Curieux millésime que le clos de Clamart 2008.
De tous les vins d’Ile de France, le « Clos de Clamart » présente cette particularité d’être fait avec les raisins de divers cépages (baco, chasselas etc.) en provenance des vignes de tous les vignerons de la commune. (Le clos Franquet, en revanche, n’est fait qu’avec les seuls raisins de cépage Sémillon provenant essentiellement de la vigne municipale).
C’est dire la difficulté de la tâche, étant donné la variété des cépages qui n’arrivent pas à maturité en même temps. Il faut donc transiger, et l’on a pris le parti depuis quelques années de vendanger en deux temps, à 15 jours d’intervalle, pour permettre aux vignerons d’apporter leur raisin au meilleur moment. Il y a donc deux cuvées, ordinairement assez proches sur le plan gustatif.
Le « Clos de Clamart » 2008 restera dans les mémoires comme l’objet d’une dispute comme on en vit peu dans l’histoire de notre confrérie.
Pensez donc : ce mercredi 6 mai, les « usual suspects » s’étaient réunis comme de coutume pour mettre le vin en bouteilles.
L’ambiance était grave.
Les deux cuvées du Clos de Clamart,
vinifiées séparément à la suite des vendanges de septembre, avaient divergé, en raison notamment de l’hétérogénéité des raisins récoltés à des dates différentes.
L’une était de couleur rose pâle, presque blanche, et l’autre rose foncé, presque rouge.
Allions nous faire un rosé bon teint en assemblant ces deux cuvées ? Sûrement pas, nous interdirent les hommes de l’art (le maitre de chai Jean-Luc et l’oenologue M.Hervo), nous risquions de tout gâcher.
Deux camps se formèrent alors.
D’un côté les partisans du rouge, insensibles au charme du blanc dont ils disaient volontiers qu’il « n’était pas du vin ».
De l’autre les partisans du blanc qui rejetaient le rouge, l’accusant d’être « pis que… ».
Et Jean Mussote qui n’était plus là pour apaiser les esprits….
On aurait pu en venir aux mains quand un esprit subtil lança :
« des goûts et des couleurs il ne faut point débattre » (ou quelque chose d’approchant),
sagesse millénaire (ne disait-on pas déjà à Rome « De gustibus et coloribus, non disputandum »?) à laquelle il aurait été bien fou de s’opposer, ce qui permit à chacun de rester dignement sur ses positions.
On se mit donc au travail.
L’ami Bernard (en arrière plan sur la photo), sorti vainqueur d’un combat douteux,
s’attela à la tirette prêtée par nos amis de Suresnes.
L’ami Jean, pris de vitesse, alla biner au Clos.
On vit l’ami François, épuisé par le bouchage,
profiter d’une pause technique du susdit pour prendre place sur ce poste tant convoité,
mais attention à bien remplir les bouteilles !
Le travail à la chaine était revisité.
Ca n’avait rien de militaire, même si…
Le grand-maître Michel, en grand tablier,
et bleu de chauffe,
était partout.
Après un nettoyage en règle,
on se sustenta comme il se doit, et l’on se désaltéra bien sûr sans plus disputer.
Et l’on chanta, sur l’air d’Adélita de Julien Clerc,
A la santé de Rosalina, cantinière du Clos de Clamart…
Elle nous fait de si bons gâteaux,
des tartes et crèmes caramel
Qu’on a peur de devenir gros…
Et l’on dansa quand tout fut fini !
(et merci à Marcel et François pour les photos)