Y-a-t-il vignoble plus prestigieux que la Romanée Conti ? » vin remarquable par sa belle couleur, son arôme spiritueux, sa délicatesse, et la finesse de son goût délicieux » écrivait déjà il y a deux cents ans André Jullien dans sa topographie de tous les vignobles connus, ajoutant qu » on s’en procure difficilement du véritable parce que la vigne qui le produit n’occupe que deux hectares de terrain« .
Anne Sylvestre vient de décéder. Nos enfants (et leurs parents) ont adoré ses chansons et fabulettes, mais elle chantait aussi pour les grands, ne voulait pas mourir avant d’en avoir bu, de la Romanée-Conti. Espérons qu’elle ait pu le faire avant de poser pour toujours sa guitare !
Il parait que si, son voeu fut exaucé par Aubert de Villaine, co-gérant du domaine, après qu’il a entendu cette chanson de 1973. C’est bon Anne, tu n’auras pas eu besoin de ramper !
J’ai bu, et je m’en vante
Des cent et des cinquante
Bouteilles du meilleur
Que Bordeaux me pardonne
J’appartiens au Bourgogne
En lui, cuve mon cœur
J’en ai connu de braves
De tendres, de charmeurs
J’en ai connu de graves
De couronnés, de tout en fleurs
Mais je voudrais pas crever
Avant d’ l’avoir goûtée
Ah! Sûr que j’ voudrais pas mourir
Avant d’avoir vu ses rubis
Couler dedans mon verre
C’est ma seule prière
Ah! Laissez-moi boire à genoux
La reine des vins de chez nous
La Romanée, la Romanée, la Romanée-Conti {x2}
Sa splendeur est si grande
Qu’elle est une légende
Bien plus qu’une boisson
Boire par ouï-dire
Est un supplice pire
Que la pire prison
Que ceux qui la récoltent
Dans leurs caveaux secrets
Comprennent ma révolte
Je doute, enfin, qu’elle soit vraie
Et j’ voudrais pas crever
Avant d’ l’avoir goûtée
Ah! Sûr, qu’ j’arrêterai pas mon cœur
Avant d’avoir senti ses fleurs
Me réjouir la tête
Non, c’est vraiment trop bête
D’avoir préparé mon palais
Pour qu’elle n’y vienne jamais
La Romanée, la Romanée, la Romanée-Conti {x2}
Il serait malhonnête
De prétendre que cette
Chanson ne vise pas
À provoquer un geste
En ma faveur, du reste
Pour en boire avec moi
Je jure sur mon âme
Qu’il faudra bien m’aimer
Je serai monogame
Pour ne pas devoir partager
Et j’ voudrais pas crever
Avant d’ l’avoir goûtée
Ah, non! J’ finirai pas mes jours
Sans avoir senti son velours
Me réjouir la gorge
Si on vous interroge
Dites que je veux bien ramper
Pour la plus petite lampée
De Romanée, de Romanée, de Romanée-Conti {x2}
Elle avait aussi chanté Mon grand-père Louis, une autre jolie chanson bourguignonne
Comme mon grand-père Louis
Saluant d’un chapeau digne
Des arpents de pieds de vigne
Reconnaissant, ébloui
Comme mon grand-père qui
Devant un cru de Bourgogne
Se découvrait sans vergogne
Avec le sérieux requis
Je voudrais modestement
Esquisser, quoi qu’on en pense
La petite révérence
Que m’apprirent mes parents
Car bien que je ne sois vieille
Que de trente et pas beaucoup
Quand j’y pense, je m’effraye
Qu’on ne sache plus, merveille
Boire un coup
Comme mon grand-père Louis
Composant avec science
De subtiles alliances
Entre pommard et rôti
Comme mon grand-père qui
Ne recevait à sa table
Que de vrais buveurs, capables
Que des gosiers aguerris
Je voudrais pieusement
Rappeler qu’en mon enfance
Quand on y faisait bombance
Je me tenais vaillamment
Car bien que je ne sois vieille
Que de trente et pas beaucoup
Quand j’y pense, je m’effraye
Qu’on ne sache plus, merveille
Boire un coup
Comme mon grand-père Louis
Faisant creuser dans la pierre
Bien avant sa maison mère
Une cave et ses replis
Comme mon grand-père qui
À nous, sa progéniture
Apprit la grande aventure
Des raisins de son pays
Je voudrais à tout venant
Me vanter d’avoir en cave
Deux ou trois bouteilles graves
De Richebourg triomphant
Car bien que je ne sois vieille
Que de trente et pas beaucoup
Quand j’y pense, je m’effraye
Qu’on ne sache plus, merveille
Boire un coup
Comme mon grand-père Louis
Comme Albert à qui j’ ressemble
Et qui reposent ensemble
Sur la colline fleurie
Où il fit coucher aussi
Pour les côtoyer sous terre
Madeline et Philibert
Et la très douce Marie
Je voudrais finalement
M’y coucher un jour, pareille
À une quelconque bouteille
Mais pourtant en attendant
Sans rien avoir d’un ivrogne
Je voudrais qu’on sache enfin
Qu’on peut être de Bourgogne
Qu’on peut aimer sans vergogne
Le bon vin
Car bien que je ne sois vieille
Que de trente et pas beaucoup
Quand j’y pense, je m’effraye
Qu’on ne sache plus, merveille
Boire un coup