les vins « français » au moyen-âge

C’étatit le titre d’une conférence donnée ce mercredi 26 septembre par Mickaël Wilmart, de l’Ecole Des Hautes Etudes En Sciences Sociales, à la Tour Jean Sans Peur, dans le cadre des manifestations autour d’une exposition sur le vin au moyen-âge dont nous avons rendu compte. En voici un résumé, agrémenté de quelques compléments glané ici ou là.

L’ancienneté des vins d’Ile de France est révélée par la toponymie : rue des Vignes comme à Passy, passage du Clos Bruneau  (Montagne Sainte-Geneviève), rue des Vignoles, rue du Clos à Charonne, rue du Clos Feuquières à Vaugirard, etc.

Déjà au 4ème siècle les vignes poussaient autour de Lutèce, saluées par l’empereur Julien qui y a séjourné dans les années 350 (« il y pousse de bonnes vignes« ).

Au Moyen-Age, alors que  la vigne était cultivée aussi au nord qu’est Anvers, elle couvrait un dixième de l’espace cultivable. Le relief de Paris et de l’Ile de France, avec ses coteaux, s’y prêtait admirablement. Et les fleuves et rivières, puis le réseau routier, permettaient de transporter le vin jusqu’en Angleterre dont des marchands venaient s’approvisionner à Saint-Denis.

La vigne s’étage sur trois cercles : dans Paris ; dans la boucle de la Seine (d’Argenteuil à Vanves ; et dans les vallées de la Marne (jusqu’en Champagne) et de la Seine (jusqu’à Vernon). Deux abbayes possèdent des domaines étendus : Saint-Denis et Saint-Germain des Prés. Mais nobles et bourgeois possèdent aussi des treilles (dans leurs résidences) et des clos (hors la ville, clôtures en haies d’osier ou en pierres sèches) .

Le vin est blanc, claret ou rouge. Les principaux cépages sont fromentel (le meilleur), morillon (une sorte de pinot noir), et le gouais ou goué, de piètre qualité, mais plus productif, que la croissance de la population au 13ème siècle favorisera, et que les dommages de la guerre et de la peste, et les reculs du vignoble consécutifs, favoriseront encore. Tous les vins ne se valent pas bien sûr. Vers 1220 Henri  d’Andeli écrit la bataille des vins (bien connue des amis du clos) où l’on saura qui sont les vainqueurs ! Argenteuil semble le meilleur de tous, par les textes et la diffusion. Plus tard Eustache Deschamps (1346-1406) ajoutera son grain de sel, dénigrant la Brie et sa froidure.

« le corps me rompt, le corps me crie,

Quand je pense au pays de Brie :

Durs vins y a, neant charnus,

Apres de goust, de liqueur nus. »

Avec les pertes démographiques causées par la peste noire et la guerre de cent ans, le coût de la main-d’oeuvre monte et l’on passe d’une économie d’exploitation directe employant des salariés à une économie de louage des terres.

Ls vignerons s’organiseront en corporation au quinzième siècle (confréries de saint-vincent). Des taxes protègent les vins franciliens distribués par 80 courtiers. On exporte jusqu’au Danemark, à Bruges des grues gigantesques permettent de charger et décharger les tonneaux des vaisseaux.

Des « étapes » du vin se mettent en place à Arras, Saint-Quentin, Valenciennes… Arras et Compiègne se spécialisent dans le commerce. Et des fortunes vigneronnes se constituent…

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