Apollinaire était un poète prolifique. Bien qu’étranger il s’engagea en 1914 et connut la vie terrible des tranchées dans l’hiver de la Champagne.
Cela lui évoqua ce » vigneron champenois » qui date de février 1916, et parut dans les Calligrammes.
Georgio de Chirico était un peintre italien énigmatique, coqueluche un temps des surréalistes français, qu’on a pu voir ces derniers temps au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
En 1930 il illustra les Calligrammes d’Apollinaire
Le régiment arrive
Le village est presqu’endormi dans la lumière parfumée
Un prêtre a le casque en tête
La bouteille champenoise est-elle ou non une artillerie
Le ceps de vigne comme l’hermine sur un écu
Bonjour soldats
Je les ai vus passer et repasser en courant
Bonjour soldats bouteilles champenoises où le sang fermente
Vous resterez quelques jours et puis vous remonterez en ligne
Échelonnés ainsi que sont les ceps de vigne
J’envoie mes bouteilles partout comme les obus d’une charmante artillerie
La nuit est blonde ô vin blond
Un vigneron chantait courbé dans sa vigne
Un vigneron sans bouche au milieu de l’horizon
Un vigneron qui était lui-même la bouteille vivante
Un vigneron qui sait ce qu’est la guerre
Un vigneron champenois qui est un artilleur
C’est maintenant le soir et l’on joue à la mouche
Puis les soldats s’en iront là-haut
Où l’artillerie débouche ses bouteilles crémantes
Allons Adieu messieurs tâchez de revenir
Mais nul ne sait ce qui peut advenir