L’ivrogne et sa femme

Ce n’est pas la plus connue des Fables de La Fontaine, mais celle-ci devrait l’être des lecteurs du Bon Clos.

La voici donc, et qu’on se souvienne qu’Alecton est l’une des 3 Furies (soeur de Mégère et Tisiphoné)

furies

coiffées de serpents qui aux Enfers gardent les remparts de Dité (en savoir plus )…

et qu’un chaudeau est un chaud d’eau !

livrognetsafemme

gravure de François Chauveau (1613-1676)

Chacun a son défaut où toujours il revient  :
Honte ni peur n’y remédie.
Sur ce propos, d’un Conte il me souvient :
Je ne dis rien que je n’appuie
5De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus
Altérait sa santé, son esprit, et sa bourse.
Telles gens n’ont pas fait la moitié de leur course,
Qu’ils sont au bout de leurs écus.
Un jour que celui-ci plein du jus de la treille,
10Avait laissé ses sens au fond d’une bouteille,
Sa Femme l’enferma dans un certain tombeau.
Là les vapeurs du vin nouveau
Cuvèrent à loisir. À son réveil il treuve
L’attirail de la mort à l’entour de son corps,
15Un luminaire, un drap des morts.
« Oh ! dit-il, qu’est ceci ? Ma femme est-elle veuve ? »
Là-dessus, son Épouse, en habit d’Alecton,
Masquée et de sa voix contrefaisant le ton,
Vient au prétendu Mort, approche de sa bière,
20Lui présente un chaudeau propre pour Lucifer.
L’Époux alors ne doute en aucune manière
Qu’il ne soit citoyen d’enfer.
« Quelle personne es-tu ? dit-il à ce fantôme.
─ La Cellerière du royaume
25De Satan, reprit-elle ; et je porte à manger
À ceux qu’enclôt la tombe noire. »
Le Mari repart sans songer :
« Tu ne leur portes point à boire ? »

 

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