Sera-t-on surpris d’apprendre qu’on produit du vin en Egypte aujourd’hui, et qu’il se laisse boire volontiers ?
pas dans cette carafe de la 18eme dynastie (vers -1550-1300)
« une prouesse technique extraordinaire » selon Hugh Johnson (Histoire Mondiale du Vin)
qui nous rappelle une grappe de faïence émaillée vue à la reine margot
Après un court séjour en Egypte nous invitons les lecteurs du bon clos à une vertigineuse remontée dans le temps de plus de cinq mille ans.
boutique Gianaclis à Alexandrie
Le vin que l’on peut boire actuellement, on le doit à Nestor Gianaclis , un entrepreneur grec qui dans les années 1880 planta un vignoble dans le delta du Nil, redonnant ainsi vie à une tradition multimillénaire. .
Blanc, Rosé, Rouge, mousseux, voici ce qu’on trouve dans les vitrines. Les cépages sont le bobal pour le rouge, la sultanine blanche pour le blanc.
Se souvient-on que le célèbre opéra de Verdi qui se passe en Egypte était une commande du khédive Ismaïl Pacha, et fut créé au Caire en 1871, peu après l’inauguration du canal de Suez ?
ce n’est pas un hommage à Uderzo et Goscinny, l’obélisque est une spécialité egyptienne
Voici un relief de vendangeuse qui doit dater des années trente, sur un bâtiment de la Chambre de Commerce, non loin de la place Tahrir au Caire,
et des peintures explicites vues chez un antiquaire du quartier
Ces bouteilles d’hassan soliman sont à la très grande bibliothèque d’Alexandrie .
Voici une lanterne devant une église copte du Caire
Et voila un portail moderne vitiforme vu sur les bords du Nil du côté d’Edfu.
Plus ancien sans doute ce « seau » à champagne vu au musée national d’Alexandrie,
et carrément antiques ces frises et reliefs vus au même endroit
c’est le pied de Dionysos…
Bien plus loin dans le temps, voici un véritable cellier rempli d’amphores que l’on a retrouvé dans la tombe de Scorpion I, pharaon « prédynastique » qui vivait il y a plus de cinq mille ans.
Outre un usage récréatif et religieux, le vin était alors couramment utilisé comme excipient dans la pharmacopée .
Mais le plus beau reste à voir, conservé aux fonds des tombes des rois et dignitaires de l’Egypte ancienne.
Voici une fresque de la tombe de Khaemouaset, grand-prêtre sous le règne d’Amenhotep I (vers -1500), qui présente le traitement du raisin depuis la vendange jusqu’à l' »amphorage » et le transport
La « tombe aux vignes » de Sennefer (« Maire de la Cité du Sud, Intendant des jardins du temple d’Amon » vers -1400 : un des grands personnages du règne d’Amenhotep II) porte bien son nom
La tombe de Nakht (prêtre du dieu Amon, vers -1400) est aussi justement célèbre pour ses vendangeurs et ses fouleurs de raisin
De la même époque (14eme siècle, règne de Thutmose 4) cette fresque de la tombe de Nebamon
oeuvre qualifiée de préimpressioniste par Arpag Mékhitarian, in la peinture egyptienne SKIRA-Flammarion, pour qui son auteur serait le plus original, le moins esclave des conventions des peintres de la 18eme dynastie
De la même époque cette fresque de la tombe d’Ouserhat (fonctionnaire de rang moyen-supérieur du milieu de la XVIIIème Dynastie)
(voir le site osirisnet.net qui constitue une base de données et d’images sur les tombes egyptiennes, pour une passionante description détaillée)
Nous y avons trouvé cette fresque de la tombe de Pahery (règne de Thoutmosis III, vers -1450) avec le commentaire ci-dessous.
« Le raisin est amené au pressoir où il est foulé par des hommes qui se tiennent à une corde accrochée à une barre. Le vin est ensuite mis en jarres.
Outre son caractère agricole, cette scène possède également une connotation religieuse. En effet, la vigne et le raisin sont associés au dieu Osiris et à l’inondation. Le sang du dieu assassiné avait en effet été mis en relation avec les premières eaux de l’inondation car celles ci sont rouges, en raison des alluvions ferriques qu’elles transportent venant de l’Atbara »
Le mode opératoire du pressurage a évolué depuis celui observé dans le « mastaba » de mererouka (vizir de la VIeme dynastie, vers -2300)
foulage du raisin dans la tombe de mererouka: ils s’accrochent à une rampe et se tiennent par la hanche comme on peut voir encore au Portugal aujourd’hui
Voici la vinification décryptée par l’égyptologue Pierre Montet d’après la tombe de Ptahhotep (vers -2600):
commence alors le foulage au rhythme de la musique
Pour plus d’information, lire sur passion-egyptienne un article détaillé sur la vinification dans l’Egypte ancienne, et mieux, lire la partie consacré au vin de « Scenes de la Vie Privee dans les Tombeaux Egyptiens de L’ancien Empire » de Pierre Montet (Paris 1925).
Post-Scriptum (mars 2012)
voici deux images transmises par l’ami Jean-Louis, qui proviennent d’une nécropole de l’oasis de Kharga (période de l’hérésie nestorienne ajoute-t-il avec gourmandise) ; la chapelle des raisins (Anaïd al-Ainab) d’après passion-egyptienne
Bonjour,
Félicitations pour votre site.
Je suis actuellement en train de préparer la réédition d’un de mes ouvrages consacré aux vins du monde ( sauf la France qui fait l’objet d’un autre livre- Prix OIV 2011)
Pour cette réédition, je suis à la recherche d’une ou deux étiquettes de vins égyptiens.
Pouvez-vous m’aider ? Merci
Salutations bachiques
Paul BRUNET
aller sur google et taper : Paul Brunet vins
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