Mars est sans doute un meilleur choix qu’août pour arpenter cette terre d’histoire, quoiqu’il soit un peu tôt pour profiter de la mer. Certaines villes (Jerez, Malaga…) portent des noms familiers aux amateurs de vin, qui auront fort à faire.
La vigne est très ancienne en cette contrée, sa culture remonte au moins au 9ème siècle avant J.C. L’originalité des vins est qu’ils sont mutés, donnant des vins secs ou doux, très différents selon leur élevage.
Ceux qui apprécient le vin du Jura ne seront pas dépaysés avec la manzanilla, (vin blanc très sec, dont la production depuis 1964 est une exclusivité de Sanlucar de Barrameda), et les finos de Xeres et autres « olorosos », résultat d’une « vinification sous voile » en tonneaux non ouillés.
Autre spécialité du pays, héritée des Maures : l’usage de carreaux de faïence (les azulejos) en décoration. Et bien sûr, jambons, tapas, guitares, flamenco…
Nous convions les lecteurs du Bon Clos à une promenade bachique commentée, de Malaga à Séville, en passant par Grenade et Ronda.
Sur la place de la Constitution à Malaga, un bas-relief illustrant le mont de piété des vignerons et moissonneurs créé en 1776 : porte secours au travailleur, pas au paresseux !La bodega « el pimpi », créée en 1971, est l’une des plus fameuses de Malaga
L’intérieur mérite aussi une visite !
Il y a des réserves ! Et des visiteurs de marque !
Le vieillissement des vins se fait par assemblage annuel de millésimes, du vin jeune du tonneau supérieur venant se mêler au vin plus vieux du tonneau le plus bas. (C’est le principe de la « solera« ). La rangée inférieure, mise en bouteille par tiers, n’est donc jamais complètement vidée et contient indéfiniment un peu de vin très ancien.
les bodegas Malaga Virgen ont été fondées en 1885 par Salvador Lopez Lopez, bientôt associé à son frère Francisco.
peinture à l’entrée de la taverne el mentidero
celle-ci est au musée carmen thyssen (les Claudia Girls, de Jose Gutierre Solana 1929)
A ce stade, nous proposons une pause avec la malagueña salerosa
Sous tes cils que tes yeux sont beaux, malagueña enchanteresse.. je voudrais baiser tes lèvres…
A quelques kilomètres à l’ouest, dans le petit village d’Ojen, au-dessus de Marbella, le raisin est à l’honneur avec cette grappe géanteenseigne de taverne à Ojen
Dans la peite ville de Mijas se trouve un petit musée d’art et traditions populaires où est sont présentés outils anciens (pressoir, fouloir) et représentations naïves de la vie agricole et vigneronne.
Partons pour Ronda, cité fièrement juchée de part et d’autre du Guadalevin, à plus de 700 mètres d’altitude
Encadrement de porte à RondaAu musée Lara, j’irai danser la seguedille boire de la manzanilla…
Au milieu de collections hétéroclites on trouve cette presse…
et cette scène de la vie monastique (tapisserie)
Belle cheminée dans la maison de San Juan Bosco
Nous voici maintenant à Grenade. Faisons une nouvelle pause avec Luciano Pavarotti qui chante Granada : ta terre est pleine de jolies femmes, de sang et de soleil
A l’Alhambra, merveille intemporelle, la porte du vin fait question : porte-t-elle ce nom parce qu’on entreposait du vin du côté où il n’y avait pas de taxes à payer, où bêtement par une confusion entre « Bib al hamra » (porte « rouge », porte de l’Alhambra) et Bib al jamra »(porte du vin).
la porte du vin, à l’Alhambra de Grenade
Réconcilions tout le monde : le rouge, c’est du vin, non ?
Les vignes au pied de l’AlhambraAu Palais de Charles Quint, ce banquet de courtisanes et de soldats de Christophe van der Lamen (vers 1630)
et encore la séguedille et la manzanilla !
Nous voici maintenant à Nerja, où sont des grottes parmi les plus grandes d’Europe qui ont sûrement inspiré le créateur de ce porte-bouteilles
à méditer ces paroles d’Eduardo Galeano
Nous sommes tous mortels, jusqu’au premier baiser et au deuxième verre de vin.
Nous vous laissons réfléchir, et passons à ce dicton plus simple
enfant, mange et tu grandiras, vieillard bois et tu vivras !
Nous voici enfin à Séville, capitale de l’Andalousie. Et l’on se souvient de Sam, qui chantait naguère Alors, ça va ?
« Chez moi il y a des souvenirs qui dansent Au son de la musique de Séville… »
Bacchus trône ici dans les jardins de l’Alcazar
Vu aussi à l’Alcazar cette assiette en céramique
Voici un carreau de faïence ancien vu chez un antiquaire
Vu dans l’escalier de l’hôtel casa imperial
Ici aussi il y a des enseignes en céramique plein les rues
A la Carboneria, canto hondo entes les colonnes salomoniques
A l’Hôpital des Vénérables, voici enfin Noé soûl (peint sur la pierre)
Nous n’avons pas vu la sangria couler à la feria de Tolède, mais terminons tout de même avec Joe Dassin et son Takatakata
et faisons nous plaisir aussi avec cette version en russe