Voici déjà quelques semaines que celui qui a fait aimer la lecture à des millions de français et de francophones a tiré sa révérence.

Le Roi Lire s’est tiré,
nous laissant désemparés,
à sa mémoire, il faut boire !
On le sait, cet amoureux des livres aimait aussi le vin.

Enfant du Beaujolais (« le cru entre deux chais ») où sa famille possédait une vigne, il lui doit sa carrière, comme il le raconte joliment dans son « dictionnaire amoureux du vin ».

C’est en effet avec l’envoi d’un « caquillon » (petit tonneau) de beaujolais, qu’assez inculte en littérature, il fit sont entrée au Figaro littéraire, lui qui visait plutôt l’Equipe. Maurice Noël, qui l’engagea, avait du nez !

Au fil des pages, il nous y compte ses bonnes fortunes : les cinq occasions qu’il eût de déguster le vin de la Romanée Conti, comme sur le plateau d’Apostrophes, où il a « sacrifié » une bouteille de sa cave personnelle… ; les Charmes (« la volupté même ») et Bonnes-Mares bus à la Paulée de Meursault ; les Chambertin dégustés chez Mme Bise-Leroy..

On découvre quelques anecdotes piquantes : l’admonestation par un gendarme à la Paulée de Meursault qui lui confisqua la bouteille d’eau placée sur la plage arrière, et la remplaça par une bouteille de vin (interdiction d’apporter de l’eau pendant la Paulée) ; l’organisation sur son conseil à Qincié en Beaujolais, son port d’attache, du Congrès de l‘institut français des farces et attrapes…

Mais nous donnerons la palme à l’interview du chancelier Helmut Kohl par une équipe de France 2. Le chancelier leur servit un riesling bouchonné « jusqu’à l’os » dont il n’avait pas décelé le défaut. Comment le faire remarquer sans l’embarrasser et l’humilier ? Lui-même s’en était il rendu compte par la suite ? Personne ne s’y risqua et tous durent ingurgiter l’infect breuvage !

Pivot fait aussi l’article pour le parc à thème Duboeuf à Romanèche Thorin (on ira !), il nous remémore le marathon des leveurs de coude de Saint-Germain des Prés (créé en 1987),



vante les mérites du Champagne (« le seul vin qui laisse une femme belle après boire », selon madame de Pompadour ; les dérangements intestinaux de Pasteur guéris par du champagne glacé), et de l’Hermitage blanc (« qui ne craint pas l’ail »)

Il donne aussi des répliques pour des dégustations (« j’en connais des meilleurs qui ne valent pas celui-là »)

Il nous fait croiser Matisse et son verre de vin d’Alsace

et nous cite » l’effroyable »Bacchus sortant de l’ombre de Paul Rebeyrolle

Tout se tient : on apprend aussi que pivoter signifiait, en argot militaire du 18ème siècle, boire à la régalade.

Merci pour tout ami Bernard, pour les soirées animées d’Apostrophes et ton amour contagieux du vin. Bon séjour au Paradis des buveurs !


Le vin, ce n’est pas de la petite bière, disais-tu. Et pourtant…
