C’est une version rafraichissante du »semi-opéra » de Purcell, bien connu pour sa scène du froid mais pas que, que l’on peut voir ces temps-ci à l’Opéra de Versailles.

Le spectacle, dirigé par Hervé Niquet et mis en scène par Dino et Shirley, tourne depuis des années et fait penser aux Monty Python ou mieux, à Kameloot ! Hervé Niquet s’explique (texte complet là) :

« Lorsque j’ai décidé de remonter le King Arthur avec Le Concert Spirituel, il a fallu faire un choix : en effet, la partie musicale de cette oeuvre ne représente qu’un tiers de l’ouvrage original. Ce n’est qu’un commentaire disséminé tout au long de la pièce de Dryden, ce qui explique, si on lit le livret, le peu de rapport existant entre chaque tableau de ce King Arthur. J’ai préféré ne conserver que la musique de Purcell et vous la proposer sous la forme d’un divertissement entrecoupé d’intermèdes assurant les liaisons du spectacle.
Qui pouvait assurer mieux que Corinne et Gilles Benizio (alias Shirley et Dino) le rôle périlleux de metteurs en scène et de fantaisistes, de cet opéra sans queue ni tête afin de vous prouver que les chanteurs de Purcell sont les proches cousins des Monty Python ?
J’ai donc réinventé une histoire qui fonctionne sur les seuls fragments musicaux du King Arthur. Il ne s’agit plus d’un affrontement entre Arthur le Breton et Oswald le Saxon pour obtenir la main d’Emmeline, mais des épisodes du règne d’Arthur entre batailles et châteaux. »

Le DVD qui en a été tiré semble indisponible, mais on peut trouver l’enregistrement en ligne :
Dans la version originale, Arthur, roi des bretons, assisté de l’enchanteur Merlin, est confronté à Oswald, roi des saxons, assisté du magicien Osmond. C’est Arthur qui triomphe, épouse sa fiancée Emmeline tandis que l’enchanteur Merlin fait surgir les îles britanniques…
Les lecteurs du Bon Clos trouveront dans l’oeuvre de Purcell deux airs intéressants : l’appel des Saxons au Woden’s Hall ( au 1er acte (à 0h:15mn:00s). Il est savoureux d’entendre les Saxons se réjouir de boire le breuvage qui rend les Bretons hardis : la potion magique, déjà ?
I call, I call, I call you all to Woden’s Hall Your temples round, With Ivy bound In goblets crown’d And plenteous bowls of burnish’d gold Where ye shall laugh and dance, and quaff The juice that makes the Britons bold | Je vous convie, vous convie, vous convie tous Dans le temple de Woden Où , le front ceint et couronné de lierre tressé Vous rirez, danserez et boirez Dans des coupes d’or poli et bien remplies, Le breuvage qui rend les Bretons hardis. |
et l’invitation de Comus, dieu des libations et des banquets, à fêter les moissons : « We ‘ll toss our ale till we cannot stand », à l’acte V (à 2h:00mn:56s)
We’ll toss our ale, till we cannot stand ; And heigh for the honour of old England ; Old England, old England | Nous allons avaler d’un trait notre bière, jusqu’à en perdre l’équilibre Hé ! mais c’est pour rendre hommage à notre vieille Angleterre. Vieille Angleterre, vieille Angleterre… |
Voir ici l’analyse des arts florissants, et la partition chantée en video (I call à 9mn:50s)