En ce mois des vendanges qui se souvient du beau poème qu’Apollinaire écrivit en 1913 et qui porte ce nom, Vendémiaire ?
portrait par Vlaminck (1903)
…
Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi
Je vivais à l’époque où finissaient les rois
Tour à tour ils mouraient silencieux et tristes
Et trois fois courageux devenaient trismégistes
Que Paris était beau à la fin de septembre
Chaque nuit devenait une vigne où les pampres
Répandaient leur clarté sur la ville et là-haut
Astres mûrs becquetés par les ivres oiseaux
De ma gloire attendaient la vendange de l’aube
Un soir passant le long des quais déserts et sombres
En rentrant à Auteuil j’entendis une voix
Quui chantait gravement se taisant quelquefois
Pour que parvînt aussi sur les bords de la Seine
La plainte d’autres voix limpides et lointaines
Et j’écoutai longtemps tous ces chants et ces cris
Qu’éveillait dans la nuit la chanson de Paris
J’ai soif villes de France et d’Europe et du monde
Venez toutes couler dans ma gorge profonde
Je vis alors que déjà ivre dans la vigne Paris
Vendangeait le raisin le plus doux de la terre
Ces grains miraculeux qui aux treilles chantèrent…
La suite ? on peut la trouver là
Guillaume, rêvant qu’il boit
Pour fêter le Jour des Rois,
Ne peut point se montrer triste :
C’est un si bon alchimiste !
Il boit le vin de septembre
Avec Villon, dans sa chambre,
Puis il s’en va, tout là-haut,
Pour en offrir aux oiseaux.
Les oiseaux, à belle voix,
Ont témoigné de leur foi ;
Alors monta de la Seine
La chanson d’une sirène.
Guillaume boit l’univers ;
Son visage devient vert,
Mais il tient bon, il assume,
Il ne lâche point sa plume.
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