Nous voilà repartis vers l’Est, sur le traces des Anciens.
Depuis la voie ferrée aux alentours de Wurzburg, en basse Franconie, on longe le vignoble. Est-ce là que l’on produit le célèbre vin de Stein dans sa « bockbeutel »?


Nous sommes au pays de Johann Wolfgang von Goethe, qui déclama dans son Wanderlied

Leipzig, au carrefour de la Via Imperii, qui menait de Rome à la mer Baltique, et de la via Regia, menant vers l’est vers Kiev, Vilnius et Moscou, et vers l’ouest vers Paris, Bordeaux et l’Espagne, est très tôt devenue une Messestadt, une majeure ville de foire.

La ville a été largement reconstruite après la guerre. Le Speckshof abritait et abrite encore le plus ancien passage de la ville. « Messepalast Specks Hof
Construit dans les années 1908–1911 d’après les plans de l’architecte E. F. Hänsel, comme premier nouveau bâtiment de foire de Leipzig avec passage commercial. Nommé d’après le marchand et collectionneur d’art Maximilian Speck,qui acquit en 1815 le grand magasin situé au même endroit. Après de graves dommages de guerre, la reconstruction débuta en 1947. Réaménagement du passage en 1982/83«


Le voici après reconstruction

Rénové dans les années 90,

on peut maintenant y voir cette fresque murale

Autre lieu intéressant, Auerbachs Keller, cinq fois centenaire,

temple de la tradition culinaire germanique.
« En 2025, la cave Auerbachs Keller de Leipzig fêtera un anniversaire particulier : 500 ans de tradition et d’histoire ! En 1525, le Dr Heinrich Stromer von Auerbach, médecin et professeur d’université de Leipzig, eut l’idée révolutionnaire de servir du vin aux étudiants dans la cave de sa maison. Ce faisant, il posa les bases de l’une des auberges les plus anciennes et les plus célèbres d’Allemagne. Aujourd’hui, la cave Auerbachs est un symbole vivant de la ville et un lieu de rencontre culturel dont l’histoire est inextricablement liée au célèbre poème « Faust » de Johann Wolfgang Goethe. » (communiqué de presse)
Le docteur Faust, personnage semi-légendaire, s’y serait tenu à cheval sur un tonneau en 1535, « dans un épisode héroï-comique immortalisé par une peinture sur bois accompagnée de six vers narrant ce haut fait« . On y trouvait deux peintures sur bois datant de 1625 : Le docteur Faust lors d’un festin d’étudiants et Le docteur Faust chevauchant un tonneau de vin. Ces représentations ont directement inspiré Goethe pour la scène ultérieure.
(lire la scène sur Wikisource dans la tradition de Nerval, p 84 et suivantes)

Ce que l’on peut y voir aujourd’hui


Aux murs, des buveurs de cave



et des assemblées d’hier et d’aujourd’hui.

Faust 1, Szene Auerbachs Keller


Le musée des beaux arts de Leipzig recèle quelques belles choses.
Voici Le Christ à l’Olympe, de Max Klinger, refusant la coupe de vin offerte par Dionysos, scène fantastique et qui peut sembler anachronique (mais après tout les dieux sont immortels) où se confrontent la jouissance aimée des dieux gréco-romains et le sacrifice chrétien.


Voici aussi un mignon paysage de vignes (vendanges sur les côteaux de Sèvres), de Camille Corot (1872)

et des scènes de genre hollandaises du 17ème siècle







Ne quittons pas Leipzig sans un regard sur une belle collection d’étiquettes de bière, collée sur une armoire métallique, vue au musée de la ville dans l’ancien Rathaus.

Leipzig n’est qua une heure de train de Berlin, où nous attendent d’autres merveilles.
Quel plaisir de retrouver, à la Berlinische Gallerie (musée d’art moderne), Lovis Corinth, dont nous connaissons les Bacchanales!

Ce « Bacchant » fait partie d’un cycle de onze peintures du « Katzenellenbogen Cycle » (d’après le nom de la collectionneuse Estella K.) que la BG a l’ambition de réunir.
C’est en effet un thème cher à Lovis Corinth, comme le montre ces autres oeuvres
Mais c’est à la Gemalde Galerie que l’on fera la plus belle récolte.
On y trouve de nombreuses scènes de genre du siècle d’or néerlandais, représentant de joyeuses compagnies
Ce buveur là n’est pas joyeux, son verre est vide !


Jouer de la musique n’empêche pas d’avoir soif


joueurs aux cartes non plus

Des messieurs font boire des jeunes personnes,


Ici ce sont de jeunes personnes qui font boire un vieux monsieur (Lott et ses filles, de Joachim Wtewael, 1610 ; et un fragment d’un tableau de Hans Baldung, dit Grien 1520, où l’on ne voit plus que Lott)


Voici aussi des scènes de groupe dans des tavernes et maisons plus ou moins bien tenues
On finira la visite avec ces natures mortes aux bouteilles de l’alsacien Sebastien Toskopff (1597-1657) et au verre de vin d’Anne Vallayer-Coster (1744-1818)


et avec cette fête de Bacchus de Pieter Brueghel le Jeune et Henrick van Balen l’Ancien (avant 1632) illustrant l’antique adage : « sans Cérès et Bacchus, Vénus a froid ».















