De passage à Gaillac cet été nous avons découvert ce vignoble du Tarn, en évoquant le bon temps où certains bistrots parisiens proposaient en automne du « Gaillac bourru » dans des tonnelets posés sur le comptoir. C’était un vin blanc frais et légèrement doux, un peu perlant, non encore stabilisé. Ce temps n’est plus.
Disparu aussi l’ancien marché aux vins occupé désormais par un centre d’action sociale.
Mais le vignoble est toujours là. Il est considéré comme un des plus anciens de France, on devrait dire de Gaule, puisqu’il existait semble-t-il avant la conquête romaine.
Ce sont les moines bénédictins de l’abbaye Saint-Michel (qui héberge aujourd’hui, O tempora O mores ! la maison du vin -excellent comptoir de dégustation, l’office du tourisme, et un musée) qui en assurèrent le développement. Le vin partait en gabarre sur le Tarn puis la Garonne pour ensuite être exporté dans les pays du Nord. En 1501 il est vendu sur le quai des Chartrons à Bordeaux à partir de la Saint-Martin…
Voici ce qu’en a dit dans les années 1600 Guillaume Catel dans ses « mémoires du Languedoc » :
Un vin très excellent donc, de bonne garde, et qualité rare, laissant à qui en aurait trop bu une bonne heure pour rentrer chez soi sans avoir le cerveau brouillé !
On y produit 160 000 hl/an environ, du vin blanc (perlant, doux, sec et effervescent) du rosé et du rouge avec d’originaux cépages comme le luenh de l’uelh (loin de l’oeil), le mauzac pour le blanc ; le fer servadou appelé aussi braucol (un cousin du cabernet), le duras, le prunelard pour le rouge…
Tout cela est très bien expliqué dans une exposition malheureusement terminée au musée du vin, dont nous ferons la relation dans un prochain article.
En ville, place du Griffoul, cette fontaine bachique
et à la Table du Sommelier, ce vendangeur signé Gérard
et cette percée du vin jaune de Gérard Puris
Le vignoble s’étend à l’est vers Albi, où se trouve le château Labastidié, propriété de la Confrérie des Echansons de France (bien connue des lecteurs du bon clos), qui trône au dessus d’une mer de vignes (plus de 60 ha).
et deux têtes que l’on aimerait bien identifier (Guigal?)
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On peut acheter son « très excellent vin » sur place, mais aussi au Musée du Vin, à Paris.
Mais allons au fait : c’était la fête des vins au parc Foucaud.
Chaque domaine disposait d’un petit chalet de dégustation, il y avait donc de quoi faire.
Nous avons retrouvé nos amis Claude (Grand-Maître du Conseil des Echansons de France, au centre sur la photo ci-dessous lors du défilé de la Confrérie de la Dive Bouteille de Gaillac)
et Monique (expert en vin et professeur de dégustation) Josse,
On remarque ci-dessous le Brie de Melun dans les mains du maire de Gaillac, cadeau de la Confrérie du dit Brie, mariée avec Gaillac en 1995, bien avant le mariage pour tous !
La maréchaussée avait fait une descente, on se perd en conjectures sur ses motivations : dégustation ou contrôle d’alcoolémie ?
(on penche pour la dégustation ; et oui, on a vu plus haut qu’avec le vin de Gaillac, même après avoir bu, on à le temps de rentrer chez soi avant d’avoir le cerveau brouillé)