Ivrogne et pourquoi pas…

Les fans de Bernard Dimey (1931-1981) reconnaitront là le titre d’un de ses poèmes emblématiques.

Voir ici le beau site qui lui est consacré.

Celui-là a toute sa place dans la bibliothèque du bon clos !

Ivrogne, c’est un mot qui nous vient de province
et qui ne veut rien dire à Tulle ou Chateauroux
Mais au coeur de Paris, je connais quelques princes
Qui sont, selon les heures, archanges ou loups-garous

L’ivresse n’est jamais qu’un bonheur de rencontre
ça dure un heure ou deux, ça vaut ce que ça vaut!
qu’il soit minuit passé ou cinq heures à ma montre
Je ne sais plus monter que sur mes grands chevaux

IVROGNE ça veut dire un peu de ma jeunesse,
un peu de mes trente ans pour une île au Trésor
Et c’est entre Pigalle et la rue des Abesses
que je ressuscitais quand j’étais ivre-mort

J’avais dans le regard des feux inexplicables
Et je disais des mots cent fois plus grands que moi.
Je pouvais bien finir ma soirée sous la table
Ce naufrage, après tout, ne concernait que moi

IVROGNE, c’est un mot que ni les dictionnaires
ni les intellectuels, ni les gens du gratin
Ne comprendront jamais, c’est un mot de misère
qui ressemble à de l’or à cinq heures du matin

IVROGNE et pourquoi pas? Je connais cent fois pire
ceux qui ne boivent pas, qui baisent par hasard
qui sont moches en troupeau et qui n’ont rien à dire
Venez boire avec moi! on s’ennuiera plus tard!

Le voici dit par Jean-Marc Dos Santos dans poèmes hydrophobes et chansons à voir... à la Cascade en décembre dernier (5:05-> 6:50)

qui dit aussi « je vais m’envoler » du même, et chante la java sans modération de Gilbert Lafaille, un régal !

Moi, j’aime pas les vins chers
Ceux qui s’vendent aux enchères et partent en Amérique
Ceux qui font des manières
Entre la sole meunière et les fruits exotiques
Moi, j’aime les vins canailles
Ceux qui ont jamais d’médaille au concours agricole
Qui sont nés sur la paille
Qu’ont les ch’veux en bataille, ceux qui ont pas fait l’école
Celui qu’on boit comme ça
Sans faire de tralala, çui qu’a pas d’étiquette
Qui s’ prend pas au sérieux
Qui en met pas plein les yeux, qui est tout nu sans liquette!Moi, j’aime çui qui est bien rond
Qui joue pas les barons mais qui donne son soleil
Pas les grands millésimes
Les vieux crus rarissimes qui vous chauffent les oreilles
Ah, qui sont pas vulgaires
Mais qui ont passé la guerre à l’abri dans les caves
Ceux qu’on peut pas toucher
Qui doivent rester couchés, qui nous prennent pour des caves!
Moi, c’est l’rouge pas farouche
Qui roule bien dans la bouche, ni trop mou ni trop vert
Çui des Bois et Charbons
Qu’a pas le nez Bourbon mais fait chanter les verres!Bien sûr y’a des limites
La bibine interdite où pas tremper ses lèvres
Faut pas pousser l’bouchon
Avec ces rince-cochons à faire danser les chèvres
Les picrates, les piquettes
Qui vous flanquent la casquette comme un compteur à gaz
Les vicieux qui s’maquillent
Ceux qui sentent la vanille ou la crème de framboise
Moi, c’est pas l’jus d’semelles
C’est jamais l’antigel ni l’méchant qui assomme
Moi, c’est l’coup d’arrosoir
A la tombée du soir qui fait d’mal à personne!Çui qui rend pas mauvais
Qu’est pas du sang d’navet, ni du gros qui arrache
Çui qui passe sans embrouille
Pas le bleu des arsouilles, ni le jaja qui fâche
Çui qui raconte quequ’chose
A mon éléphant rose quand il a l’âme en peine
Qui sait trouver les mots
Qui plaisent aux vieux chameaux, passée la cinquantaine
Çui qui vous met l’plumet
Le copain d’Jean Carmet, le p’tit Château Lasoif
Çui qu’est simple et honnête
Qu’est pas sur l’Internet mais connaît l’orthographe!
Çui qu’est simple et honnête
Qu’est pas sur l’Internet mais connaît l’orthographe!

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