Cavanna écrivit en son temps les aventures de Dieu, de roborative mémoire. Mais qui se souvient encore de celles de Bacchus, « les Dyonisiaques », narrées au Veme siècle par Nonnos de Panopolis ?
Cet amateur égyptien de poésie grecque les aurait composé entre 450 et 470, avant, Dieu merci, sa conversion au christianisme. Ce recueil épiques de 48 chants ne survit semble-t-il que grâce à la découverte d’un manuscrit au 16eme siècle.
En ce printemps des poètes il est temps qu’il refasse surface.
De quoi s’agit-il ? Laissons la parole au traducteur, le comte de Marcellus :
Avant de montrer le Dieu bienfaiteur, il fallait expliquer de quel chaos sa présence allait faire sortir le monde. De là, au début, la lutte du bien ou du mal, ou de Jupiter contre Typhée ; puis les essais de Cadmus, qui, suivi d’Harmonie, porte au sein de la Grèce le culte et les arts de la Phénicie et de l’Égypte.
Après Zagrée disparu dans la conjuration des Titans, second effort de l’élément malfaiteur, parait enfin le grand Bacchus, Bacchus le Thébain, le génie civilisateur engendré par la foudre; il échappe à la demeure d’Athamas, à la jalousie de Junon, et grandit à coté de la mère universelle, Rhéa. Puis le Dieu dompte lei monstres fléaux de la terre, assouplit son corps aux exercices auxiliaires des combats, et crée la vigne, arme pacifique et conquérante. Bientôt il rassemble de tous les points du monde et recrute dans les rangs des races divines une armée immense; il part à sa tête pour asservir les Indes, par le même chemin que prit Alexandre. Viennent alors les journées du lac Astacide et des défilés du Liban, qui sont pour Bacchus les batailles d’Ipsus et du Granique : on suit lentement la marche envahissante de la vigne dans ce pompeux itinéraire du fond du golfe de Nicomédie jusqu’aux rives de l’Hydaspe à travers les embûches ennemies, ou l’hospitalité de la chaumière et du palais. Dans les Indes, la guerre se développe avec toutes ses péripéties, les avantages, les défaites, les trêves, les surprises et lei stratagèmes. Enfin Bacchus l’emporte, et il constitue son culte et son empire chez les peuples de l’Orient indien. Dès lors, il revient aux bords de la Méditerranée, où il n’a pins d’autre armée que son cortège habituel ; il visite, chemin faisant, Tyr, la patrie de son aïeul Cadmus, comble de ses dons la brillante Béryte et les vallées du Liban ; puis, traversant de nouveau la Cilide et la Lydie, il porte en Europe son influence et ses bienfaits, descend de l’Illyrie et de la Macédoine vers Thèbes, où il est né, et où sa divinité et son pouvoir se manifestent par le châtiment d’un roi incrédule ; il initie bientôt Athènes à ses mystères, console à Naxos une amante délaissée, car il possède l’art de sécher les larmes et de calmer les douleurs. Ensuite il lutte contre son éternelle ennemie Junon au sein d’Argos, centre terrestre de la puissance de la reine des dieux, dompte les géants de la Thrace ou les monts infertiles, soumet Pallène, ou son sol, rebelle à la culture; revenu en Phrygie, domaine de sa nourrice Cybèle, d’où il est parti, il y combat les insalubres émanations des airs qu’il adoucit, et quitte enfin la terre pour occuper un trône dans l’Olympe, au sein des immortels.
Le lecteur assidu de ce blog pourra utilement compléter les informations publiées il y a un an (indovino )
Merci à Philippe Remacle qui nous les fait découvrir sur son beau site remacle.org
(NB : l’ouvrage est édité chez les Belles Lettres )