s’attaquer aux feuilles, ils enfouissent leurs groins sous les mottes qu’ils déterrent, et avalent en passant les feuilles mortes porteuses le cas échéant de spores de mildiou. Disciplinés, ils parcourent les rangs en bon ordre. On connaissait le métier de promeneur de chiens, voici donc celui de promeneur de kunekune, un métier d’avenir ?

Créateur : BLANCHARDON | Crédits : LP/MARIEBLANCHARDON

« On ne pourra pas tout révolutionner avec les cochons », mais ils sont un « complément », « un outil en plus pour les parcelles les plus difficiles », juge M. Bonnaire, un viticulteur champenois. Notamment « sur les sols en côteaux, où avec les orages, on perd quatre à cinq cm de terre par an ».

Lire dans Le Figaro l’interview d’Olivier Zebic, consultant viticole, à l’origine de cette expérimentation.

Etonnant, non ?

Au coup d’état

C’est une petite brasserie à Versailles qui porte ce nom, et dont la décoration est remarquable.

On y trouve en effet une adaptation de » La liberté guidant le peuple« , de Delacroix, où fusils, sabres et pétoires sont remplacés par chopes, bouteilles et guitare…

sous l’oeil du maître et de son orpheline, assis devant une bouteille d’absinthe.

Remarquables aussi les héros de la liberté qui l’entourent : Mandela, Gandhi, Zapata, Geronimo et Walesa, géants résistant au temps, qui nous parlent en creux des icônes disparues…

Etonnant, non ?

Le tableau est signé Stefberg (Stéphane Bergougnou ?), « artiste peintre décorateur » dont on peut voir quelques oeuvres sur Instagram.

Mirabilis

C’est l’exposition proposée au Palais des Papes d’Avignon pour mettre en valeur des oeuvres des différents musées de la ville.

Nous y avons découvert  » l’Automne, le Retour des Vendanges dans une ferme fortifiée »une grande toile verticale d’Hubert Robert, dont voici quelques détails :

scène généralela charrettevendangeuse

le tonnelierle pressoir   On a pu voir aussi quelques Bacchus en pied. Celui-ci en terre vernissée est debout sur un tonneau. Il date du 18ème mais fait étonnamment moderne. Ces deux-la sont en bronze. Bacchus enfant est du début 16ème,

le nain Morgante en Bacchus de Jean de Bologne, du 17ème.(Le nain Morgante était un favori de Cosme 1er de Médicis)

La scène qui suit illustre un chevalet de peintre et porte comme légende « de wijn ist een spotter« . On reconnait en néerlandais une citation des Proverbes 20.1 : le vin est insolent, l’alcool tapageur ; n’est pas sage celui qui s’en grise(d’après le comparateur biblique)Elle évoque  un tableau célèbre de Jan Steen, portant ce titre Finissons avec ce bas-relief vu au musée Calvet,  destiné à rendre accessible aux non-voyants ce « sur le zinc » de Vlaminck. Etonnant, non ?